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24 – Face à l’inéluctable, les cités côtières menacées se concertent.

Dernière modification le 1-6-2022 à 15:25:01

Le Monde, 1er mars 2022. « Les villes côtières en alerte face à la montée des eaux », Planète, pp. 16-17.

Chercheur au Bureau des recherches géologiques et minières (BRGM) et auteur du nouveau rapport du GIEC, Gonéri Le Cozannet reprend après bien d’autres l’avis d’alerte que s’entête à ne pas entendre l’ensemble des gouvernements s’estimant peu concernés par un phénomène planétaire on ne saurait pourtant plus désastreux. À savoir, dans un scénario de fortes émissions de gaz à effet de serre et en cas d’effondrement de calottes marines en Antarctique : une élévation du niveau de la mer susceptible de s’accélérer au point d’atteindre, à la fin de ce siècle, une élévation moyenne de 1,7 mètres.

Aux premières lignes du réchauffement : les Maldives, avec le 80% de son territoire qui n’excède pas un mètre d’altitude. Là-bas, aucun repli possible face à l’inéluctable élévation – conséquence directe de l’accélération des émissions de gaz à effet de serre dues aux activités humaines. Que faire dès lors que la mer grignote la terre sans relâche ? Que les palmiers aux racines devenues apparentes s’effondrent dans les eaux ? Que de très fortes pluies engloutissent une partie des rues ? Que l’intrusion de l’eau salée contamine la lentille d’eau douce du sous-sol ? Que 50% des infrastructures sont en péril puisque situées à moins de 100 mètres de la côte ? Que l’intensité des tempêtes s’accroît ? Que la multiplication des hôtels en bordure de mer perturbe la dynamique côtière – fait qui aggrave l’érosion ?

Or on s’en doute : la vingtaine d’atolls situés au cœur de l’océan Indien est loin de constituer l’unique site de la planète que menace l’accélération de l’expansion océanique. À preuve : les élus locaux qui, du 9 au 11 février, ont fait le déplacement depuis Djakarta, Houston, Lagos, Aichi, Bizerte et autres cités côtières encore, afin de partager leurs expériences et leurs idées à la faveur du One Planet Summit for the Ocean de Brest. Ceci dans le cadre de la « déclaration Sea’ties » signée par une trentaine de villes – grandes ou moyennes.

Témoin de cette rencontre, Martine Valo cite quelques-uns des propos entendus : « La ville va devoir accepter de perdre du terrain et accompagner des modifications du foncier avec beaucoup de finesse » (Hervé Menchon, adjoint au Maire de Marseille). « Plus de 350 000 personnes vivent à proximité de la Baltique, dont les premières maisons se trouvent aujourd’hui à moins de 60 mètres du trait de côte » (Hans-Werner Tovar, président du conseil municipal de Kiel, au nord de l’Allemagne). Moussa Sall, pour sa part, coordonnateur de la cellule régionale de l’Observatoire régional du littoral ouest africain – une organisation œuvrant sur la résilience des côtes de onze pays, de la Mauritanie au Bénin –, en appelle à davantage de soutien scientifique. À des séries de données de qualité propres à nourrir des modèles prédictifs. « Il y a des points chauds dans chacun de ces pays, toutes les villes sont menacées, 60% des littoraux sont en situation critique élevée ou très élevée. Les élus et la population veulent souvent des solutions immédiates, des digues, des enrochements, mais agir dans la précipitation peut conduire à créer d’autres problèmes un peu plus loin. »

Pour Théophile Bongarts, chef de projet Sea’ties sur l’adaptation au changement climatique, la parade à semblables périls pourrait consister en des constructions sur pilotis ou flottantes : « Nous allons devoir changer de paradigme vis-à-vis de l’océan. Laisser les rez-de-chaussée inhabités, ne plus utiliser les ports quand leurs quais sont submergés, quelques jours par an, ne vivre près de l’eau que l’été ».

La course aux idées et pratiques nouvelles est plus que jamais lancée en sorte de parer aux fruits d’une très humaine inconséquence.

Prochain grand rendez-vous : fin juin 2022 à Lisbonne, à l’occasion de la Conférence des Nations unies sur les océans. « Les assureurs, les agences de développement et autres bailleurs de fonds y sont conviés ».

 

 

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