jeudi , 27 novembre 2025

Soral, les frontaliers et les autoroutes : quand on dit qu’il n’y a pas de solution

Pas de solutions ?

En regardant le récent reportage de la RTS sur le travail frontalier à Genève, j’ai été frappé par un passage vers la fin de la vidéo : après avoir décrit en détail les embouteillages, les inégalités et les tensions de part et d’autre de la frontière, l’idée qui ressort est une forme d’impuissance – comme si, en résumé, « il n’y avait pas de solution » : le reportage RTS.

Pour un village comme Soral, situé en première ligne du trafic de transit, cette impression est compréhensible. Mais elle est dangereuse. Car elle laisse croire que la seule alternative serait de subir – ou de se résigner à de nouveaux projets routiers massifs, comme l’élargissement des autoroutes ou des contournements très coûteux, qui déplacent les problèmes sans les résoudre : soral.ch

Or la solution existe, à condition d’un peu de volonté politique… et de médias qui acceptent de parler des scénarios alternatifs. C’est précisément ce que je propose d’esquisser ici, en écho à une chronique que j’ai consacrée à une alternative à l’élargissement des autoroute : État d’urgence.

Soral, village en première ligne du trafic frontalier

Soral n’est pas un symbole abstrait : c’est un petit village genevois, traversé quotidiennement par un trafic de transit disproportionné par rapport à sa taille, en grande partie lié aux déplacements frontaliers : soral.ch

Depuis des années, les habitant·e·s dénoncent le bruit, la pollution, l’insécurité routière, la difficulté à traverser le village à pied ou à vélo. Un projet de contournement évalué à plusieurs dizaines de millions de francs a été mis sur la table pour tenter de détourner une partie du flux :
Tribune de Genèvege.ch

Mais ce type de réponse est pris dans un paradoxe :

  • d’un côté, on reconnaît que le trafic est déjà trop élevé pour un village comme Soral ;
  • de l’autre, on continue à penser la mobilité en ajoutant des voies, des contournements, des capacités routières, ce qui finit immanquablement par attirer davantage de voitures (effet bien documenté d’« induction du trafic ») : actif-trafic.ch

Autrement dit, on soigne les symptômes localement sans remettre en cause la logique globale qui les produit.

Le réflexe autoroutier : une fausse solution durable

Partout en Suisse, des projets d’élargissement d’autoroutes sont avancés au nom de la fluidité du trafic, de la sécurité et de la compétitivité économique. C’est le cas notamment sur l’A1, par exemple entre Le Vengeron et Nyon ou sur d’autres tronçons déjà engagés : efk.admin.ch / regiondenyon.ch / strasseschweiz.ch

Le problème, du point de vue climatique comme du point de vue de la qualité de vie actif-trafi.ch :

  • Élargir attire plus de trafic : une fois la capacité augmentée, le trafic croît jusqu’à saturer à nouveau l’infrastructure. Les embouteillages se déplacent et reviennent.

  • Les émissions de CO₂ augmentent, alors que la Suisse s’est engagée à réduire rapidement ses émissions et à atteindre la neutralité climatique. Les transports sont l’un des principaux postes d’émissions.

  • Les villages et quartiers en bout de chaîne subissent les nuisances, même si les autoroutes sont « modernisées » ou entourées de murs antibruit : bruit, pollution, danger pour les piéton·ne·s, fragmentation des territoires.

Dans ce contexte, continuer à répondre par des « méga-autoroutes » ou des contournements massifs, sans réduire la dépendance à la voiture individuelle, revient à gérer une fuite d’eau en augmentant le diamètre du tuyau – au lieu de fermer le robinet.

La solution existe : réorganiser la mobilité plutôt qu’élargir les routes

Dans une chronique publiée sur etatdurgence.ch, j’ai proposé une alternative à l’élargissement des autoroutes, pensée dès 2015 et encore plus pertinente aujourd’hui.

L’idée de base est simple : utiliser l’infrastructure routière existante pour mettre en place un système de mobilité collective, efficace, qui réduit drastiquement la place de la voiture individuelle : État d’urgence

Des stations de bus aux entrées des autoroutes

Plutôt que d’élargir les autoroutes, on pourrait créer de grandes stations de bus électriques aux entrées des axes principaux. Les automobilistes y laissent leur voiture sur des parkings adaptés, puis montent dans des bus rapides, réguliers, qui desservent les principaux pôles d’emploi et les centres urbains.

  • moins de voitures sur les tronçons sensibles.
  • moins de pression sur les villages traversés.
  • moins de béton à couler, donc moins d’émissions liées à la construction.

Un maillage fin de bus plus légers

À la place de quelques bus lourds et peu fréquents, on déploie un réseau de bus plus petits et plus légers, plus fréquents, qui desservent finement les quartiers et villages, avec des correspondances optimisées vers les stations principales.

Ces bus :

  • abîment moins les routes,
  • s’insèrent mieux dans les traversées de village,
  • permettent une cadence élevée, donc une vraie alternative à la voiture.

Des bus à la demande pour les zones rurales

Pour les villages comme Soral et les zones rurales alentours, un système de bus à la demande (ou à cadence régulière, mais fine) relierait les habitant·e·s aux stations de bus principales, sans nécessiter des infrastructures nouvelles. Les routes existent déjà : on change le service, pas le bitume.

Vélos électriques et petits véhicules partagés

Aux grandes stations et aux points de correspondance, on développe massivement :

  • des vélos électriques et vélos cargo en libre-service,
  • de petits véhicules partagés pour les personnes qui ne peuvent pas pédaler,
  • des solutions spécifiques pour les personnes à mobilité réduite.

Cela permet de couvrir « le dernier kilomètre » sans multiplier les voitures individuelles ni agrandir encore les routes.

Une logistique repensée pour livraisons et déménagements

Dans ce scénario, une partie des camions et véhicules utilitaires qui encombrent aujourd’hui les villages serait remplacée par :

  • des services de livraisons mutualisées,
  • des solutions de déménagement et transport local gérées par des opérateurs dédiés, adaptés à un maillage plus fin et à des véhicules plus légers.

On réduit ainsi les nuisances, tout en gardant un accès aux services essentiels.

Relocaliser une partie de l’économie pour réduire les déplacements

Enfin, cette vision de la mobilité va de pair avec une autre évidence souvent oubliée : plus les services de base sont proches, moins on est obligé de se déplacer.

Une politique active d’épiceries, de commerces, de services de proximité, de lieux de travail partagés (coworking) dans les villages peut réduire fortement les trajets pendulaires et la dépendance quotidienne à la voiture.

