Table des matières
Dernière modification le 9-8-2024 à 19:27:11
Rapport OXFAM France
Adaptation au changement climatique en France : un besoin urgent de planification
Alors que la France forme une nouvelle Assemblée nationale et un nouveau gouvernement, Oxfam France publie une étude alarmante sur les politiques d’adaptation au changement climatique. Selon ce rapport, les politiques et investissements actuels sont largement insuffisants pour protéger les citoyens des conséquences de ce phénomène.
Menaces sur les droits humains
Oxfam révèle que plus de la moitié des droits humains sont menacés en France en raison de l’improvisation des pouvoirs publics. Parmi les 50 droits fondamentaux de l’UE, au moins 26 sont directement en danger, notamment le droit à la santé, à l’éducation et à un logement digne.
Chiffres clés alarmants
- D’ici 2030, 1,3 million d’enfants en maternelle seront exposés à des températures excédant 35°C en classe.
- 36% des travailleurs subissent déjà des chaleurs extrêmes sur leur lieu de travail.
- D’ici 2100, 5% des hôpitaux, 3% des écoles primaires et 2,3% des maisons de retraite seront menacés par les aléas climatiques extrêmes.
Inégalités exacerbées
La crise climatique accentue les inégalités sociales. Les plus riches, bien que responsables d’une grande partie des émissions de gaz à effet de serre, sont mieux protégés, tandis que les plus vulnérables, comme les ménages pauvres, les femmes, les enfants et les personnes âgées, subissent les conséquences les plus graves.
Adaptation : un manque de planification
Malgré l’existence du Plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC) depuis 2011, Oxfam dénonce son inefficacité. Le plan manque de mesures concrètes et d’objectifs ambitieux, et l’approche des pouvoirs publics reste fragmentée et réactive plutôt que proactive.
Recommandations d’Oxfam
Oxfam appelle à une planification plus juste et inclusive, incluant :
- Des investissements de plusieurs milliards d’euros par an répartis équitablement.
- Une adaptation démocratique et transparente, avec une nouvelle institution citoyenne pour décider de l’adaptation des territoires.
- Des critères d’efficacité et de réduction des inégalités pour les investissements publics.
- Un Plan national contraignant, rendant l’État redevable.
- Une réforme du droit du travail pour protéger les travailleurs des effets du changement climatique.
- Une responsabilité accrue de la France dans le financement de l’adaptation des pays du Sud globalLes "communautés du Sud global" désignent généralement les pays et les régions situés principalement dans l'hémisphère sud, souvent moins développés économiquement, qui ont été historiquement marginalisés par rapport aux pays du Nord global (les pays industrialisés et développés, majoritairement situés dans l'hémisphère nord). Le terme "Sud global" est utilisé pour mettre en évidence les inégalités mondiales, notamment en matière de développement économique, de pouvoir politique, et d'accès aux ressources, plutôt que de simplement désigner une position géographique. Ces communautés du Sud global incluent de nombreux pays d'Afrique, d'Amérique latine, d'Asie et du Pacifique. Elles sont souvent les plus vulnérables aux impacts du changement climatique, bien qu'elles aient contribué bien moins aux émissions de gaz à effet de serre par rapport aux pays du Nord global..
En somme, l’étude d’Oxfam France met en lumière l’urgence d’adopter des politiques d’adaptation robustes et équitables face à un avenir climatique incertain.
Références
- Le rapport au format Oxfam-France Rapport 2024 (PDF)
- Le site : www.oxfamfrance.org
Et la Suisse ?
Adaptation au changement climatique en Suisse : une nécessité pressante
Alors que la France est sous les projecteurs pour son manque de préparation face au changement climatique, la Suisse n’est pas en reste et doit également intensifier ses efforts d’adaptation. Voici un aperçu de la situation en Suisse, basé sur les défis similaires et les particularités locales.
Menaces climatiques spécifiques à la Suisse
La Suisse, connue pour ses paysages alpins et ses ressources en eau douce, fait face à des menaces climatiques spécifiques telles que :
- Fonte des glaciers : Les glaciers suisses fondent à un rythme alarmant, entraînant des risques accrus de crues soudaines et de pénurie d’eau.
- Écosystèmes fragiles : La biodiversité alpine est particulièrement vulnérable aux changements de température et de précipitations.
