vendredi , 26 avril 2024

10 POINTS CLÉS du dernier rapport du GIEC

Dernière modification le 17-4-2024 à 16:54:10

Le podcast

Temps de lecture 11:55 minutes

Source

Avec l’aimable autorisation de Pour un réveil écologique.

  • Synthèse co-écrite par le collectif Pour un réveil écologique et des auteurs et autrices du groupe 1 du GIEC
  • Retrouver toutes les infographies et plus encore sur le site Pour un réveil écologique
  • Podcast par etatdurgence.ch

Groupe 1 – Les bases physiques du climat

1) DES CHANGEMENTS SANS PRÉCÉDENT

Nous vivons une rupture par rapport aux fluctuations naturelles du climat du passé. Les changements sont rapides, sans précédent depuis des milliers d’années et certains sont déjà irréversibles. Le réchauffement planétaire atteint 1,1°C sur la dernière décennie [2010-2019] par rapport à l’ère préindustrielle [1850-1900]. La concentration de CO₂ dans l’atmosphère est la plus élevée depuis au moins 2 millions d’années.

2) RESPONSABILITÉ HUMAINE

L’influence humaine explique l’intégralité du réchauffement planétaire observé aujourd’hui. Les activités humaines via l’utilisation de combustibles fossiles (pétrole, gaz et charbon) et les changements d’affectation des terres (principalement déforestation) conduisent à des changements qui affectent toutes les régions du monde et s’intensifient.

3) UN RENFORCEMENT DES ÉVÈNEMENTS EXTRÊMES

L’influence humaine rend déjà certains événements extrêmes plus fréquents, plus intenses, plus longs et elle modifie leur saisonnalité. Il est incontestable que le nombre et la sévérité des vagues de chaleur terrestres et marines, des fortes précipitations, des sécheresses, et des événements impliquant plusieurs de ces extrêmes, ont augmenté depuis l’ère préindustrielle.

4) LE CO2 S’ACCUMULE

Chaque tonne de CO₂ supplémentaire dans l’atmosphère contribue à un réchauffement planétaire additionnel. Si on arrêtait aujourd’hui d’émettre du CO₂, la température globale se stabiliserait au niveau qu’elle a atteint. Plus la neutralité carbone (soit des émissions nettes de CO₂ égales à zéro) sera atteinte tardivement, plus le niveau de réchauffement, et les risques associés seront élevés.

5) AGIR DÈS AUJOURD’HUI

Même dans un scénario de forte réduction des émissions, celles-ci induisent inéluctablement une aggravation du réchauffement dans les deux décennies à venir et le seuil de 1.5°C sera franchi au cours de la décennie 2030. L’ampleur des changements climatiques au-delà de 2040 et des risques pour les écosystèmes et les sociétés humaines, dépend en revanche des choix et des actions d’aujourd’hui.

6) DES EFFETS À TRÈS LONGS TERMES

Les changements affectant l’océan et les zones gelées de la planète sont irréversibles à l’échelle de plusieurs générations, mais leur rythme peut être ralenti en limitant le réchauffement, ce qui est essentiel pour l’adaptation. Le niveau de la mer continuera à augmenter sur des millénaires et les glaciers continueront à fondre pendant des décennies, même après une stabilisation du réchauffement global.

7) CHAQUE DIXIÈME DE DEGRÉ COMPTE

Chaque incrément de réchauffement additionnel continue à intensifier de nombreux changements de notre climat : les extrêmes, le cycle de l’eau, la hausse du niveau de la mer sont en lien direct avec le niveau de réchauffement. Une canicule qui avait 1 chance sur 50 d’arriver avant l’ère industrielle aura 9 fois plus de chances d’arriver à 1.5°C de réchauffement global, et 14 fois plus à 2°C.

8) LES PUITS DE CARBONE À L’ÉPREUVE

L’océan et la biosphère absorbent aujourd’hui la moitié des émissions de CO₂ d’origine humaine. De forts réchauffements réduiraient la part de carbone qu’ils absorbent.

9) TOUT ENVISAGER

Certains événements de faible probabilité doivent être pris en compte pour l’adaptation et l’évaluation des risques, car ils auraient des conséquences très graves sur les écosystèmes et les sociétés. Par exemple, le dépérissement rapide de la forêt amazonienne, des changements abrupts de la circulation océanique ou de la fonte des calottes polaires. Plus le niveau de réchauffement est élevé, plus le risque de telles éventualités augmente.

