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Dernière modification le 8-8-2024 à 19:34:31
On parle beaucoup de la crise du climat mais on agit peu pour y faire face, quand bien même elle commence à nous rappeler violemment sa réalité. L’autre crise est celle de la biodiversité. On n’en parle presque pas et on la voit encore moins. Pourtant, l’une comme l’autre est vitale pour notre civilisation. Pour la première, on sait ce qu’il y a à faire (sortir des combustibles fossiles) ; pour la seconde, votons « oui » le 22 septembre à l’initiative pour la biodiversité, www.initiative-biodiversite.ch/vd/.
Commençons par le climat
On en rirait bien si ce n’était pas dramatique.
9 avril 2024. Sur plainte des Ainées pour le climat, la Cour européenne des droits de l’homme (CEDHInstituée en 1959 par le Conseil de l'Europe, la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) est une juridiction internationale dont la mission est d'assurer le respect de la mise en œuvre de la Convention européenne des droits de l'Homme dans les 46 États membres du Conseil de l'Europe.), un organe du Conseil de l’Europe dont la Suisse fait partie depuis 1963, a condamné la Suisse pour la violation des droits des femmes âgées au motif que le pays ne prend pas les mesures nécessaires pour lutter contre le réchauffement climatique.
12 juin 2024. Notre parlement n’est pas content de cette décision qu’il trouve injuste parce que la Suisse fait beaucoup d’efforts pour faire face à la crise climatique. Selon nos autorités, notre pays est exemplaire dans ce domaine – comme dans bien d’autres d’ailleurs. Le 12 juin, par 111 voix contre 72, le Conseil National, émet une déclaration critique contre la décision de la CEDH. Le Conseil des États en avait fait de même une semaine plus tôt. Non, nous ne nous laisserons pas impressionner par cette décision malvenue !
Moi aussi je ne suis pas content. La police m’a collé une amende parce que je roulais trop vite. Pourtant, tout le monde le sait, je suis un conducteur exemplaire. Elle n’a rien voulu en savoir. Salle bande !
25 juin 2024. L’ancien conseiller fédéral Alain Berset est nommé Secrétaire général du Conseil de l’Europe.
30 juin 2024. Deuxième week-end de pluies records. Au Tessin, au Grison et en Valais, les cours d’eau des vallées latérales se transforme en lave torrentielle qui arrachent tout sur leur passage. Le Rhône sort de son lit. Des régions entières sont inondées, les infrastructures sont emportées. La population est appelée à mettre le papier-cul avec les déchets ménagers. (La raison en est intéressante. Stations d’épuration hors fonction, tout le caca est emporté par les rivières. Arrivé au Léman, le fleuve froid plonge dans les profondeurs du lac. Il s’épurera en temps voulu. Le papier-cul lui ne descend pas. Il flotte. Vilain spectacle pour le tourisme.)
Les crues de l’été 2024 : bafu.admin.ch
La semaine passée, nous étions dans le haut Val d’Hérens, au sud de Sion. Depuis le plateau glacière ou naît la Borgne de Ferpècle, qui, il y a 40 ans, portait la jonctions des glaciers du Mont miné et de Ferpècle (le premier à maintenant disparu très haut dans sa gorge, le second se voit encore, chaque année désespérément plus loin) tout a été chamboulé jusqu’à Évolène, 10 km plus bas. Une incroyable lave torrentielle a emporté le lit de la Borgne. Cela s’est passé il y a 5 ou 6 semaines. Depuis tout est en chantier là-haut. Des dizaines de pelles mécaniques travaillent sans relâche pour sécuriser le fleuve et lui construire un nouveau cours qui, on l’espère, tendra le coup du prochain évènement climatique. Les travaux minimums dureront encore longtemps. Sur-les-rocs ce sont toujours des camions citerne qui apportent l’eau – non potable – pour le réseau public.
Le très libéral Think tank Avenir Suisse fait sa propre analyse de la situation. La crise du climat va coûter cher. Pourra-t-on assurer un avenir à ces vallées alpines en démolition ? Ne serait-il pas temps d’envisager de les abandonner et de se préparer à accueillir, ailleurs, ces réfugiés climatiques de chez nous ?
Conclusion. La CEDH à raison et notre Parlement à tort.
Va-t-il comprendre ? (voir compléments CEDH en bas de page)
La biodiversité
Vient maintenant la « deuxième » crise de la vie. Il s’agit de l’effondrement de la biodiversité. On en parle un peu mais seuls les observateurs attentifs et les spécialistes ont conscience du problème. C’est normal parce que la question est difficile et, contrairement à la crise du climat pour laquelle on sait ce qu’il y a à faire (quitter au plus vite l’usage des combustibles fossiles), il n’y a pas de solution simple à l’effondrement de la biodiversité.