Et pour Soral, concrètement ?

Appliquée au cas de Soral et du Grand Genève, une telle approche pourrait se traduire par :

  • Limiter clairement le trafic de transit non indispensable dans la traversée du village, en définissant des axes prioritaires pour le trafic frontalier et des axes à protéger, comme l’évoquent déjà certains documents politiques : ge.ch
  • Créer des points de rabattement vers les transports collectifs en amont des villages, plutôt que de laisser les voitures pénétrer partout.
  • Offrir des alternatives crédibles aux travailleur·euse·s frontalier·e·s : bus rapides, horaires adaptés, parkings-relais attractifs, incitations au covoiturage, télétravail quand il est possible.
  • Repenser la desserte locale pour que les habitant·e·s de Soral puissent se rendre au travail, à l’école, aux services sans passer systématiquement par la voiture individuelle.

L’enjeu n’est pas de « sacrifier » Soral pour sauver ailleurs le trafic, ni l’inverse. L’enjeu est de sortir d’une logique où chaque commune tente de repousser les nuisances chez la voisine, pendant que les grands projets autoroutiers continuent de gonfler le volume de trafic global.

Médias, volonté politique et imagination collective

Quand un responsable politique dit en substance « on ne voit pas de solution », ce n’est pas neutre. Cela façonne l’imaginaire collectif. On finit par croire que l’augmentation sans fin du trafic est une fatalité, et que la seule marge de manœuvre serait de rajouter des voies, des contournements, des échangeurs.

Or la transition climatique et la justice sociale exigent exactement l’inverse :

  • sortir de la dépendance au trafic routier,
  • réduire les inégalités d’exposition aux nuisances,
  • offrir des alternatives concrètes et accessibles à toutes et tous, y compris aux travailleur·euse·s frontalier·e·s qui n’ont souvent pas choisi la configuration actuelle de l’urbanisme et de l’emploi.

Les médias ont un rôle clé : montrer des pistes, donner la parole à celles et ceux qui proposent des scénarios différents, documenter les expériences réussies ailleurs plutôt que de s’arrêter au constat d’impuissance.

Conclusion : sortir de la fausse évidence « il n’y a pas de solution »

Non, Soral n’est pas condamné à subir éternellement le trafic frontalier dans sa forme actuelle. Non, le Grand Genève n’est pas condamné à choisir entre embouteillages quotidiens et méga-autoroutes climatiquement intenables.

La solution existe, mais elle suppose trois choses :

  • changer de logique, en passant de l’élargissement des routes à la réorganisation de la mobilité ;
  • assumer l’urgence climatique et la justice sociale comme critères centraux d’aménagement du territoire ;
  • mobiliser la créativité politique, technique et citoyenne, plutôt que de répéter que « l’on ne voit pas d’alternative ».

Cet article n’est pas un plan détaillé clé en main. C’est une invitation. Invitation adressée à la commune de Soral, aux autorités cantonales, aux responsables de la mobilité dans le Grand Genève et aux médias :

  • à débattre publiquement de ces alternatives,
  • à les confronter à la réalité du terrain,
  • à lancer des études et des projets pilotes,
  • à faire de Soral et des villages similaires des laboratoires de solutions, plutôt que des victimes collatérales du tout-voiture.

Il est temps que le débat sur les autoroutes et le trafic frontalier ne se limite plus à la question « élargir ou ne rien faire ».

Entre ces deux impasses, il existe une voie : organiser autrement nos déplacements, pour que la vie soit à nouveau possible et respirable, des deux côtés de la frontière.

Références

Ndr : Les références listées ont été partiellement consultées pour vérifier la cohérence de l’analyse proposée avec l’état actuel des connaissances scientifiques. Une lecture exhaustive excéderait le cadre de cet article, elles sont donc fournies comme ressources complémentaires permettant au lecteur ou à la lectrice d’approfondir les thématiques abordées.

Ce que montrent les études

Trafic induit confirmé : élargir les routes n’enlève pas les embouteillages — cela crée simplement plus de circulation. (Duranton & Turner 2011 ; Hymel 2019 ; revue DfT 2018)
Sources :
www.aeaweb.org/articles?id=10.1257/aer.101.6.2616
ideas.repec.org/a/eee/trapol/v76y2019icp57-66.html
assets.publishing.service.gov.uk/media/5c0e5848e5274a0bf3cbe124/latest-evidence-on-induced-travel-demand-an-evidence-review.pdf

Réduction du CO₂ par report modal : recourir aux transports publics électriques, au rail, au vélo ou à la marche réduit fortement les émissions par passager-km. (IPCC AR6 WGIII ; IEA)
Sources :
www.ipcc.ch/report/ar6/wg3/downloads/report/IPCC_AR6_WGIII_FOD_Chapter10.pdf
www.iea.org/reports/the-future-of-rail

Alternatives crédibles et efficaces : réseaux combi (bus, rail, P+R, vélo, transport partagé) peuvent absorber une grande partie du trafic automobile, à des coûts souvent inférieurs à ceux des autoroutes. (rapports IEA, synthèses UITP/transport public, VTPI)
Sources :
www.iea.org/reports/the-future-of-rail
www.vtpi.org/gentraf.pdf

Bibliographie structurée

Duranton, Gilles & Turner, Matthew A. (2011). « The Fundamental Law of Road Congestion: Evidence from US Cities ». American Economic Review, 101(6), 2616–2652. DOI : 10.1257/aer.101.6.2616
Texte :
www.aeaweb.org/articles?id=10.1257/aer.101.6.2616
PDF (version de travail) :
repository.upenn.edu/bitstreams/0bcfec7a-fb82-4d8c-b838-18cbb299e116/download

Hymel, Kent (2019). « If you build it, they will drive: Measuring induced demand for vehicle travel in urban areas ». Transport Policy, 76, 57–66. DOI : 10.1016/j.tranpol.2018.12.006
Texte :
ideas.repec.org/a/eee/trapol/v76y2019icp57-66.html

UK Department for Transport (DfT) / WSP & RAND Europe (2018). « Latest evidence on induced travel demand: an evidence review ». Rapport.
PDF :
assets.publishing.service.gov.uk/media/5c0e5848e5274a0bf3cbe124/latest-evidence-on-induced-travel-demand-an-evidence-review.pdf

International Energy Agency (IEA) (2019). « The Future of Rail ». Rapport, 2019.
Texte :
www.iea.org/reports/the-future-of-rail

Intergovernmental Panel on Climate Change (IPCC) (2022). « AR6 WGIII – Chapitre 10 “Transport” ». Rapport.
PDF :
www.ipcc.ch/report/ar6/wg3/downloads/report/IPCC_AR6_WGIII_FOD_Chapter10.pdf

Victoria Transport Policy Institute (VTPI) (mise à jour 2025). « Generated Traffic and Induced Travel: Implications for Transport Planning ». Rapport en ligne.
PDF :
www.vtpi.org/gentraf.pdf

Soral, les frontaliers et les autoroutes : quand on dit qu’il n’y a pas de solution

Pas de solutions ?

