lundi , 14 juillet 2025

Ferme de Bassenges : ce que cache vraiment le projet Bernoulli

Alors que l’EPFL prévoit de raser une ferme agroécologique modèle pour étendre un centre de mathématiques, une lettre ouverte collective remet les pendules à l’heure. Que dit-elle vraiment ? Pourquoi cette affaire dépasse largement un simple conflit d’affectation ?

Depuis janvier 2025, un vent de révolte souffle sur le campus de l’EPFL.

La direction a décidé de mettre fin à l’expérience de la Ferme de Bassenges, menée depuis 2020 par le collectif de la Ferme de Bassenges, pour y implanter le futur Centre Bernoulli. Résultat : un modèle vivant d’agriculture durable, ancré dans la recherche, la formation et le tissu local, est rayé de la carte.

Pourquoi ? Pour des bureaux. Des maths. Du béton. Une logique de développement déconnectée du vivant et des enjeux du XXIᵉ siècle.

Mais derrière l’annonce brutale, la mobilisation grandit. Et la lettre ouverte récemment publiée par un large collectif de citoyen·nes, scientifiques, architectes, élu·es, paysan·nes et étudiant·es vient poser une question de fond :

Peut-on encore sacrifier une ferme vivante, utile et exemplaire, sans rendre de comptes à personne ?

Une ferme pionnière, un modèle d’avenir

La Ferme de Bassenges, ce n’est pas une « exploitation comme une autre ».
C’est un laboratoire de transition agroécologique, sur 10 hectares, avec traction animale, autonomie fourragère, 300 personnes nourries localement, 5 emplois à plein temps, 3 apprenti·es formé·es, 20 collaborations universitaires.
On y croise brebis, maraîchage, low-tech et architecture biosourcée.
Bref : un prototype vivant de ce que devrait être l’agriculture dans un monde en crise climatique et alimentaire.

L’EPFL veut garder des champs. Mais sans paysan·nes.

La direction affirme que « les terrains resteront agricoles ». Mais elle oublie de préciser que :

  • les bâtiments seront désaffectés, donc le projet Cambium est impossible à maintenir ;

  • les prestations agricoles seront sous-traitées, sans vision intégrée, ni présence humaine, ni ancrage pédagogique.

Ce qu’on détruit ici, ce n’est pas une ferme, c’est une chaîne vertueuse : science + sol + société + savoirs. Une chaîne tissée patiemment depuis 5 ans et aujourd’hui réduite à néant.

Un patrimoine vivant balayé par la façade

Les bâtiments de la ferme sont classés ? Parfait. On va refaire les façades, mettre du triple vitrage… et installer des salles de conférence.
Ce que le collectif de la Ferme de Bassenges avait reconstruit avec soin — matériaux locaux, rénovations participatives, usage centré sur les communs — sera réduit à une coquille vide, standardisée, désincarnée.
Le patrimoine immatériel, lui, n’intéresse pas : mémoire paysanne, ancrage local, transmission, usages collectifs. Tout cela sera effacé.

Anafi 1.6.8

Pas de débat, pas d’alternatives : la méthode EPFL

Aucun dialogue.
Aucune consultation du collectif.
Aucune exploration sérieuse des alternatives, alors que le bâtiment actuel du Centre Bernoulli est conçu pour être surélevé. Cette option aurait permis de préserver la ferme sans retarder le chantier.

Le pire ? Deux bureaux seulement ont participé au concours d’architecture. Aucune information sur le projet lauréat. Et l’EPFL refuse toujours de publier une documentation complète.

Une gouvernance opaque, déjà dénoncée dans d’autres cas. Même logique, même mépris des usager·es.

Et maintenant ?

Le GIEC le martèle : il faut des trajectoires de développement résilient, inclusif, durable. Pas des infrastructures rigides, pensées à court terme, pour des logiques de prestige ou d’expansion bureaucratique.

Préserver la Ferme de Bassenges, ce n’est pas refuser les mathématiques.
C’est exiger une vision intégrée du territoire, où la recherche, l’alimentation, le climat, l’éducation et le vivant cohabitent et se renforcent mutuellement.

Dans 30 ans, on regardera en arrière.
Et on saura si l’EPFL a fait le bon choix : transformer une ferme vivante en bloc administratif, ou assumer enfin son rôle de moteur de la transition.

Références

Préserver la Ferme de Bassenges !

Détails et références : preserverbassenges.ch
La Ferme : fermedebassenges.ch

Article connexe :

EPFL contre Bassenges : la durabilité sacrifiée ?

Ferme de Bassenges : ce que cache vraiment le projet Bernoulli

Alors que l’EPFL prévoit de raser une ferme agroécologique modèle pour étendre un centre de mathématiques, une lettre ouverte collective remet les pendules à l’heure. Que dit-elle vraiment ? Pourquoi cette affaire dépasse largement un simple conflit d’affectation ?

Depuis janvier 2025, un vent de révolte souffle sur le campus de l’EPFL.

La direction a décidé de mettre fin à l’expérience de la Ferme de Bassenges, menée depuis 2020 par le collectif de la Ferme de Bassenges, pour y implanter le futur Centre Bernoulli. Résultat : un modèle vivant d’agriculture durable, ancré dans la recherche, la formation et le tissu local, est rayé de la carte.

Pourquoi ? Pour des bureaux. Des maths. Du béton. Une logique de développement déconnectée du vivant et des enjeux du XXIᵉ siècle.

Mais derrière l’annonce brutale, la mobilisation grandit. Et la lettre ouverte récemment publiée par un large collectif de citoyen·nes, scientifiques, architectes, élu·es, paysan·nes et étudiant·es vient poser une question de fond :

Peut-on encore sacrifier une ferme vivante, utile et exemplaire, sans rendre de comptes à personne ?

Une ferme pionnière, un modèle d’avenir

La Ferme de Bassenges, ce n’est pas une « exploitation comme une autre ».
C’est un laboratoire de transition agroécologique, sur 10 hectares, avec traction animale, autonomie fourragère, 300 personnes nourries localement, 5 emplois à plein temps, 3 apprenti·es formé·es, 20 collaborations universitaires.
On y croise brebis, maraîchage, low-tech et architecture biosourcée.
Bref : un prototype vivant de ce que devrait être l’agriculture dans un monde en crise climatique et alimentaire.

L’EPFL veut garder des champs. Mais sans paysan·nes.

La direction affirme que « les terrains resteront agricoles ». Mais elle oublie de préciser que :

  • les bâtiments seront désaffectés, donc le projet Cambium est impossible à maintenir ;

  • les prestations agricoles seront sous-traitées, sans vision intégrée, ni présence humaine, ni ancrage pédagogique.

Ce qu’on détruit ici, ce n’est pas une ferme, c’est une chaîne vertueuse : science + sol + société + savoirs. Une chaîne tissée patiemment depuis 5 ans et aujourd’hui réduite à néant.

Un patrimoine vivant balayé par la façade

Les bâtiments de la ferme sont classés ? Parfait. On va refaire les façades, mettre du triple vitrage… et installer des salles de conférence.
Ce que le collectif de la Ferme de Bassenges avait reconstruit avec soin — matériaux locaux, rénovations participatives, usage centré sur les communs — sera réduit à une coquille vide, standardisée, désincarnée.
Le patrimoine immatériel, lui, n’intéresse pas : mémoire paysanne, ancrage local, transmission, usages collectifs. Tout cela sera effacé.

Anafi 1.6.8

Pas de débat, pas d’alternatives : la méthode EPFL

Aucun dialogue.
Aucune consultation du collectif.
Aucune exploration sérieuse des alternatives, alors que le bâtiment actuel du Centre Bernoulli est conçu pour être surélevé. Cette option aurait permis de préserver la ferme sans retarder le chantier.

Le pire ? Deux bureaux seulement ont participé au concours d’architecture. Aucune information sur le projet lauréat. Et l’EPFL refuse toujours de publier une documentation complète.

