vendredi , 11 juillet 2025

Outils numériques et écologie : un dialogue nécessaire pour l’avenir

Intelligence artificielle et outils numériques : efficacité ou compromission ?

En tant que militant impliqué dans divers groupes de travail, j’occupe souvent un rôle en soutien informatique. Cela m’a confronté à de nombreuses remises en question sur l’usage d’outils comme Google Drive, WordPress, ou plus récemment l’intelligence artificielle. Pourquoi recourir à ces technologies, issues des grandes plateformes (GAFAM), dans des luttes qui prônent justement la sobriété, l’éthique ou l’autonomie ? C’est une interrogation légitime que je ne balaie pas, mais que je souhaite ici éclairer par l’expérience concrète.

Une fracture numérique trop souvent ignorée

Dans la pratique, la majorité des personnes – militantes ou non – utilisent des outils conventionnels comme Microsoft Word, Google Docs, ou encore des plateformes de messagerie familières. Ces outils sont devenus des standards. Tenter de migrer vers des alternatives open source, aussi vertueuses soient-elles, se heurte rapidement à des freins bien concrets : manque de temps pour l’apprentissage, instabilité de certaines solutions, problèmes de compatibilité et d’accessibilité, surtout sur mobile. Ces limites sont rarement discutées sérieusement, mais elles affectent directement la participation des membres d’un collectif.

Ce que j’observe régulièrement, ce n’est pas un refus idéologique du libre, mais une forme d’usure ou de découragement face à des outils peu intuitifs, mal traduits, ou difficiles à installer. Le problème n’est pas seulement technique, il est aussi social. L’adoption d’une technologie dépend des habitudes, du contexte et du niveau de soutien disponible autour d’elle. Or, dans un monde saturé, le temps d’apprentissage est devenu un luxe.

Créer des sites militants accessibles : un enjeu d’inclusion

La création de sites internet est un bon exemple de cette tension. Par souci de cohérence écologique, on propose parfois des solutions ultra-légères mais réservées à une élite technique. Le résultat, souvent, est une exclusion involontaire : les utilisateur·trice·s n’osent pas contribuer, ne comprennent pas comment publier ou modifier du contenu, et les sites deviennent inactifs.

Avec WordPress, j’ai pu mettre en place des sites simples à administrer. Des dizaines de personnes, sans formation technique particulière, peuvent y publier du contenu de manière autonome. La maintenance peut être assurée sans faire appel à des développeur·euse·s spécialisé·e·s. Sur la question de la sécurité, que certain·e·s évoquent avec inquiétude, mon expérience est plutôt rassurante : en appliquant les bonnes pratiques de base (mises à jour régulières, plugins fiables, hébergement sécurisé), je n’ai rencontré aucun problème majeur.

Une efficacité nécessaire quand les forces s’épuisent

Dans les collectifs, les compétences techniques sont rares et souvent sursollicitées. Utiliser des outils éprouvés permet d’éviter que chaque difficulté technique devienne un goulot d’étranglement. Cela libère du temps, de l’énergie, et surtout de la disponibilité humaine – une ressource devenue critique alors que de plus en plus de militant·e·s s’épuisent ou décrochent.

Faut-il pour autant renoncer à nos convictions ? Je ne le pense pas. Mais il me semble important de reconnaître les contraintes du réel. Comme dans la vie quotidienne, nous faisons parfois des compromis : acheter local mais utiliser un smartphone, boycotter Amazon mais utiliser un service Google. Cela n’invalide pas l’ensemble de nos choix, à condition de rester lucide sur leurs implications — et de les considérer comme des compromis temporaires.

Le but n’est pas de s’adapter pour s’adapter, mais de tenir bon là où nous sommes utiles. Se rendre inopérant par excès de pureté ne sert pas la cause. C’est peut-être une forme de renoncement plus grave encore.

L’intelligence artificielle : outil de domination ou levier d’autodéfense ?

L’intelligence artificielle pose une autre forme de dilemme. Peut-on l’utiliser en conscience, alors même qu’elle est énergivore, hébergée dans des infrastructures que nous critiquons, et qu’elle participe à l’accélération numérique du monde ? Ou faut-il y renoncer totalement — même quand nos opposant·e·s, qu’il s’agisse d’industries polluantes ou de courants climatosceptiques, s’en servent sans retenue pour amplifier leur influence ?

Prenons un exemple concret : la loi de Brandolini (ou “principe d’asymétrie du bullshit”) souligne qu’il faut beaucoup plus d’énergie pour réfuter une fausse information que pour la produire. Cela s’applique parfaitement aux argumentaires climatosceptiques : « le réchauffement s’est arrêté en 1998 », « le CO₂ est bon pour les plantes », etc. Ces slogans, faciles à mémoriser et viraliser, demandent des heures de travail pour être déconstruits. Il faut mobiliser des études, croiser des données, expliquer des phénomènes complexes (comme l’effet El Niño ou les rétroactions climatiques).

Dans ces tâches, l’IA peut jouer un rôle précieux : analyse rapide de bases de données scientifiques, repérage des tendances de désinformation, génération de synthèses, suggestion de contre-arguments sourcés. Bien sûr, cela exige une supervision humaine. Mais cela représente un gain de temps non négligeable, surtout quand les ressources humaines sont limitées.

Une approche non manichéenne

Ce que je propose ici, ce n’est pas une vérité tranchée, mais une manière d’ouvrir le débat. Refuser d’opposer systématiquement le “bon” outil au “mauvais”, et le·la militant·e “exemplaire” à le·la militant·e dit·e “déviant·e”. Plutôt chercher à évaluer, dans chaque situation, ce qui permet de renforcer notre impact sans renier l’essentiel.

À l’heure où ceux qui polluent, exploitent ou manipulent l’opinion ne se privent pas d’utiliser les outils les plus performants, ne devrions-nous pas, nous aussi, nous donner les moyens d’agir efficacement ? Peut-être qu’un jour, grâce à nos luttes, nous pourrons nous passer des outils que nous utilisons aujourd’hui par nécessité. Mais ce jour ne viendra pas plus vite si nous nous condamnons à l’impuissance au nom d’une cohérence totale.

Dans l’article « Intelligence artificielle et écologie : un dialogue nécessaire pour l’avenir », j’aborde la nécessité de faire preuve de pragmatisme militant dans le choix des outils numériques et du recours à l’intelligence artificielle. Cet appel à l’efficacité, loin de tout manichéisme, trouve un écho particulièrement fort dans la conférence donnée par le neuroscientifique Albert Moukheiber à l’Académie du Climat.

Dans cette intervention marquante, Albert Moukheiber démonte le mythe selon lequel une meilleure information suffirait à faire évoluer les comportements. Il remet en cause les approches pédagogiques classiques et plaide pour une compréhension systémique des blocages écologiques. Loin d’incriminer uniquement les choix individuels, il insiste sur l’importance des conditions environnementales, sociales et politiques qui façonnent nos décisions. C’est cette même logique qui traverse mon article : face à l’urgence et au manque de moyens, il devient vital de concentrer nos efforts sur ce qui permet réellement d’agir.

Et Cédric Villani, qu’en pense-t-il ?

Cédric Villani, mathématicien et homme politique reconnu, aborde l’intelligence artificielle (IA) sous un angle à la fois pragmatique et critique. Dans une intervention captivante, il rappelle que l’IA n’est pas une intelligence autonome ou mystique, mais un ensemble d’algorithmes et de statistiques permettant d’accomplir efficacement certaines tâches humaines. Selon lui, il est essentiel de démystifier l’IA pour mieux comprendre ses atouts et ses dangers. Cette démystification est la première étape pour aborder la question de son utilisation dans des domaines aussi cruciaux que les luttes sociales et écologiques.

Villani souligne que l’IA s’est développée de manière pragmatique, souvent par des expérimentations menées par des développeurs avant même que les théoriciens ne puissent expliquer les résultats. Cela reflète un décalage entre la rapidité des avancées technologiques et notre capacité à les encadrer scientifiquement et éthiquement. Cependant, il insiste sur le fait que cette technologie, bien qu’exigeante en ressources, peut être utilisée à bon escient dans des contextes militants, notamment pour gagner du temps et optimiser des actions.

En matière de luttes, Villani semble encourager une approche équilibrée et stratégique. Si l’IA peut consommer des ressources et soulever des enjeux écologiques, elle offre également des opportunités uniques. Par exemple, elle permet de répondre plus efficacement à des campagnes de désinformation, de traiter des volumes massifs de données, ou encore d’appuyer des décisions complexes avec rapidité et précision. En d’autres termes, pour Villani, ignorer l’IA dans les luttes serait se priver d’un outil puissant que nos opposants, eux, n’hésitent pas à exploiter.

En conclusion, Villani plaide pour une utilisation responsable et éclairée de l’IA. Cela signifie investir dans la recherche, réguler son impact environnemental, et l’intégrer dans nos stratégies de manière pragmatique. Il s’agit, selon lui, d’un levier essentiel pour mener des combats efficaces et faire avancer des causes qui nécessitent à la fois efficacité et intelligence collective.

Outils numériques et écologie : un dialogue nécessaire pour l’avenir

Intelligence artificielle et outils numériques : efficacité ou compromission ?

En tant que militant impliqué dans divers groupes de travail, j’occupe souvent un rôle en soutien informatique. Cela m’a confronté à de nombreuses remises en question sur l’usage d’outils comme Google Drive, WordPress, ou plus récemment l’intelligence artificielle. Pourquoi recourir à ces technologies, issues des grandes plateformes (GAFAM), dans des luttes qui prônent justement la sobriété, l’éthique ou l’autonomie ? C’est une interrogation légitime que je ne balaie pas, mais que je souhaite ici éclairer par l’expérience concrète.