En regardant le récent reportage de la RTS sur le travail frontalier à Genève, j’ai été frappé par un passage vers la fin de la vidéo : après avoir décrit en détail les embouteillages, les inégalités et les tensions de part et d’autre de la frontière, l’idée qui ressort est une forme d’impuissance – comme si, en résumé, « il n’y avait pas de solution » : le reportage RTS.

Pour un village comme Soral, situé en première ligne du trafic de transit, cette impression est compréhensible. Mais elle est dangereuse. Car elle laisse croire que la seule alternative serait de subir – ou de se résigner à de nouveaux projets routiers massifs, comme l’élargissement des autoroutes ou des contournements très coûteux, qui déplacent les problèmes sans les résoudre : soral.ch

Or la solution existe, à condition d’un peu de volonté politique… et de médias qui acceptent de parler des scénarios alternatifs. C’est précisément ce que je propose d’esquisser ici, en écho à une chronique que j’ai consacrée à une alternative à l’élargissement des autoroute : État d’urgence.

Soral, village en première ligne du trafic frontalier

Soral n’est pas un symbole abstrait : c’est un petit village genevois, traversé quotidiennement par un trafic de transit disproportionné par rapport à sa taille, en grande partie lié aux déplacements frontaliers : soral.ch

Depuis des années, les habitant·e·s dénoncent le bruit, la pollution, l’insécurité routière, la difficulté à traverser le village à pied ou à vélo. Un projet de contournement évalué à plusieurs dizaines de millions de francs a été mis sur la table pour tenter de détourner une partie du flux :
Tribune de Genèvege.ch

Mais ce type de réponse est pris dans un paradoxe :

  • d’un côté, on reconnaît que le trafic est déjà trop élevé pour un village comme Soral ;
  • de l’autre, on continue à penser la mobilité en ajoutant des voies, des contournements, des capacités routières, ce qui finit immanquablement par attirer davantage de voitures (effet bien documenté d’« induction du trafic ») : actif-trafic.ch

Autrement dit, on soigne les symptômes localement sans remettre en cause la logique globale qui les produit.

Le réflexe autoroutier : une fausse solution durable

Partout en Suisse, des projets d’élargissement d’autoroutes sont avancés au nom de la fluidité du trafic, de la sécurité et de la compétitivité économique. C’est le cas notamment sur l’A1, par exemple entre Le Vengeron et Nyon ou sur d’autres tronçons déjà engagés : efk.admin.ch / regiondenyon.ch / strasseschweiz.ch

Le problème, du point de vue climatique comme du point de vue de la qualité de vie actif-trafi.ch :

  • Élargir attire plus de trafic : une fois la capacité augmentée, le trafic croît jusqu’à saturer à nouveau l’infrastructure. Les embouteillages se déplacent et reviennent.

  • Les émissions de CO₂ augmentent, alors que la Suisse s’est engagée à réduire rapidement ses émissions et à atteindre la neutralité climatique. Les transports sont l’un des principaux postes d’émissions.

  • Les villages et quartiers en bout de chaîne subissent les nuisances, même si les autoroutes sont « modernisées » ou entourées de murs antibruit : bruit, pollution, danger pour les piéton·ne·s, fragmentation des territoires.

Dans ce contexte, continuer à répondre par des « méga-autoroutes » ou des contournements massifs, sans réduire la dépendance à la voiture individuelle, revient à gérer une fuite d’eau en augmentant le diamètre du tuyau – au lieu de fermer le robinet.

La solution existe : réorganiser la mobilité plutôt qu’élargir les routes

Dans une chronique publiée sur etatdurgence.ch, j’ai proposé une alternative à l’élargissement des autoroutes, pensée dès 2015 et encore plus pertinente aujourd’hui.

L’idée de base est simple : utiliser l’infrastructure routière existante pour mettre en place un système de mobilité collective, efficace, qui réduit drastiquement la place de la voiture individuelle : État d’urgence

Des stations de bus aux entrées des autoroutes

Plutôt que d’élargir les autoroutes, on pourrait créer de grandes stations de bus électriques aux entrées des axes principaux. Les automobilistes y laissent leur voiture sur des parkings adaptés, puis montent dans des bus rapides, réguliers, qui desservent les principaux pôles d’emploi et les centres urbains.

  • moins de voitures sur les tronçons sensibles.
  • moins de pression sur les villages traversés.
  • moins de béton à couler, donc moins d’émissions liées à la construction.

Un maillage fin de bus plus légers

À la place de quelques bus lourds et peu fréquents, on déploie un réseau de bus plus petits et plus légers, plus fréquents, qui desservent finement les quartiers et villages, avec des correspondances optimisées vers les stations principales.

Ces bus :

  • abîment moins les routes,
  • s’insèrent mieux dans les traversées de village,
  • permettent une cadence élevée, donc une vraie alternative à la voiture.

Des bus à la demande pour les zones rurales

Pour les villages comme Soral et les zones rurales alentours, un système de bus à la demande (ou à cadence régulière, mais fine) relierait les habitant·e·s aux stations de bus principales, sans nécessiter des infrastructures nouvelles. Les routes existent déjà : on change le service, pas le bitume.

Vélos électriques et petits véhicules partagés

Aux grandes stations et aux points de correspondance, on développe massivement :

  • des vélos électriques et vélos cargo en libre-service,
  • de petits véhicules partagés pour les personnes qui ne peuvent pas pédaler,
  • des solutions spécifiques pour les personnes à mobilité réduite.

Cela permet de couvrir « le dernier kilomètre » sans multiplier les voitures individuelles ni agrandir encore les routes.

Une logistique repensée pour livraisons et déménagements

Dans ce scénario, une partie des camions et véhicules utilitaires qui encombrent aujourd’hui les villages serait remplacée par :

  • des services de livraisons mutualisées,
  • des solutions de déménagement et transport local gérées par des opérateurs dédiés, adaptés à un maillage plus fin et à des véhicules plus légers.

On réduit ainsi les nuisances, tout en gardant un accès aux services essentiels.