Une gouvernance opaque, déjà dénoncée dans d’autres cas. Même logique, même mépris des usager·es.

Et maintenant ?

Le GIEC le martèle : il faut des trajectoires de développement résilient, inclusif, durable. Pas des infrastructures rigides, pensées à court terme, pour des logiques de prestige ou d’expansion bureaucratique.

Préserver la Ferme de Bassenges, ce n’est pas refuser les mathématiques.
C’est exiger une vision intégrée du territoire, où la recherche, l’alimentation, le climat, l’éducation et le vivant cohabitent et se renforcent mutuellement.

Dans 30 ans, on regardera en arrière.
Et on saura si l’EPFL a fait le bon choix : transformer une ferme vivante en bloc administratif, ou assumer enfin son rôle de moteur de la transition.

Références

Préserver la Ferme de Bassenges !

Détails et références : preserverbassenges.ch
La Ferme : fermedebassenges.ch

Article connexe :

EPFL contre Bassenges : la durabilité sacrifiée ?

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Bassenges : une ferme pour demain, pas un chantier de plus

Alors que le monde vacille sous le poids des crises climatiques, écologiques, énergétiques et sociales, l’EPFL choisit… de sacrifier une ferme modèle au profit de bureaux supplémentaires. Absurde ? Non, symptomatique. Symptomatique d’un système qui persiste à détruire les racines mêmes de sa résilience, au nom d’un progrès désincarné, déconnecté, désastreux.

Depuis 2020, la Ferme de Bassenges, confiée à de jeunes agriculteur·ices, incarne une autre voie : une agriculture biologique, locale, low-tech, sobre, ouverte sur la communauté, nourricière de liens et de savoirs. Une ferme vivante, au sens plein du terme. Elle accueille aujourd’hui des centaines de personnes, des événements, des paniers, des projets de recherche – plus de 20 ! – sur l’agriculture du futur. Un modèle qui fait école. Et que la direction de l’EPFL s’apprête à raser.

Pourquoi ? Pour y étendre le Centre de mathématiques Bernoulli. Alors même qu’une alternative existe : surélever le bâtiment existant, comme le permettent ses plans d’origine. Mieux : un projet architectural concret a été proposé. Refusé. L’EPFL veut aller vite. Et fort. Coût estimé : 10 millions. Pendant que les taxes des étudiant·e·x·s étrangers triplent, pendant qu’on parle de durabilité à chaque page de brochure.

La ferme devait, selon le cahier des charges, « matérialiser l’exemplarité attendue d’institutions universitaires engagées dans les enjeux de durabilité ». Où est passée cette exemplarité ? Cette vision ? Cette responsabilité ?

Ce n’est pas qu’un champ. C’est un choix de société.

Dans une conférence donnée à l’UNIL, Arthur Keller (voir réf.), spécialiste de la résilience systémique, martèle : notre avenir dépend de notre capacité à bâtir des systèmes locaux, sobres, robustes, intégrés à leur territoire. Ce que la Ferme de Bassenges incarne. Et que sa destruction contredit frontalement.

Dans un autre entretien, le biologiste et penseur Olivier Hamant (voir réf.) rappelle que les systèmes vivants ne sont pas optimisés, ils sont robustes. Et cette robustesse, clef de notre avenir, passe par la diversité, la lenteur, l’enracinement local. Le vivant, ce n’est pas l’efficience à tout prix. C’est l’interdépendance. L’adaptation. Le temps long.

La Ferme de Bassenges, c’est précisément cela : une cellule vivante dans un corps universitaire qui, au lieu de l’écouter, la rejette. Alors que partout dans le monde, les universités explorent (voir réf.) des formes d’enseignement et de recherche ancrées dans le réel, dans le sol, dans la matière, l’EPFL tourne le dos à cette dynamique. Et à sa propre communauté : plus de 8’000 personnes ont signé une première pétition. Ignorée. Aujourd’hui, une nouvelle mobilisation interne est en cours.

Préserver Bassenges, c’est préparer demain

Ce combat n’est pas celui d’un champ contre un tableau Excel. C’est celui d’un avenir habitable contre un présent myope. Chaque ferme arrachée au béton est une victoire contre un effondrement. Chaque espace de savoir vivant, une bouffée d’oxygène dans un système en asphyxie.

Bassenges, c’est une démonstration de ce que pourrait être une université résiliente : une institution qui soutient la relocalisation de l’alimentation, la transition agroécologique, le lien avec les habitant·es, la formation par l’action. Qui forme non pas des ingénieur·es déconnecté·es, mais des bâtisseur·euses de monde soutenable.

Nous n’avons plus le luxe de sacrifier ce genre de lieu. Il faut les multiplier. Les défendre bec et ongles. Soutenir la ferme de Bassenges, c’est défendre le bon sens et préparer le monde d’après.

L’EPFL n’a pas pris en compte la première pétition. Il est temps de réaffirmer notre position avec cette nouvelle pétition réservée aux membres de l’EPFL et de l’UNIL: Signer la pétition

Références institutionnelles et médiatiques

  • Projet de Centre Bernoulli à Bassenges – EPFL
    Présentation officielle du projet de transformation des bâtiments de la ferme en centre scientifique, avec des précisions sur la revalorisation prévue et la résiliation du bail avec le collectif Cambium.
    Lire l’article
  • La ferme de Bassenges, agriculture low-tech sur un campus high-tech – EPFL
    Article détaillant les pratiques agroécologiques mises en place par le collectif depuis 2020, soulignant l’intégration de l’agriculture durable au sein du campus.
    Lire l’article
  • La ferme de Bassenges sur le campus de l’EPFL sera réaffectée en centre scientifique – RTS
    Reportage de la RTS sur la décision de l’EPFL de transformer la ferme en centre scientifique, incluant les réactions du collectif et de la communauté.
    Lire l’article

Conférences et analyses d’experts

  • Arthur Keller à l’UNIL : « Anticiper les effondrements systémiques »
    Conférence où Arthur Keller explore les stratégies de résilience face aux crises systémiques, soulignant l’importance des initiatives locales comme la Ferme de Bassenges.
    Regarder la conférence
  • Olivier Hamant sur Thinkerview : « Survie dans le chaos : la robustesse à l’épreuve »
    Entretien avec Olivier Hamant sur la nécessité de systèmes robustes et diversifiés pour faire face aux incertitudes futures, en lien avec les pratiques de la ferme.
    Regarder l’entretien

Ressources complémentaires

  • Design agroécologique de la Ferme de Bassenges – Bioactualités
    Document détaillant les principes de conception de la ferme, axés sur la résilience, l’autonomie et l’intelligence collective.
    Lire le document
  • Soutien d’Uniterre à la Ferme de Bassenges
    Communiqué de l’organisation paysanne Uniterre exprimant son inquiétude face à la réaffectation de la ferme et appelant à son maintien.
    Lire le communiqué

Universités pionnières en agroécologie et apprentissage par la pratique

  • University of California, Santa Cruz – Center for Agroecology
    Ce centre gère une ferme de 30 acres et un jardin de 3 acres, servant de laboratoire vivant pour l’enseignement, la recherche et le service public en agroécologie. Il propose des programmes de formation en jardinage biologique et en agriculture à petite échelle.
    agroecology.ucsc.edu
  • University of Vermont – Center for Sustainable Agriculture
    Ce centre promeut des systèmes alimentaires et agricoles résilients, économiquement et écologiquement durables, accessibles à tous, en soutenant la recherche, l’éducation et l’assistance technique.
    uvm.edu/extension/sustainableagriculture
  • Grand Valley State University – Sustainable Agriculture Project
    Un espace physique et une station scientifique où les étudiants peuvent mener des recherches sur les plantes, l’environnement et les interactions humaines-environnementales, tout en acquérant des compétences pratiques en agriculture durable.
    gvsu.edu/sustainableagproject
  • University of Michigan – Campus Farm
    Une ferme dirigée par des étudiants, servant de laboratoire vivant pour les systèmes alimentaires durables, favorisant le développement du leadership étudiant et des opportunités d’apprentissage à fort impact.
    mbgna.umich.edu/campus-farm

