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62 – Vladimir Poutine, l’état d’urgence et les édiles lausannois

Dernière modification le 11-9-2024 à 15:22:36

Divagations sur un futur retournement pour cause d’urgence climatique 

Rien à faire : je n’avais ni déliré ni simplement rêvé. Devenue virale, la nouvelle, depuis lors, n’avait été que trop confirmée par les médias du monde entier et les réseaux sociaux. Le 20 août dernier, en visite à Grozny, capitale de la Tchétchénie, un Vladimir Poutine bonhomme avait bel et bien, au sein de la mosquée Abu-Issa – et devant un aréopage de dignitaires musulmans conduits par le président tchétchène Ramzan Kadyrov – posé ses lèvres sur un exemplaire du Coran. Donc baisé le Coran. Ceci un quart de siècle après avoir déclaré, à propos des indépendantistes tchétchènes, qu’il entendait « buter les terroristes jusque dans les chiottes ».

Mais quelles chiottes depuis lors reconstruites après qu’en 1994, à la faveur d’une première et féroce « opération anti-terroriste » en Tchétchénie, Grozny eut été bombardée et rasée par l’aviation russe ? Et quelles autres chiottes eussent pu survivre à la seconde « opération anti-terroriste » de l’an 2000 ayant conduit à la destruction de plus de 80% des infrastructures de la république tchétchène, fait entre 50 000 et 250 000 victimes au sein de la population tchétchène et mis en place un gouvernement de fer aux ordres du même président Poutine ?

Bien sûr, comme lui-même le disait alors : une population forte de 15% de musulmans au sein de la Fédération de Russie… la chose valait que l’on accorde quelque attention au problème général et toujours délicat de « l’harmonie interconfessionnelle ». Toutefois, il n’était pas sorcier de suspecter qu’avant toute autre chose, une telle visite du président russe visait à stimuler les troupes tchétchènes actuellement engagées dans la défense de la région de Koursk récemment investie par les troupes ukrainiennes.

Pareille visite en Tchétchénie après force sourires et poignées de main échangées avec le président nord-coréen Kim Jong-un et un président Chinois Xi Jinping que devait fort amuser cette sorte de mendicité… La chose m’a fait dire : « Faut-il vraiment faire dans son froc pour se livrer à ce genre de retournement… ».

Et là, à un moment, une fantasmagorie m’a traversé l’esprit. Une pensée saugrenue, sans rapport direct avec l’actuelle « opération spéciale en Ukraine ». Plutôt : avec d’autres urgences à même de conduire à d’autres types de retournement. Et – pourquoi pas – la grande menace climatique et environnementale ?

« Buter les Aînées pour le climat dans les chiottes »

On vient de mesurer avec quelle énergie le Conseil fédéral – furieux de se voir tancer par la Cour européenne des droits de l’homme pour inaction climatique – s’acharne, non pas à « buter les Aînées pour le climat dans les chiottes », mais à faire valoir ses vertus en la matière. Cela quitte à égratigner une bande d’écoterroristes à cheveux blancs (texte du CF, 28 août 2024)

Comme le déclare Raphaël Mahaim, l’avocat des Aînées, dans l’édition du Temps du jeudi 29 août :

« Le gouvernement a franchi une ligne rouge. Alors qu’il devrait être le gardien du temple et se placer au-dessus des jérémiades politiques, il annonce carrément ne pas vouloir mettre en œuvre cette décision, dit que les juges ont mal travaillé, décrète ce qui est juste ou faux dans cet arrêt afin de s’asseoir dessus alors qu’il sait pertinemment que celui-ci est contraignant. Tous les arguments avancés aujourd’hui ont déjà été rejetés par la Cour et le Conseil fédéral ne peut simplement pas dire qu’il ne va rien faire ».

Pour ma part, me reste à travers la gorge l’attitude “butée” – c’est le cas de le dire ! – de la Ville de Lausanne.

Pour ma part, me reste à travers la gorge l’attitude “butée” – c’est le cas de le dire ! – de la Ville de Lausanne face à la demande réitérée d’État d’urgence visant à disposer d’un bureau commun à l’usage de plusieurs mouvements implantés dans la région lausannoise et depuis fort longtemps engagés en faveur du climat et, plus généralement, de l’environnement.

Inaugurée le 20 mars 2023 par une lettre adressée à la Municipalité, cette demande – issue, précisons-le, des questions que des politiciens nous avaient adressées à l’occasion des Assises lausannoises du climat du 11 juin 2022 (alors nous semblions être des partenaires désirables susceptibles de contribuer aux engagements climatiques de ladite Ville) – ricochait de refus en autres refus d’entrer en matière, pour se solder, le 23 avril de cette année, par le silence de nos édiles.

Seulement voilà, continuais-je à imaginer : au vu des dégradations climatiques et environnementales à laquelle la Suisse, le canton de Vaud et jusqu’à notre bonne ville se trouvent chaque année toujours plus confrontés (songeons seulement aux records de chaleur !), ne peut-on imaginer qu’un beau jour, constatant que les belles paroles et l’octroi de crédits destinés à parer au plus pressant (où à « poser un cautère sur une jambe de bois ») ne contribuent décidément qu’à empirer les choses, les édiles qui veillent aux destinées de notre Ville finissent par accepter la contribution d’organisations de citoyens dans les faits mieux placés qu’elles pour analyser la gravité de la situation climatique et environnementale ? Et par là accepter la main que nous lui tendons pour répondre à ses intentions affichées ?

En attendant, je me permets de renvoyer au Communiqué qu’au nom de divers mouvements et sympathisants, nous venons de placer sur le site d’État d’urgence avant de le diffuser plus largement : etatdurgence.ch/blog/articles/une-ville-de-lausanne-avare-de-solutions/

 

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