mercredi , 9 juillet 2025

La guerre des fossiles

USA, XXe siècle

Vous pensez peut-être que les  villes américaines ont toujours été dédiées aux voitures thermiques individuelles, et que les transports publics électrifiés n’y ont jamais prospéré? Détrompez-vous! De nombreuses villes telles que Los Angeles, Saint-Louis, Baltimore ou encore Oakland étaient dotées d’un important réseau de trams au début du 20e siècle. Mais la politique d’étalement urbain (encouragées aussi bien par les gouvernements locaux et fédéraux que par des intérêts privés), et la prise de contrôle entre 1938 et 1950 par la National City Lines des compagnies de transports publics de 25 villes, eu tôt fait de ruiner l’attractivité des transports publics électriques, au profit de l’automobile individuelle thermique. Il faut savoir que la NCL comptait parmi ses actionnaires l’entreprise automobile General Motors, celle de pneus Firestone et celles d’essence Standard Oil of California et Phillips Petroleum. Ces entreprises n’avaient aucun intérêt à perpétuer un système basé sur le rail et l’électricité. Dans sa lutte contre la menace communiste, le gouvernement américain renforça sa politique de promotion d’un mode de vie individualiste, dont le stéréotype était la famille habitant une villa individuelle en banlieue, par opposition à l’ancien modèle urbain plus riche en interactions sociales.

Suisse, XXIe siècle

Mais pourquoi  mentionner ce virage historique de la mobilité urbaine américaine, presque un siècle plus tard, sur un site web suisse? En 2022, la lutte contre le communisme fait sourire. Par ailleurs, nous n’extrayons aucun pétrole de notre sol. Et contrairement à nombre de pays voisins, nous n’avons aucune marque et aucune usine de production de voiture sur notre territoire. Les intérêts de ces secteurs semblent donc minimes en Suisse, car peu d’emplois sont directement concernés par ces filières. Et pourtant, de puissants lobbys œuvrent contre l’intérêt du plus grand nombre, en défendant l’intérêt de quelques distributeurs de mazout (Swissoil) ou importateurs de voitures (auto-suisse, qui représente entre autres les intérêts d’AMAG et d’Emil Frey).

Souvenez-vous, en 2020, les lobbyistes d’auto-suisse avaient réussi à édulcorer la loi CO2 débattue au parlement pour la rendre plus laxiste que ce qui se faisait chez nos voisins européens – et ce malgré l’impact négligeable que ces mesures pro-climat représentaient sur l’emploi dans notre pays. Plus généralement, cette faîtière combat toute mesure de protection de l’environnement dont la mise en œuvre pourrait prétériter le développement du trafic individuel motorisé.

Swissoil, quant à elle, a pour but de maintenir le commerce de combustibles libre et efficace. Elle s’oppose fermement au traitement préférentiel des autres agents énergétiques par les pouvoirs publics. Comprenez par là qu’elle lutte au niveau politique contre la promotion des énergies renouvelables, et contre toute régulation des émissions de CO2 dues aux énergies fossiles.

Comme un siècle auparavant aux USA, nous assistons aujourd’hui en Suisse à une convergence de forces et d’intérêts inédits en faveur de la mobilité individuelle  basée sur le pétrole. En effet, le parlementaire fédéral UDC Albert Rösti, à la tête de SwissOil depuis 2015, vient de prendre la présidence d’auto-suisse. Ce choix des importateurs suisses de voitures n’augure rien de bon pour la décarbonation nécessaire de la mobilité dans notre pays. Il est à prévoir que des mesures progressistes de promotion des transports publics ou d’électrification de la mobilité seront durement combattues sous la coupole.

Références

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La guerre des fossiles

USA, XXe siècle

Vous pensez peut-être que les  villes américaines ont toujours été dédiées aux voitures thermiques individuelles, et que les transports publics électrifiés n’y ont jamais prospéré? Détrompez-vous! De nombreuses villes telles que Los Angeles, Saint-Louis, Baltimore ou encore Oakland étaient dotées d’un important réseau de trams au début du 20e siècle. Mais la politique d’étalement urbain (encouragées aussi bien par les gouvernements locaux et fédéraux que par des intérêts privés), et la prise de contrôle entre 1938 et 1950 par la National City Lines des compagnies de transports publics de 25 villes, eu tôt fait de ruiner l’attractivité des transports publics électriques, au profit de l’automobile individuelle thermique. Il faut savoir que la NCL comptait parmi ses actionnaires l’entreprise automobile General Motors, celle de pneus Firestone et celles d’essence Standard Oil of California et Phillips Petroleum. Ces entreprises n’avaient aucun intérêt à perpétuer un système basé sur le rail et l’électricité. Dans sa lutte contre la menace communiste, le gouvernement américain renforça sa politique de promotion d’un mode de vie individualiste, dont le stéréotype était la famille habitant une villa individuelle en banlieue, par opposition à l’ancien modèle urbain plus riche en interactions sociales.