Initiatives pédagogiques et de recherche

  • Campus de la Transition (France)
    Situé à Forges, ce campus est un éco-lieu expérimental offrant des formations axées sur la transition écologique, l’économie, l’écologie et l’humanisme, en partenariat avec des institutions d’enseignement supérieur.
    campus-transition.org

Universités européennes intégrant des programmes agroécologiques

  • ISARA Lyon (France)
    Programme de Master en agroécologie avec apprentissage pratique sur fermes expérimentales, en partenariat avec Wageningen University.
    agroecology.fr
  • Gembloux Agro-Bio Tech – Université de Liège (Belgique)
    Faculté spécialisée en bioingénierie agricole, forestière et agroécologie, intégrée dans le tissu territorial wallon.
    gembloux.uliege.be
  • Projet AGROMIX – Horizon 2020 (Europe)
    Réseau de fermes expérimentales promouvant les systèmes agroforestiers mixtes pour une agriculture résiliente.
    agromixproject.eu
  • Campus de la Transition – Forges (France)
    Écolieu universitaire proposant des formations ancrées dans la sobriété, l’agroécologie et les pratiques résilientes.
    campus-transition.org
Alexandra - stock.adobe.com

Les idées reçues sur la capsule compatible ?

Vers une consommation responsable ?

Face à l’ampleur de la crise climatique, une démarche cohérente est de réduire sa consommation de café, et repenser profondément ma manière de le consommer.

Il est essentiel de se rappeler que les peuples autochtones dans les régions productrices — avant l’essor du commerce colonial et l’introduction massive de la culture du café par les Européens — vivaient très bien sans dépendance au café comme marchandise d’exportation. Ils cultivaient pour leur subsistance et entretenaient des écosystèmes riches et résilients.

Ma démarche personnelle est claire : diminuer ma consommation et privilégier des méthodes durables. Par exemple, j’utilise une cafetière Bialetti, héritée de ma chère grand-mère, robuste, sans déchets superflus, conçue pour durer des décennies.

Mais, soyons honnêtes ! Si je voulais vraiment être cohérent, je devrais arrêter le café et le thé, deux produits exotiques, issus de cultures intensives, et me contenter de tisanes de plantes locales européennes.

Je fais donc ici mon mea culpa : je prône la sobriété, mais je continue à m’accrocher à mon petit plaisir caféiné, comme un ours polaire à son dernier bout de banquise…

Et que dire de Trottet ?

Malgré l’article qui suit, je continue à consommer du café Trottet, car leurs efforts réels en matière d’approvisionnement et de réduction de leur empreinte locale sont à saluer.

Si j’ai pris Trottet comme exemple, c’est par respect pour leur démarche initiale et parce que je crois sincèrement qu’ils peuvent devenir un modèle d’entreprise engagée. Il va de soi que de nombreuses autres marques, beaucoup moins responsables, mériteraient des critiques bien plus sévères.
En mettant Trottet face à ses responsabilités, ça leur donne l’opportunité d’agir en conséquence, de se démarquer, et de contribuer à la transition écologique indispensable que notre époque exige.

J’encourage donc vivement Trottet à aller plus loin : corriger leur communication sur les capsules, retirer du catalogue les capsules et les machines à capsules, et assumer un choix courageux.

En créant une page expliquant ce choix radical — refuser les capsules pour des raisons écologiques et éthiques —, Trottet montrerait l’exemple.
Ils prendraient un risque commercial à court terme, mais gagneraient durablement la fidélité d’un public sensible, responsable et conscient de l’urgence climatique.

Sources Trottet

(1) : cafes.trottet.ch/rechauffement-climatique-et-le-cafe/

(extrait au 28.04.2025)

Les idées reçues sur la capsules compatible

Les idées reçues sur les capsules Nespresso®* compatibles et le climat peuvent être mal interprétées. Avec le phénomène scientifique de l’Arabica qui se verrait disparaître d’ici la fin du siècle si aucune démarche climatique n’est entreprise, le café en portion (capsule) devient une source fiable et durable dans la culture du café. Le café en capsule a un impact moins important sur l’environnement qu’un café en grains sur machine à café automatique. De plus, le café portionné est calibré pour préparer une tasse, afin d’éviter tout gaspillage de ressource. Un café en capsules compatible nécessite 5.5 g de café, tandis qu’avec une machine à grain, nous sommes à plus de 7 g. A chaque préparation, une économie de 1.5g de café.

Économiser la ressource

Avec plus de 8 millions d’habitants, ce n’est pas moins de 1’000 tasses qui sont bues par les Suisses par année, soit 3 cafés par jour. En partant du principe que la capsule de café est consommée, on parlera d’une économie de 1’000 x 1.5g de café = 1.5kg de café économisé par personne et par année. Cela représenterait une économie de ressource de quelques millions de kilos de café par année.

(2) : www.trottet.ch/fr/9-capsules-lavazza-espresso-point-compatibles

(Description du produit au 28.04.2025)

Capsules Lavazza Espresso Point® compatibles fabriquées à Genève

Nos capsules compatibles avec le système Lavazza Espresso Point®* sont composées de nos recettes authentiques élaborées par Théophile il y a 70 ans. Du café doux comme le Mocca au café corsé comme l’eccellenza Espresso ou l’Italien, 9 recettes authentiques aux saveurs variées sont très aromatiques et 100% naturelles. 100% de nos cafés sont torréfiés, conditionnés et emballés par nos soins sans intermédiaire ou sous-traitance à notre atelier de Genève. Nous contrôlons et effectuons toute la chaîne de production du café de son état vert à son état final torréfié. Nous assurons la qualité, traçabilité et transparence de chacune de nos gammes de café.

Le réchauffement climatique et le café : entre engagement sincère et greenwashing évident

L’impact climatique réel sur le café

Le réchauffement climatique est un défi existentiel pour la culture du café.
À travers le monde, l’augmentation des températures, la sécheresse, les maladies et la dégradation des sols menacent directement l’Arabica, variété la plus appréciée mais aussi la plus vulnérable. Face à cette réalité, des entreprises comme Trottet Cafés tentent d’adapter leur activité.
Si certaines démarches sont louables, d’autres communications relèvent clairement du greenwashing et de la désinformation écologique.

Le lien entre le climat et la culture du café est aujourd’hui indiscutable.
D’ici 2050, les zones adaptées à la culture de l’Arabica pourraient diminuer de moitié si rien n’est fait pour freiner le réchauffement (Bunn et al., 2015 ; IPCC, 2019). Le Robusta, plus résistant, ne pourra compenser ces pertes sans impacts sur la qualité gustative et la diversité des terroirs.

La recherche scientifique s’engage à développer de nouvelles variétés résistantes (World Coffee Research), mais cela ne pourra réussir sans une refonte de nos pratiques agricoles et sans une action climatique globale rapide et ambitieuse.

Ce que l’engagement de Trottet fait bien

Il est juste de reconnaître que Trottet déploie plusieurs efforts pertinents :

  • Approvisionnement en direct auprès des producteurs ou coopératives pour éviter les intermédiaires, ce qui peut bénéficier aux communautés locales.
  • Transport optimisé : achat par container complet pour réduire les trajets et donc l’empreinte carbone du transport.
  • Soutien à des projets sociaux dans les pays producteurs, comme un financement pour des besoins scolaires au Costa Rica.
  • Optimisation énergétique en Suisse : réduction des emballages de 50 %, amélioration de l’efficience énergétique de la torréfaction (-20 %) et réduction supplémentaire (-15 %) grâce au changement du catalyseur.

Ces actions locales montrent un engagement réel pour limiter une partie de leur impact environnemental et social. Elles doivent être saluées.

