mercredi , 19 février 2025
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GIEC et remise en question du consensus scientifique

Dernière modification le 19-9-2024 à 17:47:07

Critiques du GIEC et remise en question du consensus scientifique : une analyse des enjeux et des manipulations

Dans le débat sur le changement climatique, certaines voix isolées, comme celle du professeur Eric Verrecchia, remettent en question le consensus scientifique en affirmant que le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) serait davantage une organisation politique que scientifique. Ces critiques soulèvent des doutes sur le rôle du GIEC et sur la validité des conclusions largement acceptées par la communauté scientifique mondiale. Cet article propose d’analyser ces accusations, de comprendre les véritables enjeux derrière ces critiques, et de montrer pourquoi elles ne tiennent pas face aux faits et à la rigueur du processus scientifique.

L’interview concernée

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Olivier Hamant, « La troisième voie du vivant »

Dernière modification le 7-2-2025 à 13:48:30 Note de lecture: Olivier Hamant, « La troisième voie du …

12 commentaires

  1. Bonjour,
    Quand je lis en premier « remise en question du consensus scientifique » je sais que je n’ai pas affaire à une personne comprenant les mécanismes de progression de la science.
    Si la science était réellement basée sur le consensus la Terre serait toujours jugée comme le centre de l’univers, la théorie des plaques tectoniques serait enterrée depuis des plombes, etc.
    La science progresse par le débat et la confrontation des idées.
    Quant à votre article c’est une sorte de diarrhée épistolaire qui se termine en feu d’artifice en faisant la promotion de deux scientifiques nobélisés ( Il faut noter que même Obama a été nobélisé pour son œuvre en faveur de la paix … il fallait l’oser !) dont les modèles informatiques ne sont pas en mesure de reproduire le passé mais que vous vénérez pour leur « prédictions ». Chapeau l’artiste.

    • Bonjour Roque,

      Merci pour votre commentaire, il est toujours intéressant de lire des avis divergents, bien que ceux-ci soient parfois exprimés de manière un peu, disons, pittoresque.

      Vous avez raison sur un point : la science progresse par le débat et la remise en question. Mais le consensus scientifique n’est pas l’opposé du débat, bien au contraire. Il est le fruit de décennies de recherches, de confrontations rigoureuses d’idées, de validation par les pairs et d’une accumulation de preuves solides. Il s’agit d’une photographie de l’état des connaissances à un instant donné, et non d’une vérité figée et immuable.

      L’exemple de la théorie des plaques tectoniques que vous mentionnez illustre en fait très bien ce processus : les idées nouvelles, lorsqu’elles sont soutenues par des preuves convaincantes, finissent par faire évoluer le consensus. Le problème, c’est que beaucoup de critiques adressées au GIEC ne s’appuient pas sur de nouvelles données ou des preuves établies, mais sur des préjugés ou une mauvaise compréhension des mécanismes en jeu.

      Quant à votre évaluation de notre article comme étant une « diarrhée épistolaire », c’est une métaphore colorée, mais elle ne fait pas avancer le débat. Nous préférons rester sur le terrain des arguments, des faits et des idées étayées. Quant à la reconnaissance de scientifiques par le Nobel, nous ne prétendons pas qu’un prix fait office de preuve ultime, mais il atteste au moins d’une contribution significative à la compréhension du climat, ce qui, convenons-en, est mieux que de simples opinions.

      Le débat est essentiel, mais encore faut-il qu’il soit constructif et fondé sur des bases solides.

      Bonne journée à vous.

  2. « Il est essentiel de se fier à des sources scientifiques crédibles et validées pour comprendre les enjeux du changement climatique. » Michaël Maan et sa crosse de hokey; c’est ça une  » sources scientifiques crédibles et validées » ?

    • Vous mentionnez Michael Mann et la courbe en « crosse de hockey », un sujet qui a effectivement suscité des débats intenses depuis sa publication. Cela dit, il est important de préciser quelques points.

      La fameuse courbe, issue de recherches publiées en 1998 et 1999, a été initialement critiquée pour ses méthodes statistiques. Toutefois, ces critiques ont été largement prises en compte dans des études ultérieures. De nombreux travaux indépendants, utilisant des méthodologies variées, ont confirmé les grandes lignes de cette reconstitution des températures : une relative stabilité pendant plusieurs siècles, suivie d’une hausse rapide au XXᵉ siècle.

