jeudi , 5 décembre 2024

Vagues de chaleur

Dernière modification le 20-11-2024 à 12:49:51

Le podcast

Temps de lecture 6:30 minutes

Qu’est-ce ?

Les canicules, périodes de quelques jours à quelques semaines voire mois de chaleur anormale sur une large zone géographique, avec une diminution de la différence de température jour-nuit. Elles peuvent se caractériser par une forte humidité atmosphérique, dans des régions océaniques, ou par une forte sécheresse dans les régions continentales. La canicule est provoquée par un blocage météorologique qui maintient cette situation sur une longue période.

Pourquoi est-ce important?

Le réchauffement global ne se caractérise pas par une augmentation « douce » et généralisée des températures, mais augmente le nombre et l’intensité des évènements météorologiques extrêmes, comme les canicules, dont l’occurrence a augmenté depuis 1 siècle(( diagramme historique wikipedia )). Elles ont des effets multiples :

  • Santé : L’effet de la chaleur sèche est le plus fort dans les environnements de « désert urbain », comme les villes à l’intérieur des continents, provoquant déshydratation et mort de personnes vulnérables. Avec les canicules humides, le risque de mort par hyperthermie devient important, car l’atmosphère est saturée en humidité, et la transpiration ne permet plus de rafraichir le corps. 32° au thermomètre mouillé (wet bulb) est la limite qui interdit des activité normales en extérieur(( blogs.ei.columbia.edu/2017/12/22/humidity-may-prove-breaking-point-for-some-areas-as-temperatures-rise-says-study/ )). La nuit apporte moins, ou plus de soulagement du tout car elle est chaude aussi, provoquant un épuisement progressif. La canicule a aussi un effet négatif sur la santé mentale(( www.vd.ch/fileadmin/user_upload/themes/sante/Prevention/Canicule/Canicule_info_professionnels_2019_DEF_02.04.19.pdf )).
  • Agriculture : la sécheresse causée par des canicules provoque la destruction de récoltes, et des famines. Alors que ce fait est tristement connu dans les pays du sud depuis un siècle, avec un réchauffement accru les régions tempérées en seront aussi victimes, avec une forte baisse des rendements des cultures traditionnelles(( fr.climateimpactnews.com/impact/1405-changing-climate-has-stalled-australian-wheat-yields )), voire un risque de perte totale des récoltes dans certaines régions. Il y a donc des risques importants sur l’approvisionnement des populations en nourriture. Les animaux d’élevage peuvent aussi souffrir de stress thermique. Sans que cela soit lié aux canicules, l’augmentation des températures moyennes hivernales dans les régions tempérées, a aussi un effet néfaste sur certaines cultures, par exemple de certains arbres fruitiers, qui ont besoin d’une période de « repos » en hiver(( www.doc-developpement-durable.org/file/Arbres-Fruitiers/graines&plantations/CLIMAT&ARBRES%20FRUITIERS.pdf )). A l’extrême, la diminution de la régularité des cycles saisonniers. voir leur perte totale augure très mal de la simple possibilité de maintenir l’agriculture telle que nous la connaissons(( www.aprifel.com/userfiles/file/les_matina_es_du_cca/cca_2019/2._matina_e_cca_28nov19_mathieu_bertuzzi_aprifel.pdf )).
  • Biodiversité : l’augmentation de température est néfaste à beaucoup d’espèces établies, comme par exemple les mélèzes ou d’autres espèces d’arbres en Suisse. Des insectes ou micro-organismes pathogènes peuvent trouver des conditions favorables pour attaquer de nouvelles espèces. Dans les lacs et rivières, l’oxygène dissous diminue avec l’augmentation de la température de l’eau, ce qui peut tuer des espèces de poissons et d’autres animaux de la chaine alimentaire.
  • Forêts et couverture végétale : elles sont vulnérables aux canicules sèches(( www.dora.lib4ri.ch/wsl/islandora/object/wsl%3A10484/datastream/PDF/Pluess-2016-For%C3%AAts_et_changements_climatiques._%C3%89l%C3%A9ments-%28published_version%29.pdf )), qui augmente drastiquement le risque de feux de forêts et de brousse de causes naturelles, et la sensibilité aux incendies intentionnels. Les incendies causés par des sécheresses caniculaires se produisent maintenant aussi dans des forêts auparavant humides, comme la forêt amazonienne, ou la forêt primaire tropicale du Queensland en Australie. La destruction de la couverture végétale injecte de grandes quantités de CO2 dans l’atmosphère et son appauvrissement suite à sa repousse diminue sa capacité à absorber du CO2, ce qui est une boucle de réaction positive. De plus, lors de canicules, les arbres passent en «en mode de survie» et cessent d’être un puits de CO2 pour en devenir une source(( Tatarinov, F., Rotenberg, E., Maseyk, K., Ogée, J., Klein, T. and Yakir, D. (2016), Resilience to seasonal heat wave episodes in a Mediterranean pine forest. New Phytol, 210: 485-496. doi: doi.org/10.1111/nph.13791 ))
  • Génération d’énergie : le rendement de centrales thermiques (fossiles et nucléaires) qui ont besoin d’eau de refroidissement peut être diminué par l’augmentation de la température de l’eau(( www.spiegel.de/wirtschaft/soziales/atomkraft-erste-akw-reduzieren-leistung-wegen-hitzewelle-a-1220916.html ))
  • En ville : les surfaces minérales sont toujours beaucoup plus chaudes (ou plus froides) que les zones végétales, comme dans le désert du Sahara(( www.independent.co.uk/environment/city-countryside-urban-environment-temperature-heat-warmer-a8427446.html )). Les villes actuelles sont des déserts artificiels qui souffrent des mêmes extrêmes de température, surtout les maxima de température.
  • Inondations : après une période de manque de précipitations, une soudaine accumulation d’humidité dans l’air peut provoquer des orages violents, et donc des inondations soudaines qui font des victimes et provoquent des dégâts économiques importants.

Que pouvons nous faire?

La présence de végétation est un excellent moyen à la fois de lutter contre les effets des canicules sèches et de les prévenir. Des expériences de reboisement montrent que le climat régional d’une région reboisée évolue vers plus d’humidité(( www.epa.gov/heat-islands/using-trees-and-vegetation-reduce-heat-islands ))(( www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2405844019300702 )). En agriculture, la perte hydrique du sol doit être minimisée en maintenant la couverture végétale en permanence, contrairement à la pratique du labour. Une vraie reforestation (favoriser la remise en place d’un vrai biotope) est de loin préférable aux monocultures d’arbres qui sont a la fois peu résilientes et mauvaises du point de vue de la biodiversité. Concernant la perte de forêts tropicales, mettre en place des politiques commerciales qui diminuent/suppriment le besoin en produits industriels provenant des zones déboisées (soja pour l’alimentation animale ⇒ légiférer pour diminuer la viande industrielle, huile de palme) En ville, mettre en place des politiques qui remplacent des surfaces minérales (bitume, béton) par des surfaces végétales, au besoin en limitant fortement l’espace occupé par le trafic automobile, est un excellent moyen de rendre les villes résilientes par rapport aux vagues de chaleur1. L’agriculture urbaine doit être soutenue(( phys.org/news/2017-10-urban-cool-island-effects-agriculture.html ))

Compléments web

  •  

Compléments vidéos

  • La Terre confrontée à des températures extrêmes : youtu.be/SGxiheax-Ks
  • Vague de chaleur ou canicule ? youtu.be/PcrVxtCJJtI
  • Avec une hausse des températures de 2°C, à quoi ressemblera la France en 2050? youtu.be/TrlUqycquKo

Compléments jeunes

  1. []