Suisse, XXIe siècle

Mais pourquoi  mentionner ce virage historique de la mobilité urbaine américaine, presque un siècle plus tard, sur un site web suisse? En 2022, la lutte contre le communisme fait sourire. Par ailleurs, nous n’extrayons aucun pétrole de notre sol. Et contrairement à nombre de pays voisins, nous n’avons aucune marque et aucune usine de production de voiture sur notre territoire. Les intérêts de ces secteurs semblent donc minimes en Suisse, car peu d’emplois sont directement concernés par ces filières. Et pourtant, de puissants lobbys œuvrent contre l’intérêt du plus grand nombre, en défendant l’intérêt de quelques distributeurs de mazout (Swissoil) ou importateurs de voitures (auto-suisse, qui représente entre autres les intérêts d’AMAG et d’Emil Frey).

Souvenez-vous, en 2020, les lobbyistes d’auto-suisse avaient réussi à édulcorer la loi CO2 débattue au parlement pour la rendre plus laxiste que ce qui se faisait chez nos voisins européens – et ce malgré l’impact négligeable que ces mesures pro-climat représentaient sur l’emploi dans notre pays. Plus généralement, cette faîtière combat toute mesure de protection de l’environnement dont la mise en œuvre pourrait prétériter le développement du trafic individuel motorisé.

Swissoil, quant à elle, a pour but de maintenir le commerce de combustibles libre et efficace. Elle s’oppose fermement au traitement préférentiel des autres agents énergétiques par les pouvoirs publics. Comprenez par là qu’elle lutte au niveau politique contre la promotion des énergies renouvelables, et contre toute régulation des émissions de CO2 dues aux énergies fossiles.

Comme un siècle auparavant aux USA, nous assistons aujourd’hui en Suisse à une convergence de forces et d’intérêts inédits en faveur de la mobilité individuelle  basée sur le pétrole. En effet, le parlementaire fédéral UDC Albert Rösti, à la tête de SwissOil depuis 2015, vient de prendre la présidence d’auto-suisse. Ce choix des importateurs suisses de voitures n’augure rien de bon pour la décarbonation nécessaire de la mobilité dans notre pays. Il est à prévoir que des mesures progressistes de promotion des transports publics ou d’électrification de la mobilité seront durement combattues sous la coupole.

Références

Les 9 limites planétaire mises à jour en avril 2022

Le cycle de l’eau fortement perturbé: une nouvelle limite planétaire franchie

Les limites planétaires

Le Stockholm Resilience Center a développé en 2009 le concept de limites planétaires.

Les 9 principaux phénomènes à la base des équilibres géophysiques de notre planète ont ainsi été identifiés. Ces cycles et phénomènes ne doivent pas dépasser certaines limites, sous peine de faire sortir le système Terre de son état d’équilibre qui a permis à l’Humanité de s’y développer.

Comme de nombreux autres gouvernements à travers le monde, les services de la Confédération suisse se basent sur les travaux de cet institut, comme en atteste le dernier rapport Environnement suisse édité par l’OFEV et qui commence par un chapitre intitulé « Limites planétaires », illustré par un diagramme montrant la charge imposée à l’environnement pour chacun de ces 9 phénomènes.

État des lieux en 2009

La limite la plus connue du grand public est sans aucun doute la concentration atmosphérique de gaz à effets de serre, responsable du dérèglement climatique.

Malheureusement, de nombreuses autres limites sont sur le point d’être franchies, ou le sont déjà. C’est notamment le cas de la perte de biodiversité et des grands cycles chimiques de l’azote et du phosphore, ainsi que de l’artificialisation des sols, dont les limites étaient déjà dépassées lors des travaux initiaux de 2009.

Par ailleurs, les limites à ne pas dépasser pour certains de ces phénomènes sont particulièrement difficiles à estimer. C’est, par exemple, le cas pour la quantité maximale d’aérosols dans l’atmosphère.

Pollutions par nouvelles substances chimiques

En janvier de cette année, la limite à ne pas franchir pour le rejet de nouvelles substances chimiques créées par l’Homme, telles que les pesticides de synthèse ou les plastiques, a enfin pu être déterminée. Et le constat est effrayant: nous avons déjà très largement dépassé cette limite, la 5e sur 9.

Le(s) cycle(s) de l’eau

Le cycle de l’eau douce constitue l’un des 9 phénomènes géophysiques que l’on croyait jusqu’à présent relativement éloigné de sa limite planétaire. Mais il faut savoir que le cycle de l’eau douce est en réalité composé de deux cycles distincts et complémentaires: lorsqu’il pleut, une partie de l’eau rejoint rapidement par ruissellement superficiel les circuits de circulation que constituent les rivières, les lacs et les nappes phréatiques. C’est l’eau bleue. Mais une majorité de l’eau (environ 60%) est stockée dans le sol et la biomasse. Elle est évaporée ou absorbée et évapotranspirée par les plantes et retourne directement à l’atmosphère. C’est ce que l’on appelle l’eau verte.

Fin avril 2022, une équipe de chercheurs publie dans la revue Nature les résultats de leur étude portant sur la limite relative au cycle de l’eau verte. Et les nouvelles sont une fois de plus catastrophiques: nous avons également déjà franchi cette limite, portant à 6 sur 9 les limites déjà dépassées.

Conséquences

Il faut bien comprendre qu’il suffit de franchir une seule de ces limites pour que la Terre sorte de son mode de fonctionnement que l’Humanité a toujours connu.