      Le GIEC lui-même a inclus des versions actualisées de cette courbe dans ses rapports, en s’appuyant sur une variété de sources et de reconstitutions climatiques. En science, ce qui compte, c’est justement cette validation continue par des recherches indépendantes.

      Ainsi, malgré les controverses initiales, les conclusions générales de Mann et ses collègues restent aujourd’hui solidement étayées par des données multiples. Ce type de travail illustre justement comment la science évolue et se renforce grâce au débat et à la confrontation d’idées.

      Plusieurs études indépendantes ont confirmé et étendu les conclusions de la courbe en « crosse de hockey » de Michael Mann, illustrant une augmentation rapide des températures au XXᵉ siècle après une période de relative stabilité. Voici quelques exemples notables :

      Reconstruction des températures de l’hémisphère Nord sur les 2000 dernières années : Une étude publiée en 2008 par Mann et al. a utilisé une combinaison de données proxy, telles que les cernes d’arbres, les carottes de glace et les sédiments lacustres, pour reconstruire les températures passées. Les résultats ont montré une tendance au refroidissement à long terme suivie d’un réchauffement abrupt au cours du dernier siècle.

      Analyse des carottes de glace du Groenland : Des recherches menées par Dahl-Jensen et al. en 1998 ont analysé les carottes de glace du Groenland, révélant des variations de température sur les 50 000 dernières années. Les données indiquent une stabilité relative des températures pendant l’Holocène, suivie d’une augmentation notable au XXᵉ siècle.

      Étude des sédiments lacustres en Chine : Yang et al. (2002) ont examiné les sédiments du lac Qinghai en Chine pour reconstruire les variations climatiques des 18 000 dernières années. Leurs conclusions montrent une tendance au refroidissement à long terme, interrompue par un réchauffement rapide au cours du siècle dernier.

      Ces études, parmi d’autres, renforcent le consensus scientifique selon lequel le réchauffement climatique observé au XXᵉ siècle est sans précédent dans le contexte des deux derniers millénaires.

  3. M. Balestrini,

    Je ne doute pas qu’il puisse y avoir actuellement un réchauffement. Il y en a eu de nombreux par le passé, celui-ci peut en être un de plus.
    Deux choses néanmoins m’interpellent car elles sont triviales mais rarement abordées.

    La 1ère tient à l’année de référence prise pour l’initialisation du réchauffement.
    En effet il est universellement et scientifiquement reconnue que la planète a traversé récemment un épisode de fort refroidissement appelé « petite âge glacière » qui s’est étendu 14e siècle à la fin du 19e.
    Ainsi en prenant comme « point de départ  » 1850, soit une mesure située dans cette période, tout ce qui suit est forcément en écart positif. Mais cet écart n’est pas forcément une anomalie puisque nous sommes sortis d’une période froide. Ainsi la NASA sur son site écrit « Dans l’ensemble, la Terre était d’environ 2,45 degrés Fahrenheit (ou environ 1,36 degré Celsius) plus chaude en 2023 que la moyenne préindustrielle de la fin du 19e siècle (1850-1900). Les 10 dernières années sont les plus chaudes jamais enregistrées. » Et alors ? Qu’il y a -t-il d’étonnant ? En revanche si on connaissait la température normale de la Terre (ce qui ne sera jamais le cas !) on pourrait s’y référer. Ce genre d’annonce correspond un peu à une
    personne qui mesurerait la hauteur d’un immeuble à partir du sol de la cave au lieu de donner la hauteur de façade.

    Le 2nd point se réfère aux études des glaciologues et à un lien avec le 1er point.
    En effet de nombreuses études ont été réalisée sur les glaciers en liaison avec celles de l’évolution du climat.
    Toutes ces études, et plus particulièrement celles des glaciers de hémisphère nord, montrent un synchronisme parfait entre tous les glaciers: en effet tous affichent de façon incontestable une perte brutale de masse à partir des années 1850-1870. Ceci est surprenant et devrait interpeller les « climatologues » (appellation usurpée cette science étant une agrégation de multiples spécialités). En 1850-1870 la responsabilité du CO2 anthropique est une thèse difficilement soutenable.