Là où Trottet tombe dans le greenwashing manifeste

Les capsules ne sont pas « une solution durable »

Affirmer que les capsules seraient plus écologiques que le café en grains est factuellement faux.

Plusieurs études de cycle de vie, notamment Humbert et al. (2009), démontrent que :

  • La production des capsules (aluminium, plastique, énergie grise) a un impact carbone majeur, bien supérieur à la légère économie de quelques grammes de café par tasse.
  • Le recyclage des capsules est marginal : même dans les meilleurs systèmes, seule une fraction des capsules collectées est effectivement recyclée. Le reste termine en incinération ou en décharge.
  • Les machines à capsules sont moins durables : elles ont une durée de vie plus courte que les cafetières manuelles ou automatiques, avec un besoin plus fréquent de remplacement.

Une logique de surconsommation emballée

La capsule véhicule une logique de surconsommation : plus d’emballages, plus de production de machines, plus de ressources mobilisées pour un plaisir instantané hyper calibré.

Ce modèle est à l’opposé de ce que demande l’urgence écologique : réduire notre consommation de ressources, prolonger la durée de vie des objets, simplifier nos modes de vie.

L’économie de 1.5 g de café : un argument fallacieux

La prétendue économie de 1.5 g de café par tasse est ridiculement insignifiante par rapport à l’impact global de la production et de l’emballage d’une capsule. C’est un exemple typique de greenwashing de détail, qui détourne l’attention du vrai problème pour rassurer artificiellement les consommateurs. Comparer 1.5 g de café économisé à des kilos de déchets d’emballages plastiques et aluminium générés est scientifiquement malhonnête.

Fabriqué localement… mais sans résoudre le problème de fond

Trottet met également en avant que ses capsules compatibles Lavazza Espresso Point® sont fabriquées localement à Genève, avec une maîtrise artisanale complète — de la torréfaction à l’emballage.
Cette approche locale a des avantages : elle réduit certaines émissions liées aux transports, assure une traçabilité du produit, et soutient l’économie régionale.

Cependant, fabriquer localement un produit structurellement problématique n’en annule pas l’impact environnemental majeur.

La capsule jetable reste un non-sens écologique, qu’elle soit fabriquée à Genève ou ailleurs :

  • La consommation de ressources pour fabriquer, utiliser et éliminer les capsules demeure extrêmement élevée par rapport à un café en grains ou un café préparé manuellement.
  • La production locale ne compense ni l’énergie grise des matériaux, ni l’effet d’emballage à usage unique, intrinsèquement incompatible avec une démarche de sobriété écologique.
  • La multiplication des formats de capsules (Nespresso®, Lavazza®, etc.) accroît la complexité du recyclage, fragmente les infrastructures de collecte, et favorise toujours plus l’obsolescence des machines.

Ce n’est pas le lieu de production qui doit être interrogé, mais bien le modèle de consommation qu’il entretient. Produire mieux est important. Mais produire moins, et surtout consommer autrement, est aujourd’hui vital.

Ce décalage entre un savoir-faire authentique et une stratégie de produit déconnectée de l’urgence écologique souligne pourquoi il est temps pour Trottet — et pour d’autres acteurs — d’opérer un véritable changement de cap, à la hauteur des enjeux climatiques et sociaux contemporains.

Que faut-il vraiment faire ?

  • Privilégier le café en grains, issu d’une filière durable et équitable, en utilisant des méthodes d’extraction simples (cafetière italienne, piston, filtre manuel).
  • Soutenir l’agroécologie du café, avec des cultures en agroforêts, respectueuses de la biodiversité.
  • Exiger une réduction systémique des émissions à toutes les étapes de la filière café, du champ jusqu’à la tasse.
  • Refuser le greenwashing qui transforme des gestes de consommation superflus en prétendues « solutions » écologiques.

Le réchauffement climatique est une menace sérieuse pour le café et pour les communautés qui le produisent. Nous n’avons pas besoin de capsules pour sauver le café. Nous avons besoin de moins d’extraction industrielle, plus de résilience agricole, plus de justice climatique — et de moins de poudre aux yeux marketing.

Références principales

  • Bunn, C., Läderach, P., Rivera, O. O., & Kirschke, D. (2015). A bitter cup: climate change profile of global production of Arabica and Robusta coffee. Climatic Change.
  • Davis, A. P., Gole, T. W., Baena, S., & Moat, J. (2012). The impact of climate change on indigenous Arabica coffee (Coffea arabica): Predicting future trends and identifying priorities. PLOS ONE.
  • IPCC (2019). Special Report on Climate Change and Land.
  • Humbert, S., Loerincik, Y., Jolliet, O., & Margni, M. (2009). Life cycle assessment of two coffee alternatives: drip filter and capsule coffee machine. Environmental Impact Assessment Review.

Suisse propre, mais sale…

Merci à la RTS de remettre (enfin) les pendules à l’heure

Cela fait des années que de nombreuses voix – dont celles d’etatdurgence (.ch) – rappellent une réalité trop souvent oubliée : les deux tiers de l’empreinte carbone de la Suisse sont externalisés à l’étranger. Pourtant, dans les médias romands, les articles et reportages continuent encore trop souvent de se focaliser uniquement sur le tiers national des émissions de gaz à effet de serre, en ignorant les émissions importées.

À de nombreuses reprises, etatdurgence.ch a interpellé et tagué la RTS et d’autres rédactions romandes pour les encourager à prendre en compte cette dimension cruciale dans leur couverture du climat. Il est donc salutaire de voir enfin un décryptage rigoureux, signé SRF et relayé par la RTS, qui met en lumière la face cachée du bilan climatique suisse.

Le moment est venu de faire évoluer le discours dominant, car on ne peut pas prétendre agir pour le climat si l’on externalise notre pollution tout en célébrant une soi-disant « exemplarité ».

L’article concerné : Ces émissions de CO₂ qui plombent le bilan carbone « officiel » de la Suisse

Des chiffres officiels flatteurs, mais partiels

Selon le Conseil fédéral, les émissions de gaz à effet de serre (GES) en Suisse ont baissé de 24 % depuis 1990. Les émissions par habitant·e seraient désormais inférieures à la moyenne mondiale.

Mais cette vision ne prend en compte que les émissions produites sur le territoire national – en d’autres termes, la moitié seulement de l’empreinte réelle du pays.

Les émissions importées : l’autre moitié du problème

Ces émissions proviennent de la production et du transport de biens consommés en Suisse, mais fabriqués ailleurs, souvent dans des conditions climatiques et sociales moins favorables.

En 2021, les émissions importées représentaient 3,8 fois les émissions nationales suisses. Cela place la Suisse parmi les pays dont l’empreinte carbone par personne est la plus élevée au monde.

Exemple des valeurs en 2022

  • Émissions nationales par habitant : 3,69 tonnes CO₂

  • Émissions totales incluant les importations : 13,87 tonnes CO₂

Calcul du facteur multiplicateur 13,87÷3,69≈3,76

Donc, les émissions réelles par habitant (avec externalisation) sont environ 3,76 fois plus élevées que celles mesurées sur le territoire national uniquement.

  • Émissions nationales : (3,69/13,87)×10026,6%

  • Émissions importées (13,87 – 3,69 = 10,18 t) : (10,18/13,87)×10073,4%

Autrement dit, près de 3/4 des émissions liées à notre mode de vie sont externalisées dans d’autres pays.

Des exemples concrets

Un simple achat d’écouteurs « Made in China » implique une chaîne d’émissions invisibles pour les consommatrices et consommateurs suisses : production, électricité au charbon, transport maritime ou aérien.

Rien que le transport international (bateaux, avions, camions) génère 17,57 millions de tonnes de CO₂e par an, dont les deux tiers ne sont pas comptabilisés dans le bilan suisse.

Pourquoi ces émissions sont ignorées ?