Que faire?

Cette dernière étude démontre que nous avons déjà dangereusement déstabilisé les cycles naturels de la Terre. Pas seulement son climat et la biodiversité, mais aussi la plupart de ses grands cycles chimiques et hydrauliques. Il ne s’agit plus seulement de diminuer les pressions que nous exerçons sur notre environnement. Il est dès aujourd’hui crucial de réparer ces grands cycles dont notre survie dépend.

Source: NYT: https://t.co/AItrM5WIRJ

Journal du climat: Avril 2022

Anja Kollmuss travaille en tant qu’analyste politique indépendante et experte en communication sur les politiques d’atténuation du dérèglement climatique.
Depuis plus de 20 ans, elle coordonne et étudie des projets à l’intersection de l’énergie, du changement climatique et du développement durable.

Elle publie une newsletter mensuelle en allemand sur le changement climatique. Cette dernière édition d’avril 2022 a été traduite en français et est disponible ici en format HTML ou ici au format PDF.

Voici les points traités ce mois

Guerre en Ukraine et politique énergétique

  • La guerre en Ukraine et les exportations d’énergie fossile de la Russie
  • Le plan de l’AIE contre la dépendance à l’égard de Moscou
  • L’UE veut se passer du gaz russe bien avant 2030.
  • L’Allemagne adopte des mesures d’allègement et veut construire des terminaux GNL
  • La sécurité alimentaire menacée par la guerre

Suisse : politique climatique et énergétique

  • Initiative pour les glaciers
  • Quel est le budget carbone de la Suisse jusqu’en 2050 ?
  • Développement plus rapide des sources d’énergie non fossiles et lobbying de la droite
  • Les centrales nucléaires et le débat exagéré sur la „pénurie d’électricité“
  • Des étés plus secs.
  • Décisions de la Confédération et des cantons en matière de climat

Politique climatique européenne.

  • Les vagues de chaleur mettent en danger des vies humaines en Europe
  • La France veut développer rapidement l’énergie nucléaire, la Belgique prolonger son exploitation
  • Les émissions de gaz à effet de serre de l’Allemagne repartent à la hausse

Politique climatique internationale.

  • Les programmes de relance face au Covid-19 ont peu profité au climat
  • Les grandes entreprises en promettent trop avec leurs objectifs climatiques

Nouvelles de la science climatique

  • Nouveau rapport du GIEC tire la sonnette d’alarme, une fois de plus
  • Moins de banquise et une chaleur record dans l’Arctique et l’Antarctique
  • La menace d’incendies de forêt extrêmes augmente
  • L’Amazonie et le permafrost risquent d’atteindre leur point de basculement
  • Douze arguments typiques contre la protection du climat – et comment y répondre (en allemand).
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Le mythe de la croissance verte a de beaux jours devant lui

Une actualisation faussée au secours du statu quo

Toutes les études le montrent: les coûts financiers du dérèglement climatique seront bien plus élevés dans le futur que ceux des mesures à prendre aujourd’hui pour l’éviter. Pourtant, la plupart des économistes jugent que les dépenses futures – bien que plus importantes en montant absolu – seront plus faciles à supporter par nos enfants et petits-enfants dans le futur, car le monde sera alors plus riche.

Pourtant, la descente énergétique et matérielle que nous allons vivre au cours de ce siècle est expliquée et documentée par de nombreux ingénieurs spécialistes de ces questions. D’innombrables conférences et ouvrages d’Arthur Keller, de Philippe Bihouix, de Jean-Marc Jancovici ou d’autres traitant de ce sujet sont disponibles sur Internet et en librairies. Malgré cela, les chantres de la croissance verte espèrent encore qu’un hypothétique découplage entre émissions de gaz à effet de serre (et autres effets délétères sur l’environnement) et croissance économique adviendra dans un futur proche, sauvant ainsi notre mode de vie et nous évitant de devoir réfléchir à un modèle sociétal alternatif.

Un découplage entre CO2 et PIB va-t-il nous sauver?

Des analyses poussées de la question du découplage énergie-PIB montrent pourtant clairement que c’est un pari extrêmement risqué que de compter sur un découplage absolu entre émissions de gaz à effet de serre et croissance du PIB pour diminuer l’empreinte carbone de notre société.

En effet, une version simplifiée de la formule de Kaya nous dit que les émissions de CO2 mondiales sont égales à l’intensité carbone du PIB (CO2/PIB) multipliée par le PIB:

CO2 = (CO2/PIB) x PIB

Dans ces conditions, les défenseurs de la croissance verte comptent sur une diminution de l’intensité carbone du PIB (le terme CO2/PIB de l’équation ci-dessus) plus rapide que l’accroissement du PIB, tout en cherchant implicitement à continuer à augmenter le PIB le plus rapidement possible.

Une diminution du PIB serait pourtant une méthode bien plus sûre et simple pour diminuer les émissions globales de CO2 de l’humanité au rythme nécessaire.

La piste de la décroissance

Malgré cela, le terme de décroissance est encore largement vu comme péjoratif et indésirable, car il est souvent interprété comme la récession dans une économie basée sur la croissance.