    Au passage il est intéressant de noter que depuis nos glaciers alpins fondent les archéologues et les glaciologues découvrent des voies utilisées naguère par les humains et des artefacts nombreux (tous datés) et des végétations (comme en Islande d’ailleurs) qui sont aujourd’hui celles qui poussent 500 à 1000 m plus bas. Preuves évidentes que le réchauffement actuel est très probablement d’une amplitude que nos ancêtres ont connu avant nous et qui s’en sont fort bien sorti.

    J’aimerais avoir votre sentiment sur ces sujets que je ne vois jamais abordés, ni dans la presse mais plus grave, ni dans les revues scientifiques que sélectionne le GIEC.
    Je vous en remercie.

    • Vous soulevez plusieurs points intéressants que je vais aborder un par un.

      1. année de référence et « sortie du petit âge glaciaire »
      Vous soulignez que la fin du Petit Âge Glaciaire (PAG) rend la référence de 1850 problématique, puisque toute augmentation de température pourrait simplement refléter une reprise naturelle après cette période froide.
      C’est une observation pertinente, et il est vrai que 1850 marque la sortie d’une période anormalement froide. Cependant, le réchauffement contemporain dépasse largement ce que l’on pourrait attendre d’un simple retour à une moyenne préindustrielle. Les modèles climatiques et les reconstructions historiques montrent que les températures actuelles excèdent les niveaux des périodes chaudes précédentes, comme l’optimum médiéval.
      De plus, les taux de réchauffement observés depuis le XXᵉ siècle sont sans précédent. Ce n’est pas seulement l’ampleur du changement qui interpelle les climatologues, mais aussi sa vitesse, qui coïncide avec une augmentation significative des concentrations de gaz à effet de serre (GES) liées aux activités humaines.

      2. fonte des glaciers dès 1850-1870
      Vous notez que la fonte des glaciers a commencé avant que les émissions anthropiques de CO₂ ne deviennent significatives. Cela est effectivement bien documenté. Cette fonte initiale est attribuée à des facteurs naturels, notamment des variations de l’orbite terrestre, des fluctuations solaires, et des éruptions volcaniques.
      Cependant, ce qui différencie la fonte actuelle, c’est son intensité et son universalité. Depuis le milieu du XXᵉ siècle, le rôle des GES dans l’accélération du réchauffement global et de la fonte des glaciers est clairement établi. Des études glaciologiques montrent que les glaciers se rétractent aujourd’hui à un rythme bien supérieur à celui observé au XIXᵉ siècle.

      3. découvertes archéologiques dans les glaciers fondus
      Il est vrai que des artefacts et des vestiges végétaux révélés par la fonte des glaciers suggèrent que certaines régions ont pu être sans glace par le passé. Cependant, ces découvertes ne prouvent pas que les conditions actuelles sont comparables à celles d’époques passées.
      Les changements climatiques antérieurs étaient généralement dus à des cycles naturels, mais les études isotopiques et les analyses des carottes de glace montrent que les niveaux actuels de CO₂ dans l’atmosphère sont bien plus élevés qu’à toute autre époque au cours des 800 000 dernières années. Ce contexte diffère fondamentalement des fluctuations climatiques naturelles passées.

      4. rareté de ces sujets dans la littérature scientifique ou au giec
      Ces sujets sont abordés dans de nombreuses études scientifiques, mais leur couverture peut être moins visible dans les résumés pour décideurs ou les médias. Le GIEC compile une synthèse des connaissances disponibles, et ses rapports incluent effectivement des discussions sur le PAG, les glaciers, et les périodes chaudes passées. Si vous le souhaitez, je peux vous fournir des références scientifiques spécifiques.
      Pour terminer, votre réflexion montre bien l’importance de poser des questions pour comprendre les enjeux climatiques. Ce que nous vivons aujourd’hui n’est pas simplement un réchauffement de plus, mais un phénomène qui combine des facteurs naturels et anthropiques, avec des impacts déjà perceptibles et des implications potentielles majeures pour l’avenir.

