Dernière modification le 4-10-2024 à 17:56:01
Promoteur immobilier à succès puisqu’à à la tête d’une fortune oscillant entre 400 ou 500 millions de francs, qui plus est Consul honoraire de la république du Panama, Monsieur Bernard Nicod sentirait-il – le grand âge approchant – venu le temps de nous offrir solennelles sentences testamentaires, fruits d’une vaste expérience ? Toujours est-il qu’en date du mercredi 28 août 2024, en page 24 (Immobilier) du quotidien 24 heures, notre sage monte au créneau et nous sert – sous couvert d’un hommage à l’acteur Alain Delon récemment décédé – un éloge de sa propre réussite… prouvant ainsi qu’à 76 ans, s’il s’y connaît effectivement dans cet art du business dont beaucoup de ses locataires font les frais, il n’a en revanche rien compris à l’état dans lequel lui et énormément de ses semblables obsédés par la “réussite” ont conduit notre monde.
Oyez sa rhétorique digne d’un vieil adjudant paradant devant une malheureuse troupe de troufions : « discipline rigoureuse », « travail sans relâche », « avenir de notre région », « pilier de notre développement », « seuls ceux qui démontrent une véritable détermination en un engagement sans faille peuvent prospérer » », « la volonté de se dépasser, de travailler plus dur, plus intelligemment que les autres », « volonté inébranlable », « le courage et la ténacité de ne jamais relâcher leurs efforts »…
En bref : un consternant exemple de darwinisme odieusement dévoyé. D’un darwinisme dit “social” à la Herbert Spencer, appliquant la sélection naturelle aux sociétés humaines. Pour qui, en fonction d’une prétendue inévitable « lutte pour la vie », seuls les plus aptes sont destinés à porter le progrès social.
Le “progrès” tel qu’entendu par ceux qui, rétrospectivement, considèrent la manière dont ils sont parvenus à établir leur fortune personnelle, à établir leur réputation sociale ; ce “progrès”-là doit-il encore longtemps nous être servi de manière insolente alors que la faillite du capitalisme ne cesse d’engendrer de tragiques contrecoups du double point de vue social et environnemental ?
Monsieur Nicod nous parle d’une « jeunesse trop souvent emportée par la facilité et les distractions ».
Monsieur Nicod nous parle d’une « jeunesse trop souvent emportée par la facilité et les distractions ». Que ne nous parle-t-il pas aussi d’une jeunesse effrayée par l’avenir que lui et les siens leur promettent ? D’une jeunesse, qui plus est, manipulée par les petits malins ou génies du business ; de leurs gadgets propres à favoriser l’accoutumance à une consommation tous azimuts ?
Alain Delon. Personne n’aura idée de mettre en cause le sublime interprète de Rocco et ses frères du cinéaste Luchino Visconti, ou du Samouraï, de Jean-Pierre Melville. Cela, pour autant, devrait-il faire de lui un modèle pour “notre” jeunesse”, sachant les relations complexes – et jamais niées – que l’acteur entretint avec le Milieu des voyous ? Proximité avec François Bresse, compagnon d’évasion du criminel Jacques Mesrine ; François Marcantoni, adepte du grand banditisme ; Marc Hornec, roi de la pègre parisienne ; Barthélémy Guerini, caïd de la pègre marseillaise ; François Belle, truand surnommé « roi de l’évasion » ; Stefan Markovi, trafiquant qui fut son garde du corps avant que d’être assassiné ?
Et puis, pourquoi donc « nos jeunes » devraient-ils tendre l’oreille aux exhortations d’un autodidacte proclamé devenu richissime promoteur immobilier…
Et puis, pourquoi donc « nos jeunes » devraient-ils tendre l’oreille aux exhortations d’un autodidacte proclamé devenu richissime promoteur immobilier on ne saurait moins scrupuleux puisque capable, en 2016, pour compromettre et couler un concurrent (le puissant groupe Orllati, en l’occurrence, basé à Bioley, Le Temps), d’expédier sur le terrain où il opère un « enquêteur privé » chargé de récolter toutes sortes d’allégations censées prouver une pollution du sol ? Autant de preuves prétendument compromettantes qui seraient après coup transmises à un “corbeau” chargé de bombarder, à coup de lettres anonymes, les médias et la classe politique vaudoise. Donc de provoquer l’indignation publique au nom de « méfaits environnementaux » imputés à ce groupe Orlatti ?
Comme si les méfaits environnementaux semblaient particulièrement préoccuper un promoteur immobilier du calibre de Bernard Nicod !
« Je hais cette époque, tout ce qui se passe dans ce monde ne me plaît pas » disait Alain Delon. Monsieur Nicod de commenter : « Et il avait raison ». Et nous donc, constatant jusqu’où (même à cette sorte d’exhortations hautaines et déplacées) peut mener l’arrivisme forcené d’autodidactes prêts à tout pour établir leur fortune.
Pour ce qui est de « cette jeunesse », sans doute serait-elle plus encline à se retrousser les manches et à « travailler plus dur » si son avenir lui semblait moins compromis… et si « ce qui se passe dans ce monde » la motivait !