Pourquoi tant d’hostilité envers ce concept, alors que le bien-être peut plus facilement être découplé du PIB dans les pays riches, que le PIB ne pourra jamais l’être des émissions de gaz à effets de serre?

Pour une raison très simple: Les économistes néolibéraux sont incapables d’envisager une économie post-croissance.

La croyance en une croissance infinie, point angulaire de notre système économique

En effet, la croissance est le moteur vital de notre économie capitaliste. Pire, la confiance dans le fait que la croissance puisse perdurer ad vitam æternam est une condition sine qua non au maintien du capitalisme.

Sans croissance, demain sera plus pauvre qu’aujourd’hui.

Sans espoir de croissance, pourquoi les détenteurs de capitaux investiraient-ils leur argent, s’il devait leur rapporter moins que leur somme de départ?

La croyance en la croissance infinie est donc au cœur de notre système économique actuel.

Ce ne sont pas les crises – financières, économiques ou sociales – qui grippent les rouages du capitalisme. La crise du Covid l’a bien montré, en permettant une accélération de l’accroissement des inégalités et donc un fonctionnement « optimal » du capitalisme débridé.

La confiance en l’avenir, talon d’Achille du capitalisme

En revanche, une crise de confiance globalisée, liée à une véritable prise de conscience de l’état de la planète et de l’impossibilité structurelle de croissance économique que cela implique dès les prochaines décennies, porterait un coup fatal à un système maladivement dépendant de la croissance tel que le nôtre. C’est peut-être la raison pour laquelle les États sont si peu enclins à communiquer de manière honnête au sujet du chaos climatique et environnemental dans lequel nous nous enfonçons désormais.

La croissance, dorénavant verte puisqu’il le faut bien, est donc aujourd’hui un mirage nécessaire au maintien du capitalisme.

Car c’est bien l’espoir d’une croissance avérée ou à venir qui rend supportable l’accroissement des inégalités, propriété intrinsèque du capitalisme.

Le mythe de la croissance verte au secours d’un statu quo socialement inacceptable

Sans croissance, la part toujours grandissante de ce que les plus riches accaparent n’est plus seulement prise aux dépens de l’environnement, mais aussi des générations futures et d’une part toujours croissante de la population mondiale actuelle. Même la classe moyenne des pays les plus riches commence à voir son niveau de vie diminuer au seul profit d’une poignée d’ultra-riches. Sans croissance, les fruits du capitalisme sous-tendu par un libéralisme sauvage ne sont plus ramassés que par une minuscule fraction d’humains. Le démantèlement complet de l’État social est d’ailleurs une étape nécessaire à la continuation de la dynamique actuelle, avec les risques de dérives populistes et fascisantes que cela implique. Le capitalisme est ainsi programmé pour détruire le contrat social qui a jusqu’ici permis son maintien.

La survie du capitalisme est donc doublement tributaire du maintien de la croyance que la croissance va perdurer. D’une part pour que les plus pauvres (qui incluent dorénavant les classes moyennes des pays les plus riches et la jeunesse du monde entier) ne voient pas que ce système les appauvrit. Et deuxièmement, pour que les investisseurs continuent d’investir.

Comme la fin de la croissance de la consommation des ressources est désormais admise, la seule solution est dorénavant de faire croire en un découplage prochain entre la croissance du PIB et les impacts environnementaux induits, via le mythe de la croissance verte.

La course folle est ainsi contrainte d’accélérer toujours plus, avec ses nouveaux atours verts, sans quoi le château de cartes qui sous-tend notre réalité s’écroule. Mais préférons-nous voir disparaître certains mythes qui fondent notre civilisation actuelle, ou l’annihilation du socle physique permettant la vie sur Terre, dont la nôtre? Telle est la question à laquelle l’humanité répondra ces prochaines années.

 

Quelques vidéos pour aller plus loin sur ces thématiques:

Arthur Keller – Les défis de notre temps : caractérisation systémique et stratégie systémique
youtu.be/FoCN8vFPMz4

Croissance verte = imposture. Avec Vincent Mignerot & Hélène Tordjman
youtu.be/cZyAGD1PoU8

Energy underpins everything
youtu.be/UhVOmDaWE80

Timothée Parrique (timotheeparrique.com/): Decoupling Debunked
Part 1, What is decoupling? youtu.be/LF8LDn5d-LA
Part 2, Is decoupling happening? youtu.be/yeX_zxriiTU
Part 3, Is decoupling likely to happen? youtu.be/yiSp_0A_vvg

Débat sur la décroissance : la seule solution à la crise écologique?
youtu.be/yu7okqUIpVU

Degrowth Switerland

Décroissance Suisse

L’équation de Kaya

Dans la lutte contre le dérèglement climatique, l’humanité est tenue de réduire ses émissions de gaz à effets de serre, et en particulier de CO2.

Au niveau macro-économique, il est intéressant de comprendre pourquoi l’humanité continue d’émettre toujours plus de dioxyde de carbone, année après année, alors que les COP se succèdent, avec leur lot d’engagements des pays membres.