Relocaliser une partie de l’économie pour réduire les déplacements

Enfin, cette vision de la mobilité va de pair avec une autre évidence souvent oubliée : plus les services de base sont proches, moins on est obligé de se déplacer.

Une politique active d’épiceries, de commerces, de services de proximité, de lieux de travail partagés (coworking) dans les villages peut réduire fortement les trajets pendulaires et la dépendance quotidienne à la voiture.

Et pour Soral, concrètement ?

Appliquée au cas de Soral et du Grand Genève, une telle approche pourrait se traduire par :

  • Limiter clairement le trafic de transit non indispensable dans la traversée du village, en définissant des axes prioritaires pour le trafic frontalier et des axes à protéger, comme l’évoquent déjà certains documents politiques : ge.ch
  • Créer des points de rabattement vers les transports collectifs en amont des villages, plutôt que de laisser les voitures pénétrer partout.
  • Offrir des alternatives crédibles aux travailleur·euse·s frontalier·e·s : bus rapides, horaires adaptés, parkings-relais attractifs, incitations au covoiturage, télétravail quand il est possible.
  • Repenser la desserte locale pour que les habitant·e·s de Soral puissent se rendre au travail, à l’école, aux services sans passer systématiquement par la voiture individuelle.

L’enjeu n’est pas de « sacrifier » Soral pour sauver ailleurs le trafic, ni l’inverse. L’enjeu est de sortir d’une logique où chaque commune tente de repousser les nuisances chez la voisine, pendant que les grands projets autoroutiers continuent de gonfler le volume de trafic global.

Médias, volonté politique et imagination collective

Quand un responsable politique dit en substance « on ne voit pas de solution », ce n’est pas neutre. Cela façonne l’imaginaire collectif. On finit par croire que l’augmentation sans fin du trafic est une fatalité, et que la seule marge de manœuvre serait de rajouter des voies, des contournements, des échangeurs.

Or la transition climatique et la justice sociale exigent exactement l’inverse :

  • sortir de la dépendance au trafic routier,
  • réduire les inégalités d’exposition aux nuisances,
  • offrir des alternatives concrètes et accessibles à toutes et tous, y compris aux travailleur·euse·s frontalier·e·s qui n’ont souvent pas choisi la configuration actuelle de l’urbanisme et de l’emploi.

Les médias ont un rôle clé : montrer des pistes, donner la parole à celles et ceux qui proposent des scénarios différents, documenter les expériences réussies ailleurs plutôt que de s’arrêter au constat d’impuissance.

Conclusion : sortir de la fausse évidence « il n’y a pas de solution »

Non, Soral n’est pas condamné à subir éternellement le trafic frontalier dans sa forme actuelle. Non, le Grand Genève n’est pas condamné à choisir entre embouteillages quotidiens et méga-autoroutes climatiquement intenables.

La solution existe, mais elle suppose trois choses :

  • changer de logique, en passant de l’élargissement des routes à la réorganisation de la mobilité ;
  • assumer l’urgence climatique et la justice sociale comme critères centraux d’aménagement du territoire ;
  • mobiliser la créativité politique, technique et citoyenne, plutôt que de répéter que « l’on ne voit pas d’alternative ».

Cet article n’est pas un plan détaillé clé en main. C’est une invitation. Invitation adressée à la commune de Soral, aux autorités cantonales, aux responsables de la mobilité dans le Grand Genève et aux médias :

  • à débattre publiquement de ces alternatives,
  • à les confronter à la réalité du terrain,
  • à lancer des études et des projets pilotes,
  • à faire de Soral et des villages similaires des laboratoires de solutions, plutôt que des victimes collatérales du tout-voiture.

Il est temps que le débat sur les autoroutes et le trafic frontalier ne se limite plus à la question « élargir ou ne rien faire ».

Entre ces deux impasses, il existe une voie : organiser autrement nos déplacements, pour que la vie soit à nouveau possible et respirable, des deux côtés de la frontière.

Références

Ndr : Les références listées ont été partiellement consultées pour vérifier la cohérence de l’analyse proposée avec l’état actuel des connaissances scientifiques. Une lecture exhaustive excéderait le cadre de cet article, elles sont donc fournies comme ressources complémentaires permettant au lecteur ou à la lectrice d’approfondir les thématiques abordées.

Ce que montrent les études

Trafic induit confirmé : élargir les routes n’enlève pas les embouteillages — cela crée simplement plus de circulation. (Duranton & Turner 2011 ; Hymel 2019 ; revue DfT 2018)
Sources :
www.aeaweb.org/articles?id=10.1257/aer.101.6.2616
ideas.repec.org/a/eee/trapol/v76y2019icp57-66.html
assets.publishing.service.gov.uk/media/5c0e5848e5274a0bf3cbe124/latest-evidence-on-induced-travel-demand-an-evidence-review.pdf

Réduction du CO₂ par report modal : recourir aux transports publics électriques, au rail, au vélo ou à la marche réduit fortement les émissions par passager-km. (IPCC AR6 WGIII ; IEA)
Sources :
www.ipcc.ch/report/ar6/wg3/downloads/report/IPCC_AR6_WGIII_FOD_Chapter10.pdf
www.iea.org/reports/the-future-of-rail

Alternatives crédibles et efficaces : réseaux combi (bus, rail, P+R, vélo, transport partagé) peuvent absorber une grande partie du trafic automobile, à des coûts souvent inférieurs à ceux des autoroutes. (rapports IEA, synthèses UITP/transport public, VTPI)
Sources :
www.iea.org/reports/the-future-of-rail
www.vtpi.org/gentraf.pdf

Bibliographie structurée

Duranton, Gilles & Turner, Matthew A. (2011). « The Fundamental Law of Road Congestion: Evidence from US Cities ». American Economic Review, 101(6), 2616–2652. DOI : 10.1257/aer.101.6.2616
Texte :
www.aeaweb.org/articles?id=10.1257/aer.101.6.2616
PDF (version de travail) :
repository.upenn.edu/bitstreams/0bcfec7a-fb82-4d8c-b838-18cbb299e116/download

Hymel, Kent (2019). « If you build it, they will drive: Measuring induced demand for vehicle travel in urban areas ». Transport Policy, 76, 57–66. DOI : 10.1016/j.tranpol.2018.12.006
Texte :
ideas.repec.org/a/eee/trapol/v76y2019icp57-66.html

UK Department for Transport (DfT) / WSP & RAND Europe (2018). « Latest evidence on induced travel demand: an evidence review ». Rapport.
PDF :
assets.publishing.service.gov.uk/media/5c0e5848e5274a0bf3cbe124/latest-evidence-on-induced-travel-demand-an-evidence-review.pdf

