samedi , 27 juillet 2024

61 – Philippe Nantermod au tapis ? Youpi !!

Dernière modification le 13-11-2023 à 19:36:39

Propos d’un « écoterroriste » à qui diverses mauvaises nouvelles sur le front du libéralisme font grand bien.

Mes deux dernières chroniques ne manquaient pas de relever – non sans inquiétude – le fait que, depuis cet été, après avoir un long moment fait profil bas sous la pression de mouvements citoyens axés sur la défense de l’environnement, les « maximalistes » du business et autres climatosceptiques n’hésitaient plus à ressortir du bois de la façon la plus décomplexée qui soit. Pensez : une fraction appréciable de la population préférant en fin de compte enfouir sa tête dans le sable – quitte à voter à l’extrême droite ! –, lassée de déprimer face aux pires pronostics climatiques et de s’entendre, qui plus est, prendre à parti en pleine rue par de remuantes Cassandre… Fameuse aubaine pour le milieu des affaires et leurs alliés politiciens.

De quoi désespérer ? Baisser les bras ? Consentir à l’inéluctable ?

Or voilà qu’à défaut de redonner pleinement confiance en la capacité des citoyens à assumer leurs responsabilités face à la désastreuse démesure des zélotes d’une croissance à tout prix, certaines nouvelles viennent tout de même rappeler qu’en matière environnementale tout n’est encore pas dit.

Ainsi, en France, revenant sur la dissolution du collectif écologiste et radical Les Soulèvements de la Terre – décision prononcée par décret le 21 juin en Conseil des ministres et crânement annoncée par Gérard Darmanin, ministre de l’Intérieur « aux ambitions sans borne » (Le Monde du 3 avril), au prétexte que ses militants « appelaient » à des violences et y « participaient » –, le Conseil d’État suspendait cette décision. « Les juges des référés estiment qu’il existe un doute sérieux quant à la qualification de provocation à des agissements violents à l’encontre des personnes et des biens retenus par le décret de dissolution (…). Ni les pièces versées au dossier, ni les échanges lors de l’audience, ne permettent de considérer que le collectif cautionne de tels agissements ».

Plus récemment, en Valais, c’était au tour de Franz Julen, président du Comité d’organisation des épreuves de la Coupe du monde de ski à Zermatt, de recevoir un sérieux camouflet de la part du WWF, de Pro Natura et de Mountain Wilderness Schweiz – trois organisations environnementales convaincues que, sur le glacier du Théodule, les pelleteuses ne s’étaient pas privées d’excaver – au mépris des accords – hors de la partie affectée aux pistes de ski telles que dessinées par l’ancien champion olympique Didier Défago. Refusant de livrer le tracé précis du parcours, Monsieur Julen avait bien assuré que toutes les autorisations nécessaires avaient été obtenues dans le cadre de l’aménagement de la piste de la « Gran Becca ». Hélas pour lui et pour certains enjeux politico-économiques laissant espérer force bénéfices, la Commission valaisanne des constructions a établi que tel n’était pas le cas. Résultat des courses : un arrêt partiel des travaux ; de plus, « les organisateurs des courses de Zermatt/Cervinia n’ont plus le droit d’utiliser les installations réalisées hors du domaine skiable homologué selon la Commission cantonale des constructions (CCC) valaisanne. Ils prennent acte, et renoncent à faire recours » (24 Heures du 24 octobre).

J’en arrive au magistral revers que vient tout juste d’essuyer le vice-président du PLR suisse et avocat Philippe Nantermod, crânement parti au combat à l’occasion des élections au Conseil des États. 25 130 voix à son actif contre 56 306 pour Beat Rieder et 54 273 pour Marianne Maret… celui qui rêvait de faire mordre la poussière aux sénateurs centristes se retrouve bel et bien au tapis. Et ce, précisons-le, malgré le ferme soutien de l’UDC.

On ne me tiendra pas durablement rigueur – j’y compte – d’avoir pu exulter à l’annonce d’une telle déculottée infligée au jeune, fringuant et quelque peu trop arrogant « battant ». À cet homme qui, il y a de cela un an, invité de l’émission Forum, et pour répondre du tac au tac aux propos d’Anaïs Tilquin, chercheuse et porte-parole de Rise up for Change avouant que la situation climatique lui inspirait des cauchemars, se fendait de ce commentaire : « Faut consulter un psychiatre ! ». Une réponse, écrivais-je alors, dont on pouvait apprécier – outre la rare goujaterie et un sexisme de bas étage – la foncière inadéquation, confrontée au dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC).

Monsieur Nantermod a beau avoir confié, tout sourire, à qui voulait l’entendre, des déclarations du genre : « Un Valaisan sur trois vote pour moi, ce n’est pas assez mais je ne regrette rien », ou : « Avec ou sans moi, dans quatre ans, tout est ouvert », souhaitons que la pilule pas mal dure à avaler pour un ego à ce point surdimensionné lui sera finalement profitable.

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Un commentaire

  1. Brigitte Nicod Krieger

    Bravo et merci pour cette chronique piquante et encourageante malgré le contexte plus que morose de cette fin d’année.

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