En 1993, l’économiste japonais Yoichi Kaya a décomposé les émissions de CO2 anthropiques en plusieurs termes, selon ce qu’on nomme l’équation (ou la formule) de Kaya:

avec :

  • CO2 : émissions anthropiques mondiales de CO2
  • POP : population mondiale
  • PIB : Produit Intérieur Brut mondial (GDP en anglais)
  • E : consommation mondiale d’énergie primaire

et :

  • PIB/POP : PIB par habitant, une mesure du niveau de vie moyen utilisée par la majorité des économistes classiques
  • E/PIB : intensité énergétique du PIB, la quantité d’énergie utilisée pour produire un franc de biens ou services
  • CO2/E : intensité carbone de l’énergie, la quantité de CO2 émise pour disposer d’une quantité d’énergie donnée. Le ratio dépend de la part des diverses sources d’énergie dans la consommation mondiale (charbon, pétrole, gaz, nucléaire, hydraulique, solaire, éolien …)

Afin de diminuer les émissions globales de CO2, il faut donc que certains termes de cette équation diminuent plus rapidement que l’augmentation des autres.

Certains termes relèvent du travail des ingénieurs (principalement l’intensité énergétique des biens que nous utilisons), alors que d’autres dépendent de choix politiques et de société (types de centrales dans le mix énergétique, politique d’encouragement de la natalité ou de la contraception).

Comme nous pouvons le constater sur le graphique ci-dessous, l’intensité carbone de l’énergie (CO2/energy) et l’intensité énergétique du PIB (Energy/GDP) ont légèrement baissé ces 50 dernières années, conduisant donc à une baisse de leur produit, l’intensité carbone du PIB (CO2/GDP).

Cependant, nous observons dans le même temps une très forte augmentation de la population (Population) et du « niveau de vie » moyen (GDP per capita).

Les progrès techniques ayant permis cette baisse de l’intensité carbone du PIB ne suffisent largement pas à contrebalancer l’augmentation de la population et du PIB par habitant. C’est ce qu’on appelle un découplage relatif: les émissions globales de CO2 augmentent, mais moins vite que l’augmentation du PIB mondial.

Pour pouvoir diminuer les émissions de CO2 sans chercher à diminuer le PIB, nous devrions atteindre un découplage absolu: il faudrait parvenir à augmenter le PIB tout en diminuant dans le même temps les émissions globales de CO2.

Comme nous pouvons le voir sur ce graphique, ceci ne s’est jamais produit par le passé, même sur de courtes périodes de temps. Certains technophiles espèrent que ce sera possible et de manière durable dans un futur très proche (notre budget CO2 pour rester sous la barre des +1.5°C sera épuisé avant la fin de la décennie). Ils comptent pour cela  sur un développement à grande échelle des énergies renouvelables que sont le solaire et l’éolien. Malheureusement, la production de l’infrastructure de captage de ces énergies diffuses (panneaux photovoltaïques et éoliennes) demande elle aussi une grande quantité d’énergie qui est encore actuellement très majoritairement d’origine fossile.

Pourquoi la décroissance?

Fort de ce constat, il semble tout à fait pertinent de s’interroger sur les autres termes de l’équation de Kaya, que sont la population mondiale et le PIB par habitant.

Concernant la population mondiale, il est intéressant de noter que selon une étude Oxfam, les 1 % les plus riches de la planète émettent deux fois plus de CO2 que la moitié la plus pauvre de l’humanité, et que les 10% des plus riches produisent 50% des émissions de CO2. De plus, l’aide au développement des pays pauvres, en particulier l’éducation des femmes, permet de faire diminuer le taux de natalité galopant des pays les plus précaires. L’argument de la surpopulation de certains pays d’Afrique comme moteur des émissions de CO2 est tout simplement démenti par les chiffres.

Le plus grand tabou de nos sociétés néo-libérales est sans doute le dernier terme de l’équation: le PIB par habitant. En effet, la théorique économique classique a coutume d’associer le PIB par habitant avec le niveau de vie, voir le bonheur des êtres humains. Autant cette simplification est relativement pertinente lorsque l’on considère des niveaux de vie faible à moyens, autant ce lien entre le PIB par habitant et le bonheur n’est plus pertinent dans le cas des pays les plus riches (qui sont aussi les plus grands émetteurs de CO2).

Dans ce cas, d’autres indicateurs comme le temps libre à disposition, les liens sociaux, la qualité de l’environnement(catastrophes climatiques, qualité de l’air, bruit, paysages), le niveau de stress (lié à un environnement professionnel ultra-compétitif ou au mal-être induit par une société très inégalitaire) tendent à devenir plus important pour le bonheur des individus et leur bien-être qu’une augmentation marginale du PIB par habitant.

De plus en plus d’économistes tentent de sortir du carcan imposé par la vision néo-libérale, dans laquelle la nature et l’environnement sont considérés comme des ressources gratuites et inépuisables, et la croissance du PIB comme le but ultime de toute politique, de gauche comme de droite.

Citons parmi eux Kate Raworth et sa théorie du donut et Timothée Parrique et son travail de doctorat l’économie politique de la décroissance.

Dernière-née de cette tendance appelée à se développer (si nous souhaitons enfin nous donner de vrais moyens pour lutter sérieusement contre le dérèglement climatique, la disparition de la biodiversité et finalement la destruction du socle permettant notre vie sur Terre), l’organisation Décroissance Suisse a été officiellement lancée le 10 décembre dernier à Zurich.

