Table des matières
Dernière modification le 6-2-2025 à 13:35:35
Le 9 février 2025, le peuple suisse sera amené à voter sur l’initiative populaire « Pour une économie responsable respectant les limites planétaires ». Portée par les Jeunes Vert·e·x·s et lancée en 2021, cette initiative vise à inscrire dans la Constitution l’obligation pour l’économie suisse de respecter la biocapacité des écosystèmes.
Un cadre écologique clair
Le principe fondamental de l’initiative repose sur le concept scientifique des limites planétaires, qui définissent les seuils à ne pas dépasser pour garantir l’habitabilité de la Terre. Actuellement, la Suisse dépasse plusieurs de ces limites, notamment en termes d’émissions de gaz à effet de serre, de perte de biodiversité et d’utilisation des ressources naturelles. L’initiative propose un retour sous ces seuils d’ici 10 ans, tout en garantissant une transition socialement juste.
Une Suisse déjà assez efficace ?“
La Suisse met souvent en avant une réduction de 20 % de ses émissions de CO₂ entre 1990 et 2020, suggérant un progrès climatique. Cependant, cette lecture est trompeuse car elle ne prend en compte que les émissions internes, soit celles générées sur le territoire suisse. Or, ces émissions ne représentent qu’un tiers de l’empreinte carbone réelle du pays. Les deux tiers restants sont externalisés, c’est-à-dire générés à l’étranger pour produire les biens et services consommés en Suisse. En intégrant ces émissions externalisées, il apparaît que la Suisse n’a pas réduit son empreinte carbone globale, mais l’a simplement déplacée. Il est même probable que les émissions totales aient augmenté depuis 1990 en raison de la croissance des importations. Une approche véritablement efficace nécessiterait de prendre en compte l’ensemble des émissions liées à la consommation suisse, qu’elles soient émises sur le territoire ou à l’étranger.
Attitudes irresponsable et égoïste ?
Par ailleurs, ce débat s’inscrit dans une logique plus large où les arguments en faveur du capitalisme et de la croissance économique sont souvent mis en avant au détriment des conséquences à long terme sur notre planète et les générations futures. Continuer sur cette trajectoire en niant l’impact écologique de notre modèle économique est une pensée irresponsable et égoïste. Nous avons la responsabilité de nous interroger sur les alternatives possibles, même si elles impliquent un coût économique à court terme. Il ne s’agit pas seulement d’adapter l’économie, mais bien de garantir la viabilité de nos sociétés. Car au fond, ce dont nous parlons ici, ce n’est pas juste une question de croissance ou de compétitivité, mais bien de la possibilité même d’un avenir vivable pour nos enfants, petits-enfants et générations à venir.
Il y a de toute évidence une méconnaissance de la part des opposantes à l’initiative quant à la réalité des limites physiques, des limites des matières premières et des possibilités de mise en œuvre, dans un délai pertinent, de technologies censées résoudre notre problème climatique.
Des implications économiques majeures
L’adoption de cette initiative engendrerait une transformation profonde de l’économie suisse. La consommation et la production devraient s’adapter à des contraintes écologiques strictes, ce qui pourrait impacter certains secteurs fortement polluants. Toutefois, cette transition offrirait également des opportunités : développement d’une économie plus circulaire, innovations technologiques, et création d’emplois durables.
Une initiative contestée
Le Conseil fédéral et le Parlement s’opposent à cette initiative, jugeant qu’elle pourrait fragiliser l’économie et augmenter le coût de la vie. Pourtant, de nombreux experts estiment que les coûts de l’inaction seront bien plus lourds, notamment en raison des crises écologiques futures.
Pourquoi ce vote est crucial
Si acceptée, cette initiative ferait de la Suisse l’un des premiers pays à adopter une planification écologique systémique. Ce serait un signal fort pour le reste du monde, montrant qu’une transition écologique ambitieuse est possible.
Dans un contexte d’urgence climatique et de dépassement des limites écologiques, cette votation est une occasion historique de redéfinir le modèle économique suisse vers une durabilité réelle.
Limites planétaire et la Suisse
Article, vidéo et débat
Un vote pour les limites planétaires en Suisse : l’initiative pour la responsabilité environnementale
Le 9 février 2025, le peuple suisse votera oui ou non à l’initiative populaire « Pour une économie responsable respectant les limites planétaires (l’initiative pour la responsabilité environnementale) ».
Lancée en août 2021 par le parti des Jeunes Vert·e·x·s, la proposition a récolté 105 940 signatures, dépassant dès lors le seuil des 100 000 nécessaires pour l’organisation d’une initiative nationale. Dans quelques semaines, c’est la première fois qu’un pays entier sera invité à voter sur la possibilité d’encadrer le développement de son économie par des limites biophysiques.
Pour mieux comprendre les enjeux de cette initiative, cet article présente la proposition et explore ses implications économiques.
Lire l’article : Bon Pote 29.01.2025
Après le vote sur le non élargissement des autoroutes, cela pourrait être un autre moment important pour la Suisse mais aussi servir comme inspiration pour ses voisins. Ce mercredi à 18h je vous propose de décrypter cette initiative avec Timothée Parrique pour mieux comprendre les tenants et les aboutissants mais aussi partager quelques études sur ce sujet. Rdv ici et sur Youtube pour un live durant lequel vous allez pouvoir poser vos questions !