jeudi , 5 décembre 2024

Les Émissions de CO₂ de la Suisse

Dernière modification le 20-11-2024 à 12:49:47

Les émissions de CO₂ de la Suisse

La Suisse, bien que petite en taille, joue un rôle significatif en matière d’émissions de CO₂ sur la scène mondiale. Pour évaluer son impact, il est essentiel de considérer trois paramètres : les émissions directes, les émissions importées, et les émissions par tête.

Émissions directes et comparaison internationale

En termes d’émissions directes, la Suisse se classe 71e mondiale, avec 35 millions de tonnes de CO₂ émises en 2021. À titre de comparaison, la Chine est le plus grand émetteur avec 11,5 milliards de tonnes, suivie par les États-Unis et l’Inde.

Émissions importées : un poids trois fois supérieur

Les émissions importées, ou émissions grises, représentent le CO₂ généré lors de la production et du transport des biens et services consommés en Suisse, mais produits ailleurs. En 2021, la Suisse a importé environ 116 millions de tonnes de CO₂, soit trois fois plus que ses émissions directes. Ce chiffre illustre l’impact environnemental élevé des habitudes de consommation suisse (1).

Pour une référence claire et détaillée sur les émissions de gaz à effet de serre de la Suisse, vous pouvez consulter la page suivante de l’Office fédéral de la statistique (OFS) :

Émissions de gaz à effet de serre

En émettant des gaz à effet de serre, l’être humain renforce l’effet de serre naturel et influence le climat. La plus grande partie de ces émissions est due à la combustion d’agents énergétiques fossiles. L’empreinte gaz à effet de serre est la somme des émissions intérieures et des émissions liées aux importations. Elle correspond à la quantité totale de gaz à effet de serre émis en Suisse et à l’étranger pour satisfaire la demande finale intérieure. En 2021, l’empreinte gaz à effet de serre de la Suisse s’élevait à 112 millions de tonnes d’équivalent CO₂, dont 67% étaient émis à l’étranger. Depuis 2000, l’empreinte gaz à effet de serre a diminué de 9%. Les émissions intérieures ont diminué de 23%, celles liées aux importations de 1%.

Et la page de MyClimate :

Émissions de gaz à effet de serre de la Suisse

Les émissions de CO₂ pour la fabrication et le transport de marchandises ou de services, appelées émissions grises, ne sont pas générées pendant la consommation mais avant ou après dans le cycle de vie du produit. Lorsqu’elles sont produites en dehors des frontières, elles ne sont souvent pas comptabilisées dans les émissions totales de CO₂ d’un pays. Cependant, si ces produits ou services importés sont consommés sur le territoire, leurs émissions doivent être incluses dans le calcul des émissions totales du pays.

Dans les pays occidentaux, les émissions de CO₂ importées dépassent souvent les émissions directes. Pour la Suisse, bien qu’elle génère environ 35 millions de tonnes de CO₂ par an sur son territoire, elle importe plus de 116 millions de tonnes de CO₂ via des produits et services étrangers. Ainsi, la Suisse génère environ trois fois plus d’émissions de CO₂ à l’étranger qu’elle n’en produit directement, reflétant l’impact environnemental élevé de son niveau de vie et de son comportement de consommation.

Émissions par tête : un niveau élevé

En 2020, les émissions par tête en Suisse étaient d’environ 11.3 tonnes (Réf. 1), plaçant le pays en 18e position mondiale. Ce chiffre, bien que inférieur à celui de pays comme le Qatar (26 tonnes) et les États-Unis (15 tonnes), reste élevé, soulignant un style de vie suisse qui contribue significativement aux émissions globales de CO₂.

Les trois niveaux de scopes.

Pour calculer les émissions de CO₂ de la Suisse, on peut également utiliser les trois niveaux de scopes. Le Scope 1 couvre les émissions directes provenant des sources contrôlées par le pays, telles que les émissions des véhicules et des industries. Le Scope 2 inclut les émissions indirectes liées à la consommation d’énergie importée, comme l’électricité achetée à l’étranger. Enfin, le Scope 3 prend en compte les autres émissions indirectes, y compris celles générées tout au long de la chaîne de valeur, notamment celles liées à la production et au transport de biens importés. En utilisant ces trois niveaux de scopes, on peut intégrer les émissions externalisées, c’est-à-dire celles générées à l’étranger pour satisfaire la demande suisse, ce qui permet d’obtenir une image plus complète de l’empreinte carbone du pays (plus de détails sur les scopes).

A propos d’une justice climatique ?