      Exemples, entre autres :
      en.wikipedia.org/wiki/Description_of_the_Medieval_Warm_Period_and_Little_Ice_Age_in_IPCC_reports
      www.cnrs.fr/fr/presse/fonte-des-glaciers-une-cartographie-complete-revele-lacceleration

    • Compléments :

      Sur le Petit Âge Glaciaire (PAG) et les périodes chaudes passées :
      1. Mann, M. E., Bradley, R. S., & Hughes, M. K. (1999). « Northern Hemisphere Temperatures During the Past Millennium: Inferences, Uncertainties, and Limitations »
      2. Source : Geophysical Research Letters
      3. Lien : doi.org/10.1029/1999GL900070
      4. IPCC AR6 (2021). « Climate Change 2021: The Physical Science Basis »
      5. Chapitre 2 discute des variations climatiques naturelles, incluant le PAG.
      6. Lien : www.ipcc.ch/report/ar6/wg1/
      7. Jones, P. D., & Mann, M. E. (2004). « Climate over past millennia »
      8. Source : Reviews of Geophysics
      9. Lien : doi.org/10.1029/2003RG000143

      Sur les glaciers et leur fonte :
      1. Zemp, M., et al. (2015). « Historically unprecedented global glacier decline in the early 21st century »
      2. Source : Journal of Glaciology
      3. Lien : doi.org/10.3189/2015JoG15J017
      4. WGMS (World Glacier Monitoring Service) Reports
      5. Publie régulièrement des données sur la perte de masse des glaciers.
      6. Lien : wgms.ch/
      7. IPCC Special Report on the Ocean and Cryosphere in a Changing Climate (SROCC, 2019)
      8. Lien : www.ipcc.ch/srocc/

      Périodes chaudes passées et compréhension historique :
      1. Masson-Delmotte, V., et al. (2013). « Information from Paleoclimate Archives »
      2. Partie du rapport AR5 du GIEC.
      3. Lien : www.ipcc.ch/report/ar5/wg1/
      4. PAGES 2k Consortium (2017). « A global multiproxy database for temperature reconstructions of the Common Era »
      5. Source : Scientific Data
      6. Lien : doi.org/10.1038/sdata.2017.88

  4. M. Balestrini , merci vos réponses.

    « *****1. année de référence et « sortie du petit âge glaciaire »
    Vous soulignez que la fin du Petit Âge Glaciaire (PAG) rend la référence de 1850 problématique, puisque toute augmentation de température pourrait simplement refléter une reprise naturelle après cette période froide.
    C’est une observation pertinente, et il est vrai que 1850 marque la sortie d’une période anormalement froide. Cependant, le réchauffement contemporain dépasse largement ce que l’on pourrait attendre d’un simple retour à une moyenne préindustrielle. »

    Ma réponse:
    Cette dernière phrase est surprenante. Vous parlez de « moyenne préindustrielle » comme si la température moyenne était 1 : une réalité, 2 : connue.
    Or cette notion de « moyenne préindustrielle » est insaisissable puisque les températures ont varié dans le passé préindustriel et que la moyenne qui pourrait en être faite sur la base des différentes études tentant de reconstituer la chronologie des températures aboutirait à une donnée dont l’écart type serait d’un ordre de grandeur important rendant insignifiante la hausse actuelle telle que mentionnée dans l’AR6 : «Global surface temperature was around 1.1°C above 1850–1900 in 2011–2020 (1.09 [0.95 to 1.20]°C) ».

    « ****Les modèles climatiques et les reconstructions historiques montrent que les températures actuelles excèdent les niveaux des périodes chaudes précédentes, comme l’optimum médiéval. »

    Ma réponse:
    Le GIEC qualifie de faible confiance le fait que les données récentes aient pu dépasser les niveaux passés (AR5 ch. 5).

    « ****De plus, les taux de réchauffement observés depuis le XXᵉ siècle sont sans précédent. Ce n’est pas seulement l’ampleur du changement qui interpelle les climatologues, mais aussi sa vitesse, qui coïncide avec une augmentation significative des concentrations de gaz à effet de serre (GES) liées aux activités humaines.

    Ma réponse:
    Les études de reconstitution de la masse des glaciers réalisée sur la base d’observations montrent que la vitesse et l’amplitude de la perte de masse de l’an 650 à 800 est similaire à celle de 1850 à nos jours ou, simplement en vitesse, de 1350 à 1450. (Mer de Glace: Nussbaumer et al. 2007; Unterer Grindelwaldgletscher: Zumbühl 1980; Zumbühl et al. 1983; Zumbühl et al. 2008; Oberer Grindelwaldgletscher: Zumbühl 1980; Gletscherberichte 1881–2009)

    « ****2. fonte des glaciers dès 1850-1870
    Vous notez que la fonte des glaciers a commencé avant que les émissions anthropiques de CO₂ ne deviennent significatives. Cela est effectivement bien documenté. Cette fonte initiale est attribuée à des facteurs naturels, notamment des variations de l’orbite terrestre, des fluctuations solaires, et des éruptions volcaniques.