Une fracture numérique trop souvent ignorée

Dans la pratique, la majorité des personnes – militantes ou non – utilisent des outils conventionnels comme Microsoft Word, Google Docs, ou encore des plateformes de messagerie familières. Ces outils sont devenus des standards. Tenter de migrer vers des alternatives open source, aussi vertueuses soient-elles, se heurte rapidement à des freins bien concrets : manque de temps pour l’apprentissage, instabilité de certaines solutions, problèmes de compatibilité et d’accessibilité, surtout sur mobile. Ces limites sont rarement discutées sérieusement, mais elles affectent directement la participation des membres d’un collectif.

Ce que j’observe régulièrement, ce n’est pas un refus idéologique du libre, mais une forme d’usure ou de découragement face à des outils peu intuitifs, mal traduits, ou difficiles à installer. Le problème n’est pas seulement technique, il est aussi social. L’adoption d’une technologie dépend des habitudes, du contexte et du niveau de soutien disponible autour d’elle. Or, dans un monde saturé, le temps d’apprentissage est devenu un luxe.

Créer des sites militants accessibles : un enjeu d’inclusion

La création de sites internet est un bon exemple de cette tension. Par souci de cohérence écologique, on propose parfois des solutions ultra-légères mais réservées à une élite technique. Le résultat, souvent, est une exclusion involontaire : les utilisateur·trice·s n’osent pas contribuer, ne comprennent pas comment publier ou modifier du contenu, et les sites deviennent inactifs.

Avec WordPress, j’ai pu mettre en place des sites simples à administrer. Des dizaines de personnes, sans formation technique particulière, peuvent y publier du contenu de manière autonome. La maintenance peut être assurée sans faire appel à des développeur·euse·s spécialisé·e·s. Sur la question de la sécurité, que certain·e·s évoquent avec inquiétude, mon expérience est plutôt rassurante : en appliquant les bonnes pratiques de base (mises à jour régulières, plugins fiables, hébergement sécurisé), je n’ai rencontré aucun problème majeur.

Une efficacité nécessaire quand les forces s’épuisent

Dans les collectifs, les compétences techniques sont rares et souvent sursollicitées. Utiliser des outils éprouvés permet d’éviter que chaque difficulté technique devienne un goulot d’étranglement. Cela libère du temps, de l’énergie, et surtout de la disponibilité humaine – une ressource devenue critique alors que de plus en plus de militant·e·s s’épuisent ou décrochent.

Faut-il pour autant renoncer à nos convictions ? Je ne le pense pas. Mais il me semble important de reconnaître les contraintes du réel. Comme dans la vie quotidienne, nous faisons parfois des compromis : acheter local mais utiliser un smartphone, boycotter Amazon mais utiliser un service Google. Cela n’invalide pas l’ensemble de nos choix, à condition de rester lucide sur leurs implications — et de les considérer comme des compromis temporaires.

Le but n’est pas de s’adapter pour s’adapter, mais de tenir bon là où nous sommes utiles. Se rendre inopérant par excès de pureté ne sert pas la cause. C’est peut-être une forme de renoncement plus grave encore.

L’intelligence artificielle : outil de domination ou levier d’autodéfense ?

L’intelligence artificielle pose une autre forme de dilemme. Peut-on l’utiliser en conscience, alors même qu’elle est énergivore, hébergée dans des infrastructures que nous critiquons, et qu’elle participe à l’accélération numérique du monde ? Ou faut-il y renoncer totalement — même quand nos opposant·e·s, qu’il s’agisse d’industries polluantes ou de courants climatosceptiques, s’en servent sans retenue pour amplifier leur influence ?

Prenons un exemple concret : la loi de Brandolini (ou “principe d’asymétrie du bullshit”) souligne qu’il faut beaucoup plus d’énergie pour réfuter une fausse information que pour la produire. Cela s’applique parfaitement aux argumentaires climatosceptiques : « le réchauffement s’est arrêté en 1998 », « le CO₂ est bon pour les plantes », etc. Ces slogans, faciles à mémoriser et viraliser, demandent des heures de travail pour être déconstruits. Il faut mobiliser des études, croiser des données, expliquer des phénomènes complexes (comme l’effet El Niño ou les rétroactions climatiques).

Dans ces tâches, l’IA peut jouer un rôle précieux : analyse rapide de bases de données scientifiques, repérage des tendances de désinformation, génération de synthèses, suggestion de contre-arguments sourcés. Bien sûr, cela exige une supervision humaine. Mais cela représente un gain de temps non négligeable, surtout quand les ressources humaines sont limitées.

Une approche non manichéenne

Ce que je propose ici, ce n’est pas une vérité tranchée, mais une manière d’ouvrir le débat. Refuser d’opposer systématiquement le “bon” outil au “mauvais”, et le·la militant·e “exemplaire” à le·la militant·e dit·e “déviant·e”. Plutôt chercher à évaluer, dans chaque situation, ce qui permet de renforcer notre impact sans renier l’essentiel.

À l’heure où ceux qui polluent, exploitent ou manipulent l’opinion ne se privent pas d’utiliser les outils les plus performants, ne devrions-nous pas, nous aussi, nous donner les moyens d’agir efficacement ? Peut-être qu’un jour, grâce à nos luttes, nous pourrons nous passer des outils que nous utilisons aujourd’hui par nécessité. Mais ce jour ne viendra pas plus vite si nous nous condamnons à l’impuissance au nom d’une cohérence totale.

Dans l’article « Intelligence artificielle et écologie : un dialogue nécessaire pour l’avenir », j’aborde la nécessité de faire preuve de pragmatisme militant dans le choix des outils numériques et du recours à l’intelligence artificielle. Cet appel à l’efficacité, loin de tout manichéisme, trouve un écho particulièrement fort dans la conférence donnée par le neuroscientifique Albert Moukheiber à l’Académie du Climat.

Dans cette intervention marquante, Albert Moukheiber démonte le mythe selon lequel une meilleure information suffirait à faire évoluer les comportements. Il remet en cause les approches pédagogiques classiques et plaide pour une compréhension systémique des blocages écologiques. Loin d’incriminer uniquement les choix individuels, il insiste sur l’importance des conditions environnementales, sociales et politiques qui façonnent nos décisions. C’est cette même logique qui traverse mon article : face à l’urgence et au manque de moyens, il devient vital de concentrer nos efforts sur ce qui permet réellement d’agir.

Et Cédric Villani, qu’en pense-t-il ?

Cédric Villani, mathématicien et homme politique reconnu, aborde l’intelligence artificielle (IA) sous un angle à la fois pragmatique et critique. Dans une intervention captivante, il rappelle que l’IA n’est pas une intelligence autonome ou mystique, mais un ensemble d’algorithmes et de statistiques permettant d’accomplir efficacement certaines tâches humaines. Selon lui, il est essentiel de démystifier l’IA pour mieux comprendre ses atouts et ses dangers. Cette démystification est la première étape pour aborder la question de son utilisation dans des domaines aussi cruciaux que les luttes sociales et écologiques.

Villani souligne que l’IA s’est développée de manière pragmatique, souvent par des expérimentations menées par des développeurs avant même que les théoriciens ne puissent expliquer les résultats. Cela reflète un décalage entre la rapidité des avancées technologiques et notre capacité à les encadrer scientifiquement et éthiquement. Cependant, il insiste sur le fait que cette technologie, bien qu’exigeante en ressources, peut être utilisée à bon escient dans des contextes militants, notamment pour gagner du temps et optimiser des actions.

En matière de luttes, Villani semble encourager une approche équilibrée et stratégique. Si l’IA peut consommer des ressources et soulever des enjeux écologiques, elle offre également des opportunités uniques. Par exemple, elle permet de répondre plus efficacement à des campagnes de désinformation, de traiter des volumes massifs de données, ou encore d’appuyer des décisions complexes avec rapidité et précision. En d’autres termes, pour Villani, ignorer l’IA dans les luttes serait se priver d’un outil puissant que nos opposants, eux, n’hésitent pas à exploiter.

En conclusion, Villani plaide pour une utilisation responsable et éclairée de l’IA. Cela signifie investir dans la recherche, réguler son impact environnemental, et l’intégrer dans nos stratégies de manière pragmatique. Il s’agit, selon lui, d’un levier essentiel pour mener des combats efficaces et faire avancer des causes qui nécessitent à la fois efficacité et intelligence collective.

La solution est dans le vivant

« La solution, c’est le vivant ! »

Marc-André Sélosse, biologiste et professeur au Muséum d’histoire naturelle, met en lumière l’urgence de réorienter nos pratiques agricoles vers des solutions basées sur le vivant. En adoptant des approches comme le compostage, les intercultures et la réduction des intrants chimiques, il est possible de restaurer les sols, d’atténuer le changement climatique et de préserver la biodiversité. Marc-André Sélosse expose les bienfaits d’une approche centrée sur le vivant pour répondre aux défis agricoles et climatiques. Voici les principaux points abordés :

Les limites du labour

  • Le labour intensif détruit la structure des sols, tue la vie microbienne et libère du carbone sous forme de CO₂, contribuant ainsi au changement climatique.
  • Depuis les années 1950, les sols européens ont perdu la moitié de leur matière organique, ce qui aggrave l’érosion et la perte de fertilité.

Le programme « 4 pour 1000 »

  • Ce programme propose d’augmenter annuellement de 0,4 % la teneur en matière organique des sols pour compenser les émissions de gaz à effet de serre.
  • Bien qu’il soit difficile de le mettre en œuvre partout, il offre une piste prometteuse pour stocker du carbone et revitaliser les sols.

Solutions agricoles écologiques

  • Matière organique et compostage : Incorporer des déchets organiques dans les sols, planter des intercultures en hiver, et broyer ces cultures avant le semis printanier.
  • Ces pratiques augmentent la rétention d’eau, réduisent l’érosion, et servent d’engrais naturel en libérant de l’azote et du phosphate.

Bénéfices pour la biodiversité

  • L’agriculture biologique favorise le retour des pollinisateurs, augmentant les rendements de certaines cultures comme le cassis (+20 %).
  • L’abandon de pesticides et le soutien à des pratiques naturelles renforcent la santé des écosystèmes agricoles.