10) DES EFFETS BÉNÉFIQUES RAPIDES

Les mesures prises pour abaisser les émissions de gaz à effet de serre s’accompagnent de co-bénéfices immédiats en matière de santé publique. Réduire l’usage des combustibles fossiles et modifier les pratiques agricoles en vue d’une décarbonation améliorent la qualité de l’air. De plus, limiter les émissions de méthane permet non seulement de limiter le réchauffement à court terme, mais aussi l’ozone de surface, polluant atmosphérique qui nuit à la santé et aux rendements agricoles.

Groupe 2 – Impacts, adaptation & vulnérabilités

1) LE CHANGEMENT CLIMATIQUE IMPACTE DÉJÀ LA NATURE ET LES SOCIÉTÉS

Des impacts néfastes du changement climatique sont observés partout dans le monde. Les risques en cascade induits limitent la capacité de résilience de nos systèmes.

2) LA MOITIÉ DE L’HUMANITÉ EST TRÈS VULNÉRABLE

Les populations défavorisées et les pays en développement sont les plus vulnérables au changement climatique, alors qu’ils ont peu contribué au réchauffement actuel. L’aide à l’adaptation et à la transition vise à compenser cette injustice.

3) IMPACTS CROISSANTS ET MENAÇANTS EN EUROPE

Malgré les progrès en matière d’adaptation, les humains et la nature sont déjà impactés partout dans le monde. Les températures moyennes ont augmenté de 2°C en Europe contre 1,1°C en moyenne globale et s’accompagnent, par exemple, d’un triplement des pertes de récoltes depuis 50 ans et d’impacts négatifs sur la santé humaine, les infrastructures, l’énergie, les ressources en eau et l’économie. Des événements climatiques sur d’autres continents peuvent affecter l’Europe via les marchés globalisés.

4) DES RISQUES DANS TOUTES LES RÉGIONS ET TOUS LES SECTEURS

Les risques climatiques augmentent avec le niveau de réchauffement global. Les principaux risques en Europe sont les vagues de chaleur et leurs conséquences pour la mortalité et la morbidité des personnes et des écosystèmes ; les pertes de rendements agricoles dues aux vagues de chaleur et aux sécheresses ; les pénuries d’eau, notamment autour de la Méditerranée ; les inondations côtières et pluviales. Ces risques sont généralement exacerbés en milieux urbains et côtiers, notamment en outre-mer.

5) LA BIODIVERSITÉ MENACÉE PARTOUT DANS LE MONDE

Des écosystèmes dont nous dépendons ont déjà atteint des points de non-retour, notamment du fait du stress hydrique et des vagues de chaleur terrestres et marines (ex : récifs coralliens). Jusqu’à 20% des espèces terrestres sont menacées d’extinction si un réchauffement global de3°C est atteint. L’utilisation insoutenable des sols et des ressources océaniques a des effets destructeurs sur des écosystèmes dont nous dépendons.

6) LES SOLUTIONS D’ADAPTATION EXISTENT ET LEUR APPLICATION NÉCESSITE D’ÊTRE RENFORCÉE

Limiter les pertes et les dommages nécessite un déploiement rapide de solutions d’adaptation dont l’efficacité et la faisabilité sont prouvées. L’agroécologie, la gestion forestière, la gestion des ressources en eau et la mobilisation des connaissances des populations locales permettent de mieux prévenir les risques et d’identifier les solutions envisageables à partir des écosystèmes locaux.

7) L’ADAPTATION SEULE NE SUFFIT PAS POUR LIMITER L’AUGMENTATION DES RISQUES CLIMATIQUES

Les “limites dures” concernant l’augmentation du niveau de la mer, des canicules, des sécheresses impliquent que l’atténuation des émissions de GES est urgente. Chaque dixième de degré de réchauffement climatique rend l’adaptation plus complexe.

8) LA FENÊTRE D’ACTION SE RÉTRÉCIT

Certains des impacts du changement climatique sont irréversibles. L’adaptation progresse, mais elle reste très insuffisante devant la rapidité des changements. Tout délai supplémentaire pour atténuer le changement climatique et s’y adapter risque de nous faire manquer la courte fenêtre d’opportunité pour nous assurer un avenir soutenable.

9) UNE TRANSITION VERS UN DÉVELOPPEMENT RÉSILIENT FACE AUX CHANGEMENTS CLIMATIQUES NE PEUT QU’ÊTRE SYSTÉMIQUE, INCLUSIVE, JUSTE ET ÉQUITABLE

Les gouvernements, les populations et les acteurs privés réduisent les risques de manière plus efficace en adoptant une approche coordonnée, systémique et inclusive. Une transition juste et équitable facilite l’adaptation et l’atténuation, tout en réduisant les inégalités.