Le cadre juridique international (notamment la Convention-cadre de l’ONU et l’Accord de Paris) impose un calcul territorial : seules les émissions produites sur le territoire national sont prises en compte.

Résultat : la Suisse apparaît vertueuse sur le papier… en déléguant sa pollution à d’autres pays, notamment la Chine et l’Allemagne.

Les chaînes d’approvisionnement, angle mort des politiques climatiques

En Allemagne, la part élevée d’électricité au charbon alourdit le bilan carbone des importations suisses.

En Chine, plus de 8 millions de tonnes de CO₂e par an sont liées à la consommation suisse, dont un tiers est dû à l’électricité au charbon utilisée dans la production de composants et marchandises.

Un cinquième des émissions importées provient uniquement de l’électricité fossile utilisée à l’étranger pour produire les biens que nous consommons ici.

Le risque de « fuite de carbone »

En voulant réduire ses émissions sur le plan national, la Suisse peut simplement déplacer sa pollution ailleurs, vers des pays à la législation plus souple ou à l’énergie plus carbonée.

Ce phénomène aggrave le problème global, en incitant à des chaînes de production plus longues, moins transparentes et plus polluantes.

L’avis scientifique : changer d’approche

« Si la Suisse veut vraiment contribuer aux objectifs climatiques mondiaux, elle doit agir sur ses chaînes d’approvisionnement. »
Stephan Pfister, EPFZ

Les scientifiques s’expriment.

Conclusion : un devoir de cohérence

La Suisse ne peut plus se contenter d’un bilan territorial flatteur. Elle doit :

  • Mesurer et réduire son empreinte carbone de consommation, en y incluant les émissions importées.

  • Rendre plus durables ses importations, via des critères environnementaux et sociaux clairs.

  • Assumer sa responsabilité historique et financière, en tant que pays riche, connecté et influent.

Autres articles

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Réalisme du projet de panneaux solaires spatiaux pour 2040

Faut-il vraiment aller chercher l’énergie solaire dans l’espace ?

Alors que plusieurs pays et entreprises développent des projets de centrales solaires orbitales, la promesse d’une énergie propre venue de l’espace divise scientifiques et écologistes. Innovation technologique ou non-sens environnemental ?

L’énergie venue de l’espace : une vieille idée qui devient réalité

Capter l’énergie du Soleil directement depuis l’espace, pour la transmettre sur Terre par micro-ondes ou lasers : longtemps cantonnée à la science-fiction, cette idée franchit aujourd’hui une nouvelle étape. En 2023, des chercheurs du California Institute of Technology (Caltech) ont réalisé une première mondiale en réussissant à transférer de l’énergie solaire depuis une station orbitale vers la Terre. Leur prototype, équipé de panneaux photovoltaïques et d’émetteurs à micro-ondes, a validé la faisabilité du concept.

L’intérêt est clair : hors atmosphère, la lumière du Soleil est jusqu’à 11 fois plus intense qu’au sol, sans interruption due à la nuit, aux nuages ou aux saisons. En théorie, ces stations solaires spatiales pourraient produire 8 fois plus d’énergie qu’un système terrestre équivalent.

Une entreprise suisse dans la course

En Suisse, la société Astrostrom, fondée par Arthur Woods, défend le développement de telles infrastructures. Son projet, présenté lors de la Biennale solaire à Lausanne, ambitionne de lancer des satellites dotés de panneaux solaires lunaires. Selon Woods, deux à trois satellites suffiraient à compenser la fermeture des centrales nucléaires suisses.

Le modèle repose sur le concept de Space-Based Solar Power (SBSP), en développement depuis les années 1960. L’ESA, le Royaume-Uni, la Chine, ou encore le Japon prévoient des démonstrateurs d’ici 2030–2035. L’Europe a lancé son programme SOLARIS pour étudier une mise en service potentielle à l’horizon 2040.

Une promesse technologique… à quel prix ?

Sur le plan technique, de nombreux défis subsistent : miniaturisation, assemblage en orbite, transmission sans danger de gigawatts d’énergie, résistance des matériaux en environnement spatial, etc. Mais l’autre frein majeur est économique. Lancer des structures aussi grandes reste extrêmement coûteux et énergivore, même si les lancements spatiaux deviennent plus abordables.

Et c’est là que la critique environnementale prend tout son sens.

« Un non-sens environnemental »

Pour plusieurs scientifiques, notamment Volker Gass, vice-président de l’innovation à l’EPFL, cette approche est absurde sur le plan écologique. Elle consiste à importer de l’énergie depuis l’extérieur du système terrestre, avec un risque d’aggraver le déséquilibre climatique. « Ce n’est pas en apportant encore plus d’énergie sur Terre que nous allons résoudre la crise climatique. Les solutions sont déjà là, sur Terre. Il suffit de les développer. »

De plus, la quantité de CO₂ émise pour produire et lancer ces satellites est massive. Et la transmission d’énergie via micro-ondes à haute intensité interroge sur les effets potentiels sur la santé, les écosystèmes, voire la météo locale, selon plusieurs études encore en cours.

Des alternatives bien terrestres

Les détracteurs des projets spatiaux rappellent que la Terre reçoit déjà bien plus d’énergie solaire qu’il n’en faut : en captant tous les rayons solaires reçus pendant trois jours, on pourrait couvrir la consommation énergétique annuelle de toute l’humanité. Le vrai défi n’est donc pas l’abondance de l’énergie solaire, mais la volonté politique et les investissements pour développer massivement le photovoltaïque au sol, le stockage, l’efficacité énergétique et la sobriété.

Une course technologique, mais à quel sens ?

Si les projets de centrales solaires spatiales sont techniquement fascinants et géopolitiquement stratégiques, ils posent une question fondamentale : faut-il vraiment chercher l’énergie toujours plus loin, au prix de ressources, de risques et d’impacts potentiellement démesurés ?

La transition énergétique repose aussi — et surtout — sur notre capacité à réduire la demande, à mieux répartir l’existant, et à changer nos modèles de consommation. Dans cette perspective, la conquête énergétique de l’orbite terrestre semble, pour beaucoup, relever davantage de l’obsession technologique que du bon sens écologique.

Références

Études et rapports scientifiques sur le solaire spatial

Articles

Lausanne face au climat

Synthèse du processus participatif sur l’adaptation climatique – février 2025

Les citoyen·ne·s placent l’urgence sur la réglementation, l’eau et la protection des personnes.

En février 2025, la Ville de Lausanne a organisé deux ateliers participatifs dans le cadre de son Plan climat, réunissant 109 personnes – 46 représentant·e·s d’associations et 63 habitant·e·s.

Objectif : hiérarchiser les mesures d’adaptation aux changements climatiques selon leur degré d’urgence. Cette démarche fait suite à la stratégie climatique adoptée en 2020 et vise à associer la population à la construction du plan d’adaptation.

Méthodologie des ateliers

Chaque atelier a suivi une structure interactive : présentation, discussions en groupes, vote avec gommettes.

Les mesures d’adaptation ont été regroupées autour de trois grands enjeux :

    1. Faire face aux fortes chaleurs
    2. Protéger la biodiversité
    3. Mieux gérer l’eau.

Le vote a permis d’attribuer un score d’urgence (de 0 à 2) à chaque thème, en combinant les résultats pondérés des deux ateliers.

Résultats quantitatifs : top 4 des priorités

  1. Intégration du climat dans les règlements de construction et marchés publicsscore : 1.5/2
    Exemples : obligations d’albédo minimal, d’indice de végétalisation, limitation des éléments sensibles à la chaleur.
  2. Gestion des eaux de ruissellementscore : 1.4/2
    Exemples : villes-éponges, plan de renaturation, intégration dans les règlements.
  3. Protection des personnes et des infrastructures face aux aléas climatiquesscore : 1.1/2
  4. Sensibilisation et montée en compétencesscore : 1.1/2
    Les associations ont accordé une importance plus forte aux actions de sensibilisation et de formation, qui passaient devant les mesures de protection des personnes et des infrastructures.