International Energy Agency (IEA) (2019). « The Future of Rail ». Rapport, 2019.
Texte :
www.iea.org/reports/the-future-of-rail

Intergovernmental Panel on Climate Change (IPCC) (2022). « AR6 WGIII – Chapitre 10 “Transport” ». Rapport.
PDF :
www.ipcc.ch/report/ar6/wg3/downloads/report/IPCC_AR6_WGIII_FOD_Chapter10.pdf

Victoria Transport Policy Institute (VTPI) (mise à jour 2025). « Generated Traffic and Induced Travel: Implications for Transport Planning ». Rapport en ligne.
PDF :
www.vtpi.org/gentraf.pdf

Jean-Luc Flémal - BE - stock.adobe.com

La fin du chauffage fossile, l’UDC déplace le débat vers la peur

Une décision historique, un réflexe de peur prévisible

Le vote du Grand Conseil vaudois marque un tournant majeur : selon l’article publié ce 25 novembre par 24 heures « La fin du chauffage fossile a sonné dans le canton de Vaud », le canton engage enfin la sortie progressive du mazout, du gaz et du charbon dans le bâtiment. Les nouvelles constructions devront renoncer immédiatement aux chauffages fossiles, et les installations existantes seront remplacées dans un délai de quinze à vingt ans. Un choix clair, cohérent avec l’urgence climatique : 38% des émissions cantonales proviennent encore du chauffage fossile, comme le rappelle le conseiller d’État Vassilis Venizelos.

Cette réforme n’est pourtant pas garantie. L’UDC annonce déjà un référendum, en s’appuyant sur les ressorts habituels : la peur, l’incertitude et le portefeuille. Le réflexe est systématique : quand une mesure climatique fondée sur des données factuelles arrive au Parlement, la résistance s’organise autour d’un discours anxiogène plutôt que d’un débat sérieux.

Ce contraste est frappant. D’un côté, un fait objectivement documenté : sortir du fossile est indispensable pour stabiliser le climat, réduire les risques sanitaires, renforcer notre autonomie énergétique et éviter des coûts futurs gigantesques. De l’autre, une stratégie politique qui ressasse les mêmes recettes : exagérer les coûts immédiats, ignorer les bénéfices à long terme, minimiser la responsabilité du canton à travers la small-share fallacy, et présenter toute avancée climatique comme une menace pour les ménages.

Une stratégie rhétorique éprouvée : déplacer le débat vers la peur

La prise de position de l’UDC Vaud sur la révision de la Loi sur l’énergie s’appuie sur un mécanisme classique : invoquer la peur financière pour s’opposer à des mesures pourtant basées sur des données factuelles et un consensus scientifique solide.

Le message est simple : « cela va vous coûter trop cher ». C’est reproductible, efficace, mais profondément trompeur. Le climat, pourtant, ne se négocie pas sur la base d’un calcul de quelques dizaines ou centaines de francs. Les coûts du dérèglement dépassent largement ce que ces argumentaires tentent de faire croire.

Le coût immédiat mis en avant pour masquer les coûts réels

L’UDC relaie les estimations de milieux immobiliers annonçant « 2,5 milliards par an » et « 200 à 500 CHF de hausse de loyer mensuelle ». Ces chiffres, sortis de leur contexte, servent à construire une image anxiogène pour le public.

Mais ce raisonnement repose sur trois erreurs majeures :

1. Confusion entre coût à court terme et bénéfices à long terme

Investir dans l’isolation, la rénovation et la sortie du fossile réduit les dépenses énergétiques, renforce l’indépendance du canton et diminue les risques climatiques majeurs. La balance coût/bénéfice ne se mesure jamais sur un an, mais sur plusieurs décennies.

2. Faire croire que « l’urgence climatique » serait un luxe

Toutes les données scientifiques montrent l’inverse : l’inaction coûtera plus cher que l’action. Les dégâts climatiques, l’augmentation des assurances, les pertes agricoles, les canicules meurtrières, l’usure des infrastructures — tout cela représente des milliards réels, annuels et non hypothétiques.

3. Utiliser la « small-share fallacy »

L’UDC affirme que « la consommation fossile d’un an du canton équivaut à 20 minutes de consommation mondiale ». C’est un cas d’école de la small-share fallacy : minimiser sa responsabilité au prétexte que sa part est faible.

Si chaque pays applique ce raisonnement, personne n’agit. C’est une erreur logique, morale et politique. Les émissions s’additionnent, et chaque territoire crée soit un effet d’entraînement positif (innovation, exemplarité, pression politique), soit un effet de blocage.

La peur économique comme outil de retardement

Les sciences sociales l’ont bien démontré : parmi les stratégies de freinage climatique, la plus courante est d’exagérer les coûts de la transition pour semer le doute et retarder l’action. Cette rhétorique joue sur l’émotion, pas sur l’analyse.

Le problème n’est pas que les gens aient peur pour leur budget — c’est légitime.
Le problème est que des partis instrumentalisent cette peur pour discréditer les solutions, sans jamais proposer d’alternatives crédibles pour éviter les dégâts futurs.

Ce que dit la science : ignorer les risques coûte infiniment plus cher

Le consensus scientifique est clair : chaque année de retard augmente l’ampleur des impacts climatiques irréversibles.
Les modèles économiques utilisés par les opposants sont souvent dépassés : ils sous-estiment les « points de bascule », les pertes systémiques et les dégâts indirects.

Un canton qui investit dans l’efficacité énergétique et la sortie du fossile ne se sacrifie pas : il se protège.

Un choix de société, pas un calcul myope

Réduire les mesures climatiques à un débat comptable, c’est passer à côté de la réalité:

  • La transition énergétique protège les ménages contre les hausses futures du prix des énergies fossiles.
  • Elle améliore la santé publique, donc les coûts de santé.
  • Elle réduit la vulnérabilité aux canicules et aux événements extrêmes.
  • Elle renforce la cohésion sociale en améliorant les logements les plus mal isolés.

La vraie question n’est pas : « combien ça me coûte maintenant ? »
La vraie question est : « combien ça nous coûtera si nous n’agissons pas ? »

Conclusion — sortir du discours de peur pour entrer dans la réalité

L’argumentaire de l’UDC se fonde sur un réflexe politique ancien : effrayer d’abord, réfléchir ensuite. Mais face au dérèglement climatique, ce réflexe devient un déni organisé de la réalité physique, sociale et économique.