Décroissance Suisse est une organisation qui se consacre à l’amélioration du bien-être en encourageant la discussion sur les possibilités de post-croissance en Suisse. Agissant en solidarité avec les mouvements internationaux et s’appuyant sur une solide base d’expertise thématique, Décroissance Suisse œuvre en faveur d’une économie durable qui permet une bonne vie pour toutes et tous.

Les présentations (en anglais et en allemand) qui ont eu lieu lors de l’inauguration de cette organisation sont disponibles dans la vidéo ci-dessous.

Car il semble finalement beaucoup plus rationnel de tendre vers un découplage entre bonheur et PIB, qu’entre PIB et émissions de gaz à effet de serre!

©adobe stock, JeanLuc

Analyse de la stratégie énergétique de la Suisse

Le Conseil fédéral a annoncé cette semaine que le pays pourrait faire face à des pénuries d’électricité, principalement en hiver, et ce dès 2025.

Une annonce qui en a probablement surpris plus d’un, à l’heure où la lutte contre le bouleversement climatique nous impose de décarboner au plus vite l’industrie, les transports, de nombreuses infrastructures et nos modes de vie au quotidien.

Alors que les citoyens sont incités (à juste titre!) à renoncer aux chaudières à mazout et aux véhicules thermiques pour leurs homologues fonctionnant à l’électricité, le Conseil fédéral donne des signaux contradictoires, en brandissant le spectre d’une insuffisance électrique pour faire fonctionner les pompes à chaleurs en hiver et faire circuler correctement les transports publics – trains et trams en tête.

Comment la riche Suisse, château d’eau de l’Europe, équipée de centrales nucléaires et pionnière de l’énergie solaire au siècle passé en est-elle arrivée là?

Nous pourrions rejeter la faute sur une succession d’événements et de choix malheureux, mais l’incompréhension profonde de la problématique énergético-environementale de la part de nos élus, combinée à un manque de vision et de courage politique sont probablement les vrais coupables.

Parmi les évènements et décisions qui ont causé la diminution des investissements dans nos infrastructures électriques, nous pouvons citer la libéralisation du marché de l’électricité, refusée par le peuple, mais entreprise malgré tout à marche forcée dès 2002. L’accident de Fukushima en 2011 a entériné le refus du peuple de poursuivre l’aventure nucléaire civile dans une grande partie de l’Europe. Le parc nucléaire vieillissant d’Europe de l’Ouest n’a jamais été remplacé par de nouvelles générations de réacteurs. Ce déclin des centrales historiques en suisse n’a jamais été compensé par un programme de nouvelles énergies renouvelables d’envergure. Les parcs éoliens, combattus par moult oppositions, peinent à voir le jour, et les conditions intéressantes de vente d’électricité photovoltaïque par des particuliers ont rapidement disparu.

Dans ce contexte où le manque d’ambition et de vision à long terme est prégnant, l’échec des négociations pour le prolongement des accords entre la Suisse et l’Union européenne ce printemps met en lumière les fragilités structurelles de la stratégie de notre pays en termes d’approvisionnement électrique et de lutte contre le changement climatique.

Invité à l’émission Forum, l’ingénieur en énergie Marc Müller estime d’ailleurs que la stratégie énergétique de la Suisse est suicidaire et va droit dans le mur. Dans une intervention brillante d’à peine 5 minutes, il démonte quelques idées reçues. Par son analyse radicale (qui remonte donc aux racines du problème), il soulève certaines questions savamment esquivées dans les discours formatés et rassurants qui nous sont généralement servis sur les chaînes d’information et dans les discours politiques. Il estime par exemple que « l’ensemble de la stratégie actuelle est totalement périlleuse. Elle se base sur le principe qu’on ne va pas réussir notre transition énergétique, et donc qu’on va avoir besoin que les pays européens, qui sont moins riches, nous fournissent en électricité. Cela suppose qu’eux vont réussir leur transition énergétique, et qu’ils vont même tellement bien la réussir qu’ils vont encore avoir des surplus électrique à nous vendre. C’est une stratégie complètement suicidaire. »

Fort de ce constat concernant les causes des pénuries énergétiques à venir, il estime que « c‘est le grand moment de discuter des usages [énergétiques], collectivement, qu’est ce qu’on a envie de faire, ensemble, comment on a envie de vivre, parce que la technique, toute seule, ne va pas nous sauver. »
Bien plus que les moyens d’accéder à toujours plus d’énergie dans un monde fini – que ce soit via le pétrole, le gaz, le charbon, la fission nucléaire, l’hydroélectricité, l’éolien ou le photovoltaïque – ce sont bien des questions de fond, sociétales, qui doivent être débattues publiquement et démocratiquement.
Quand – et non pas si! – nous manquons collectivement d’énergie pour nos usages croissants, quels moyens pour gérer cette limitation physique? Par le prix sur un marché dérégulé? Par des quotas?
Ces questions certes désagréables, mais ô combien cruciales, doivent de toute urgence être largement relayées pour qu’un débat démocratique sain puisse voir le jour. Car refuser de choisir aujourd’hui revient à imposer la loi du plus fort – économiquement ou militairement – demain.
Quand une démocratie ne veut ou ne peut pas s’emparer des questions cruciales pour son destin, elle est très certainement appelée à disparaître.