Résultats qualitatifs : signaux forts du terrain

Préoccupations et attentes transversales :

  • Nécessité de mesures contraignantes, pas seulement incitatives.
  • Doute sur la légitimité ressentie par certains participants à hiérarchiser des mesures techniques.
  • Volonté forte de participation plus active (pas uniquement hiérarchiser, mais co-créer).
  • Importance de communiquer davantage, en particulier sur :
    • La part du domaine privé
    • Les sols pollués et leur traitement
    • Les risques sanitaires liés à la rétention d’eau
    • La méthodologie des cartes d’aménagement

Exemples de mesures plébiscitées

  • Arborisation et végétalisation des espaces publics (104 votes)
  • Maillage fraîcheur : corridors, fontaines, mobilier rafraîchissant (75 votes)
  • Ville-éponge : revêtements perméables, infiltration des eaux de pluie (56 votes)
  • Biodiversité intégrée dans les règlements : végétalisation obligatoire des toitures plates, critères écologiques dans les appels d’offre (61 votes)
  • Création de zones humides dans l’espace public (50 votes)

Perspectives

Les ateliers participatifs lausannois ont permis d’identifier des priorités claires et convergentes : réglementer, végétaliser, désimperméabiliser, protéger. Ils témoignent aussi d’un fort désir d’implication directe, au-delà de la simple consultation. Le rapport recommande d’intégrer ces éléments dans le plan final et de mieux outiller les citoyens pour comprendre et suivre l’action climatique locale.

Ce processus marque une étape importante vers une adaptation démocratique et ambitieuse au climat de demain. À la Ville de transformer cette dynamique citoyenne en mesures effectives, équitables et à la hauteur des enjeux.

Nous vous encourageant à consulter le rapport original pour plus de précisions : Rapport des ateliers participatifs

Nos remarques

Le processus participatif lausannois est louable. Il marque un tournant dans la reconnaissance du rôle des habitant·e·s et des associations dans l’élaboration des politiques climatiques. Mais il pose aussi des questions urgentes et fondamentales sur le rythme de l’action, la volonté politique et l’ambition réelle de transformation.

Quand les mesures seront-elles mises en œuvre ?
Le rapport annonce une intégration des priorités dans le futur plan d’adaptation, qui devra encore passer par l’examen technique, budgétaire, puis politique. Cette temporalité institutionnelle est en contradiction directe avec les alertes scientifiques. Le climat n’attend pas les calendriers administratifs.

Où sont les mesures d’urgence sur la mobilité ?
Le 30 km/h généralisé, la réduction drastique du trafic motorisé individuel, et la priorisation de la marche, du vélo et des transports publics sont des mesures d’adaptation ET de mitigation. Or, ces leviers essentiels sont absents du débat actuel sur l’adaptation, alors qu’ils sont directement liés à la santé publique, à la pollution, à l’albédo urbain, à la sécurité et aux émissions de CO₂.

Une participation ponctuelle ne suffit pas.
Des groupes comme État d’urgence, Objectif Climat ou d’autres collectifs actifs à Lausanne doivent pouvoir siéger en continu, toute l’année, dans un dispositif permanent :

  • une assemblée populaire ouverte, tirée au sort ou volontaire ;
  • un conseil citoyen climat doté de pouvoir consultatif structurant ;
  • un observatoire participatif des politiques publiques environnementales ;
  • des chantiers collectifs pour expérimenter localement les transformations (désimperméabilisation, plantation, réaffectation de la voirie, etc.).

Une taskforce scientifique et sociale est indispensable.
Il est temps que Lausanne se dote d’une taskforce interdisciplinaire, composée de :

  • climatologues, urbanistes, ingénieur·e·s en génie civil et en eau ;
  • écologues, paysagistes, hydrologues ;
  • mais aussi de spécialistes des sciences sociales, de la santé publique, de la justice environnementale, de la gouvernance participative.
    Objectif : garantir que les mesures prises soient non seulement efficaces, mais justes, acceptables, démocratiques — et rapides.

Faire accepter l’ambition par la communication et l’exemplarité.
Une pédagogie permanente, honnête et courageuse, est urgente. Les mesures contraignantes doivent être expliquées, débattues, assumées. On ne peut pas continuer à tergiverser. Il faut oser dire que le confort d’hier doit être réinventé pour garantir la vie demain.

Le rapport des ateliers est une étape. Il doit devenir une base d’action, pas une simple consultation. Sans un basculement politique clair vers l’urgence, sans un changement de méthode radical, sans intégration durable de la société civile, le climat se chargera lui-même de trancher les débats qu’on tarde à mener.

Références

L’âge du feu

L’Âge du feu : Chronique d’une planète en flammes est un récit palpitant qui plonge les lecteur·rice·s au cœur de l’un des incendies les plus dévastateurs de l’histoire récente, celui de Fort McMurray, en Alberta, en mai 2016. À travers un mélange de journalisme d’investigation, de sciences du climat et d’histoire, John Vaillant explore la montée en puissance des feux de forêt à l’ère du réchauffement climatique.

Dès les premières pages, il nous projette dans l’apocalypse vécue par les habitant·e·s de cette ville pétrolière, où 90 000 personnes ont dû fuir en quelques heures sous un ciel de flammes. Avec une écriture cinématographique et immersive, Vaillant décrit un monstre de feu qui, en quelques jours, a transformé des quartiers entiers en cendres, pulvérisé 2500 maisons, et relâché dans l’atmosphère l’équivalent de 100 millions de tonnes de CO₂ – soit plus que l’ensemble des émissions de la Suisse sur un an.

S’appuyant sur des sources scientifiques et historiques (plus de 40 pages de références), l’auteur montre comment l’être humain, en exploitant massivement les énergies fossiles, a dérégulé le climat au point de créer des feux de plus en plus intenses et imprévisibles. Il rappelle que la forêt boréale canadienne, qui abrite l’une des plus grandes réserves de carbone de la planète, brûle aujourd’hui à une fréquence et une intensité inégalées.

La structure du livre, découpée en trois parties — « Histoires des origines », « Alerte incendies », et « Le jour du jugement » — nous embarque dans une montée dramatique, où chaque chapitre nous rapproche de l’inévitable catastrophe. L’épilogue nous laisse face à une question angoissante : sommes-nous prêts à affronter un monde où ces mégafeux deviennent la norme ?

Avec une écriture à la fois documentée et haletante, Vaillant nous entraîne dans une immersion totale, si bien que par moments, on a presque de la peine à respirer. Ce livre n’est pas seulement un reportage : c’est un avertissement, un appel à comprendre comment le feu, cet allié millénaire de l’humanité, est en train de devenir notre pire ennemi.

Un savoir ancien, caché et détourné 

Dans L’Âge du feu, John Vaillant ne se contente pas de raconter la catastrophe de Fort McMurray et les ravages des incendies modernes ; il met aussi en lumière une vérité dérangeante : les connaissances scientifiques sur le réchauffement climatique et son lien avec les émissions de CO₂ étaient bien établies bien avant que le Club de Rome ne tire la sonnette d’alarme dans les années 1970.

Dès 1895, le scientifique Svante Arrhenius démontrait que la combustion des énergies fossiles provoquerait une augmentation des températures mondiales. Dans les années 1950 (voir vidéos en bas de page), des climatologues alertaient déjà sur la possibilité d’une fonte des calottes polaires et de l’élévation du niveau des mers en raison de l’accumulation du CO₂ dans l’atmosphère. Des documents internes aujourd’hui révélés montrent que dans les années 1970 et 1980, les grandes compagnies pétrolières, et en particulier ExxonMobil, avaient une connaissance approfondie des dangers climatiques liés aux énergies fossiles.