    Ma réponse:
    Les trois causes que vous évoquez et auxquelles vous attribuez la fonte des glaciers en 1850, si elles étaient recevables, le seraient tout autant de nos jours. Néanmoins les rapports du GIEC en écartent au moins deux (« The possible influence of solar activity variations has been discussed, but since the total solar irradiance varies by only ~0.1 % during the Holocene other effects such as volcanic eruptions may have some influence too. »).
    Les variations de l’oribite terrestre sont des phénomènes avérés mais de très très très long terme. Retenir l’influence de ce phénomène sur une période aussi courte n’est absolument pas crédible.

    « ****Cependant, ce qui différencie la fonte actuelle, c’est son intensité et son universalité. Depuis le milieu du XXᵉ siècle, le rôle des GES dans l’accélération du réchauffement global et de la fonte des glaciers est clairement établi. Des études glaciologiques montrent que les glaciers se rétractent aujourd’hui à un rythme bien supérieur à celui observé au XIXᵉ siècle.

    Ma réponse:
    En matière d’universalité les études réalisées dans l’hémisphère nord sur de nombreux glaciers (dont une sur 169 glaciers au niveau mondial dont 150 à partir de 1900) démontrent sans ambiguïté qu’il y un excellent synchronise dans l’évolution des masses glaciaires depuis le 17e siècle et que ce synchronisme se retrouve dans le déclin initié en 1850-1900. Que la fonte soit clairement établie personne ne le conteste mais que celle-ci soit attribuée au GES, personne n’est à ce jour en mesure de le démontrer.
    L’intensité et le rythme ont été évoqués plus haut, ils sont strictement les mêmes que lors de précédents épisodes selon plusieurs études glaciologiques. Un simple coup d’œil sur des graphiques suffit à convaincre n’importe quel lecteur.

    « ****3. découvertes archéologiques dans les glaciers fondus
    Il est vrai que des artefacts et des vestiges végétaux révélés par la fonte des glaciers suggèrent que certaines régions ont pu être sans glace par le passé. Cependant, ces découvertes ne prouvent pas que les conditions actuelles sont comparables à celles d’époques passées.

    Ma réponse:
    Les conditions qui prévalaient à l’époque où ces artefacts ont été déposés et ces végétaux étaient présents correspondent à des températures plus chaudes que celles que nous connaissons (il faut du temps pour faire pousser des arbres de la taille de ceux découverts, par exemple en Islande -3000 ans). Les datations de ces éléments révèlent généralement trois périodes plus chaudes : 1000, -1000 et -2000.
    J’ai donc du mal à accepter cette affirmation dans la dernière phrase.

    « ****Les changements climatiques antérieurs étaient généralement dus à des cycles naturels, mais les études isotopiques et les analyses des carottes de glace montrent que les niveaux actuels de CO₂ dans l’atmosphère sont bien plus élevés qu’à toute autre époque au cours des 800 000 dernières années. Ce contexte diffère fondamentalement des fluctuations climatiques naturelles passées. »

    Ma réponse:
    Je ne comprends pas que vous écartiez sans faire de réserve les « cycles naturels » et vous attribuiez ces fontes depuis 1850 à la présence d’un taux de CO2 qui a cru de façon importante APRÈS 1940-1950. Il y a dans ce raisonnement quelque chose d’arbitraire et de très éloignée d’un raisonnement scientifique qui me dérange.

    « ****4. rareté de ces sujets dans la littérature scientifique ou au giec
    Ces sujets sont abordés dans de nombreuses études scientifiques, mais leur couverture peut être moins visible dans les résumés pour décideurs ou les médias. Le GIEC compile une synthèse des connaissances disponibles, et ses rapports incluent effectivement des discussions sur le PAG, les glaciers, et les périodes chaudes passées. Si vous le souhaitez, je peux vous fournir des références scientifiques spécifiques.
    Pour terminer, votre réflexion montre bien l’importance de poser des questions pour comprendre les enjeux climatiques. Ce que nous vivons aujourd’hui n’est pas simplement un réchauffement de plus, mais un phénomène qui combine des facteurs naturels et anthropiques, avec des impacts déjà perceptibles et des implications potentielles majeures pour l’avenir.

