Dernière modification le 20-11-2024 à 12:49:50
Près de 70% des Suisses sont pessimistes face à l’efficacité des politiques climatiques actuelles, selon une enquête récente de gfs.bern réalisée pour la SSR. Bien que la majorité de la population (67%) reconnaisse la gravité de la crise climatique et l’urgence d’intervenir, beaucoup d’entre eux ne croient pas que les politiciens seront capables de prendre les mesures suffisantes pour répondre à ce défi. Cette inquiétude est alimentée par un manque de confiance dans la volonté politique, mais aussi dans la capacité des institutions à développer et mettre en œuvre des solutions efficaces.
Le sondage, réalisé entre mai et juin 2024, montre également que seuls 37% des sondés croient en la capacité des entreprises et de la science à développer des technologies novatrices pour résoudre la crise climatique. De plus, près de 36% des personnes interrogées pensent que le réchauffement climatique est inéluctable, illustrant un sentiment de fatalité au sein d’une partie de la population. Environ 14% estiment qu’il faudrait davantage de recherches avant de prendre des mesures, et 9% croient que l’être humain pourra s’adapter sans problème à la hausse globale des températures. Enfin, 6% des personnes interrogées pensent que le réchauffement climatique n’est pas imputable à l’activité humaine.
Ce pessimisme quant à l’efficacité des actions politiques se traduit aussi par une moindre conviction que les grandes conférences internationales sur le climat, telles que la COP29 actuellement en cours à Bakou, seront à la hauteur des enjeux. Les participants expriment une certaine défiance vis-à-vis de ces grands rassemblements, souvent perçus comme inefficaces et déconnectés des réalités locales. Cependant, malgré ce scepticisme, près de trois quarts de la population (73%) considèrent que la Suisse a la responsabilité d’agir, même si d’autres pays ne participent pas à l’effort collectif. Néanmoins, 72% des sondés souhaitent que la Suisse se concentre d’abord sur la réduction des émissions à l’intérieur de ses propres frontières plutôt que de soutenir des projets à l’étranger.
Sur le plan individuel, les Suisses sont nombreux à prendre des mesures pour réduire leur empreinte carbone. Plus de la moitié des personnes interrogées déclarent avoir réduit leur utilisation de la voiture (51%) et de l’avion (55%). En outre, 56% ont diminué leur consommation de denrées alimentaires importées, privilégiant des produits locaux pour limiter l’impact des transports. Près de 49% ont réduit leur consommation de viande, conscients de l’impact environnemental de l’élevage intensif. Par ailleurs, 43% des sondés disent avoir renoncé à l’idée de posséder une maison individuelle, et 32% ont décidé de ne pas acheter de voiture thermique, préférant des alternatives plus durables.
Ces résultats reflètent un changement dans les comportements individuels, mais aussi une attente forte envers les décideurs politiques et économiques pour qu’ils agissent de manière plus décisive. La population semble prête à faire sa part, mais le manque de confiance envers les institutions reste un frein important à la mobilisation collective. Le glacier d’Aletsch, emblématique de la réalité du changement climatique en Suisse, continue de fondre à une vitesse alarmante. Alors qu’il mesurait 23 km en 2019, il n’atteint plus que 18,5 km en 2024, et les prévisions indiquent une disparition possible d’ici 2100 si aucune mesure significative n’est prise.
Ce contexte de défiance et d’inquiétude souligne l’importance d’une action plus ambitieuse et cohérente, tant au niveau local qu’international, pour répondre aux attentes de la population et tenter de limiter les conséquences dévastatrices du réchauffement climatique.
Source : RTS 15.1.2024