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20 – Du réchauffement océanique et de ses effets tangibles

Dernière modification le 1-6-2022 à 15:25:01

Le Monde, 13 janvier 2022. « Les océans ont enregistré un nouveau record de chaleur en 2021 », Planète, p. 10

Le phénomène La Niña, anomalie thermique des eaux de surface du Pacifique équatorial dont l’effet fut d’abaisser la température globale de la planète, n’aura pas réussi à infléchir, l’an passé, l’augmentation de la chaleur des océans – un record qui contribue à faire des six dernières années les plus chaudes jamais enregistrées pour les mers du monde, alerte la revue Advances in Atmospheric Sciences. Selon les calculs des 23 scientifiques qui y signent l’étude publiée le 11 avril dernier, les océans jusqu’à une profondeur de 2000 mètres auront donc absorbé 14 000 milliards de joules… l’équivalent de 145 fois la production mondiale d’électricité en 2020. Une conséquence d’un changement climatique directement lié à un excédent de gaz à effet de serre découlant des activités humaines. De la combustion d’énergies fossiles – charbon, pétrole et gaz –, en particulier… phénomène qui entraine un surplus d’énergie propre à réchauffer l’atmosphère, et plus encore les océans qui en stockent le 93% sur des échelles de temps très longues.

Les effets de cette surchauffe océanique destinée à se poursuivre aussi longtemps que nous n’aurons pas atteint des émissions nettes nulles – donc stabilisé la concentration de CO2 dans l’atmosphère (après quoi seulement la quantité d’énergie qui pénètre dans l’océan pourrait diminuer d’année en année) ? Une élévation du niveau des mers (3,7 millimètres par an entre 2006 et 2018). L’accélération de la fonte des calottes glaciaires du Groenland et de l’Antarctique. Une réduction du niveau d’oxygène des océans affectant les écosystèmes marins, tels les coraux. Un accroissement de la température et de l’humidité de l’air, générateur de tempêtes et d’ouragans davantage puissants. Une augmentation des précipitations et des risques d’inondation. En outre, pareil réchauffement réduit l’efficacité des océans, s’agissant de pomper le carbone ; ceci d’abord, prévient Laurent Bopp, directeur de recherche au CNRS, « parce que la hausse de la température de l’eau réduit la solubilité du gaz ; et ensuite parce que le changement climatique entraîne une stratification des océans qui limite les transferts de carbone de la surface vers les profondeurs ».

On pourrait en rester à de telles perspectives peu riantes bien que passablement « immatérielles » pour qui s’inquiète surtout de son quotidien. Mais il se trouve qu’en date du 9 janvier, sous la signature de Clémentine Thiberge, la page « Science » du Monde publiait un article au sous-titre évocateur : « Le réchauffement devrait favoriser la prolifération d’espèces sans intérêt alimentaire ou socio-économique ». Un article montrant donc que même les perspectives « passablement immatérielles » menacent d’avoir à terme des prolongements on ne saurait plus concrets sur nos vies quotidiennes… ceci en vertu d’une relation de causes à effets on ne saurait plus explicite.

Que le réchauffement climatique s’avère diminuer l’oxygène dans l’eau, voilà qui est déjà connu. En revanche, ce réchauffement a aussi pour effet de booster le métabolisme des poissons en besoin d’oxygène supplémentaire. Or il faut savoir que plus les poissons sont gros, plus ils ont du mal à « oxygéner les cellules situées au cœur de leur organisme. Dans les océans plus chauds, la taille des poissons a donc tendance à diminuer ». Un changement qui risque donc de s’assortir de répercussions majeures au pays des humains.

Arnaud Bertrand, chercheur à l’Institut de recherche pour le développement (IRD), s’est notamment intéressé au cas des anchois ; il écrit : « Nous ne pouvons pas prédire précisément quand l’effondrement de la population d’anchois interviendra, ni s’ils seront remplacés à coup sûr par des gobies, mais il est probable que tôt ou tard des espèces plus petites, sans intérêt alimentaire et socio-économique, vont proliférer ».

Une menace donc pour la pêche du monde entier, et qui risque fort d’affecter ­ de manière disproportionnée – les pays en développement. Le Pérou parmi d’autres, où la filière de l’anchois représente 6% de la pêche marine mondiale alors que très peu d’entre ces poissons sont destinés à la population humaine… le 98% d’entre eux se voyant transformés en farine destinée à l’élevage des poissons et autres animaux partout dans le monde – fait qui, en outre, contribue au réchauffement climatique. Aux Péruviens donc de réformer leur filière industrielle en sorte de contribuer à l’alimentation humaine directe risquant fort de manquer de « produits de la mer » de tailles plus avantageuses.

 

 

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