Alors que l’on cherche à nous faire choisir entre du nucléaire improbable (20-30 ans pour construire une centrale) et dangereux et du gaz incompatible avec nos engagements climatiques, une troisième voie n’est-elle pas non seulement possible, mais nécessaire? Une voie où les investissements publics rendent possible un vaste et rapide programme d’assainissement des bâtiments ? Une voie où la course effrénée et irréfléchie à un développement technologique gourmand en énergie ne serait pas choisie par défaut dans des pays déjà très développés, mais uniquement après une pesée d’intérêts – en termes de qualité de vie du plus grand nombre, et non de rendements financiers de quelques privilégiés? La course à la croissance comme solution à tous nos problèmes, programme politique des conservateurs de touts bords, sans prendre en compte la finitude de notre planète, ne peut nous mener qu’à notre propre perte.

Anomalie de la température en 2020 par rapport à la norme climatologique 1981-2010. Source: MétéoSuisse

Rapport climatologique 2020

Le rapport climatologique 2020 de la Suisse vient de paraitre

Dans son blog, MétéoSuisse annonce la parution du rapport climatologique 2020.

Une des conséquences principale du bouleversement climatique est la multiplication des phénomènes extrêmes, aussi bien dans un sens (canicules et sécheresses) que dans l’autre (vagues de froid et inondations). Alors que certains climato-sceptiques mettent en avant des épisodes localisés dans le temps et l’espace de pluviométrie supérieure à la moyenne, ou de température inférieure à la moyenne (comme le mois de juillet que nous vivons actuellement dans une petite partie de l’Europe, ou le vague de froid au Texas), les modèles climatiques anticipent clairement ces divers phénomènes, qui sont les deux faces du dérèglement climatique.

Voici quelques exemples de phénomènes extrêmes que nous avons connus en Suisse, établissant de nouveaux records, pour la seule année 2020:

  • Année la plus chaude jamais enregistrée (depuis 1864) en Suisse (à égalité avec 2018), à +1.5°C (par rapport à la moyenne récente 1981-2010).
  • Hiver (2019-2020) le plus chaud jamais enregistré, à +3°C (toujours par rapport à la moyenne 1981-2010).
  • Genève a connu 43 jours consécutifs sans précipitations – un nouveau record.
  • Bâle a enregistré l’année la plus ensoleillée depuis le début des mesures.
  • Seules 50 à 70 % des précipitations normales ont été relevées au printemps 2020 en moyenne Suisse.
  • Les noisetiers ont fleuri 28 jours en avance par rapport à la moyenne 1981-2010.
  • La saison pollinique a été exceptionnellement précoce et forte (dû au développement précoce de la végétation, aux nombreuses heures d’ensoleillement et au peu de précipitations).

Mais la même année:

  • Fin août au Tessin, des intempéries ont apporté plus de précipitations en un jour que la moyenne du mois d’août, inondant des caves, et provoquant des glissements de terrain et des routes fermées.
  • Au Tessin, toujours, certains sites de mesures ont enregistré les sommes de neige fraîche les plus élevées mesurées en 2 jours pour un mois de décembre depuis le début des mesures, impactant le trafic routier et ferroviaire.
  • Malgré de longs mois nettement plus secs que les normales saisonnières, le pluviométrie totale sur 2020 a été presque identique à la moyenne (80 à 100%). Le mois d’octobre froids, humide et venteux (vents violents de secteur sud) a grandement contribué à rehausser la moyenne de pluviométrie annuelle dans toute le Suisse. Des records de précipitations ont ainsi été établis en de nombreux endroits durant ce mois.

En résumé, MétéoSuisse nous annonce que l’année 2020 a été caractérisée par un certain nombre d’extrêmes : l’année la plus chaude et l’hiver le plus chaud, un printemps très sec avec un développement précoce de la végétation, ainsi que de fortes précipitations en été, en automne et en hiver.

L’année dernière s’inscrit donc clairement dans la tendance au réchauffement significatif de la Suisse. Globalement, l’année 2020 a également été très chaude. Dans de nombreuses régions du monde, cette année a été l’une des plus chaudes depuis le début des mesures. Ainsi se termine la période 2011-2020 comme la décennie la plus chaude depuis le début des mesures.

Pour plus d’information, nous vous invitons à consulter également le bulletin climatique 2020 édité par MétéoSuisse, et téléchargeable ici.

Rencontre entre The Shifters Switzerland, le GT Science et le GT Assemblées Citoyennes et Populaires

Le Shift Project et les Shifters

The Shift Project est un think tank créé en 2010 en France, dont le but est de limiter le dérèglement climatique et notre dépendance aux énergies fossiles.

Le Shift Projet est géré au quotidien par une équipe salariée d’une dizaine de personnes dont Matthieu Auzanneau est le directeur. Le président Jean-Marc Jancovici et le Bureau supervisent les activités tandis que des chefs de projet pilotent les groupes de travail. Le think tank bénéficie du soutien de bénévoles qui ont constitué une association autonome: Les Shifters.