    Ma réponse:
    Toute la question, à laquelle personne n’a encore de réponse, est la part attribuable à ces deux causes. Sans préjuger de l’importance du CO2 anthropique, le fait qu’une fonte synchronisée d’un nombre important de glaciers soit intervenue brutalement de 1850 à 1950 devrait interpeller la conscience professionnelle de beaucoup de scientifique.

    Merci pour vos réponses néanmoins.

    • Yannick, merci pour votre réflexion, mais il semble clair que nous ne pourrons pas nous mettre d’accord sur ces points. Nous choisissons de nous appuyer sur le consensus scientifique établi, tel qu’il est présenté dans les rapports du GIEC et d’autres institutions reconnues, plutôt que sur des points de vue contradictoires issus de quelques études isolées. Ce consensus repose sur des décennies de recherche validée par des pairs. Par ailleurs, nous estimons que l’article mentionne déjà suffisamment de références et de données pour que chacun·e puisse se faire sa propre opinion. Répondre davantage reviendrait à répéter les mêmes arguments, sans avancer.

      Voici des exemples de confiance élevé et de confiance qualifié de très élevé, dans l’AR6 :
      global-climat.com/2021/09/02/rapport-ar6-du-giec-le-point-sur-la-temperature-globale/

  5. M. Balestrini , merci pour cette réponse surprenante.

    Étonnante non par sa forme mais par son contenu.
    Vous argumentez qu’il n’est pas possible d’échanger parce que les FAITS que je vous soumets (tous les glaciologues et géologues qui s’intéressent aux glaciers vous confirmeront le caractère factuel de ces résultats) ne sont pas en accord avec la synthèse du GIEC (qui n’aborde absolument nulle part cette falaise de la fonte des glaciers en 1850).

    Le fait que vous n’arriviez pas à expliquer ce que je vous résume ici avec les résumés d’études choisies avec circonspection par les membres du GIEC (traduction impropre de IPCC où le terme « expert » n’apparaît pas) devrait vous suggérer au contraire de retravailler vos certitudes. C’est ainsi que la science fonctionne: en confrontant des faits ou des hypothèses jusqu’à ce qu’à parvenir non pas à un consensus (chose politique) mais à une démonstration scientifique que les faits et les reconstructions confirment sans ambiguïté ni exception (aujourd’hui pas un seul modèle de climat n’arrive à reproduire, par exemple, le passé climatique).

    La science ne se décrète pas par oukase ni au sein d’assemblée de 70000 participants cherchant les uns et les autres à tirer la couverture en dollars à eux.

    Bonne journée

    • Je vais essayer de clarifier certains points, car il me semble que nous avons des divergences fondamentales dans la compréhension du fonctionnement de la science et de l’analyse des données climatiques.

      Caractère factuel des résultats glaciologiques :

      Vous affirmez que les « faits » concernant la fonte des glaciers en 1850 sont indiscutables et corroborés par tous les glaciologues et géologues. Permettez-moi de préciser que la science repose sur la méthode scientifique, qui inclut la remise en question constante des résultats. Ce que vous appelez « faits » est en réalité une observation qui doit être mise en contexte. Oui, la fonte des glaciers qui a débuté au XIXᵉ siècle est documentée, mais son origine et son ampleur doivent être interprétées à la lumière d’un ensemble de données plus large : niveaux de gaz à effet de serre, fluctuations solaires et changements climatiques globaux.

      La science ne se limite pas à des observations isolées, mais cherche à expliquer ces phénomènes de manière systémique. Même si la fonte observée après le Petit Âge Glaciaire est une réalité, elle ne peut être comparée à la fonte contemporaine, qui se distingue par sa vitesse, son ampleur et sa corrélation avec des activités humaines mesurables.

      Absence de mention par le GIEC de la « falaise de la fonte des glaciers en 1850 » :

      Concernant l’idée que « le GIEC n’aborde absolument nulle part cette falaise de la fonte des glaciers en 1850 », il est important de noter que le GIEC compile une synthèse des connaissances scientifiques les plus robustes disponibles. La « falaise » que vous mentionnez est une simplification qui ne reflète pas la complexité des phénomènes étudiés. Les rapports du GIEC abordent effectivement la fonte des glaciers à partir du XIXᵉ siècle, mais ce qui importe pour le débat actuel est de comprendre les différences fondamentales entre cette fonte et celle observée aujourd’hui.