La transition énergétique n’est pas une menace : c’est un bouclier.
La réforme de la Loi sur l’énergie n’est pas une lubie : c’est une nécessité vitale.
Et les faux débats sur le « petit impact du canton » ou le « coût immédiat » ne changent rien au fait que nous vivons déjà les conséquences de décennies d’inaction.

Le rôle de la politique devrait être d’affronter le réel, pas de s’en protéger avec des slogans.

Loyers, justice sociale et solutions concrètes ?

Pourquoi les loyers posent aujourd’hui un problème social aigu

  • En Suisse, les loyers ont fortement augmenté depuis deux décennies, alors que les coûts hypothécaires ont souvent baissé — ce qui aurait dû logiquement conduire à une baisse des loyers.
  • Selon l’initiative, les locataires paient en moyenne ~360 francs de trop par mois par rapport à ce qui serait un loyer « juste », c’est-à-dire fondé sur les coûts réels plus un rendement raisonnable.
  • Cette surcharge pèse lourdement sur le pouvoir d’achat des ménages, en particulier celles et ceux à revenus modestes ou moyens — fragilisant l’accès à un logement digne, amplifiant les inégalités sociales, et limitant la capacité à investir dans d’autres besoins essentiels (santé, alimentation, épargne, transport, formation…).

Ce que propose l’Initiative sur les loyers pour restaurer l’équité

  • Inscrire dans la Constitution le principe selon lequel un loyer ne peut être « abusif » s’il excède les coûts effectifs pour le logement + un rendement raisonnable, ou s’il découle d’un prix d’achat exagéré.
  • Instaurer un contrôle des loyers automatique et régulier (ou à la demande du·de la locataire), pour éviter que les loyers ne soient fixés librement par des bailleurs cherchant uniquement le profit.

Effets attendus d’une politique loyers justes

  • Retour progressif des loyers à un niveau compatible avec les coûts réels — ce qui diminuerait substantiellement le poids des loyers pour une large majorité des habitant·e·s.
  • Frein à la spéculation immobilière : si les rendements locatifs ne sont plus disproportionnés, l’intérêt de l’immobilier comme simple placement chute. Cela permet de réorienter le logement vers un usage social plutôt que financier.
  • Meilleur accès au logement pour les ménages modestes ou moyens, réduisant la pression sur le budget et améliorant l’équité sociale.
  • Stabilisation du marché locatif : les hausses abusives lors de changements de locataire ou après rénovations deviennent plus difficiles, ce qui protège les locataires de l’éviction ou de la gentrification.

Pourquoi c’est complémentaire aux enjeux climatiques

Rénover des logements pour améliorer l’efficacité énergétique et se passer d’énergies fossiles, comme le propose la réforme de la Loi sur l’énergie, ne doit pas se traduire par des loyers prohibitifs. Une politique de loyers justes garantit que la transition écologique reste socialement équitable, sans sacrifier les plus précaires sur l’autel des investissements ou de la rentabilité.

Références

articles

loyers

Sacrifier les Vaudois·e·s sur l’autel de l’écologisme ?

L’invité du Lausanne Cité

Mercredi 15.10.2025, page 6.

Sacrifier les Vaudois sur l’autel de l’écologisme ? 

Fabrice Moscheni
Député UDC au Grand Conseil

La révision de la loi vaudoise sur l’énergie (LVLEne) vise la neutralité du Canton de Vaud en termes d’émissions de CO₂, et le renforcement de son autonomie énergétique. 

Concrètement, la rénovation de bâtiments à marche forcée et la production locale d’énergie seront imposées. L’investissement est estimé à 20 milliards, c’est-à-dire près de 25’000 francs par Vaudois. 

L’impact climatique s’avère douteux malgré ce coût mirobolant : d’une part, même si le Canton de Vaud bannissait toutes les émissions de gaz à effet de serre de son territoire, cela n’aurait qu’un impact infime sur les émissions mondiales. 

D’autre part, si l’on juge qu’il est néanmoins nécessaire d’avoir un Canton neutre en termes d’émissions carbone, ceci serait atteint pour un coût 400 fois inférieur en investissant dans des projets de réduction de CO₂ à l’étranger. 

Le volet « indépendance énergétique » semble aussi nébuleux : le Canton de Vaud couvre déjà près de 50 % de ses besoins avec des sources énergétiques vaudoises et suisses. Produire toute l’énergie dans le Canton doublerait le coût moyen de l’énergie. Ceci engendrerait une forte inflation et le risque d’une crise économique majeure comme celle vécue lors du COVID. 

Finalement, quelque 12’500 emplois supplémentaires seraient nécessaires, dont près de 10’000 recrutés hors canton. 

Dans un marché du logement au taux de vacance inférieur à 1 %, ceci pourrait faire grimper encore plus les loyers et générer de l’inflation. 

Tel un slogan politique, la nouvelle loi sur l’énergie LVLEne est une apologie de l’écologisme. 

Son impact sera infime sur le climat et sur l’indépendance énergétique, mais ses effets collatéraux seront délétères sur le niveau de vie des Vaudois.

Article officel.

Point par point

Fabrice Moscheni : 25’000 francs par Vaudois

Concrètement, la rénovation de bâtiments à marche forcée et la production locale d’énergie seront imposées. L’investissement est estimé à 20 milliards, c’est-à-dire près de 25’000 francs par Vaudois.

C’est une simple division d’un total supposé de 20 milliards par ~800’000 habitant·e·s ≈ 25’000/personne. Ce n’est pas un impôt ni un coût réellement « par personne », c’est un ratio rhétorique utilisé dans le débat. La valeur dépend du périmètre retenu (quelles mesures, quels financeurs, subventions, effets de marché, durée). Les sources (Réf. 1, 2, 3, 4, ci-dessous) montrent qu’il s’agit d’estimations d’acteurs, pas d’un chiffrage officiel consolidé de l’État.

Références

  1. Exposé des motifs et projet de loi sur l’énergie (lvlene) (PDF officiel VD).
  2. Page officielle de l’État de Vaud sur la révision (contexte, calendrier).
  3. USPI Vaud avance « au moins 20 milliards » pour l’ensemble des mesures (≈ 2,5 milliards/an sur 8 ans).
  4. BN Conseils dévoile une étude inédite sur l’impact des nouvelles lois énergétiques à Genève et dans le canton de Vaud.

l’USPI nous dit sur 8 ans, vraiment ?

Pas vraiment, « 8 ans » n’est pas un horizon fixé par la loi, c’est une hypothèse d’estimation avancée par l’USPI (uspi-vaud.ch).