Un appel à un changement de paradigme

  • Sélosse critique les solutions technologiques (comme les drones pollinisateurs), soulignant qu’elles ne remplacent pas les services écosystémiques offerts par la nature.
  • Il appelle à une « acculturation violente » pour revaloriser le vivant et sortir de la dépendance aux approches chimiques et technologiques.

Risques d’inaction

  • Plus on tarde à adopter ces pratiques, plus les problèmes s’aggravent : déclin de la biodiversité, érosion des sols, et intensification des crises climatiques.
  • Il met en garde contre la montée possible d’une violence militante face à l’inaction prolongée des gouvernements.

Un message d’espoir

  • Marc-André Sélosse reste optimiste quant aux solutions offertes par le vivant. Il souligne que de nombreuses initiatives locales prouvent déjà leur efficacité.
  • Il croit en l’éducation des générations futures pour promouvoir un changement culturel et environnemental durable.

Et la Suisse ?

Repenser notre responsabilité envers l’agriculture écologique en Suisse

L’agriculture écologique, grâce à des pratiques comme le non-labour et la valorisation de la matière organique, offre des solutions prometteuses pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, restaurer les sols et préserver la biodiversité. Pourtant, comme l’explique Marc-André Sélosse, biologiste et professeur au Muséum d’histoire naturelle, ces approches peinent à trouver un écho suffisant auprès des décideur·euses politiques et des structures agricoles. En Suisse, où l’agriculture bénéficie d’un soutien important et d’une forte tradition biologique, les défis et opportunités sont légèrement différents mais tout aussi cruciaux.

Adaptation au contexte suisse : les spécificités locales

En Suisse, l’agriculture biologique représente une part plus importante des surfaces cultivées qu’en France, avec environ 17 % des terres agricoles en bio contre 10 % en France (1). Ce positionnement en fait un pays pionnier dans ce domaine, mais de nombreux obstacles persistent.

Les grandes exploitations intensives, particulièrement dans les plaines suisses, continuent d’appliquer des pratiques de labour intensif et d’utiliser des produits phytosanitaires, en dépit des efforts de l’Office fédéral de l’agriculture (OFAG). En tant que centre de compétences de l’agriculture et du secteur agroalimentaire, l’OFAG œuvre activement à promouvoir des pratiques durables (2).

L’OFAG veille à ce que les paysan·ne·s produisent des denrées alimentaires de haute qualité tout en préservant les ressources naturelles indispensables, telles que le sol, l’eau et l’air. Ses initiatives, comme les surfaces de promotion de la biodiversité (SPB) et le Plan d’action Produits phytosanitaires, visent à encourager une agriculture respectueuse de l’environnement.

Toutefois, malgré ces belles paroles et ces mesures, les impacts sur la biodiversité demeurent préoccupants.

La biodiversité agricole continue de s’éroder : les insectes, les oiseaux et d’autres mammifères disparaissent à un rythme alarmant. Les paysages agricoles suisses, souvent marqués par l’absence de haies et la fragmentation des habitats, peinent à soutenir une faune et une flore diversifiées.

Bien que l’OFAG mette en œuvre des politiques agricoles novatrices, comme la rétribution des prestations écologiques via des paiements directs, les résultats actuels montrent que ces efforts sont encore insuffisants. La loi sur l’agriculture (LAgr), en vigueur depuis 1999, offre un cadre législatif pour soutenir des pratiques plus durables, mais elle doit être renforcée pour mieux répondre à l’urgence écologique.

Face à ces constats, il est crucial que la Suisse intensifie ses efforts pour équilibrer productivité et préservation de la biodiversité. Cela pourrait inclure la promotion accrue des systèmes agroécologiques, l’élargissement des surfaces de promotion de la biodiversité, et une révision des politiques favorisant l’agriculture intensive.

Des solutions concrètes pour la Suisse

Comme en France, les méthodes préconisées par Marc-André Sélosse sont adaptées au contexte suisse. Parmi elles:

  • Compostage et valorisation des déchets organiques : Les ménages suisses participent déjà largement à la collecte de biodéchets, mais ceux-ci pourraient être davantage redirigés vers les sols agricoles après compostage.
  • Intercultures en hiver : Dans les plaines de l’Aar ou du Plateau, où l’érosion est problématique, les cultures d’engrais verts ou d’intercultures pourraient être davantage encouragées, même dans les systèmes intensifs.
  • Programme « 4 pour 1000 » : Bien que son application intégrale soit limitée par la topographie helvétique, ce programme illustre l’importance de préserver et d’enrichir la matière organique des sols. Dans les zones alpines et préalpines, des techniques spécifiques pourraient compléter cette approche.

La responsabilité collective : citoyens et institutions

Marc-André Sélosse insiste sur un point central : sans un soutien actif de la société, les transitions nécessaires resteront marginales. En Suisse, les consommatrices et consommateurs jouent un rôle clé dans l’encouragement de ces pratiques grâce à leur attachement aux produits locaux et biologiques. Cependant, ce soutien doit aller bien au-delà de l’acte d’achat.

Les citoyen·ne·s doivent s’impliquer de manière proactive pour soutenir les agriculteur·trice·s suisses face aux défis climatiques et environnementaux. Cela passe par une consommation réfléchie : privilégier les produits locaux et de saison, éviter les produits transformés ou importés lorsque des alternatives locales existent, et favoriser les circuits courts pour garantir une juste rémunération des paysan·ne·s. Il est également essentiel que la part de revenu consacrée à l’alimentation soit revalorisée, en réduisant les dépenses dans des biens superflus au profit d’une alimentation locale et durable.

Pour assurer que cette transition soit socialement juste, des mécanismes doivent être mis en place pour soutenir les personnes défavorisées. Cela pourrait inclure des subventions pour l’achat de produits locaux ou biologiques et la mise en place de coopératives alimentaires accessibles. Par ailleurs, la population aisée pourrait contribuer de manière solidaire à travers des taxes ciblées ou des dons dédiés au financement de ces aides, renforçant ainsi l’accès équitable à une alimentation durable pour tou·te·s.

De plus, les citoyen·ne·s peuvent jouer un rôle déterminant en votant pour des lois qui renforcent le soutien à l’agriculture durable. Par exemple, des mesures pourraient être adoptées pour limiter l’importation de produits concurrents hors saison, imposer aux grandes filiales de supermarchés des quotas clairs, ou même inciter la population valide à contribuer bénévolement à des tâches agricoles. Ces gestes concrets contribueraient à alléger la charge de travail des paysan·ne·s, en particulier dans un contexte où les méthodes respectueuses de l’environnement demandent davantage de main-d’œuvre.

Les associations agricoles suisses, bien qu’engagées sur certaines thématiques, pourraient intensifier leurs efforts pour promouvoir des pratiques agroécologiques. Cela pourrait inclure le soutien à la valorisation des déchets organiques en compost, la réduction des intrants chimiques ou la création de programmes pour la plantation de haies et la diversification des cultures. Ces actions aideraient les agriculteur·trice·s à répondre aux enjeux environnementaux tout en préservant la biodiversité.

Enfin, la population suisse doit reconnaître que demander moins de pesticides et des méthodes plus écologiques aux agriculteur·trice·s sans leur offrir un soutien concret revient à leur imposer un fardeau insoutenable. L’implication citoyenne, par des choix de consommation éclairés, un soutien politique et des mécanismes de solidarité, est essentielle pour garantir que l’agriculture suisse puisse répondre aux enjeux climatiques et environnementaux tout en assurant sa pérennité et son accessibilité à tous les ménages.

Facile à dire…

Le discours peut sembler simpliste. Il est vrai qu’en quelques lignes, il est difficile de développer un projet concret et détaillé. Cependant, il est tout aussi évident que poursuivre sur la voie actuelle ne permettra pas de répondre aux catastrophes environnementales en cours.

Prendre le taureau par les cornes implique d’élaborer un véritable plan d’urgence, à la fois efficace et soutenable, pour garantir la viabilité des générations futures. Pour ce faire, la Confédération suisse pourrait initier un programme ambitieux, rassemblant les forces vives de la nation. Les universités, l’OFEV, l’OFAG, les associations environnementales et agricoles, ainsi que les écoles d’agriculture devraient travailler main dans la main, au sein d’une taskforce dédiée, pour développer des solutions concrètes. Cette taskforce aurait pour mission de coordonner les recherches, de proposer des mesures immédiates et de garantir une approche intégrée des défis agricoles et environnementaux.

Une innovation majeure serait également de mettre en place une assemblée citoyenne (3), composée de citoyen·ne·s tiré·e·s au sort. Une fois formée et instruite grâce aux recherches scientifiques et aux données agricoles actuelles, cette assemblée pourrait formuler des propositions audacieuses et adaptées aux réalités suisses.

Réduire une telle démarche à une simple utopie serait non seulement un renoncement, mais aussi un gaspillage d’une opportunité unique. Ce projet représente un défi de taille, mais également une chance de rapprocher les citoyen·ne·s, de renforcer le lien social et de donner un nouvel élan de fierté à la population suisse. En relevant ce défi, la Suisse pourrait non seulement rester digne face aux crises écologiques, mais aussi devenir un modèle de résilience et d’innovation.

Qu’attendons-nous?

Le message de Marc-André Sélosse est clair : en continuant de négliger les solutions offertes par le vivant, nous augmentons la difficulté des défis futurs. En Suisse, où les pratiques écologiques sont déjà en avance sur d’autres pays, il est crucial de ne pas ralentir ces efforts. La transition agricole ne doit pas être vue comme un coût, mais comme une opportunité de garantir la résilience de nos écosystèmes et la sécurité alimentaire pour les générations futures.

Face à l’urgence climatique et à la dégradation des sols, la Suisse a les moyens d’être un modèle en matière d’agriculture écologique. Encore faut-il que les politiques publiques, les syndicats agricoles, et les consommatrices et consommateurs unissent leurs forces pour soutenir activement ces pratiques.

