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Dernière modification le 7-5-2025 à 18:08:38
Le Mormont n’est pas qu’une colline. C’est un sanctuaire vivant de biodiversité, un site archéologique unique en Europe, un patrimoine naturel irremplaçable. C’est aussi un symbole : celui de la lutte contre un modèle industriel destructeur, extractiviste et climaticide. Le choix est clair : béton ou vivant, accaparement ou avenir soutenable.
etatdurgence ch soutient pleinement l’initiative populaire vaudoise Pour une sauvegarde du patrimoine naturel et des ressources, dite ‘Initiative Sauvons le Mormont‘, soumise au vote populaire en septembre 2025. Elle propose deux avancées majeures dans la Constitution cantonale :
- Une protection constitutionnelle définitive du site du Mormont.
- Une réorientation écologique de la politique cantonale en matière de ressources naturelles et de construction.
Pourquoi cette initiative est indispensable
Un écosystème unique à basse altitude
Le Mormont abrite plus de 900 espèces végétales, dont 23 orchidées, ainsi que 107 espèces animales figurant sur les listes rouges suisses. C’est un joyau de biodiversité à basse altitude, unique en Suisse, situé entre plateaux calcaires, cluses humides, forêts mosaïques et sols karstiques. Le site est classé à I’inventaire fédéral des paysages, sites et monuments (IFP).
Un patrimoine archéologique sacré
Le sanctuaire celtique du Mormont comprend 260 fosses rituelles creusées il y a plus de 2000 ans. Ce site classé bien culturel suisse d’importance nationale témoigne d’une longue relation entre humains et paysage sacré.
Archéologie et sanctuaire du Mormont : Wikipedia
Une menace persistante : l’extraction industrielle
Malgré sa valeur écologique et culturelle, le Mormont reste menacé par les projets d’extension de la carrière cimentière de Holcim. Les autorisations d’exploitation sont temporaires et la loi, modifiable. Seule une inscription dans la Constitution peut assurer une protection véritablement durable.
Ciment : une triple impasse climatique, sanitaire et politique
Des émissions de CO2 massives
La production d’une tonne de ciment émet en moyenne 590 kg de CO₂, dont 390 kg issus de la décarbonatation du calcaire et 200 kg de la combustion énergétique (source). L’usine Holcim d’Eclépens émet à elle seule près de 340’000 tonnes de CO₂ par an, soit près de 10% des émissions du canton de Vaud.
Plus polluant que l’aviation
Le secteur cimentier est responsable d’environ 7 % des émissions mondiales de CO₂, soit davantage que l’aviation civile (environ 2,5%) (Carbon Brief). Ignorer ce secteur, c’est renoncer à toute stratégie climatique crédible.
La feuille de route « Concrete Future – Roadmap to Net Zero » de la Global Cement and Concrete Association (GCCA) représente une initiative ambitieuse visant à décarboner l’industrie du ciment et du béton d’ici 2050. Elle propose une réduction de 25 % des émissions de CO₂ d’ici 2030 et s’appuie sur des leviers tels que l’efficacité énergétique, l’utilisation de combustibles alternatifs, le captage et le stockage du carbone (CCUS), ainsi que l’innovation dans les matériaux.(Energy Industry Review)
Cependant, des critiques soulignent que cette feuille de route repose fortement sur des technologies non encore matures, comme le CCUS, dont les coûts et la faisabilité à grande échelle restent incertains.
De plus, certaines initiatives, telles que l’utilisation de déchets plastiques non recyclables comme combustibles, peuvent être perçues comme du greenwashing si elles ne s’accompagnent pas de réductions significatives des émissions globales.
Il est essentiel que les engagements de l’industrie soient accompagnés de mesures concrètes, transparentes et vérifiables, et qu’ils ne détournent pas l’attention des solutions existantes, telles que la réduction de la consommation de ciment, le développement de matériaux alternatifs et la rénovation des infrastructures existantes.
Pour une analyse approfondie, vous pouvez consulter le rapport complet de la GCCA : (GCCA).
Un cocktail toxique pour la santé
Particules fines, NOx, SO₂, COV, métaux lourds… Les cimenteries sont également responsables de 4 % des NOx émis en Suisse. Les normes suisses sont jusqu’à 10 fois plus laxistes que celles de l’UE (Directive 2010/75/UE).
L’affirmation selon laquelle les cimenteries suisses sont responsables d’environ 4 % des émissions nationales d’oxydes d’azote (NOₓ) est confirmée par des sources officielles.
Selon un article de RJB, les six fabricants de ciment en Suisse contribuent à hauteur de 4 % aux émissions totales de NOₓ du pays. (RJB)
Concernant les normes d’émission, la Suisse a récemment renforcé ses exigences. Depuis le 1er janvier 2022, la valeur limite d’émission de NOₓ pour les cimenteries a été abaissée de 500 mg/m³ à 200 mg/m³, conformément à la révision de l’ordonnance sur la protection de l’air (OPair). (Bureau fédéral de l’environnement)
En comparaison, la directive européenne 2010/75/UE relative aux émissions industrielles impose des valeurs limites d’émission basées sur les meilleures techniques disponibles (MTD). Ces valeurs varient selon les installations, mais sont généralement plus strictes. Par exemple, pour certaines installations, les valeurs limites de NOₓ peuvent être inférieures à 200 mg/m³. (EUR-Lex, Amorce, Ärztinnen und Ärzte für Umweltschutz |)
Il est également noté que les normes suisses pour d’autres polluants, tels que le dioxyde de soufre (SO₂) et les composés organiques volatils (COV), sont plus permissives que celles de l’Union européenne. Un rapport de l’Association pour l’environnement et la protection de la nature (AEFU) indique que les valeurs limites suisses pour le SO₂ sont dix fois plus élevées que celles de l’UE, et celles pour les COV huit fois plus élevées. (Ärztinnen und Ärzte für Umweltschutz )
Bien que la Suisse ait renforcé ses normes d’émission pour les cimenteries, des écarts subsistent par rapport aux standards européens, notamment pour certains polluants. Cela souligne l’importance de poursuivre les efforts pour aligner les réglementations suisses sur les meilleures pratiques internationales en matière de protection de l’environnement.