  • ≈ 20 Mrd CHF → 2,5 Mrd/an sur 8 ans.
  • 3’125 par an par Vaudois·e sur 8 ans.

Dans les textes officiels, les délais sont nettement plus longs et variables selon les volets :

Le ratio « 25 000 CHF par personne » étalé sur « 8 ans » n’est pas un paramètre légal, l’horizon d’exécution réel s’étend surtout sur ~15–20 ans, avec des jalons 2035–2040 selon les mesures. (État de Vaud).

  • Solaire sur toitures : valoriser l’entier du potentiel « d’ici au 31 décembre 2039 ».
  • Remplacement des chauffages fossiles : 15 ans (installés avant 2020) ou 20 ans (installés après 2020) à partir de l’entrée en vigueur.
  • Assainissement des bâtiments énergivores (CECB F/G) : le Conseil d’État a porté l’échéance-cible à 2040 (au lieu de 2030 initialement évoqué), avec un coût estimé de 4–5 Mrd sur ~15 ans pour ce seul volet.
  • Photovoltaïque : investissements agrégés estimés à 7,6–8,8 Mrd « d’ici à 2040 ».

Fabrice Moscheni : impact climatique douteux

L’impact climatique s’avère douteux malgré ce coût mirobolant : d’une part, même si le Canton de Vaud bannissait toutes les émissions de gaz à effet de serre de son territoire, cela n’aurait qu’un impact infime sur les émissions mondiales

Cet argument relève du « small share fallacy » (sophisme de la petite part) : confondre faible part des émissions mondiales et absence d’utilité d’agir.

Le climat est un problème cumulatif et collectif

Chaque tonne évitée compte. Le GIEC rappelle que l’ampleur du réchauffement dépend du cumul des émissions et que toute réduction, même locale, diminue les risques. La logique de l’Accord de Paris est précisément l’addition de contributions nationales et locales (NDC), pas l’action de « grands » seuls (IPCC : Climate Change 2023 Synthesis Report PDF et 4.2 Accélération des mesures d’atténuation à toutes les échelles).

Responsabilité réelle de la Suisse

(et donc des cantons)

Les émissions « territoriales » suisses par habitant sont modestes, mais l’empreinte de consommation atteint ~14 tCO₂e/hab (importations incluses), parmi les plus élevées au monde. Réduire l’empreinte locale (bâtiments, mobilité, électricité) fait partie de cette responsabilité élargie (Swissinfo : Pourquoi l’empreinte carbone de la Suisse est plus importante que vous ne le pensez).

Les politiques locales diffusent et démultiplient l’impact

Les normes et programmes d’un « petit » acteur se propagent par effets d’entraînement (policy diffusion). Des études récentes montrent des retombées mesurables des standards et portefeuilles renouvelables d’un État/juridiction sur d’autres, via imitation, marchés interconnectés et chaînes d’approvisionnement.

Autrement dit : agir localement change les règles du jeu au-delà des frontières.

PNAS : L’effet d’entraînement des normes obligatoires en matière de portefeuille d’énergies renouvelables

L’innovation baisse les coûts pour tous

Les baisses spectaculaires des coûts du solaire et de l’éolien suivent des courbes d’apprentissage : chaque doublement de capacité installée réduit les coûts. Les déploiements locaux (même « petits ») contribuent à ces volumes, donc aux baisses de prix mondiales et à l’adoption ailleurs (IEA : solaire photovoltaïque).

Équité et crédibilité internationales

Les pays et régions à hauts revenus et à forte empreinte de consommation perdent toute crédibilité s’ils invoquent la petitesse pour ne rien faire.

L’architecture de Paris repose sur la réciprocité et la confiance : chacun fait sa part à la mesure de ses capacités et de sa responsabilité, ce qui conditionne l’ambition des autres (IPCC :Climate Change 2023 Synthesis Report PDF).

Conclusion opérationnelle

Dire « notre part est infime, donc inutile » est factuellement faux et stratégiquement contre-productif.

Les réductions locales

  • réduisent un cumul mondial où chaque tonne compte ;

  • ont des retombées sanitaires et économiques locales tangibles ;

  • accélèrent l’innovation et abaissent les coûts pour toutes et tous ;

  • créent des effets d’entraînement réglementaires et de marché ;

  • renforcent la crédibilité et l’ambition collective et c’est précisément ainsi que des « petits » changements produisent de grands effets.

Fabrice Moscheni : réduction de CO₂ à l’étranger

D’autre part, si l’on juge qu’il est néanmoins nécessaire d’avoir un Canton neutre en termes d’émissions carbone, ceci serait atteint pour un coût 400 fois inférieur en investissant dans des projets de réduction de CO₂ à l’étranger.

En Suisse, la neutralité ne peut pas être « achetée » à l’étranger. Les réductions officielles comptabilisées reposent d’abord sur des projets nationaux donnant des attestations (cadre CO₂-Loi), et les réductions à l’étranger ne sont admises que sous forme d’ITMOs Article 6, via des accords bilatéraux et avec ajustements correspondants pour éviter le double comptage. C’est un complément encadré, pas une substitution illimitée (Compensation du CO2 : Compensation en Suisse).

Le « ×400 moins cher » n’a pas de base robuste

La Suisse est pionnière des achats à l’étranger sous l’Article 6 (accords bilatéraux Pérou 2020, Ghana 2022) et vise jusqu’à ~12 Mt de CO₂ compensés, soit environ un tiers des réductions prévues. Mais ces unités (ITMOs) sont complexes à mettre en œuvre et contraintes par des critères d’additionalité, des risques de double comptage et des exigences de registres. L’article souligne aussi les controverses sur l’équité et la qualité, ainsi que la volatilité et l’hétérogénéité des prix. Autrement dit : le volume réellement disponible de réductions fiables n’est ni illimité ni garanti à bas coût — comparer ces crédits à des investissements d’infrastructure durables chez nous conduit à une fausse équivalence (La Suisse pionnière de la controversée compensation carbone et  Les Suisses paient en moyenne 23,50 dollars pour les crédits carbone de l’article 6, bien en deçà des coûts nationaux).

Compter sur l’extérieur n’apporte aucun co-bénéfice local (air plus sain, moindre dépendance énergétique, emplois), alors que ces bénéfices sont précisément générés par les investissements domestiques que nous devrons de toute façon réaliser pour atteindre le net-zéro (Compensation du CO2 : Compensation en Suisse).

