Dernière modification le 24-1-2023 à 18:26:29
Aujourd’hui j’ai été réveillé par ma charmante boule de poils, qui me faisait comprendre qu’elle souhaitait venir au chaud sous le duvet. « Tu aurais pu habiter dans le sud » dit Kaya d’un air malicieux, me faisant comprendre que c’était du 2e degré. Car, territoriaux comme le sont les chats, mi-sauvages qui plus est, il était hors de question pour elle de s’éloigner plus que possible à quatre pattes de son lieu de naissance. D’ailleurs, les longs gémissements ininterrompus lors des rares trajets du passé m’avaient rapidement convaincu de la laisser chez elle, malgré les autres félins du quartier qui avaient tôt fait d’engloutir la gamelle de croquettes laissée à l’extérieur, l’obligeant alors à chasser les souris. Ce qu’elle faisait vraisemblablement avec un apparent plaisir et un certain savoir-faire.
Après les quelques caresses et ronrons d’usage, je me levais sous un ciel nuageux. N’ayant pas fait de feu depuis près de vingt-quatre heures, et la température extérieure étant restée bien négative, mon afficheur indiquait six degrés à l’intérieur. Encore habité de la chaleur de la nuit, je m’habillais sans peine, ayant néanmoins pris soin de poser les pieds nus sur le tapis de bain. J’enfilais alors une veste, un bonnet et les chaussures extérieures et sortis. Après avoir déversé sous la serre le concentré matinal d’azote, phosphore et potasse que les prochaines cultures apprécieront certainement, et salué les poules déjà bien affairées, je trouvais deux oeufs et remplis mon seau de quelques bûches et d’un peu de petit bois. De retour à l’intérieur, j’allumais un feu dont la chaleur réjouissante ne tarda pas à redonner à l’atmosphère un confort digne des meilleurs palais.
Je m’asseyais sur la banquette, face à la fenêtre donnant sur le pâturage, terminé au fond par une haute haie sylvestre. Les arbres noirs se détachaient sur le blanc du ciel et du sol éblouissants. Le tableau était bien différent de celui d’hier, baigné de rayons de soleil, ou de celui du jour d’avant, tempétueux de flocons. De toute façon il était rare de le trouver deux jours d’affilée identique, ou c’était que l’on ne s’y attardait pas assez longtemps.
L’eau de la casserole posée sur le poêle ayant atteint un bon quarante degrés à vue de doigt, je la déversais alors dans le bidon de la douche, le hissais au-dessus de celle-ci et passais sous les gouttes tombant à la seule force de la gravité terrestre. J’adorais cette trouvaille qui, en plus d’éviter tout fastidieux tripatouillage de robinets, garantissait la religieuse constance de la température du précieux liquide de sa première à sa dernière goutte. Plus encore, les parois boisées de la douche renvoyaient une douce chaleur agréable, à des lieux de la froide sensation du traditionnel carrelage. Le tout me permettait de me laver avec deux ou trois litres d’eau, un vrai miracle en comparaison des pommeaux de douches « écologiques » qui en déversait autant toutes les trente secondes. Mais trêve de chiffres, c’est donc propre et frais que je sortais le pain et ma traditionnelle pomme biologiques, visualisant alors avec un grand sourire l’image des ongles rongés du salaud de PDG de bayer-monsanto et de ses non moins salauds d’actionnaires malheureux, que je ramenais sur le chemin de la paix par cet acte à la fois simple et résolument politique.
Car dans le fond tout était politique. Le choix de lutter contre l’exploitation industrio-chimique, la mafia des conglomérats industriels et la mondialisation en achetant presque exclusivement des aliments biologiques et locaux bien sûr, mais aussi d’habiter dans douze mètres carrés et d’avoir refusé de m’endetter durant trente ans pour me payer une trop grande et polluante villa en odieux béton. De vivre proche de la nature et ainsi éviter l’aliénation citadine du hors-sol. D’avoir désormais besoin de 100 balles par semaine pour tourner confortablement, de lutter contre la croissance économique débile en n’y participant plus. Mais le plus déconcertant était probablement ceci : une fois passé le cap du changement, tout était désormais si facile. Je n’avais jamais aussi bien vécu que maintenant… :)
PS : Pour faire une visite virtuelle complète de ma toute petite maison :
Réponse à un futur heureux et durable, une prise de conscience et un joyeux futur incertain
Cher Laurent Génial,
Après avoir lu tes échanges forts intéressants avec Kaya et Stacey, je me permets de te transmettre ce que je constate où je loge parfois car souvent dehors, libre, peu d’attaches me limitant.
Voilà un peu le topo : l’humaine que je côtoie chaque jour depuis quelques années s’est effectivement laissé insidieusement emboîtée par le système sans s’en rendre compte consciemment. Je la voyais triste, mal à l’aise et décalée, en colère et avec raison. Le quotidien bien réel, bien concret, au sein de la famille et plus tard inquiète pour ses enfants, ses jobs tantôt agréables et faisant sens, tantôt pénibles en tous points.
Tout commence évidemment dès les premières années, dans un milieu familial peu courant dans les années septante, puis l’intégration dans les diverses boîtes de la société. L’école étant le parfait commencement l’amenant à une aliénation, couche après couche.
Et maintenant, plus de 50 ans plus tard, comment s’en extraire, s’extirper, se sortir pour pouvoir entrer dans un ailleurs moins muré, mieux pour soi, mieux pour l’autre ?
Avoir le courage d’admettre la complexité, la difficulté, voire parfois l’impossibilité de faire LE changement. Comment vivre, accepter LES limites que notre système a mis machiavéliquement en place …
Eh bien, je l’ai vu prendre et s’engager dans LE chemin qui compte à son cœur et à sa raison, tant bien que mal, sans effectivement pouvoir en connaître le résultat. L’année 2019 fut révélatrice d’un autre possible !
Et nous savons que c’est ce qui compte finalement.
Bon allez, sur ces paroles je te laisse à un début de journée que je te souhaite des plus libre !
Un non humain affublé du nom de Pinceau
Chère humaine,
Tout d’abord merci pour ton retour et ton partage ! Concernant le changement j’aime me répéter ce que les psychologues en lutte contre le perfectionnisme préconisent: c’est le chemin qui est important et source de joie, et non le but :D. Et pour trouver le courage de changer il y a un exercice terrible: imaginer que l’on meurt dans une semaine, ou dans un an! Voilà c’est demain et après tout sera fini !!! Hors de question de se contenter de ça n’est-ce pas ? Bien du plaisir donc à cheminer vers la liberté ! Et hors de question d’accepter des limites insensées ! Quoi de plus beau que de se battre contre elles , jusqu’au bout si il le faut ! La liberté n’est pas négociable !