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10 – Amazonie : à promesses mensongères, fermeté hésitante

Dernière modification le 1-6-2022 à 15:25:02

Le Monde, 21 novembre 2021. « Au Brésil, progression record de la déforestation en Amazonie », International, p. 5

Les chiffres sont là, irrécusables. Selon l’Institut national de recherche spatiale (INPE), entre août 2020 et juillet 2021, plus de 13 000 km2 de forêt tropicale ont fait les frais des appétits (voraces) de l’industrie brésilienne. Un record annuel absolu venu pratiquement doubler celui de 2018. De quoi sérieusement alerter les États-Unis face à cette source de dérégulation climatique du continent américain. Une accélération ne pouvant également qu’inquiéter l’Union européenne, sachant que 5 à 10% de son oxygène est produit par cette région du monde dont l’importance est en outre capitale pour la biodiversité. Sans compter les organisations qu’alarme – à raison ! – le sort des peuples autochtones livrés à la frénésie des exploiteurs de tout acabit : bois, expansion agricole, etc. D’où les pressions sans cesse croissantes auxquelles le Brésil se trouve soumis.

Bon, dans tout cela, rien qui surprenne de la part du président Jair Bolsonaro – lequel, ayant eu soin de démanteler les institutions brésiliennes chargées de la protection de l’environnement, ne fait que continuer de mettre en pratique ses promesses électorales. Seulement, il n’est pas toujours bon de se mettre à dos une moitié du monde – d’autant lorsqu’il s’agit de partenaires économiques. Si bien qu’il devenait urgent d’envoyer quelques signes de bonne volonté. C’est ainsi que, jeudi 18 novembre, Anderson Torres, ministre de la justice et de la sécurité publique, déclarait : « À ceux qui persistent à commettre ces crimes environnementaux [nous avertissons que] l’État brésilien va montrer sa pleine force en Amazonie ». Ainsi également qu’à l’occasion de la COP26, le Brésil s’engageait à mettre fin, dès 2028 – soit deux ans plus tôt que la date initialement prévue –, à la déforestation illégale en Amazonie. Or, apprend-on, à l’époque où l’on discutait ferme à Glasgow, la déforestation de l’Amazonie brésilienne battait son plein : 877 km2 en un mois ! Un record depuis cinq ans. Si bien que de nombreux scientifiques commencent à réaliser que la déprédation des forêts pourrait sous peu conduire à un point de non-retour. Une étude datant de juillet dernier et publiée dans la revue Nature n’hésite pas à diagnostiquer : « La déforestation et la dégradation de la forêt réduisent les capacités de l’Amazonie à agir comme un puits de carbone ».

Dès lors, quelles sanctions adopter ? La Commission européenne projette bien d’interdire l’importation de produits agricoles liés à la destruction de la nature – bois, soja, viande bovine, huile de palme, café et cacao. Du moins l’a-t-elle annoncé le 17 novembre (voir l’édition du Monde du 19 novembre, p. 9). Une mesure importante destinée à protéger les forêts… et – selon Bruxelles – à entraîner « une réduction d’au moins 31,9 millions de tonnes d’émissions de carbone dans l’atmosphère chaque année ». Le tout étant de savoir si – loi du commerce oblige – ladite commission aura le cran de franchir ce Rubicon.

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