Peut-on aligner ce discours à la Suisse ? Certainement !

Bien que la situation française diverge de la Suisse, nous pouvons comprendre les similitudes qui s’alignent sur les propos ci-dessus.

Références

  1. En Suisse, l’agriculture biologique représentait 16,2% de la surface agricole utile en 2019, avec une légère augmentation à 16,8% en 2021.En France, la part des terres agricoles en bio était de 10% en 2023, marquant une légère diminution par rapport aux années précédentes.Ces chiffres illustrent une adoption plus prononcée de l’agriculture biologique en Suisse par rapport à la France.
    agriculture.gouv.fr / ind.ge-en-vie.ch / bio-suisse.ch
  2. Posez vos question à l’OFAG AgriBot, le chatbot de l’Office fédéral de l’agriculture
  3. Exemple : Avenir alimentaire de la Suisse – Assemblée citoyenne pour la politique alimentaire (2022)

Les droits de la nature : une révolution juridique portée par Marine Calmet

Interview

Marine Calmet : « Les actions criminelles pour notre avenir sont parfaitement légales aujourd’hui »
Reporterre | le média de l’écologie : La nature doit être protégée par des droits fondamentaux, comme les humains, plaide la juriste en droit de l’environnement Marine Calmet. En ce sens, inspirons-nous des peuples autochtones, appelle-t-elle.

Marine Calmet, juriste spécialisée en droit de l’environnement et présidente de l’association Wild Legal, se distingue par son engagement pour la reconnaissance des droits de la nature. À travers son livre Décoloniser le droit et ses actions militantes, elle plaide pour une transformation radicale des cadres juridiques. Ce mouvement mondial, déjà mis en œuvre dans certains pays, vise à réconcilier l’humanité avec son environnement en reconnaissant la nature comme sujet juridique, titulaire de droits fondamentaux.

Une rupture avec le droit occidental : de la séparation à l’interdépendance

Le droit occidental repose sur une division héritée du droit romain : d’un côté les « personnes », humaines ou morales (comme les entreprises), et de l’autre les « choses », parmi lesquelles la nature est reléguée. Marine Calmet qualifie cette vision de « schizophrénique », car elle objective la nature, niant son existence propre et ses besoins biologiques. Cette approche permet de la réduire à un simple réservoir de ressources exploitables, justifiant ainsi sa destruction.

En opposition, le mouvement des droits de la nature propose de dépasser cette séparation en reconnaissant la nature comme une « communauté vivante », intégrant toutes les entités qui la composent : fleuves, forêts, montagnes, animaux, et même écosystèmes entiers. Ces entités deviennent ainsi titulaires de droits fondamentaux, comme le droit à la santé, à la régénération ou à l’existence, sur le modèle des droits accordés aux humains. Il s’agit de reconstruire un édifice juridique basé sur la coexistence et l’interdépendance avec le vivant, tout en limitant les libertés humaines lorsqu’elles menacent cet équilibre.

Les exemples internationaux : pionniers et sources d’inspiration

Plusieurs pays ont déjà mis en œuvre cette reconnaissance juridique de la nature. En Nouvelle-Zélande, le fleuve Whanganui est devenu une entité juridique en 2017, avec deux gardiens – un désigné par l’État et l’autre par les Maoris – chargés de défendre ses intérêts. Cette reconnaissance repose sur une vision spirituelle et communautaire de la nature, profondément enracinée dans la culture maorie.

En Colombie, la Cour constitutionnelle a reconnu en 2016 les droits du fleuve Atrato, soulignant l’importance de préserver la santé de l’écosystème pour garantir les droits fondamentaux des populations locales. Ce modèle relie de manière explicite les droits humains et ceux de la nature, établissant un lien indissociable entre la protection de l’environnement et le bien-être des communautés.

En Équateur, la constitution de 2008 consacre pour la première fois dans le monde les droits de la Terre Mère (Pachamama), reflétant une cosmovision andine qui place l’humain au sein d’un écosystème interconnecté. Cette reconnaissance a permis d’interdire des projets destructeurs pour les forêts tropicales et les cours d’eau, grâce à des actions judiciaires portées par les communautés locales.

Ces exemples montrent la diversité des approches possibles, chaque modèle étant adapté aux réalités culturelles et écologiques locales. Marine Calmet insiste sur cette nécessité d’éviter une globalisation des solutions juridiques, qui risquerait de reproduire les erreurs du passé. Chaque territoire, affirme-t-elle, doit développer ses propres modes de gouvernance pour protéger son écosystème.

Le rôle des peuples autochtones : un modèle de coexistence

Marine Calmet met en lumière la richesse des savoirs autochtones, qui offrent des perspectives précieuses pour concevoir une nouvelle relation juridique avec la nature. Ces peuples, qui vivent souvent en symbiose avec leur environnement, perçoivent la nature non pas comme une ressource à exploiter, mais comme une communauté vivante à respecter.

Elle évoque notamment la culture des Amérindiens de Guyane, où les chamans jouent un rôle central dans la gouvernance des écosystèmes. Ces « intercesseurs » entre les humains et les esprits de la nature guident les décisions locales en identifiant les lieux où les humains peuvent s’installer et ceux qui doivent rester intouchés. Par exemple, dans la région de Montagne d’Or, un projet minier a été abandonné en partie grâce à l’opposition des populations locales, qui considèrent ces terres comme sacrées et interdites à l’exploitation humaine.

Selon Marine Calmet, ces pratiques spirituelles, bien qu’étrangères au modèle occidental, soulignent l’importance de reconnaître des limites à l’activité humaine. Elles invitent à réfléchir à la manière dont nos sociétés pourraient intégrer une éthique similaire, en s’appuyant sur les connaissances scientifiques comme « nouveaux chamans ».

Une critique des fondements du droit occidental

L’un des problèmes majeurs du droit occidental, selon Marine Calmet, est son obsession pour la propriété privée. Ce droit, sacralisé depuis la Révolution française, inclut le concept d’ »abusus« , qui autorise le propriétaire à disposer de son bien, y compris en le détruisant. Ce mécanisme juridique justifie une exploitation sans limites des ressources naturelles, exacerbant l’effondrement écologique.

En revanche, les droits coutumiers autochtones privilégient une propriété collective, où l’usage des ressources est encadré par des responsabilités envers la communauté et les générations futures. Cette approche, centrée sur le « mieux-être collectif », offre un modèle inspirant pour repenser nos cadres juridiques. Marine Calmet propose d’abolir le droit de détruire, en le remplaçant par une responsabilité de transmission et de préservation.

Des batailles juridiques en cours : le cas du fleuve Maroni

En Guyane française, Marine Calmet et Wild Legal mènent une action inédite pour reconnaître les droits du fleuve Maroni. Ce fleuve, essentiel pour les communautés locales, est gravement pollué par les activités illégales d’orpaillage, alimentées par la demande mondiale d’or. Le mercure utilisé pour extraire l’or contamine les eaux, menaçant la santé des populations et l’équilibre de l’écosystème.

Marine Calmet souligne l’ironie de la situation : les dégâts causés par ces activités sont souvent légaux dans leur cadre économique global, alors qu’ils sont criminels pour les générations futures. Elle appelle à une révision des priorités juridiques, où la protection des écosystèmes primerait sur les intérêts capitalistes.

La transition écologique comme nouveau paradigme juridique

La crise écologique actuelle met en lumière les limites du système juridique occidental, incapable de prévenir la destruction du vivant. Pour Marine Calmet, la transition écologique doit être accompagnée d’une refonte radicale du droit. Cette refonte inclurait la reconnaissance de la nature comme sujet juridique, permettant de limiter les libertés humaines destructrices et de canaliser l’énergie économique vers une symbiose avec le vivant.

Elle espère qu’à l’avenir, les droits des fleuves, des forêts et des animaux deviendront aussi évidents que les droits des femmes ou des enfants aujourd’hui. Plus encore, elle aspire à ce que les générations futures se considèrent comme des gardiens de la nature, responsables de son bien-être et de sa préservation.

Une vision d’avenir : localiser les solutions pour globaliser l’impact

Marine Calmet conclut sur une réflexion stratégique : les solutions doivent émerger du local pour avoir un impact global. Elle rejette l’idée d’une réponse universelle, prônant plutôt des initiatives adaptées aux spécificités de chaque territoire. Les mouvements de résistance locaux, comme ceux en Équateur, en Colombie ou en France, démontrent que des alternatives juridiques sont possibles et nécessaires.

Pour elle, le droit doit devenir « permaculturel », conçu en fonction des besoins des écosystèmes et des communautés. Ce retour à une diversité juridique serait une réponse puissante à la monoculture du droit occidental, offrant une protection réelle et durable à la planète.

Marine Calmet incarne un espoir et une vision audacieuse pour l’avenir. À travers son combat pour les droits de la nature, elle appelle à une révolution éthique et juridique qui pourrait transformer la manière dont l’humanité cohabite avec son environnement. Une révolution qui, selon elle, n’est pas seulement souhaitable, mais indispensable à la survie de notre planète.

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Réflexions sur les Ressources, l’Énergie et l’Avenir

Cette interview était une discussion approfondie sur les enjeux environnementaux, économiques, et sociétaux contemporains, mettant en avant la nécessité d’une réflexion collective sur notre mode de vie et nos aspirations. Jean-Marc Jancovici et Philippe Bihouix ont échangé sur des sujets variés, notamment les questions énergétiques, les limites des ressources, et l’évolution des sociétés humaines face aux contraintes écologiques. L’interview offre une analyse fouillée des enjeux systémiques auxquels nous faisons face aujourd’hui, depuis les problèmes énergétiques jusqu’aux défis économiques et écologiques. Les multiples références littéraires fournies par Jean-Marc Jancovici et Philippe Bihouix permettent de mieux comprendre les aspects historiques et évolutifs de ces questions, tout en éclairant leur complexité. Le message principal reste celui de l’engagement et de la lucidité, tout en évitant de sombrer dans le pessimisme absolu.