Dans son livre, Vaillant retrace comment Exxon, Shell, BP et d’autres entreprises du secteur ont non seulement confirmé en interne la réalité du changement climatique, mais ont aussi volontairement orchestré une campagne de désinformation massive. Plutôt que de révéler au public les conclusions de leurs propres scientifiques – qui prévoyaient avec une précision troublante l’augmentation des températures et l’intensification des phénomènes météorologiques extrêmes –, ces compagnies ont investi des millions dans des stratégies visant à semer le doute.

À travers des groupes de lobbying, des think tanks financés en secret et des campagnes publicitaires mensongères, elles ont détourné l’attention et ralenti la prise de conscience mondiale. Elles ont utilisé les mêmes tactiques que l’industrie du tabac, créant une fausse controverse sur le rôle des activités humaines dans le changement climatique, alors même qu’elles savaient la vérité. Les conséquences de ces manipulations sont aujourd’hui mesurables en milliards de tonnes de CO₂ supplémentaires, en méga-feux incontrôlables, et en pertes humaines et économiques incalculables.

Vaillant nous rappelle ainsi que le dérèglement climatique n’est ni une surprise, ni une fatalité : il résulte d’un choix délibéré de privilégier les profits à court terme au détriment de l’avenir de la planète. À travers ce livre, il met en lumière non seulement la force destructrice du feu, mais aussi l’incendie moral et politique allumé par ces décennies de mensonges et d’inaction.

À propos de l’auteur :

John Vaillant est un journaliste et écrivain américain passionné par les relations entre l’être humain et la nature, et les conséquences environnementales de notre civilisation. Son premier ouvrage, L’Arbre d’or, a été suivi en 2010 par Le Tigre, un succès de librairie internationale couronné par le Prix Nicolas Bouvier en 2012.

Son dernier livre, L’Âge du feu (Noir sur Blanc, 2024), a reçu plusieurs distinctions prestigieuses, dont le Baillie Gifford Prize for Non-Fiction 2023, et a figuré dans la shortlist du National Book Awards for Non-Fiction 2023. Il vit aujourd’hui à Vancouver.

 

 

Votation « Pour une économie responsable respectant les limites planétaires »

Le 9 février 2025, le peuple suisse sera amené à voter sur l’initiative populaire « Pour une économie responsable respectant les limites planétaires ». Portée par les Jeunes Vert·e·x·s et lancée en 2021, cette initiative vise à inscrire dans la Constitution l’obligation pour l’économie suisse de respecter la biocapacité des écosystèmes.

Un cadre écologique clair

Le principe fondamental de l’initiative repose sur le concept scientifique des limites planétaires, qui définissent les seuils à ne pas dépasser pour garantir l’habitabilité de la Terre. Actuellement, la Suisse dépasse plusieurs de ces limites, notamment en termes d’émissions de gaz à effet de serre, de perte de biodiversité et d’utilisation des ressources naturelles. L’initiative propose un retour sous ces seuils d’ici 10 ans, tout en garantissant une transition socialement juste.

Une Suisse déjà assez efficace ?“

La Suisse met souvent en avant une réduction de 20 % de ses émissions de CO₂ entre 1990 et 2020, suggérant un progrès climatique. Cependant, cette lecture est trompeuse car elle ne prend en compte que les émissions internes, soit celles générées sur le territoire suisse. Or, ces émissions ne représentent qu’un tiers de l’empreinte carbone réelle du pays. Les deux tiers restants sont externalisés, c’est-à-dire générés à l’étranger pour produire les biens et services consommés en Suisse. En intégrant ces émissions externalisées, il apparaît que la Suisse n’a pas réduit son empreinte carbone globale, mais l’a simplement déplacée. Il est même probable que les émissions totales aient augmenté depuis 1990 en raison de la croissance des importations. Une approche véritablement efficace nécessiterait de prendre en compte l’ensemble des émissions liées à la consommation suisse, qu’elles soient émises sur le territoire ou à l’étranger.

Attitudes irresponsable et égoïste ?

Par ailleurs, ce débat s’inscrit dans une logique plus large où les arguments en faveur du capitalisme et de la croissance économique sont souvent mis en avant au détriment des conséquences à long terme sur notre planète et les générations futures. Continuer sur cette trajectoire en niant l’impact écologique de notre modèle économique est une pensée irresponsable et égoïste. Nous avons la responsabilité de nous interroger sur les alternatives possibles, même si elles impliquent un coût économique à court terme. Il ne s’agit pas seulement d’adapter l’économie, mais bien de garantir la viabilité de nos sociétés. Car au fond, ce dont nous parlons ici, ce n’est pas juste une question de croissance ou de compétitivité, mais bien de la possibilité même d’un avenir vivable pour nos enfants, petits-enfants et générations à venir.

Il y a de toute évidence une méconnaissance de la part des opposantes à l’initiative quant à la réalité des limites physiques, des limites des matières premières et des possibilités de mise en œuvre, dans un délai pertinent, de technologies censées résoudre notre problème climatique.

Des implications économiques majeures

L’adoption de cette initiative engendrerait une transformation profonde de l’économie suisse. La consommation et la production devraient s’adapter à des contraintes écologiques strictes, ce qui pourrait impacter certains secteurs fortement polluants. Toutefois, cette transition offrirait également des opportunités : développement d’une économie plus circulaire, innovations technologiques, et création d’emplois durables.

Une initiative contestée

Le Conseil fédéral et le Parlement s’opposent à cette initiative, jugeant qu’elle pourrait fragiliser l’économie et augmenter le coût de la vie. Pourtant, de nombreux experts estiment que les coûts de l’inaction seront bien plus lourds, notamment en raison des crises écologiques futures.

Pourquoi ce vote est crucial

Si acceptée, cette initiative ferait de la Suisse l’un des premiers pays à adopter une planification écologique systémique. Ce serait un signal fort pour le reste du monde, montrant qu’une transition écologique ambitieuse est possible.

Dans un contexte d’urgence climatique et de dépassement des limites écologiques, cette votation est une occasion historique de redéfinir le modèle économique suisse vers une durabilité réelle.

Limites planétaire et  la Suisse

Article, vidéo et débat

Un vote pour les limites planétaires en Suisse : l’initiative pour la responsabilité environnementale

Le 9 février 2025, le peuple suisse votera oui ou non à l’initiative populaire « Pour une économie responsable respectant les limites planétaires (l’initiative pour la responsabilité environnementale) ».

Lancée en août 2021 par le parti des Jeunes Vert·e·x·s, la proposition a récolté 105 940 signatures, dépassant dès lors le seuil des 100 000 nécessaires pour l’organisation d’une initiative nationale. Dans quelques semaines, c’est la première fois qu’un pays entier sera invité à voter sur la possibilité d’encadrer le développement de son économie par des limites biophysiques.

Pour mieux comprendre les enjeux de cette initiative, cet article présente la proposition et explore ses implications économiques.

Lire l’article : Bon Pote 29.01.2025

Après le vote sur le non élargissement des autoroutes, cela pourrait être un autre moment important pour la Suisse mais aussi servir comme inspiration pour ses voisins. Ce mercredi à 18h je vous propose de décrypter cette initiative avec Timothée Parrique pour mieux comprendre les tenants et les aboutissants mais aussi partager quelques études sur ce sujet. Rdv ici et sur Youtube pour un live durant lequel vous allez pouvoir poser vos questions !

Justice climatique, lutte des classes ?

Référence : Edition Actes Sud – Justice climatique: pour une nouvelle lutte des classes (Sébastien Mabile Janvier 2025).

Toujours plus chaud…

En 2024, la température moyenne du globe a dépassé pour la première fois 1,5°C de réchauffement sur une année complète, un seuil critique fixé par l’Accord de Paris. Pendant ce temps, les émissions mondiales de gaz à effet de serre continuent d’augmenter, atteignant 37,4 milliards de tonnes en 2024, selon le Global Carbon Project.

Une nouvelle lutte des classes ?