Jusqu’ici, sans compter les bactéries, plus de 10 millions d’espèces ont été décrites.
Chaque année on en ajoute près de 20’000 à la liste. Alors, une de plus ou une de moins, qu’est-ce qu’on s’en fiche, à moins que l’espèce ait une importance économique remarquable, comme c’est le cas, par exemple, pour l’abeille des apiculteurs de chez nous (Apis mellifera).
Seule une analyse globale de la dynamique de la vie permet de comprendre pourquoi la biodiversité est importante. Pour ce faire, il faut se référer à la théorie darwinienne de l’évolution telle qu’on la comprend aujourd’hui. Une espèce qui serait définie par une séquence unique d’ADN n’est pas viable. Elle disparaîtra au premier changement de son milieu. Sa capacité de survie est dans sa diversité. Celle-ci s’exprime (mais pas seulement) par la diversité de l’ADN des différents individus formant l’espèce. Comme chez l’humain, nous sommes tous un peu différents. Certains aiment le chaud, d’autres le supportent mal. Il en va de même pour les insectes butineurs ou les arbres de nos forêts. Quand le milieu change, certains seront favorisés, d’autres non. Pas de problème si le changement est lent par rapport à la durée d’une génération. Les arbres ont besoin de temps pour s’adapter, les lièvres sont plus rapides, les insectes plus encore. Ainsi va la vie.
La crise du climat change la donne. Le milieu change plus vite que d’habitude. On dit qu’il y a des millions d’années (peut être 60) qu’il n’a pas changé si rapidement. Bactéries et insectes suivent le mouvement à leur façon ; arbres, humains et bien d’autres espèces sont à la peine. On dit que jamais (depuis 60 millions d’années peut-être) le rythme de disparition des espèces n’a été aussi rapide. La biodiversité est compromise.
Elle a bon dos, la crise du climat pour expliquer la disparition des espèces ! La principale raison de l’effondrement de la biodiversité n’est pas l’échauffement climatique mais l’uniformisation de la nature que cause l’activité humaine. Les espèces disparaissent, non pas parce qu’elles meurent de chaud mais parce que leur milieu de vie est détruit. C’est directement l’action de l’homme qui en est la cause, l’agriculture intensive, le bétonnage partout, le façonnage des terres et des mers à notre façon. Ainsi se meurt la vie sur Terre.
Enfin, une proposition sérieuse et forte est offerte au peuple suisse pour faire face à l’effondrement de la biodiversité. Il s’agit de l’Initiative biodiversité, www.initiative-biodiversite.ch/vd/, sur laquelle nous voterons le 22 septembre. Le problème est global. La solution ne peut que l’être aussi. L’initiative propose une modification de la constitution afin de (i) préserver les paysages, (ii) ménager la nature, (iii) mettre à disposition les surfaces, ressources et instruments nécessaire … à la biodiversité. Si l’initiative est acceptée la Confédération est les cantons auront 5 ans pour édicter les dispositions d’exécution.
Chaque citoyen suisse porte la responsabilité du vote du 22 septembre qui confiera à nos autorité la responsabilité d’agir pour sauver la biodiversité et notre milieu vital. Merci de ne pas y manquer.
La robustesse du vivant comme antidote au culte de la performance (15:21 – 17:36) (Exemple : L’approche proposée ici est de prioriser la biodiversité).
Compléments CEDH
La protection du climat est un droit humain, et : La Suisse a violé le droit à la protection du climat. C’est ce qu’a décidé la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH).
La Grande Chambre de la Cour a rendu le 9 avril 2024 son verdict dans notre affaire, statuant que la Suisse viole les droits humains des femmes âgées car le pays ne prend pas les mesures nécessaires pour lutter contre le réchauffement climatique (swissinfo 9.04.2024).
Le parlement critique le verdict de la CEDH
Le verdict de la Cour européenne des droits de l’Homme qui condamne la Suisse pour inaction climatique dépasse les limites. Le National a adopté mercredi par 111 voix contre 72 une déclaration critique. Le Conseil des Etats en a fait de même il y a une semaine. Source : DÉPÊCHE ATS Berne, Mercredi 12 juin 2024, 10h36
Alain Berset est élu au poste de Secrétaire Général du Conseil de l’Europe
Berne, 25.06.2024 – L’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe a élu l’ancien conseiller fédéral Alain Berset au poste de Secrétaire Général du Conseil de l’Europe. Il prendra ses fonctions le 18 septembre 2024. Le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) a soutenu la candidature d’Alain Berset et salue son élection en tant que nouveau Secrétaire Général du Conseil de l’Europe.