1. Énergie et limites des ressources

Philippe Bihouix et Jean-Marc Jancovici ont discuté des limites des ressources naturelles et de l’importance de considérer les contraintes énergétiques dans notre modèle de société. Ils ont mentionné des projets futuristes tels que l’installation de panneaux photovoltaïques dans l’espace et des centrales solaires orbitales. Ces projets, bien que fascinants, ont été qualifiés de « déconnants » à cause de l’échelle énergétique gigantesque qu’ils nécessiteraient, et de la difficulté à les réaliser sans des ordres de grandeur impossibles.

2. Le rêve spatial et le « p o r n o pour ingénieurs »

Les intervenants ont également discuté de l’attrait de la conquête spatiale, qualifié de « p o r n o pour ingénieurs » par Philippe Bihouix, pour illustrer la fascination qu’exercent ces prouesses technologiques sur ceux qui imaginent les défis à surmonter. Jean-Marc Jancovici a nuancé en soulignant que des projets tels que ceux d’Elon Musk ne visent pas à fuir la Terre, mais plutôt à avoir un plan de sauvegarde en cas de catastrophe exogène, par exemple une collision avec un astéroïde.

3. Limites de la croissance et énergie infinie

Jean-Marc Jancovici a expliqué que rêver d’une énergie infinie serait une « calamité » car cela donnerait un pouvoir de destruction immense à l’humanité, qui pourrait s’en servir pour détruire la planète. Ils ont discuté de la croissance exponentielle de l’économie mondiale et du fait qu’une énergie infinie n’en est pas la solution. L’idée a été soutenue par l’évocation de l’économiste William Nordhaus, lauréat du prix de la Banque royale de Suède en sciences économiques en 2018, qui a prôné l’énergie illimitée pour soutenir une croissance durable, proposition que Jancovici a qualifiée de « stupide ».

4. Références littéraires et culturelles

Les intervenants ont partagé plusieurs recommandations de lecture et d’autres références culturelles pour illustrer leurs points de vue et approfondir la réflexion :

  • John Kenneth Galbraith : L’Argent (ou Money en anglais). Galbraith y présente l’histoire du système monétaire, à travers des anecdotes historiques et des analyses, expliquant la complexité et l’évolution de la monnaie, en particulier aux États-Unis.
  • Gina Lombroso : La rançon du machinisme. Ce livre écrit dans les années 1930 traite de l’impact de l’industrialisation et du travail à la chaîne sur l’humain, en montrant la déshumanisation progressive du travail et l’uniformisation des comportements.
  • Laurent Tillon : Être un chêne et Les fantômes de la nuit. Ces ouvrages racontent l’histoire d’un chêne et des chauves-souris, respectivement, en mettant en lumière les interactions complexes et poétiques entre les éléments des écosystèmes forestiers.
  • Vera Nikolski : Féminicén, qui explore la question de l’émancipation des femmes et l’influence des ressources matérielles sur cette émancipation, plaidant pour que les femmes investissent les postes de décision relatifs à l’allocation des ressources.
  • Jared Diamond : De l’inégalité parmi les sociétés (ou Guns, Germs, and Steel en anglais). Ce livre explique pourquoi certaines sociétés ont conquis d’autres en fonction de leur accès aux ressources et des particularités géographiques, en adoptant une vision très déterministe.
  • Desmond Morris : Le singe nu. Cet essai s’intéresse aux similarités entre l’humain et les autres primates, en montrant les comportements sociaux et instincts fondamentaux qui nous lient au règne animal.

5. Conseils pour les jeunes générations

Jean-Marc Jancovici et Philippe Bihouix ont tous deux partagé des conseils pour les jeunes générations : ils ont encouragé la jeunesse à garder espoir, à agir avec lucidité, et à s’investir dans des activités porteuses de sens. Philippe Bihouix a souligné l’importance de « choisir le chemin plus que la cible » et de trouver une forme de réalisation personnelle dans l’action et l’engagement. Jean-Marc Jancovici a mis en avant la nécessité de se préparer à une réalité plus sobre tout en gardant un esprit constructif.

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Une alternative à l’élargissement des autoroutes

L’esquisse de projet présentée ici a été pensée en 2015. Les divers points décrits le sont de manière succincte, sans entrer dans tous les détails auxquels j’ai réfléchi. Ce projet constitue une base à développer pour proposer des solutions adaptées aux défis environnementaux actuels.

La réflexion contenue dans cette chronique n’est qu’une piste à explorer et, bien entendu, elle n’est pas exhaustive !

Dans cette chronique, la question de la durée qu’exigerait une telle transition n’est pas abordée. Toutefois, il est certain qu’elle ne demanderait pas plus de temps que la réalisation de nouvelles infrastructures autoroutières ou ferroviaires.

Introduction

Cela fait plus de dix ans que je me demande pourquoi, face à la situation environnementale de plus en plus préoccupante, nous ne nous orientons pas naturellement vers des solutions qui semblent pourtant évidentes. Chaque année, les preuves s’accumulent et les alertes se multiplient, mais nos choix en matière de transport et d’infrastructure restent coincés dans des schémas anciens. Il est temps d’abandonner les projets d’expansion des autoroutes, issus d’une autre époque, pour se tourner vers des options plus durables, qui répondent véritablement aux défis climatiques d’aujourd’hui.

Nous sommes à un tournant crucial de notre histoire, où il est impératif que notre gouvernement, la Confédération suisse, ainsi que les parlementaires de tous bords politiques, reconnaissent avec honnêteté la gravité des crises climatiques, environnementales et de la biodiversité. Le temps n’est plus à l’inaction ou aux demi-mesures. Il est nécessaire d’agir maintenant, non pas pour achever des projets d’infrastructure datant d’une autre époque (1), mais pour assumer nos responsabilités face aux émissions de CO2 et aux générations futures. Les autoroutes ne sont plus une solution adaptée à notre avenir (1). Ce dont notre société a besoin, c’est de projets visionnaires, ancrés dans une perspective durable qui allie le respect de l’écologie, des enjeux sociaux et des réalités économiques.

Se rassembler plutôt que se diviser, engager des discussions avec des spécialistes de chaque domaine et concevoir ensemble un projet viable et bénéfique pour toutes et tous : voilà le chemin à suivre.

Ce projet doit être pensé non pas pour nos intérêts immédiats, mais pour le bien commun, afin de bâtir un avenir en harmonie avec notre environnement.

L’idée, introduction et argumentation

Infrastructure

Si l’on considère que l’infrastructure routière actuelle est déjà en place, diminuer une grande partie des automobiles à usage individuel (2) permettrait de libérer un espace précieux pour l’installation de transports publics plus efficaces. Cette approche offrirait immédiatement une économie de ressources, en évitant la construction d’infrastructures plus larges et polluantes. L’élargissement des routes, en plus de détruire l’environnement et la biodiversité, contribue à la crise climatique. Privilégier les transports collectifs est non seulement plus durable, mais essentiel pour lutter contre cette catastrophe.

Bus plus légers

L’utilisation de bus plus petits et donc plus légers présente plusieurs avantages pour la mobilité urbaine. Premièrement, leur poids réduit minimise les dommages causés aux routes, allongeant ainsi leur durée de vie et diminuant les coûts d’entretien. De plus, ces bus peuvent circuler avec une plus grande cadence, ce qui améliore la fréquence des trajets et la fluidité des déplacements en ville. Moins encombrants que des véhicules plus lourds, ils optimisent l’espace tout en limitant leur impact.

Études

Il est clair que pour réussir la transition vers un système de transport plus durable, il est essentiel de réaliser des études approfondies avec des spécialistes. Des experts, en urbanisme, en ingénierie des transports et en écologie, des économistes et des scientifiques, devraient analyser les besoins spécifiques des villes et optimiser l’introduction de nouvelles infrastructures comme les bus légers. Ils étudieraient notamment les flux de circulation, la répartition des ressources et l’impact environnemental. Leurs recommandations permettraient d’adapter les solutions aux réalités locales, garantissant ainsi une transition efficace.

Économie

D’un point de vue économique, cette proposition présente de nombreux avantages par rapport à l’élargissement des autoroutes dans une optique de « continuité ». Les coûts initiaux de réalisation seraient nettement inférieurs. Bien que certaines entreprises de construction perdraient des mandats, d’autres secteurs verraient leurs opportunités s’étendre. Cela inclut les chauffeurs de bus et de livraison, l’entretien des véhicules de transport, ainsi que la construction et la maintenance des stations de bus et la gestion des horaires, etc.

D’autre part, il ne serait pas raisonnable d’utiliser l’argument de la perte d’emplois dans l’industrie automobile comme justification pour perpétuer un modèle obsolète et nuisible à l’environnement (2).

Responsabilités, ressources et géopolitique

Il est évident que nous ne pouvons plus continuer à fonctionner selon un modèle économique « le capital envers et contre tout ». Les catastrophes météorologiques frappent de plus en plus l’Europe et la Suisse. Les scientifiques nous alertent depuis des décennies. Aujourd’hui, il n’est plus temps de repousser les mesures nécessaires, voire obligatoires, pour entamer une transition intelligente, responsable et moderne. Il ne s’agit pas d’un retour en arrière, mais d’un défi stimulant nécessitant intelligence, bon sens et initiatives porteuses d’avenir.

Nous ne pouvons plus nous fier uniquement aux avancées technologiques, comme la voiture électrique (3) ou d’autres alternatives aux énergies fossiles, pour résoudre les problèmes environnementaux. Penser que ces solutions suffiront est une illusion dans un monde aux ressources limitées. De plus, nous n’avons aucune garantie que les ressources restantes seront encore accessibles à long terme, surtout en cas de conflit géopolitique. Chaque pénurie pourrait engendrer de graves crises politiques.