Si tout le monde contribue aux émissions de CO₂, les inégalités sont flagrantes :

  • Les plus riches émettent beaucoup plus de gaz à effet de serre que les plus pauvres.
  • Les plus vulnérables subissent en premier les conséquences du changement climatique.

C’est ce qu’analyse Sébastien Mabile, avocat spécialisé en droit environnemental et vice-président français du Comité de l’UICN, dans son essai Justice climatique : une nouvelle lutte des classes, publié aux éditions Actes Sud.

Un combat pour la justice climatique

L’auteur met en lumière les disparités d’émissions et les inégalités d’impact. Si la responsabilité humaine dans le changement climatique est actée scientifiquement, qui sont les véritables responsables ? Qui doit réellement faire des efforts ?

Mabile rappelle que les 10 % les plus riches sont responsables de la moitié des émissions mondiales, tandis que les 1 % les plus riches dépassent largement les 100 tonnes de CO₂ par an et par personne. À l’inverse, la majorité de la population mondiale vit avec une empreinte carbone minimale et subit de plein fouet les dérèglements climatiques.

Une question de responsabilité

L’enjeu de la justice climatique est de cesser de diluer les responsabilités et de pointer les véritables acteurs du dérèglement climatique. Il plaide pour des mesures ciblées sur les plus gros pollueurs, qui ont aussi les moyens financiers pour modifier leur mode de vie.

L’auteur illustre également comment la justice s’empare de ces questions. En Suisse, par exemple, l’Association des Aînées pour le Climat a récemment obtenu gain de cause devant la Cour européenne des droits de l’homme, qui a condamné l’inaction climatique du pays.

Mabile insiste sur le fait que l’action climatique doit s’appuyer sur des mesures différenciées, tenant compte des niveaux de responsabilité. Selon lui, l’actuelle approche globale et indifférenciée, qui demande les mêmes efforts à toutes et tous, est inefficace et socialement injuste.

La sobriété, une réponse ignorée

L’une des pistes essentielles évoquées dans l’ouvrage est la sobriété énergétique. La transition ne peut pas reposer uniquement sur un passage aux énergies renouvelables. Il s’agit aussi de réduire drastiquement la demande énergétique et de remettre en question un mode de vie basé sur la surconsommation.

Or, les politiques climatiques peinent à imposer des changements de comportement. Lors de la Convention citoyenne pour le climat en France, certaines propositions visant à limiter les vols aériens courts ou la consommation de viande ont été rejetées sous prétexte de préserver la liberté individuelle.

Mabile démontre également que les plus aisés ont les moyens d’adopter une sobriété énergétique effective, mais que ce sont souvent les classes populaires qui se retrouvent contraintes de limiter leur consommation par nécessité économique. Il critique l’inaction des élites et l’absence de politiques coercitives envers les principaux responsables des émissions.

Un avenir incertain

Face à une montée des inégalités et une concentration des richesses, Mabile interroge les perspectives d’une société plus équitable. La lutte contre le réchauffement climatique et la lutte contre la pauvreté sont indissociables. Mais la montée d’un individualisme exacerbé et d’un rejet des mesures collectives risque de freiner ces transformations nécessaires.

Dans ce contexte, l’auteur appelle à un sursaut politique et citoyen pour que la transition écologique soit aussi une transition sociale et démocratique.

L’ouvrage Justice climatique : une nouvelle lutte des classes est disponible aux éditions Actes Sud, dans la collection Domaine du Possible.

Références

RTS prise de Terre

Le réchauffement climatique a-t-il donné naissance à une nouvelle forme de disparité, l’inégalité climatique? Cʹest le point de vue que défend Sébastien Mabile dans un essai qui paraît aux Edition Actes Sud: « Justice climatique: pour une nouvelle lutte des classes ».
Pour cet avocat spécialiste en droit environnemental, cʹest en luttant contre les émissions massives de gaz à effet de serre des 1% des plus riches, quʹon luttera à la fois le plus efficacement contre le réchauffement climatique, et pour une meilleure répartition des richesses.

Écouter l’émission.

Edition Actes Sud

Justice climatique: pour une nouvelle lutte des classes (Sébastien Mabile Janvier 2025).

Pour ne pas dépasser le seuil irréversible de 1,5 °C de réchauffement climatique global, nous pouvons encore émettre 200 gigatonnes de carbone dans l’atmosphère. C’est là que l’idée de justice apparaît et qu’en avocat de l’environnement et des victimes des injustices environnementales, Sébastien Mabile pose la seule question qui vaille désormais : comment souhaitons-nous répartir la consommation de cette quantité de gaz à effet de serre ? En tout état de cause, les ultrariches accaparent actuellement la plus grosse part du gâteau… au détriment du reste de l’humanité : Actes Sud.

État d’urgence participe à l’atelier du plan climat Lausanne

RTS Prise de terre

Au téléphone, Natacha Litzistorf à propos des « ateliers climat », ateliers participatifs pour adapter la ville au climat organisés par la Ville de Lausanne, le samedi 8 février 2025 à Beaulieu.
Ecouter RTS 1.02.2025

Deux ateliers clés pour une adaptation climatique efficace

État d’urgence participe à l’atelier du Plan climat Lausanne

La Ville de Lausanne organise deux ateliers participatifs dans le cadre de son Plan climat, visant à adapter la ville aux changements climatiques. État d’urgence se joint à cet événement essentiel pour débattre des mesures d’adaptation et contribuer à leur mise en œuvre efficace.

6 février 2025 : Atelier avec les associations

Cet atelier réunit les associations actives dans la transition écologique et celles directement impactées par le changement climatique. État d’urgence y participera pour partager son expertise et collaborer avec d’autres acteurs engagés.

  • Date et heure : 6 février 2025, de 18h à 20h30
  • Lieu : Halle de Beaulieu 18 (av. des Bergières 10, Lausanne)
  • Objectif : Identifier les priorités et affiner les mesures d’adaptation
  • Inscription : Par e-mail ou par téléphone au 021 315 53 15

8 février 2025 : Atelier avec la population

Cet atelier ouvert à toutes et tous permettra aux habitantes et habitants de Lausanne d’exprimer leurs attentes face aux défis climatiques.

  • Date et heure : 8 février 2025, à 14h30
  • Lieu : Halle de Beaulieu 18 (av. des Bergières 10, Lausanne)
  • Programme :
    • Mot de bienvenue de Natacha Litzistorf, Conseillère municipale
    • Présentation du Bureau du climat et de la durabilité
    • Atelier participatif : « Adaptons Lausanne au climat de demain ! »
    • Apéritif de clôture
  • Inscription obligatoire avant le 31 janvier 2025 (1.02.2025 : il reste 30 places selon la rts ) :

Pourquoi participer ?

Les résultats de ces ateliers serviront de base pour intégrer les attentes des citoyennes, citoyens et associations dans le plan de mesures d’adaptation climatique. État d’urgence encourage toute personne concernée par la justice climatique à prendre part à cet échange crucial.

Balade-spectacle « La visite du futur imparfait »

En parallèle des ateliers, une balade-spectacle immersive intitulée « La visite du futur imparfait » est organisée. Plongez dans une expérience unique où vous incarnerez un voyageur venu de l’année 2254, découvrant Lausanne en 2025 avec un regard neuf, entre optimisme et ironie.

  • Dates supplémentaires :
    • Samedi 8 mars à 11h
    • Jeudi 3 avril à 18h
    • Mercredi 14 mai à 17h
  • Inscriptions en ligne : lausanne.ch/transition

Rejoignez-nous et faisons entendre nos voix pour une Lausanne résiliente face aux enjeux climatiques !

Références

Atelier 6 février 2025

Plan climat Lausanne

Presse plan climat

Assises 2022′

Compléments PDF

Source : participer.lausanne.ch/processes/climat

Plan climat de Ville de Lausanne (4 Documents)

Carte des espaces frais publiée par la Ville

Les Assises du climat (7 Documents)

Les documents en lien avec les différentes éditions des Assises du climat