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4 – Prolifération de cancers pédiatriques

Dernière modification le 1-6-2022 à 15:25:03

« On tue nos enfants ! ».

Le Monde, 3 novembre 2021. « Au pays des enfants malades, des familles au combat », Fragments de France, pp. 20-21.

Celles et ceux qui – si peu soit-il – tiennent à rester informés des effets de la massive et multifactorielle crise environnementale résultant de diverses activités humaines ne seront pas surpris d’apprendre que, selon l’Organisation météorologique mondiale, « la planète est entrée “dans un territoire inconnu” ». En page 9 de l’édition du 3 novembre, parmi les conséquences liées à l’insuffisance de l’engagement des pays en sorte de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, Audrey Garric relève : records atteints, l’an dernier, pour les concentrations dans l’atmosphère de dioxyde de carbone, de méthane et de protoxyde d’azote (qui sont les trois principaux gaz à effet de serre) ; constante élévation du niveau des océans ; explosion du nombre de personnes touchées par la famine et l’effondrement des moyens de subsistance. En outre, « pour la première fois, il a plu au point culminant de la calotte du Groenland (3200 mètres), là où il n’avait jamais que neigé ».

Mais quittons la page 9 pour nous porter vers la vaste enquête que Stéphane Foucart consacre au combat engagé, dans plusieurs localités du département français de la Loire-Atlantique, par diverses associations de parents qu’alerte – à juste titre ! – la prolifération de cas de cancers pédiatriques. Autant de collectifs éprouvant pourtant le plus grand mal à se faire entendre des pouvoirs publics. Est-il, de fait, insignifiant, qu’entre 2015 et le printemps 2021, « sur un bassin de population d’environ 30 000 personnes, 25 enfants et adolescents ont été atteints par différentes formes de la maladie touchant principalement le sang et le système nerveux central », sept d’entre ces victimes ayant succombé ?

Difficile, en la circonstance, de ne pas risquer un rapprochement avec d’autres crises sanitaires ultra-locales. Témoin celle des bébés nés sans bras dans de « petites poches de territoire » de l’Ain, du Morbihan ou de cette même Loire-Atlantique – et dont Le Monde se faisait l’écho dès le mois de juillet 2019.

Outre les cancers qui frappent certains enfants des zones concernées, les endocrinologues relèvent la fréquence des cas de puberté précoce ; de troubles neurologiques ou de l’attention ; d’hyperactivité.

Alors ? Cadeaux délétères émanant d’anciennes pollutions industrielles ? De l’usage massif de certains pesticides agricoles et autres perturbateurs endocriniens lâchés dans l’environnement ? Des lignes à haute tension ? De l’émanation de radon, un gaz radioactif présent dans les sols granitiques de la région ? On s’émeut. On s’interroge, soupçonnant telle usine. Tel ancien site industriel. On en réfère aux autorités sanitaires locales… lesquelles, après survol de la question, concluent à « l’absence d’un risque anormalement élevé de cancers pédiatriques » par rapport au reste du département – quitte à ne pas prendre en compte 12 d’entre les 25 cas de cancers pourtant avérés… les enfants de plus de 15 ans n’étant pas inclus !!

Ainsi, à force de se voir considérés comme des « enquiquineurs » et conscients que les causes de tels dysfonctionnements concernent l’ensemble de la société, des collectifs de famille émergent. Insistent. S’entêtent. Remontent la chaine hiérarchique jusqu’à prendre à parti un État français qui, manifestement, rechigne encore à prendre ses responsabilités.

Il n’empêche : l’émergence de ravages sanitaires ultra-locaux s’additionnant, on voit mal comment l’insistance des communautés concernées pourrait ne pas déboucher – n’en déplaise aux lobbyistes de tout crin – sur un réexamen approfondi des conséquences sanitaires de bon nombre de moyens technologiques autorisés. Comme le rappelle Marie Thibaud, du collectif Stop au cancer de nos enfants : « Je ne cherche pas à faire pleurer dans les chaumières, je n’ai pas besoin que l’on trouve un coupable à tout prix. Je pense juste qu’il faut comprendre pour éviter que cela n’arrive à d’autres enfants ».

 

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