- Risques d’éboulements et de glissements de terrain : L’instabilité des sols due à la fonte du pergélisolLe permafrost ou pergélisol, en français, est une couche de terre, de roche ou de sédiment qui est maintenue à une température inférieure à 0°C durant une période d’au moins deux ans consécutifs. Ce phénomène naturel recouvre environ 22 % de notre surface terrestre, principalement au Canada, en Alaska, en Russie et au Groenland ainsi que dans les régions de montagnes. Le permafrost recouvre entre 5 à 6 % du territoire Suisse. augmente les risques de catastrophes naturelles.
Impact sur les droits humains et les inégalités
À l’instar de la France, la Suisse doit protéger les droits fondamentaux de ses citoyens face aux changements climatiques :
- Santé publique : Les vagues de chaleur de plus en plus fréquentes menacent la santé des populations, particulièrement les personnes âgées et vulnérables.
- Éducation : Les infrastructures scolaires doivent être adaptées pour faire face aux températures extrêmes.
- Logement : Le droit à un logement sûr est compromis par les risques accrus de catastrophes naturelles.
Les inégalités climatiques en Suisse se manifestent également, où les populations rurales et à faible revenu sont souvent les plus touchées par les impacts du changement climatique.
Politiques d’adaptation en Suisse
La Suisse a mis en place plusieurs stratégies d’adaptation au changement climatique, mais des efforts supplémentaires sont nécessaires pour répondre pleinement aux défis posés par ce phénomène.
Plan d’action national
Le « Plan d’action Climat » de la Suisse a été adopté par le Conseil fédéral en mars 2012. Ce plan vise à minimiser les risques liés au changement climatique, à tirer parti des opportunités émergentes, à protéger les personnes, les biens et les ressources naturelles, et à améliorer la capacité d’adaptation de la société, de l’économie et de l’environnement. Un plan d’action plus récent, couvrant la période 2020-2025, propose 75 mesures concrètes dans divers secteurs, notamment la gestion de l’eau, la protection contre les dangers naturels, l’agriculture, la foresterie, l’énergie, le tourisme, la biodiversité, la santé et le logement.
Adaptation aux changements climatiques en Suisse : stratégie du Conseil fédéral OFEV).
Gestion des ressources en eau
La Suisse met en œuvre des initiatives pour mieux gérer ses ressources en eau, essentielles pour l’agriculture et l’approvisionnement en eau potable. Le réchauffement climatique affecte la disponibilité et la qualité de l’eau, augmentant les risques de sécheresse et de pénuries d’eau. Le Plan d’action Climat inclut des mesures spécifiques pour adapter la gestion de l’eau aux nouvelles conditions climatiques, en s’appuyant sur des scénarios climatiques actualisés (IEA).
Projets pilotes régionaux
Plusieurs cantons suisses mènent des projets pilotes pour tester et affiner les meilleures pratiques en matière d’adaptation au changement climatique. Ces projets couvrent divers domaines tels que la gestion des risques naturels, l’adaptation des infrastructures et la protection de la biodiversité. Ces initiatives régionales sont essentielles pour développer des solutions adaptées aux spécificités locales et pour partager les leçons apprises à l’échelle nationale (NCCS National Centre for Climate Services, Plan climat VAUD, Plan climat LAUSANNE).
En conclusion, bien que la Suisse ait pris des mesures significatives pour s’adapter au changement climatique, des efforts supplémentaires sont nécessaires pour renforcer la résilience du pays face aux défis climatiques croissants. Pour plus d’informations, vous pouvez consulter les ressources officielles comme le site de l’Office fédéral de l’environnement (OFEV) et la plateforme Climate-ADAPT de l’Union Européenne.
Recommandations pour une adaptation renforcée
Pour renforcer ses politiques d’adaptation, la Suisse pourrait s’inspirer des recommandations d’Oxfam France :
- Investissements soutenus : Allouer des fonds suffisants pour des infrastructures résilientes et des mesures d’adaptation ciblées.
- Participation citoyenne : Impliquer les citoyens dans la planification et la mise en œuvre des stratégies d’adaptation pour garantir une approche inclusive et démocratique.
- Cadre légal contraignant : Établir des obligations légales claires pour l’adaptation, afin de garantir la responsabilité des autorités et des entreprises.
- Coopération internationale : La Suisse, bien qu’un petit pays, peut jouer un rôle clé dans la coopération internationale pour l’adaptation, en partageant ses connaissances et en soutenant les pays moins développés.