Ce que fait Holcim à Eclépens : des réductions utiles, mais un modèle inchangé
Holcim a récemment annoncé que son four à Éclépens fonctionnerait sans combustibles fossiles, utilisant à 100 % des déchets non recyclables, tels que des pneus usagés et des résidus plastiques. Cette mesure permettrait de réduire les émissions de CO₂ de l’usine de 12 %, soit environ 40 000 tonnes par an (réf. Holcim).
Mais ces efforts ne répondent pas à l’essentiel :
- La décarbonatation du calcaire (60 % des émissions) reste inchangée.
- Brûler du plastique reste une source de pollution (CO₂, microplastiques, dioxines).
- L’extraction du Mormont reste intacte, non remise en cause.
- Les solutions alternatives (terre, bois, réemploi) ne sont pas promues de façon structurelle.
Holcim cherche à verdir son image, mais refuse toute remise en cause du modèle extractif et bétonné.
Des alternatives concrètes et crédibles existent
Des constructions innovantes utilisent déjà le bois, le pisé, le chanvre, la terre crue, ou encore des matériaux recyclés.
Exemples (non analysé par etatdurgence) :
Le canton de Vaud, avec l’EPFL, a tout pour être un leader dans ce domaine. Encore faut-il des choix politiques cohérents.
Le canton de Vaud, en collaboration avec l’EPFL, dispose de solides atouts pour devenir un leader dans le domaine de la construction durable. L’EPFL, à travers sa Faculté ENAC (Architecture, Génie civil et Environnement), mène des recherches de pointe sur les matériaux et les techniques de construction écologiques. Par exemple, le projet « Working Space », réalisé en partenariat avec le canton de Vaud, a permis de tester une approche durable pour la surélévation d’immeubles administratifs, mettant en œuvre des structures en bois préfabriquées et des solutions énergétiques innovantes (Actu EPFL).
Parallèlement, le canton de Vaud a mis en place une stratégie ambitieuse en matière de construction durable. La Direction générale des immeubles et du patrimoine (DGIP) a développé une approche intégrée pour assurer la sobriété carbone du parc immobilier étatique à l’horizon 2040. Cette démarche repose sur la formation des collaborateurs, le développement d’outils spécifiques et une collaboration étroite avec les partenaires externes (Canton de Vaud).
Ces initiatives démontrent que le canton de Vaud et l’EPFL possèdent les ressources et les compétences nécessaires pour jouer un rôle de premier plan dans la transition vers une construction plus durable. Cependant, la concrétisation de ce potentiel dépendra de la mise en œuvre de politiques cohérentes et ambitieuses pour soutenir et généraliser ces pratiques innovantes.
Une transition juste pour les salariés du secteur
Sortir du ciment ne signifie pas abandonner les salariés. Le Revenu de Transition Écologique (RTE), conçu par la chercheuse Sophie Swaton, permet de soutenir les reconversions vers des métiers durables, via des projets concrets et des bourses de formation.
Le contre-projet : trop vague, trop faible
Le Conseil d’État propose un contre-projet qui évite soigneusement le sujet du ciment et ne prévoit pas de protection constitutionnelle du Mormont. Or, une loi simple peut être abrogée par une majorité parlementaire.
Seule une inscription dans la Constitution garantit une protection à long terme.
Le Conseil d’État vaudois a élaboré un contre-projet à l’initiative populaire « Sauvons le Mormont ». Ce contre-projet propose d’inscrire le principe de l’économie circulaire dans la Constitution cantonale, tout en protégeant la colline du Mormont par une modification de la loi sur la protection du patrimoine naturel et paysager (LPrPNP). Cette approche permettrait de maintenir l’exploitation du site par Holcim jusqu’en 2060, conformément aux autorisations en vigueur, sans possibilité d’extension (Feuille des Avis Officiels).
Les documents officiels relatifs à ce contre-projet, y compris l’exposé des motifs et les projets de loi, sont disponibles sur le site du canton de Vaud :
(24_LEG_58 maj) Exposé des motifs sur l’Initiative populaire « Sauvons le Mormont » et son contre-projet : Préavis du Conseil d’Etat et EMPD et Projet de modification de la LPrPNP et Projet de décret modification PDCar.
Le comité d’initiative a exprimé des réserves quant à ce contre-projet, estimant que la protection législative proposée est insuffisante pour garantir la préservation à long terme du Mormont. Ils soulignent que seule une inscription dans la Constitution offrirait une protection durable contre d’éventuelles pressions pour modifier la loi à l’avenir (Blick).
La population vaudoise sera appelée à se prononcer sur l’initiative et le contre-projet lors d’une votation populaire prévue en septembre 2025 (RTS).
Voir également : L’initiative de 2022 « Sauvons le Mormont » a abouti
En septembre 2025, votons OUI à l’initiative « Sauvons le Mormont ».
- Pour protéger un site naturel et culturel unique
- Pour accélérer la transition vers des matériaux écologiques
- Pour stopper le greenwashing industriel
- Pour créer des emplois durables et utiles
Refusons le béton comme fatalité. Choisissons un avenir vivable.