Vers une mobilité durable en Suisse : repenser nos routes et nos modes de transports

Aujourd’hui, face à l’augmentation du trafic et aux objectifs climatiques de la Suisse, il est clair que l’élargissement des autoroutes ne constitue pas une solution viable à long terme. Non seulement cela engendre des coûts élevés et consomme une quantité considérable de ressources (gravier, béton, etc.), mais cela exige également des efforts constants en matière d’entretien. Plus important encore, cette approche ne résout pas le problème fondamental des embouteillages (3), qui continuera à persister malgré l’investissement massif dans ces infrastructures. Il est temps de repenser la manière dont nous concevons la mobilité.

Réduire l’utilisation des voitures et créer de stations de bus aux entrées des autoroutes

La première étape consisterait à installer des parkings et des stations de bus électriques aux entrées des autoroutes. Les automobilistes peuvent y laisser leur véhicule et emprunter des bus rapides et réguliers pour rejoindre les centres urbains. Cette solution allège la pression sur les infrastructures routières et réduit les coûts d’entretien tout en facilitant l’accès aux transports en commun. Elle consomme moins de surface, donc moins de béton, et peut être mise en place beaucoup plus rapidement que l’élargissement des autoroutes, contribuant ainsi à une mobilité plus fluide et écologique.

Des vélos électriques pour les trajets urbains

Pour les trajets plus courts en ville, des stations de vélos électriques, y compris des vélos cargo, pourraient être installées aux arrêts de bus à la sortie des autoroutes. Cela permettrait aux usagers qui le souhaitent de poursuivre leur trajet de manière flexible, en utilisant les infrastructures cyclables déjà en place. Ce système de transport combiné, bus et vélos, favoriserait une mobilité plus écologique tout en réduisant la dépendance à la voiture. Quelques petits véhicules couvert, d’une ou deux places, pourraient également être utiles pour le transport occasionnel de matériel.

Des services de transport pour livraisons et déménagements

En plus de l’optimisation de réseau de bus et de vélos, un service dédié aux livraisons et aux déménagements serait mis en place. Particulièrement pour les personnes à mobilité réduites. Cela permettrait de fluidifier les transports en ville en limitant les véhicules lourds tout en fournissant une solution logistique durable et plus efficace. Ce système, couplé à des infrastructures plus légères, réduirait la détérioration des routes urbaines, générant ainsi des économies supplémentaires en entretien.

Relier les zones rurales avec des bus à la demande

Dans un deuxième temps, pour les villages et zones rurales, un système de bus à la demande, ou selon une cadence à définir, relierait les habitant·e·s aux grandes stations de bus. Cela réduirait le besoin de voiture tout en offrant un accès plus facile aux transports en commun pour celles et ceux qui vivent en dehors des centres urbains. Ce système apporterait une réponse adaptée aux défis de la mobilité dans les régions éloignées, encore une fois, sans nécessiter de lourds investissements en infrastructures puisque les routes existent déjà.

Encourager l’économie locale et réduire les déplacements

Outre les solutions de transport, il est essentiel de revitaliser les économies locales. Dans chaque village, des épiceries et marchés locaux proposant des fruits, légumes, et autres produits de première nécessité pourraient être installés. Cela permettrait aux habitant·e·s de s’approvisionner localement sans avoir à se déplacer vers de grands supermarchés en périphérie. En parallèle, des commerces artisanaux tels que des ateliers de réparation ou de restauration d’objets contribueraient à réduire les déchets tout en créant des emplois.

Des bus plus légers pour une meilleure fluidité urbaine

Avec moins de voitures en ville, des bus plus légers pourraient être utilisés. Cela permettrait de réduire l’usure des routes tout en augmentant la fréquence des trajets. Ces bus, mieux adaptés à une ville moins congestionnée, assureraient un service plus fréquent et flexible. Cette cadence élevée améliorerait encore la fluidité du trafic urbain, tout en limitant l’impact sur les infrastructures routières.

Création d’emplois et formation

La mise en place de ce nouveau modèle de mobilité permettrait de créer de nombreux emplois dans différents secteurs : gestion et maintenance des bus électriques, services de livraison, ateliers de réparation locaux, ainsi que la formation des conducteurs, etc. Cette dynamique économique offrirait des perspectives d’avenir durables et contribuerait à la transition écologique tout en stimulant l’économie locale.

Un projet en phase avec la cop26 et la neutralité carbone d’ici 2050

Ce projet s’inscrit dans les objectifs climatiques définis par la COP26 et l’Accord de Paris, qui visent à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. En réduisant les émissions de CO2 dans le secteur des transports, ce modèle de mobilité durable contribuerait activement à la lutte contre le changement climatique et préserverait la biodiversité. Il ne s’agit pas seulement d’une opportunité, mais d’une obligation collective de répondre aux besoins des générations futures. Parlementaires, politiques et citoyens doivent s’engager ensemble pour assurer la transition vers cet avenir durable.

Un projet contestable ?

Aucun argument ne pourrait aller à l’encontre d’un tel projet, qui est non seulement résilient et responsable, mais qui ne cherche pas à favoriser des profits individuels. Ce projet s’inscrit dans une logique de bien commun, visant à répondre aux défis climatiques et économiques tout en garantissant un avenir meilleur pour toutes et tous. Nous devons agir dès maintenant pour assurer la pérennité de nos sociétés et protéger les générations futures.

Conclusion

Ce projet propose une solution qui non seulement allège la pression sur les infrastructures, mais contribue aussi à la création d’emplois locaux et à la revitalisation économique des villages, tout en respectant les engagements climatiques internationaux. Il démontre qu’une alternative à l’élargissement des autoroutes est non seulement possible, mais indispensable pour assurer une mobilité durable, responsable et résiliente pour les générations futures.

En espérant que cette présentation, bien qu’elle ne traite pas des détails, vous incitera à envisager une autre approche et à vous opposer à un projet autoroutier disproportionné et irresponsable.

Liens

  • NON aux méga-autoroutes : www.actif-trafic.ch
  • L’autoroute A1 devra être élargie à six voies entre Lausanne et Genève, décide le Parlement : RTS 19.12.2023
  • Le patronat lémanique se mobilise pour l’élargissement des autoroutes (L’ATE dénonce) : RTS 17.06.2024

Notes

  1. Modèle de mobilité dépassé : Miser sur l’élargissement des autoroutes ne répond pas à la nécessité urgente de repenser notre mobilité de manière plus écologique et responsable. L’argument du « on continue comme on l’a toujours fait » ignore les défis actuels de la transition climatique et la nécessité de développer des modes de transports plus verts et moins dépendants de la voiture.
  2. Remplacer le parc automobile fossile par des véhicules électriques n’est pas une solution réaliste en raison de la disponibilité limitée des ressources nécessaires à la fabrication de l’ensemble des composants. Au-delà de la question des matières premières, la production de millions de nouveaux véhicules aurait un impact environnemental massif, aggravant la dégradation des écosystèmes. De plus, l’extraction des matériaux nécessaires et la mise en œuvre d’une telle transition à grande échelle ne feraient que déplacer le problème plutôt que le résoudre, sans garantir une véritable durabilité à long terme.
  3. Élargir les autoroutes ne résout pas les bouchons, car cela attire davantage de voitures, saturant à nouveau les routes en peu de temps. L’exemple de l’autoroute A1 Genève-Nyon, qui passera de 80’000 à 130’000 véhicules par jour en seulement 10 ans, illustre bien ce phénomène. De plus, l’effet entonnoir est un réel problème : les villes ne peuvent pas élargir leurs routes proportionnellement pour absorber ce flux croissant de véhicules. Cela aggrave la congestion à l’entrée des agglomérations, rendant l’élargissement des autoroutes inefficace à long terme.

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Libérez Paul Watson !

Soutenez Paul Watson, signez la pétition !

Le 21 juillet, la police danoise a arrêté Paul Watson, défenseur des océans, dans le port de Nuuk au Groenland. Il se dirigeait vers le Pacifique pour s’opposer au plus grand baleinier de l’histoire, le Kangei Maru, inauguré par le Japon en mai 2024. Ce navire représente une nouvelle menace pour les baleines, en violation du moratoire international sur la chasse à la baleine, ratifié par le Danemark. Le Japon, bien que condamné par la Cour Internationale de Justice en 2014 pour braconnage dans le sanctuaire baleinier antarctique, continue de tuer des milliers de baleines.

Paul Watson, âgé de 73 ans, a consacré sa vie à la protection des océans, notamment en sauvant plus de 5000 baleines des harpons japonais au cours de ses missions. Le Japon, qui le traque depuis 2012 via une notice rouge d’Interpol, le considère comme un ennemi, rendant son extradition extrêmement périlleuse. Si extradé au Japon, Watson risque une peine de 15 ans de prison, ce qui équivaut à une condamnation à mort, compte tenu des conditions carcérales extrêmement dures du Japon. Amnesty International, Human Rights Watch et d’autres organisations dénoncent les mauvais traitements infligés aux prisonniers, en particulier aux activistes comme Paul Watson.

Cette affaire met en lumière l’état actuel de la justice internationale et l’avenir de la lutte pour la protection des baleines. La décision de la ministre danoise sur l’extradition de Watson aura des répercussions profondes sur la manière dont le monde se souviendra de son engagement en faveur de l’environnement.

Quels sont les motifs de son arrestation ?

Paul Watson a été arrêté en juillet 2024 à Nuuk, Groenland, en raison d’un mandat d’arrêt international émis par le Japon en 2012 via Interpol. Les accusations principales auxquelles il fait face sont liées à un incident survenu en 2010, lorsqu’un membre de l’équipage d’un navire japonais aurait été blessé lors de l’utilisation de bombes puantes par l’équipe de Sea Shepherd pour perturber la chasse à la baleine. Le Japon l’accuse d’« entrave à un business », d’« agression » et de « violation de propriété » en lien avec cet acte, qu’ils considèrent comme une attaque contre un navire japonais dans l’Antarctique.