10) DES SYNERGIES ENTRE LEVIERS ENVIRONNEMENTAUX & SOCIAUX

De nombreux leviers d’adaptation, par exemple liés à l’alimentation ou l’urbanisme, favorisent l’atteinte des Objectifs de Développement Durable de l’ONU : réduction de la pauvreté, de la faim, des inégalités, des pertes de biodiversité et accès à une énergie décarbonée. L’adaptation au changement climatique et l’atténuation des émissions de gaz à effets de serre peuvent se renforcer mutuellement.

Groupe 3 – Réduction des émissions

1) TRAJECTOIRES D’ÉMISSIONS

Si certains pays ont réussi à réduire leurs émissions nationales et à s’aligner sur des trajectoires +2°C, les émissions globales de gaz à effet de serre (GES) continuent d’augmenter. Sans nouvelles politiques climatiques, le réchauffement global pourrait atteindre +2,2 à +3,5°C à la fin du siècle ! Pour le maintenir en dessous de +1,5°C, il faudrait réduire nos émissions d’au moins 43% d’ici 2030 et agir au plus vite.

2) URGENCE À AGIR

Continuer à utiliser les infrastructures d’énergies fossiles existantes suffira à dépasser le budget carbone des +1,5°C avant 2030. Pourtant, de nouveaux investissements polluants continuent d’être menés. IL FAUT AGIR VITE et stopper les investissements dans le charbon, le pétrole et le gaz !

3) RÉPARTITION DES ÉMISSIONS

Les émissions sont inégalement réparties. Les 10% les plus riches émettent entre 36 et 45% des GES. Les habitants des pays développés émettent en moyenne 13 tonnes de CO₂-équivalent/an contre 1,7 pour ceux des pays les moins développés.

4) SOLUTIONS TECHNOLOGIQUES & CHANGEMENTS SOCIÉTAUX

De récents et rapides développements technologiques facilitent la transition énergétique : énergies renouvelables, mobilité électrique, bâtiments bas carbone. Les défis sont technologiques et physiques, mais aussi et surtout sociétaux et politiques. Un changement fondamental de notre alimentation vers des régimes moins carnés est par exemple un levier puissant.

5) ÉVITER/TRANSFORMER/AMÉLIORER

Les progrès technologiques ne seront pas suffisants. Ils doivent être accompagnés d’autres mesures pour éviter l’effet rebond. Par exemple pour les transports, il faut éviter les longs trajets (en particulier en avion) et opter au maximum pour des transports collectifs ou privilégier la marche et le vélo au quotidien. Enfin, l’amélioration de l’efficacité énergétique est importante, notamment pour nos bâtiments et l’industrie.

6) LEVIERS D’ACTION

Un des principaux outils est la transformation structurelle de notre société : les changements individuels, quoique nécessaires, n’auront une portée suffisante que s’ils sont soutenus par des changements plus globaux. Cela permettrait de réduire de 40à 70% nos émissions d’ici 2050, au travers notamment de la sobriété (ensemble de politiques, mesures et pratiques quotidiennes évitant des demandes d’énergie et de ressources, tout en assurant le bien-être de tous dans les limites planétaires). Il faut également :
* sortir des énergies fossiles, grâce à l’électrification des usages couplée à la décarbonation de l’électricité
* mettre fin à la déforestation et restaurer les écosystèmes

7) ABSORPTION DU CO₂

Le déploiement de l’absorption du CO₂ pour contrebalancer les émissions résiduelles difficiles à éliminer est inévitable pour atteindre la neutralité carbone, mais de nombreux défis sont encore à relever (technologiques, gestion des sols, acceptabilité, etc.).

8) VILLES

Les villes et l’urbanisation actuelle sont un facteur clé de nos émissions de GES. Une transformation systémique de nos organisations urbaines est nécessaire et pourrait réduire de 26% nos émissions d’ici 2030.

9) RÈGLEMENTATION & FINANCE

Près de la moitié des émissions mondiales ne sont pas soumises à réglementation alors qu’il s’agit d’un levier clé. Un coût à 100$ la tonne de CO₂ inciterait à mettre en place des options d’atténuation qui pourraient réduire les émissions mondiales de GES de moitié d’ici 2030. Globalement, les investissements actuels dans la transition sont insuffisants. Il y a un enjeu important à renforcer les réglementations pour réorienter les capitaux disponibles.

10) SANTÉ HUMAINE

L’atténuation de nos émissions de GES est aussi en synergie avec de nombreux objectifs de développement durable, notamment en lien avec la santé humaine : qualité de l’air intérieur et extérieur, modes de déplacement actifs, régimes alimentaires, etc.

Autres références utiles