samedi , 27 juillet 2024

The green new Deal

Dernière modification le 12-1-2023 à 18:09:28

Lecture, par Raphaël Goblet 

The green new Deal, Jeremy Rifkin

J’avais peur de ce que j’allais trouver dans ce bouquin, connaissant l’ami Rifkin (et son opus « la 3ème révolution industrielle »). Je n’avais pas assez peur visiblement .

Ce type conseille entre autres l’Union Européenne, la Chine et bien évidemment les USA (et l’Allemagne dont il est très fier – il n’a sans doute pas lu « Dormez tranquille jusqu’en 2100 » de l’ami Janco) dans leur transformation économique, énergétique et structurelle pour faire face au changement climatique.

Vous vous demandiez pourquoi ça n’avance pas, en tout cas pas assez vite et pas dans la bonne direction ? Ce bouquin vous en expose avec moults détails (chiffrés avec beaucoup de zéros devant la virgule) les raisons.

Pourtant Rifkin a des tas de bonnes idées ! Déjà il confirme le constat: le changement climatique est déjà une énorme catastrophe (cataclysmique) même si on change de route immédiatement. Il parle d’économie collaborative, circulaire, de réduction des inégalités indispensable, de demander aux super riches une super contribution, redonner du pouvoir aux travailleurs, stopper net toute subvention aux énergies fossiles, rediriger massivement tous les investissements (et notamment l’énorme manne financière des fonds de pension) vers la transition (énergétique uniquement ), … bref plein de choses très intéressantes et en rupture avec le « business as usual ».

Bien ! Le souci majeur est que son but (parfaitement avoué, sans l’ombre d’une quelconque remise en question) est de sauvegarder la « main invisible » de la logique de marché ET une croissance économique aussi prospère que possible. Aïe. Bref pour lui, il faut absolument « sauver l’humanité » du danger climatique, et pour ce faire, sauver la logique capitaliste.

Que propose-t-il alors ? La mise en réseau mondialisé de TOUT: énergie, flux, communication & information, transports, par l’intermédiaire systématique de capteurs (du champ cultivé au ménage en passant par le transport de nourriture et la gestion du supermarché), bref, non seulement l’Internet des Objets (tout doit être connecté en permanence) et l’exploitation du Big Data pour gérer tout ça (il avoue cependant craindre les piratages, et là aussi des infrastructures dédiées et puissantes seront nécessaire). L’énergie ? Verte uniquement (éolien et solaire, point barre). Gérée par des capteurs et datacenters (verts évidemment) pour synchroniser les milliards de panneaux solaires et éoliennes installés sur chaque toit, dans chaque jardin, sur chaque colline. Pareil pour la bouffe, la logistique, la vie urbaine (Smart Cities, cameras, capteurs de flux de population, …), la vie sociale, … (la question démocratique de la gestion de tout cela est illustrée avec un seul exemple (raté ) sous l’égide de… Google).

Tout cela permettrait de centraliser les données, de les exploiter, et ainsi de faire de économies substantielles d’un bout à l’autre de la chaîne, grâce à une énergie exclusivement verte, et surtout baisser formidablement les coûts de l’énergie (« jusqu’à une cout marginal proche de zéro »).

En fait, ce ne serait pas si scandaleux que ça comme vision s’il évitait une série d’écueils qui rendent sa vision déjà obsolète, et de loin (il aurait proposé ça dans les années 70, je dis pas):

  • seul le changement climatique semble être un défi. Il « zappe » tout le reste: biodiversité, habitat de la faune et de la flore, eau potable, épuisement accéléré des ressources, démographie galopante et j’en passe: pas un seul mot là-dessus, ça n’existe tout simplement pas !
  • l’effet de parc: c’est génial de diviser la consommation des objets du quotidien par deux ou trois ! Mais si on multiplie le nombre de ces objets par 8 ou 10, ça ne résoudra rien !
  • l’effet rebond: plus une technologie, un objet, un mode de consommation est accessible (peu cher) et « écologique » (moins mauvais pour l’environnement), plus cet usage explose, annihilant instantanément les efforts d’économie réalisés à la base.

Enfin, ce projet de société est possible dans un monde où l’accès aux ressources n’est pas un problème. Or, on le voit déjà régulièrement, les ressources en matières premières sont de plus en plus difficiles d’accès, de plus en plus énergivores, de plus en plus polluantes (moins il y a de concentration en minerai dans une mine, plus l’extraction est intensive et génère des déchets), et surtout de moins en moins économiquement rentables. Assurer la totalité de notre approvisionnement énergétique au rythme de consommation actuel uniquement via le solaire et l’éolien relève, et c’est prouvé par maintes et maintes études, du vœu pieux.

C’est pourtant là qu’il emmène nos gouvernements et d’autres de par le monde.

Vous ne voulez pas de 5G? Vous ne voulez pas que nous devenions « vert » ici tout en noircissant de nombreux autres pays et populations ? Vous ne voulez plus de la logique capitaliste de marché qui nous a amené précisément au bord du gouffre ? Lisez ce bouquin pour savoir contre quelle idéologie vous battre !

Nous devons absolument nous opposer bec et ongles pour que le « Green New Deal » qu’on nous vend quotidiennement soit clairement étiqueté « Green washing » sans aucun autre intérêt que de poursuivre la logique de notre « ère de la marchandise » (il n’existe pas de marchandise sans extraction de matière première), qu’elle soit « collaborative » ou privatisée n’y change rien.

Un projet mortifère, dans lequel nos gouvernements (européen en particulier !) s’engouffrent avec une fierté satisfaite d’un projet de société qui se dit visionnaire…

« Le plan économique pour sauver la vie sur Terre », pourtant, est le sous-titre :)

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