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Le Monde, 5 novembre 2021. « L’océan, grand oublié de la COP 26 », Idées, p. 28.
Estimaient-ils avoir bien trop à faire avec le ciel, les représentants des deux cent pays signataires de l’accord-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques réunis à Glasgow, qu’ils en négligeaient pour le coup l’état des océans ?
Or ce dimanche matin, en fait d’« accélération de la lutte contre le réchauffement climatique », il nous faut toujours plus admettre le degré d’impuissance auquel se trouvent réduits les participants à ce type de conférence surmédiatisée. Nécessité ! Absolument ! La COP• Coefficient de performance : Mesure l’efficacité d’une pompe à chaleur. COP 3 = 1 kWh d’électricité → 3 kWh de chaleur fournie.
• Acronyme de Conference of Parties, ou “Conférence des Parties” en français. Les COP sont des réunions annuelles entre les pays signataires de la Convention climat de l'ONU, de son nom complet la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC)
de la dernière chance ! Signal fort lancé : sortir du charbon ! Seulement, difficile de mettre tout le monde d’accord. Alors bon, juré : on va s’efforcer, mais gentiment. Quant à contenir l’augmentation de la température à 1,5o Celsius… Impossible de rien promettre !
« Profondément désolé », soupire Alok Sharma, président de la COP 26. De quoi donner raison à Greta Thunberg et à son « bla bla bla » à propos du grand feu d’artifice de mots et promesses vides de sens.
Pendant ce temps, faute de quelconque mobilisation à grande échelle, l’état de santé de l’océan, ce vaste élément que l’on sait occuper 71% de la surface de la planète, continue de se péjorer. Pourtant, on le sait bien, premier puits de carbone de la planète, cette formidable pompe opère comme un « gigantesque régulateur qui a, jusqu’à présent, ralenti le rythme du changement climatique et donc la violence de ses impacts ».
Jusqu’où les décideurs politiques s’obstineront-ils à négliger les atteintes portées à un milieu participant – du phytoplancton aux baleines – au cycle naturel du carbone ? Milieu qui, du fait des activités humaines, gonfle et s’acidifie sous l’effet de la chaleur emmagasinée.
Pire encore : à l’heure où les États envisagent de bientôt exploiter les ressources minérales que recèlent les abysses, la communauté scientifique se prend à redouter qu’à force d’abus d’ordre anthropique, « les modifications de la température de l’eau, des courants marins et de la production biologique des milieux marins » en viennent à compromettre la capacité de “séquestration” de l’océan. Voir même à imprimer à l’équilibre complexe que constitue pareille pompe à carbone un désastreux point de basculement.
« Après tout, n’observe-t-on pas déjà ce genre de rétroaction négative dans les forêts trop dégradées ? »
À propos d’océan toujours, dans son édition du 9 novembre, en page 31, Le Monde qui se penche sur un documentaire diffusé sur Arte fait état des encouragements dispensées par le gouvernement norvégien à plus encore maximaliser la salmoniculture (malgré le fait que près de 20% des saumons meurent dans leurs enclos). 88 milliards de tonnes de saumon exportées en 2020 pour une valeur de 677 millions d’euros ? On peut faire nettement mieux. D’où octroi massif de nouvelles concessions le long des côtes, tout en poussant à l’essaimage jusque dans le Pacifique. Ceci quitte à laisser sur place d’effarantes pollutions marines susceptibles de décimer la population de saumons sauvages, réduite à 530 000 individus, qui évolue encore près des côtes norvégiennes.
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