      La fonte contemporaine est caractérisée par une rapidité et une universalité sans précédent, des éléments que les glaciologues et climatologues considèrent cruciaux. Cette distinction explique pourquoi le GIEC ne s’attarde pas sur une interprétation simpliste d’un phénomène localisé dans le temps, mais analyse plutôt les tendances globales en tenant compte d’une multitude de facteurs.

      Consensus scientifique et son importance :

      Vous critiquez l’idée de « consensus », en le qualifiant de politique. Or, le consensus scientifique n’est pas un vote ni une opinion collective. Il représente la convergence d’une multitude d’études indépendantes, revues par des pairs, qui aboutissent à des conclusions similaires. En science, un consensus est le résultat d’un long processus de validation de données et d’interprétations.

      Dire que « pas un seul modèle climatique n’arrive à reproduire le passé » est une affirmation incorrecte. Les modèles climatiques, bien qu’imparfaits comme toute modélisation complexe, sont régulièrement testés sur des climats passés et parviennent à reproduire les grandes tendances observées. Ces capacités de validation rendent les modèles fiables pour explorer les scénarios futurs. Les marges d’erreur ne discréditent pas leur pertinence scientifique, mais rappellent plutôt la complexité des systèmes qu’ils décrivent.

      Pour mieux comprendre la notion de consensus scientifique et la manière dont elle est construite, je vous invite à visionner cette vidéo explicative : Qu’est-ce que le consensus scientifique ? youtu.be/1xe3zy2mU2M?si=AP4l8TPjjUAysZ_R. Elle illustre bien le processus collaboratif et rigoureux sur lequel repose la science.

      Critique de l’organisation du GIEC :

      Vous critiquez également l’organisation du GIEC, en insinuant que ses membres seraient motivés par des gains financiers. Cette assertion est infondée. Les membres du GIEC sont des scientifiques issus de nombreux pays et institutions, qui participent à la rédaction des rapports à titre bénévole, souvent en complément de leurs activités de recherche. Ces contributions reposent sur des processus rigoureux et transparents. Les rapports font par ailleurs l’objet d’une validation par les gouvernements, garantissant ainsi une pluralité de points de vue. Réduire cet effort collectif à une motivation pécuniaire détourne le débat des véritables enjeux.

      ————————————–

      Je pense que les éléments essentiels ont été abordés dans cet échange, et il semble peu pertinent de prolonger une discussion sur des points déjà éclaircis et référencés. Les faits sont là : la fonte des glaciers, les impacts du changement climatique, et la méthodologie scientifique derrière le consensus ne sont pas des opinions, mais des conclusions appuyées par des années d’études rigoureuses.

      Je laisse donc aux lecteurs et lectrices la liberté de se faire leur propre opinion à partir des éléments exposés ici, dans l’article et dans les commentaires. Poursuivre cette voie ne semble pas apporter de nouvelles perspectives, mais je reste convaincu que les faits présentés parlent d’eux-mêmes.

  6. M. Balestrini,

    En effet il faut laisser « aux lecteurs la liberté de se faire leur propre opinion à partir des éléments exposés ici ».

    Ils pourront constater que la découverte de forêts sous des glaciers en retrait et la datation de ces éléments démontrent dans ambiguïté que la fonte actuelle reste dans la norme des événements passés. En outre la découverte et la datation d’une abondance d’artefacts dans les Alpes (Suisse, France et Autriche) permettent aux archéologues d’affirmer que l’humanité a emprunté des voies qui aujourd’hui sont encore pour une grande partie couvertes de glace; ce qui permet d’affirmer que les températures d’aujourd’hui ne sont pas exceptionnelles puisque survenues trois fois en moins de 10K ans (et aujourd’hui la 4ème fois). Ils découvriront enfin que le taux (vitesse) de fonte estimé par nombre de glaciologue dans les événements précédents est le même que celui que la synthèse du GIEC proclame comme exceptionnelle.

    Pour terminer ils s’interrogeront et c’est l’essentiel. En effet plutôt que de boire les paroles des uns et des autres rien ne vaut de se plonger soi-même dans les données et les récits pour s’en faire sa propre conclusion.

    Si le débat avait continué j’aurais pu aborder la disparité rarement évoquée entre la fonte des glaces de l’Arctique et celle de l’Antarctique ou bien encore la hausse de l’étendue de glace de l’Arctique depuis une dizaine d’années. Mais ce sera peut être pour une autre fois.

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