Il existe un classement des pays selon leur responsabilité historique dans le réchauffement climatique, en se basant sur une étude de CarbonBrief qui prend en compte toutes les sources d’émissions de CO2 depuis 1850, y compris l’exploitation des terres et la déforestation. Les États-Unis, responsables de 20 % des émissions cumulées, sont les plus grands contributeurs historiques, suivis de la Chine, du Brésil et de l’Indonésie. L’étude souligne l’importance de la justice climatique en montrant comment les émissions passées continuent de toucher de manière disproportionnée les populations les plus vulnérables, et met en avant la nécessité pour les plus grands émetteurs historiques de prendre des mesures pour atténuer le changement climatique (plus de détails sur la justice climatique).

Conclusion

Pour avoir un réel impact, il est crucial que la Suisse prenne en compte ses émissions externalisées et s’engage activement dans des actions climatiques équitables, alignées avec ses responsabilités globales.

En conclusion, bien que la Suisse ait des émissions directes relativement faibles, ses émissions importées et par tête restent élevées, illustrant l’importance de considérer l’empreinte carbone totale du pays à travers les trois niveaux de scopes. En raison de son rôle central dans la finance mondiale et le négoce de matières premières comme les céréales, la Suisse a une responsabilité particulière en matière de justice climatique. Pour avoir un réel impact, il est crucial que la Suisse prenne en compte ses émissions externalisées et s’engage activement dans des actions climatiques équitables, alignées avec ses responsabilités globales. Réduire les émissions à un niveau durable, tel que 0,6 tonne (Réf. 2, 3) par habitant par an, est un défi immense qui exige des efforts concertés au niveau national et international.

Références

  • (1) 4 tonnes ou 11.3 tonnes ? (Rapport sur l’environnement 2022 PDF page 75) : L’inventaire national des GES ne recense que les émissions produites à l’intérieur des frontières du pays. Selon cette approche, les émissions par habitant de la Suisse sont comparativement faibles (4 t de CO2 en 2020). Ceci est principalement dû au fait que la production nationale d’électricité est en grande partie exempte de CO2 et que l’économie suisse compte peu d’industries lourdes.
    Toutefois, si l’on tient compte des émissions liées à la production à l’étranger de marchandises importées (agents énergétiques, matières premières et produits finis, y compris les denrées alimentaires et les aliments pour animaux), le résultat est tout autre : avec 11,3 tonnes de CO₂, la Suisse se classe, en raison de son niveau de consommation élevé, parmi les plus gros émetteurs au monde par habitant (sans inclure les villes-États ; seule une petite sélection de pays dont les émissions sont inférieures à 11 tonnes de CO₂ par habitant est représentée ci-après).
  • (2) 0.6 tonnes (Rapport sur l’environnement 2018 PDF page 10) :
    Si la quantité d’émissions de gaz à effet de serre générée en Suisse a diminué entre 2000 et 2015, celle produite par la population helvétique à l’étranger a, pour sa part, augmenté. L’empreinte gaz à effet de serre de la Suisse se montait en 2015 à environ 14 tonnes d’équivalents CO₂ par personne, soit nettement plus que la moyenne européenne, alors que le seuil supportable pour la planète se situe à 0,6 tonne par personne.
    Le chiffre de 0,6 tonne de CO₂ par habitant par an est souvent cité comme un objectif ambitieux pour limiter le réchauffement climatique à 1,5°C, conformément aux recommandations de l’Accord de Paris. Ce chiffre représente une répartition équitable du « budget carbone » mondial, c’est-à-dire la quantité totale de CO₂ que l’humanité peut encore émettre tout en ayant une chance raisonnable de ne pas dépasser ce seuil critique.
  • (3) 0.6 tonne ou 2 tonnes ?
    Le chiffre de 0,6 tonne de CO₂ par habitant par an est souvent cité comme un objectif ambitieux pour limiter le réchauffement climatique à 1,5°C, conformément aux recommandations de l’Accord de Paris. Ce chiffre représente une répartition équitable du « budget carbone » mondial, c’est-à-dire la quantité totale de CO₂ que l’humanité peut encore émettre tout en ayant une chance raisonnable de ne pas dépasser ce seuil critique.Cependant, cet objectif est souvent considéré comme extrêmement difficile à atteindre, voire utopique, en raison des niveaux actuels d’émissions dans la plupart des pays, en particulier dans les nations développées. C’est pourquoi un objectif de 2 tonnes de CO₂ par habitant par an est parfois proposé comme une alternative plus réaliste et atteignable à court terme. Ce chiffre de 2 tonnes est perçu comme un compromis, permettant une transition progressive vers des niveaux d’émissions plus durables, tout en restant dans les limites nécessaires pour éviter les pires effets du changement climatique.La discussion entre ces deux chiffres reflète les défis pratiques et politiques de la lutte contre le changement climatique. Le chiffre de 0,6 tonne est un idéal à long terme, aligné avec les exigences scientifiques les plus strictes, tandis que 2 tonnes par habitant représentent un objectif intermédiaire qui pourrait mobiliser plus facilement l’action climatique, surtout dans les pays développés qui ont des émissions par habitant actuellement bien supérieures à cette valeur.

Sources