La Suisse, confrontée à des défis climatiques uniques, doit intensifier ses efforts d’adaptation pour protéger ses citoyens et ses écosystèmes. Une approche planifiée, inclusive et bien financée est essentielle pour faire face aux impacts inévitables du changement climatique et garantir un avenir durable pour tous.
La politique climatique de la Suisse : Une approche insuffisante face aux défis actuels
La Suisse, bien que proactive en matière de lutte contre le changement climatique, est encore loin de répondre pleinement aux défis posés par ce phénomène. Une des principales critiques est que la politique climatique suisse ne prend pas en compte les émissions de CO2 externalisées, c’est-à-dire celles générées par la production de biens et services consommés en Suisse mais fabriqués à l’étranger. En fait, ces émissions représentent environ deux tiers du total des émissions de CO2 liées à la consommation suisse.
Émissions externalisées : une lacune majeure
La Suisse est souvent perçue comme un leader environnemental grâce à ses politiques de réduction des émissions domestiques de CO2. Cependant, cette perception ne tient pas compte des émissions externalisées, qui constituent une part significative de son empreinte carbone. En 2018, par exemple, les émissions de gaz à effet de serre imputables à la consommation suisse étaient environ deux fois plus élevées que celles générées sur son propre territoire.
Manque de mesures contraignantes
Le « Plan Climat » de la Suisse, bien que détaillé et ambitieux sur le papier, manque de mesures concrètes et contraignantes pour assurer une réduction significative et rapide des émissions. Les objectifs fixés par le plan sont souvent considérés comme trop modestes pour avoir un impact significatif sur la réduction des émissions globales, en particulier lorsqu’il s’agit de s’attaquer aux émissions indirectes.
Nécessité d’une approche planifiée et inclusive
Pour réellement protéger ses citoyens et ses écosystèmes, la Suisse doit adopter une approche plus rigoureuse et inclusive. Cela implique de :
- Inclure les émissions externalisées : Compter les émissions générées par la production des biens consommés en Suisse mais fabriqués à l’étranger, afin de fournir une image plus complète de l’empreinte carbone du pays.
- Renforcer les mesures nationales : Imposer des normes plus strictes pour réduire les émissions domestiques et investir dans des technologies et infrastructures vertes.
- Promouvoir une justice climatique : Veiller à ce que les politiques climatiques bénéficient équitablement à toutes les couches de la population, y compris les plus vulnérables.
Conclusion
En somme, bien que la Suisse ait fait des progrès notables en matière de politiques climatiques, elle doit encore intensifier ses efforts pour inclure les émissions externalisées dans ses calculs et adopter des mesures plus contraignantes. Seule une approche holistique et bien financée permettra de faire face aux impacts inévitables du changement climatique et de garantir un avenir durable pour tous. Pour plus de détails, consultez les rapports et analyses de l’Office fédéral de l’environnement et du Centre national pour les services climatiques (NCCS).
Sources et références
Compléments (vidéos)
Risques climatiques : le rapport qui montre que nous ne sommes pas prêts (OXFAM)
La robustesse du vivant comme antidote au culte de la performance (15:21 – 17:36)
Les sujets principaux traités sont la crise climatique, l’effondrement de la biodiversité, la pollution globale et les pénuries de ressources.
Il est constaté que les médias se concentrent principalement sur le climat, souvent en réduisant les problématiques à la seule question du CO2. Les solutions développées pour lutter contre la crise climatique aggravent souvent d’autres problèmes comme la pénurie de ressources, l’effondrement de la biodiversité et la pollution globale. Il est crucial de s’attaquer aux causes plutôt qu’aux symptômes des crises environnementales.
L’approche proposée est de prioriser la biodiversité. Replacer la biodiversité dans les territoires, l’agriculture et les villes a des effets positifs sur la pénurie de ressources, la crise climatique et la pollution globale. Semer des graines et restaurer la biodiversité peut se faire à toutes les échelles et est une méthode peu coûteuse.
Enfin, il est observé que le monde devient de plus en plus fluctuant, ce qui est confirmé par les rapports du GIEC et de l’IPBES.
En résumé, il est suggéré de commencer par restaurer la biodiversité pour avoir un impact positif sur les diverses crises écologiques et d’être conscient de l’importance des causes systémiques derrière ces problèmes.