Ces accusations pourraient entraîner une peine allant jusqu’à 15 ans de prison au Japon, bien que ses avocats soulignent que les charges sont disproportionnées et politiquement motivées en raison de l’opposition de Watson à la chasse baleinière japonaise. Watson et ses partisans dénoncent cette extradition potentielle, la considérant comme une tentative de faire taire un activiste qui a consacré sa vie à la protection des baleines et de la vie marine​.

Honte au Danemark !

L’arrestation de Paul Watson par le Danemark est considérée comme honteuse pour plusieurs raisons éthiques et juridiques. Le Danemark trahit les valeurs de conservation et les principes de protection des droits humains, tout en renforçant la capacité de persécution politique contre des activistes engagés.

  1. Violation des principes de conservation : Paul Watson a consacré sa vie à la protection des océans, en particulier en s’opposant à la chasse illégale des baleines par le Japon, un pays qui continue cette pratique en violation du moratoire international sur la chasse commerciale des baleines depuis 1986. Son arrestation est contraire aux engagements du Danemark, qui a lui-même ratifié ce moratoire. Arrêter Watson, c’est soutenir indirectement une industrie condamnée par des juridictions internationales, comme la Cour internationale de justice en 2014.
  2. Précédent dangereux pour les activistes : Cette arrestation envoie un signal inquiétant à tous les activistes environnementaux dans le monde. Cela montre que même ceux qui défendent activement les lois internationales de protection de la biodiversité peuvent être arrêtés et extradés sous des motifs discutables. En extradant Watson, le Danemark risquerait d’établir un précédent où les gouvernements peuvent utiliser des mandats d’arrêt internationaux pour punir des activistes gênants, en dépit de la nature pacifique de leurs actions.
  3. Conditions carcérales au Japon : Si extradé, Paul Watson ferait face à des conditions carcérales au Japon largement dénoncées par les organisations de défense des droits humains comme Human Rights Watch et Amnesty International. Ces organisations soulignent que le Japon pratique l’isolement prolongé, des soins médicaux insuffisants et des traitements inhumains, particulièrement à l’encontre des activistes étrangers.
  4. Contexte politique et persécution : Les accusations contre Watson sont perçues comme une persécution politique. Le Japon utilise un mandat d’arrêt vieux de plus de 10 ans pour des actions non violentes ayant pour objectif de sauver des baleines. L’accusation d’« entrave à un business » montre que ce mandat n’est pas fondé sur des raisons légitimes de justice mais plutôt sur la volonté du Japon de punir Watson pour ses efforts efficaces contre leur industrie baleinière.

Sources

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Olivier Hamant sur la Robustesse et le Changement de Paradigme

Olivier Hamant discute de la transition des modèles socio-économiques, mettant en avant l’importance de la robustesse face aux systèmes actuels, performants mais fragiles. Il relève les éléments de la société moderne qui nous ont conduit à une impasse évolutive et propose une approche différente pour une période de transition, basée sur la diversification, la coopération et la reconnaissance de la vulnérabilité.

Le Concept de Robustesse

Olivier Hamant développe le concept de la robustesse, qu’il présente comme un élément nécessaire à la pérennité dans un monde fluctuant. Contrairement à la performance, la robustesse n’est pas centrée sur la compétition ou l’efficacité à court terme, mais sur la capacité à survivre et à prospérer en élargissant les bornes et les options disponibles. Cela s’oppose à la résilience qui, selon lui, est souvent perçue comme une simple capacité à se relever après une chute, mais sans s’attaquer aux racines de la fragilité initiale.

Pour Amant, la robustesse est une approche proactive où la diversification et la flexibilité sont prépondérantes. Elle permet d’éviter les impasses évolutives dans lesquelles la société actuelle est piégée, particulièrement en raison de la spécialisation excessive et du refus d’adaptation.

Les Modèles Actuels

Les modèles actuels de gouvernance et d’économie basés sur la performance, la compétition et l’efficacité sont les valeurs dominantes actuelles. Cependant, face à des ressources fluctuantes et à des crises multiples, ces valeurs deviennent non seulement insuffisantes mais aussi dangereuses, car elles augmentent la fragilité du système.

La compétition à outrance mène à des comportements d’exploitation des ressources sans considérer leurs conséquences sur le long terme. Amant cite l’exemple du Bitcoin qui, bien qu’étant une monnaie décentralisée, reste énergivore et contribue indirectement à une dynamique extractive. Les mêmes défauts se retrouvent dans l’usage intensif des énergies fossiles et mêmes des solutions énergétiques émergentes comme les batteries de voiture.

Recommandations pour une Transition

Pour Olivier Hamant, la clé de la transition repose sur une nouvelle forme de gouvernance à différentes échelles, de l’état aux collectifs locaux. L’état ne doit plus être perçu comme un meneur qui impose des solutions descendantes, mais comme un acteur qui met en résonance les initiatives locales et les fait évoluer dans un cadre plus vaste.

Il mentionne les travaux d’Elinor Ostrom sur les biens communs, mettant en avant les huit principes de gouvernance pour garantir la durabilité des ressources partagées. Pour lui, l’avenir repose sur la construction et la mise en réseau de communs qui permettent une meilleure résilience aux crises tout en évitant la logique de simple survie (survivalisme radical).

La recarbonation de l’économie est également une priorité. Au lieu de décarboner, c’est-à-dire remplacer le carbone par des métaux rares et polluants, il propose de replacer le carbone dans une économie circulaire, en utilisant des matériaux biosourcés et renouvelables.

La Place de la Spiritualité et de la Culture

Olivier Hamant aborde également la dimension spirituelle. Il fait la distinction entre pouvoir et puissance dans les systèmes religieux, rappelant que les structures dogmatiques ont souvent pris le pouvoir au nom de Dieu, alors que la spiritualité est initialement censée créer du lien et de la cohésion sociale. Selon lui, le futur doit aussi inclure une forme de spiritualité renouvelée, non dans une perspective dogmatique mais comme un moyen d’établir des connexions plus profondes entre les personnes.

Il critique la recherche de la performance personnelle, liée au patriarcat, et promeut un écoféminisme qui valorise la coopération et la reconnaissance des valeurs liées au soin et au bien-être collectif. Cette réflexion culturelle va de pair avec le besoin de robustesse et de pratiques résilientes dans la vie quotidienne.

Références Littéraires et Médias

  1. « Limits to Growth » (Rapport Meadows) : Ce livre explore les limites écologiques de la croissance économique et propose un modèle pour comprendre les conséquences de la surutilisation des ressources naturelles.
  2. « Homo Confort » de Stefano Boni : Une analyse de l’impact du confort moderne sur nos perceptions sensorielles et nos interactions avec le monde. Ce livre aide à comprendre comment l’abondance matérielle a altéré nos comportements et créé un rapport hermétique au monde.
  3. « Rendre le monde indisponible » de Hartmut Rosa : Une réflexion sur la manière de reprendre du temps pour soi, en évitant l’accélération de la vie quotidienne. Cela permet de reconnecter aux éléments tangibles de son environnement et d’être plus ancré dans son espace.
  4. Travaux d’Elinor Ostrom sur les communs : Ces travaux, qui ont valu à Ostrom un prix Nobel, explorent la gouvernance des biens communs et mettent en évidence les huit principes nécessaires pour la gestion durable des ressources partagées.
  5. « Contre la Résilience » de Thierry Ribault : Ce livre critique l’usage abusif du terme « résilience », en particulier l’exemple du Japon après Fukushima, montrant à quel point cette notion peut devenir une arme politique pour forcer la population à s’adapter sans traiter les causes profondes du problème.

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La complexité des systèmes de mobilité contemporains

Discussion entre Laurent Castened et son hôte, Vince, sur la thématique des transports et de la mobilité, notamment en lien avec les enjeux écologiques.

Dans cette interview, l’expert en transports Laurent Castaignède explore la complexité des systèmes de mobilité contemporains. Il commence par aborder la multiplicité des moyens de transport et la promesse initiale des transports rapides. Cependant, il souligne la hégémonie de la voiture, qui a évolué d’un symbole de liberté à une dépendance omniprésente. L’impact des distances sur le mode de vie et la relation entre travail et mobilité sont également discutés, tout comme le dilemme entre la technologie et la sobriété.

Castaignède critique la politique des voitures de société et analyse la course actuelle à l’électrification, tout en retraçant l’histoire des transports. Il examine ensuite le développement et les limites de la voiture électrique, en mettant en lumière les enjeux liés aux ressources et métaux critiques, ainsi que les injustices sociales engendrées par la transition énergétique.

Il souligne également les problèmes liés à l’autobésité, avec des voitures toujours plus lourdes, et les défis géopolitiques autour des ressources rares. Finalement, il questionne la viabilité de l’électricité verte et propose de repenser notre approche de la mobilité pour un avenir plus durable, tout en mettant en garde contre les choix à venir.