Les Shifters se consacrent à trois missions:

  • Appuyer The Shift Project dans ses travaux, en mettant ponctuellement à disposition de l’équipe du Shift leur force de travail et/ou leurs compétences.
  • S’informer, débattre et se former sur la décarbonation de l’économie (sous ses aspects aussi bien scientifiques que techniques et politiques, au sens large, et en termes d’enjeux, d’acteurs, de solutions et d’actualité).
  • Diffuser les idées et travaux du Shift dans leurs propres réseaux et développer de nouveaux réseaux dans la décarbonations de l’économie. Ils s’appuient pour ce faire sur les cinq valeurs fondamentales que sont l’exigence scientifique et technique, l’ouverture, l’impartialité, le professionnalisme et la convivialité.

Le succès de ce groupe de bénévoles est tel qu’une antenne a récemment vu le jour en Suisse: The Shifters Switzerland.

Cette partie de leur site web explique brièvement leur projets et activités.

Chaque section locale de Shifters se réunit (en présentiel, distanciel, ou mix des deux) lors de réunions mensuelles.

Rencontre inter-groupes

Suite à une rencontre fortuite entres des contributeurs du site etatdurgence.ch, des Shifters suisses et des membres du groupe de travail (GT) sur les assemblées citoyennes d’Extinction Rebellion, les Shifters de la région lausannoise ont invité des membres du GT assemblées citoyennes et du GT science (participant au site etatdurgence.ch) à venir présenter leurs travaux lors de leur dernière mensuelle du 24 juin 2021. Les Shifters nous ont, quant à eux, présenté leur association.

Nous avons pu constater une synergie évidente dans nos buts respectifs d’apporter une information impartiale, rigoureuse et actualisée à la population, aux entreprises, et aux pouvoirs publics.

Nous nous réjouissons de pouvoir collaborer avec cette équipe dynamique et motivée.

 

Comment la voiture électrique se situe-t-elle face à son homologue thermique?

Face aux nombreuses études contradictoires, défendant souvent une certaine idéologie, la chaine YouTube Le Réveilleur a mis en ligne une analyse assez exhaustive de la plupart des aspects permettant d’analyser l’impact de la voiture électrique. Cette dernière n’est évidemment pas écologique, mais comment se situe-t-elle face à son homologue thermique?

Quel est son impact à la production? A l’utilisation, en fonction du mix énergétique de l’électricité des différents pays? Quels sont les autres impacts environnementaux négatifs qu’elle permet d’éviter ou au contraire qu’elle renforce? Quel impact peut-elle avoir sur les réseaux électrique? Sur le développent du renouvelable intermittent (photo-voltaïque et éolien)? L’autonomie est-elle vraiment un problème? L’hybride combine-t-il le meilleur des deux mondes, ou le pire?

Des éléments de réponses à toutes ces questions et bien d’autres sont à découvrir dans cette vidéo.

Loris Stehlé

Ingénieur EPF en électricité diplômé en 2004, mon premier souvenir de sensibilisation à l’écologie et aux conséquences de nos actions remonte à l’école primaire. Sous l’impulsion de notre institutrice, ma classe avait alors rédigé une brochure, traitant des diverses formes de pollution.

Dix bonnes années plus tard, une conférence à l’EPFL de Jacques Grinevald (le traducteur français des travaux de l’économiste et mathématicien Nicholas Georgescu-Roegen liés à l’entropie) vint pour la première fois ébranler ma conviction que la science et la technique allaient permettre de résoudre les problèmes environnementaux qui menaçaient notre horizon. C’est ce jour que j’ai compris que « Celui qui croit qu’une croissance exponentielle peut continuer indéfiniment dans un monde fini est soit un fou, soit un économiste ».

De manière encore un peu diffuse, j’ai perçu que notre mode de vie allait tôt ou tard se heurter aux limites planétaires, et qu’une forme de décroissance voulue ou subie allait forcément avoir lieu.

Pensant alors qu’il fallait miser sur les gestes individuels, je me suis engagé pendant 2 ans auprès des jeunes verts vaudois, et ai participé à la mise sur pied d’Ekipeko (conseils bénévoles d’optimisation énergétique à domicile).

Mais c’est seulement dans la 2ème moitié de la décennie 2010 que j’ai finalement compris, grâces à des lectures et conférences de Pablo Servigne, Arthur Keller, Vincent Mignerot, Jean-Marc Jancovici ou encore Aurélien Barrau, que le dépassement des limites planétaires avait déjà eu lieu dans bien des domaines, et que ma génération allait être la première à vivre cette grande descente énergétique que j’imaginais jusque là lointaine.

A cela s’ajoutant une perte brutale de biodiversité, et un dérèglement climatique bientôt hors de tout contrôle, j’ai l’intime conviction que si nous n’agissons pas très rapidement et avec une ampleur inédite, notre planète ne sera bientôt plus en mesure de nous accueillir. Le temps de l’énergie bon marché est bientôt révolu, il faut donc profiter des derniers instants de cette parenthèse d’abondance pour préparer avec parcimonie le monde de demain. Chaque jour de business as usual nous prive un peu plus de moyens d’éviter certaines catastrophes demain.