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Justice climatique, lutte des classes ?

Dernière modification le 1-2-2025 à 15:18:29

Référence : Edition Actes Sud – Justice climatique: pour une nouvelle lutte des classes (Sébastien Mabile Janvier 2025).

Toujours plus chaud…

En 2024, la température moyenne du globe a dépassé pour la première fois 1,5°C de réchauffement sur une année complète, un seuil critique fixé par l’Accord de Paris. Pendant ce temps, les émissions mondiales de gaz à effet de serre continuent d’augmenter, atteignant 37,4 milliards de tonnes en 2024, selon le Global Carbon Project.

Une nouvelle lutte des classes ?

Si tout le monde contribue aux émissions de CO₂, les inégalités sont flagrantes :

  • Les plus riches émettent beaucoup plus de gaz à effet de serre que les plus pauvres.
  • Les plus vulnérables subissent en premier les conséquences du changement climatique.

C’est ce qu’analyse Sébastien Mabile, avocat spécialisé en droit environnemental et vice-président français du Comité de l’UICN, dans son essai Justice climatique : une nouvelle lutte des classes, publié aux éditions Actes Sud.

Un combat pour la justice climatique

L’auteur met en lumière les disparités d’émissions et les inégalités d’impact. Si la responsabilité humaine dans le changement climatique est actée scientifiquement, qui sont les véritables responsables ? Qui doit réellement faire des efforts ?

Mabile rappelle que les 10 % les plus riches sont responsables de la moitié des émissions mondiales, tandis que les 1 % les plus riches dépassent largement les 100 tonnes de CO₂ par an et par personne. À l’inverse, la majorité de la population mondiale vit avec une empreinte carbone minimale et subit de plein fouet les dérèglements climatiques.

Une question de responsabilité

L’enjeu de la justice climatique est de cesser de diluer les responsabilités et de pointer les véritables acteurs du dérèglement climatique. Il plaide pour des mesures ciblées sur les plus gros pollueurs, qui ont aussi les moyens financiers pour modifier leur mode de vie.

L’auteur illustre également comment la justice s’empare de ces questions. En Suisse, par exemple, l’Association des Aînées pour le Climat a récemment obtenu gain de cause devant la Cour européenne des droits de l’homme, qui a condamné l’inaction climatique du pays.

Mabile insiste sur le fait que l’action climatique doit s’appuyer sur des mesures différenciées, tenant compte des niveaux de responsabilité. Selon lui, l’actuelle approche globale et indifférenciée, qui demande les mêmes efforts à toutes et tous, est inefficace et socialement injuste.

La sobriété, une réponse ignorée

L’une des pistes essentielles évoquées dans l’ouvrage est la sobriété énergétique. La transition ne peut pas reposer uniquement sur un passage aux énergies renouvelables. Il s’agit aussi de réduire drastiquement la demande énergétique et de remettre en question un mode de vie basé sur la surconsommation.

Or, les politiques climatiques peinent à imposer des changements de comportement. Lors de la Convention citoyenne pour le climat en France, certaines propositions visant à limiter les vols aériens courts ou la consommation de viande ont été rejetées sous prétexte de préserver la liberté individuelle.

Mabile démontre également que les plus aisés ont les moyens d’adopter une sobriété énergétique effective, mais que ce sont souvent les classes populaires qui se retrouvent contraintes de limiter leur consommation par nécessité économique. Il critique l’inaction des élites et l’absence de politiques coercitives envers les principaux responsables des émissions.

Un avenir incertain

Face à une montée des inégalités et une concentration des richesses, Mabile interroge les perspectives d’une société plus équitable. La lutte contre le réchauffement climatique et la lutte contre la pauvreté sont indissociables. Mais la montée d’un individualisme exacerbé et d’un rejet des mesures collectives risque de freiner ces transformations nécessaires.

Dans ce contexte, l’auteur appelle à un sursaut politique et citoyen pour que la transition écologique soit aussi une transition sociale et démocratique.

L’ouvrage Justice climatique : une nouvelle lutte des classes est disponible aux éditions Actes Sud, dans la collection Domaine du Possible.

Références

RTS prise de Terre

Le réchauffement climatique a-t-il donné naissance à une nouvelle forme de disparité, l’inégalité climatique? Cʹest le point de vue que défend Sébastien Mabile dans un essai qui paraît aux Edition Actes Sud: « Justice climatique: pour une nouvelle lutte des classes ».
Pour cet avocat spécialiste en droit environnemental, cʹest en luttant contre les émissions massives de gaz à effet de serre des 1% des plus riches, quʹon luttera à la fois le plus efficacement contre le réchauffement climatique, et pour une meilleure répartition des richesses.

Écouter l’émission.

Edition Actes Sud

Justice climatique: pour une nouvelle lutte des classes (Sébastien Mabile Janvier 2025).

Pour ne pas dépasser le seuil irréversible de 1,5 °C de réchauffement climatique global, nous pouvons encore émettre 200 gigatonnes de carbone dans l’atmosphère. C’est là que l’idée de justice apparaît et qu’en avocat de l’environnement et des victimes des injustices environnementales, Sébastien Mabile pose la seule question qui vaille désormais : comment souhaitons-nous répartir la consommation de cette quantité de gaz à effet de serre ? En tout état de cause, les ultrariches accaparent actuellement la plus grosse part du gâteau… au détriment du reste de l’humanité : Actes Sud.

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