Résumé des principaux points abordés

  • Présentation de Laurent Castened : Expert en bilan carbone et essayiste sur les transports, Laurent a publié plusieurs ouvrages sur la question, dont un sur le mythe des transports propres. Il critique l’idée selon laquelle de nouveaux moyens de transport motorisés, comme la voiture électrique, sont des solutions écologiques.
  • L’Histoire des Transports : Laurent explique que l’histoire des transports est marquée par des promesses de gain de temps et d’argent. Cependant, il y a souvent un « effet rebond », où les gains sont annulés par des comportements d’étalement urbain. L’usage accru des voitures, par exemple, entraîne des trajets plus longs, ce qui ne permet pas réellement de gagner du temps.
  • Multiplicité des Moyens de Transport : La discussion aborde la diversité des moyens de transport actuels et leur impact potentiel. Les nouveaux modes, comme la voiture électrique, trottinettes et autres, sont présentés comme des solutions, mais peuvent avoir des conséquences environnementales non négligeables si l’on ne régule pas leur utilisation.
  • Impact de la voiture électrique : Laurent critique la course à l’électrification des véhicules, mettant en lumière le problème des ressources rares, notamment les métaux critiques comme le lithium ou le cobalt. Il souligne que même si la voiture électrique est présentée comme une solution, elle pose des questions écologiques importantes, surtout si l’on poursuit la tendance à produire des véhicules de plus en plus lourds.
  • Limites de l’électricité verte : L’électricité nécessaire pour recharger les voitures électriques pourrait provenir de sources non renouvelables, ce qui annulerait les bénéfices écologiques. Laurent mentionne aussi les infrastructures supplémentaires à construire (barrages, éoliennes) et leurs impacts sur l’environnement.
  • Injustice sociale et transition écologique : Le concept de « propriété foncière mobile » est évoqué, où le nombre de voitures serait limité et régulé. Toutefois, Laurent met en garde contre le risque d’injustice sociale, car les ménages plus modestes pourraient être désavantagés dans un tel système.
  • Recommandations et solutions : Laurent insiste sur la nécessité de réduire les distances des trajets quotidiens et de privilégier des moyens de transport plus conviviaux. Il préconise une approche sobre et réfléchie face aux défis écologiques, en évitant de compter uniquement sur la technologie pour résoudre les problèmes.

La discussion appelle à repenser nos habitudes de déplacement et à ne pas tomber dans un fatalisme technologique où l’on attend que la technologie résolve les problèmes sans remettre en question nos comportements.

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GIEC et remise en question du consensus scientifique

Critiques du GIEC et remise en question du consensus scientifique : une analyse des enjeux et des manipulations

Dans le débat sur le changement climatique, certaines voix isolées, comme celle du professeur Eric Verrecchia, remettent en question le consensus scientifique en affirmant que le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) serait davantage une organisation politique que scientifique. Ces critiques soulèvent des doutes sur le rôle du GIEC et sur la validité des conclusions largement acceptées par la communauté scientifique mondiale. Cet article propose d’analyser ces accusations, de comprendre les véritables enjeux derrière ces critiques, et de montrer pourquoi elles ne tiennent pas face aux faits et à la rigueur du processus scientifique.

L’interview concernée

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Vols de loisir – Un luxe insoutenable dans un monde en crise

L’aviation se porte mieux que le climat

Réunie pendant trois jours à Dubaï (Émirats arabes unis), l’Association internationale du transport aérien (Iata), qui regroupe 320 transporteurs et représente 83 % du trafic aérien mondial, a prévu le 3 juin une fréquentation exceptionnelle pour 2024 : 4,96 milliards de voyageurs sont attendus cette année. Soit plus que le précédent record de 2019, établi à 4,54 milliards de voyageurs.

Cette croissance se reflète également dans les résultats économiques du secteur. En 2024, les compagnies aériennes devraient engranger 996 milliards de dollars de revenus et 30,5 milliards de dollars de bénéfices. Ces profits ont atteint 27,4 milliards de dollars en 2023, bien plus que les 23,3 milliards prévus en décembre dernier.

Success story de mauvais augure pour le climat

La décarbonation du secteur sera « compliquée », selon Willie Walsh, directeur général de l’Iata. Fin 2023, l’Organisation de l’aviation civile internationale (Oaci) s’était engagée à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 5 % d’ici 2030 et à atteindre zéro émission nette d’ici 2050, notamment grâce à l’utilisation de carburants d’aviation durables (SAF), pourtant très controversés (SAF va tripler en 2024, mais avec un total de 1,5 million de tonnes, cela ne couvrira même pas 1 % de la demande mondiale). Walsh lui-même a prévenu que l’objectif de 5 % de SAF d’ici 2030 est « extrêmement ambitieux » et difficilement réalisable.

Actuellement, le secteur aérien représente environ 3 % des émissions mondiales de CO2, et 5,1 % du réchauffement climatique anthropique entre 2000 et 2018.

Swiss, par exemple, a enregistré un chiffre d’affaires record de 5,3 milliards de francs pour 2023, marquant ainsi un net rebond après la pandémie.

A noter que les émissions de CO2 des vols internationaux au départ de la Suisse représentent : Environ 10 % des émissions totales de CO2 recensées dans l’inventaire des gaz à effet de serre de la Suisse. Environ 18 % des émissions de CO2 liées à la consommation de carburants et combustibles vendus en Suisse.
Source : Confédération Suisse, dossier 072.21-00007/00001 CO2-Emissionen_des_Luftverkehrs_FR.pdf (page3).

Le phénomène d’« avihonte » a perdu de son élan

Le phénomène d’« avihonte » (ou « flygskam » en suédois), qui incitait les gens à réduire leurs vols par souci climatique, semble avoir perdu de son élan. Bien que le nombre de passagers reste inférieur aux niveaux pré-pandémiques, il se rapproche dangereusement des chiffres de 2019.

Cyrill Hermann, de la « Grève mondiale du climat », et le comportementaliste Christian Fichter n’en sont pas surpris. « L’homme peut changer, mais dans certaines limites », explique Fichter. « Un changement durable est difficile à mettre en œuvre. » Selon eux, l’impact du mouvement climatique sur la réduction des voyages en avion n’a pas été aussi important qu’espéré, car la majorité des individus priorise toujours le confort personnel sur la restriction volontaire pour des raisons écologiques.

Hermann critique également l’idée de l’avihonte. Selon lui, la responsabilité des émissions de CO2 incombe surtout aux compagnies aériennes et aux gouvernements, et non aux individus. Il prône des mesures structurelles, comme la réduction des vols courts d’ici 2030, tout en admettant que l’élan du mouvement climatique de 2019 s’est atténué. Il souligne que tant que 100 entreprises industrielles sont responsables de plus de 70 % des émissions mondiales, beaucoup d’individus ne voient plus la responsabilité uniquement en eux-mêmes.

Fichter confirme ce constat : bien que les gens soient conscients des enjeux climatiques, le dilemme entre voyager pour le plaisir et protéger l’environnement reste fort. « En fin de compte, c’est le confort et le porte-monnaie qui décident », dit-il. Pour Fichter, au-delà de la culpabilisation, il faut avant tout éduquer et convaincre pour provoquer un changement comportemental.

Et pourtant, nos responsabilités sont bien réelles !

Cette approche passe sous silence une réalité fondamentale : la demande crée l’offre. Même si les industriels s’arrangent pour stimuler cette demande par des offres attractives et une publicité constante, les consommateurs jouent un rôle central.

Il est facile de mettre la faute uniquement sur les compagnies aériennes ou les gouvernements pour générer plus de CO2, mais cela revient à se déculpabiliser.

La réalité est que l’industrie répond à une demande croissante alimentée par le confort et le désir de voyager toujours plus. Les compagnies aériennes, en offrant des vols à bas prix et en facilitant le tourisme de masse, contribuent sans doute à cette croissance insoutenable, mais cette demande existe parce que les consommateurs sont prêts à prendre l’avion, souvent pour des raisons de loisirs.

Ignorer ce fait revient à détourner la responsabilité individuelle et à minimiser l’impact que nos choix quotidiens ont sur la planète. Tant que nous continuerons à soutenir cette industrie par notre comportement, les compagnies répondront en proposant toujours plus d’opportunités de voyage, même au détriment du climat.

La réalité est sombre

Chaque vol inutile a un impact, particulièrement sur les populations défavorisées qui subissent déjà les conséquences des catastrophes climatiques. Ces communautés, qui n’émettent que peu de CO2, continuent à payer le prix fort pour les comportements irresponsables des pays riches, en particulier ceux de l’Occident.

Comment peut-on ainsi se moquer des effets dévastateurs de nos choix, tout en fermant les yeux sur la souffrance de celles et ceux qui n’ont rien fait pour mériter cela ?

La vérité, que personne ne veut admettre, est que nous mettons en danger des familles à des milliers de kilomètres de nos zones encore épargnées. Nous devons même reconnaître que des personnes perdent la vie à cause des conséquences directes de nos loisirs. Et ce n’est qu’une question de temps avant que ces mêmes impacts ne frappent directement nos sociétés occidentales, nous rappelant que personne n’est à l’abri des répercussions de nos choix individualistes.

Une réflexion urgente s’impose sur l’impact de nos actions et sur la responsabilité que nous portons envers les populations les plus vulnérables.

Il est temps de rétablir le flygskam…

Il est bien honteux de voyager pour son propre plaisir. On ne peut pas donner d’une main à la chaîne du bonheur et de l’autre main créer des souffrances pour les plus défavorisé·e·s. Il faut regarder les choses en face et reconnaître les conséquences de nos actes.

Nos propres enfants et petits-enfants ne comprendront pas nos compromis irresponsables. Nous créons une dette irremboursable, des dégâts irréparables. Comment expliquerons-nous tout ceci ?

Rétablissons, ensemble, l’avihonte. Nous en sommes capables. Nous l’avons fait dans le passé pour ce qui concerne les manteaux de fourrures. D’autres exemples historiques existent : la honte de la discrimination raciale (dans les années 1950 et 1960), et plus anciennement, la honte de l’exploitation des enfants dans le travail (19e siècle), la honte du duel (19e siècle), et la honte de l’esclavage (fin du 18e siècle).

Il est temps de prendre nos responsabilités et d’agir avant que nos choix d’aujourd’hui ne deviennent les regrets irréparables de demain.

Sources

Calcul des émissions de CO2

Le calcul des émissions de CO2 pour un vol identique peut varier en fonction des outils utilisés – qu’il s’agisse de plateformes comme Greentripper, MyClimate, ou encore ClimatMundi. Mais au fond, peu importe la variation des chiffres : il s’agit d’une pollution massive et, dans la majorité des cas, totalement évitable.

Il est temps de remettre en question ce type de comportement de loisir qui n’a plus sa place dans un monde où chaque tonne de CO2 compte.