Fabrice Moscheni : doublement des coûts de l’énergie

Le volet « indépendance énergétique » semble aussi nébuleux : le Canton de Vaud couvre déjà près de 50 % de ses besoins avec des sources énergétiques vaudoises et suisses. Produire toute l’énergie dans le Canton doublerait le coût moyen de l’énergie. Ceci engendrerait une forte inflation et le risque d’une crise économique majeure comme celle vécue lors du COVID.

Dans un monde sous tension (guerre en Ukraine, chocs gaziers, routes d’approvisionnement), la dépendance aux importations est un risque macroéconomique. La Suisse importe ~70 % de son énergie et dépense en moyenne ~8 milliards CHF/an pour ces importations : réduire cette exposition par l’efficacité, le solaire, les réseaux de chaleur et l’électrification renforce la sécurité d’approvisionnement (Confédération suisse, à propos de la Suisse : énergie).

Coûts : l’affirmation « produire localement doublerait le prix » est non étayée

Depuis la crise 2021–2023, les coûts/contrats long terme éolien-PV en Europe se situent très en-dessous des prix de marché fossiles. Déployer des renouvelables et l’efficacité réduit la consommation de gaz et l’exposition à la volatilité, ce qui stabilise les prix plutôt que de les « doubler ». Des analyses (IEA, ACER/IMF) montrent que davantage de renouvelables abaisse le niveau et la volatilité moyenne des prix électriques à long terme (à condition d’ajouter flexibilité, stockage, interconnexions).

AIE (Agence internationale de l’énergie) : Renouvelables, 2024, renouvelables, 2025 et La crise énergétique mondiale pousse l’accélérateur du développement des énergies renouvelables, 2022

Robustesse d’un écosystème énergétique local

Un mix plus local et distribué (PV toitures, pompes à chaleur, réseaux de chaleur, flexibilité, micro-réseaux) améliore la résilience face aux pannes et aux chocs d’importation, tout en répondant aux priorités fédérales de sécurité d’approvisionnement à coût soutenable (stratégie 2050/SFOE). Les études de référence sur les ressources distribuées concluent à des gains de résilience et à une moindre dépendance aux fossiles importés, si l’on investit aussi dans le réseau et le pilotage.

La comparaison à la crise « COVID » est inexacte

La flambée des prix est venue surtout du gaz et de la géopolitique, justement le type de risque que l’autonomie locale atténue.

Fabrice Moscheni : 12’500 emplois

Finalement, quelque 12’500 emplois supplémentaires seraient nécessaires, dont près de 10’000 recrutés hors canton. 

Oui, et ?

Ce qui compte, c’est de livrer des rénovations, du solaire et des réseaux de chaleur de qualité, dans les délais. S’il faut compléter les équipes hors canton, tant mieux : on accélère, on transfère des compétences et on crée de l’activité locale (maintenance, exploitation, suivi de chantier). Avec un phasage réaliste, des marchés découpés pour les PME vaudoises et de la formation continue, l’impact net est positif. Le vrai enjeu n’est pas « d’où viennent les ouvrier·ère·s », mais d’éviter les retards, baisser les charges d’énergie et gagner en résilience.

L’affirmation reste spéculative parce qu’elle mélange besoin brut et impact net

  • Besoin brut = addition de postes « sur le papier » pour livrer tous les chantiers, sans tenir compte du phasage sur 15–20 ans, des gains de productivité, de la réallocation depuis les chauffages fossiles, ni de la formation locale.
  • Impact net = emplois réellement additionnels une fois déduits ces effets (requalifications, préfabrication, mutualisation, sous-traitance).

Même si le besoin brut semble élevé et implique du renfort hors canton, l’impact net peut rester maîtrisé — voire positif — pour l’emploi local et les PME si la montée en charge est planifiée.

Résilience et robustesse d’une société en transition

Par ailleurs, certains métiers vont disparaître ou se réduire fortement pour des raisons de protection du climat (automobile thermique, chaînes fossiles, activités très polluantes). Cela implique de former et de requalifier de nombreuses personnes vers de nouvelles tâches utiles (PAC, isolation, réseaux de chaleur, rénovation électrique, pilotage/maintenance des systèmes). C’est un chantier distinct — résilience et robustesse d’une société en transition — qui mérite un article à part entière.

Fabrice Moscheni : coût des loyers

Dans un marché du logement au taux de vacance inférieur à 1%, ceci pourrait faire grimper encore plus les loyers et générer de l’inflation. 

Les rénovations énergétiques bien conçues et encadrées n’ont pas à devenir un prétexte pour des hausses abusives : on sait les neutraliser par des règles simples (plafonnement temporaire des hausses liées aux travaux subventionnés, interdiction d’augmenter au-delà de l’économie d’énergie réalisée, transparence des coûts, priorité aux logements sociaux et coopératifs, prêts à taux préférentiels, accompagnement des ménages).

Le Conseil d’État prévoit que les hausses après travaux doivent tenir compte des variations du taux hypothécaire de référence. Or ce taux a baissé en 2025 (1,50 % puis 1,25 %), ce qui ouvre en principe un droit à une réduction d’env. 2,91 % par pas de 0,25 point lorsque rien d’autre ne s’y oppose. Autrement dit, dans de nombreux cas, imputer des rénovations au loyer aura peu d’impact net, voire pourra se traduire par une baisse si la diminution liée au taux de référence dépasse la part répercutable des travaux (info OFL/OFS sur le taux).

Rappel juridique. Seules les dépenses créant une plus-value (pas l’entretien courant) sont répercutables et sous contrôle de rendement ; la jurisprudence récente du Tribunal fédéral encadre strictement ces hausses (rendement admissible = taux de référence + 2 pts ; possibilité limitée d’une hausse forfaitaire ~2 % quand le taux ≤ 2 %, à articuler avec les baisses dues au taux) (LawInside n°1522). En parallèle, la baisse du taux de référence donne aux locataires des droits effectifs de contestation/réduction (art. 269 ss CO : Fedlex) ; l’OFL rappelle le statut de bien essentiel du logement dans le droit du bail (OFL – droit du bail).

Le logement est un bien essentiel — comme l’eau et l’air — et doit être protégé des stratégies de rente. Détourner le débat en accusant la transition énergétique, c’est faire peur pour éviter de s’attaquer aux vraies causes (spéculation et pénurie organisée). L’écologie vise à réduire les charges d’énergie, améliorer la qualité de l’air intérieur et renforcer la résilience des bâtiments. Bien menée, elle protège les locataires au lieu de les pénaliser.

Références

Le droit suisse le reconnaît : la lutte contre les loyers abusifs figure dans le Code des obligations (art. 269 ss), et l’Office fédéral du logement rappelle que le droit du bail « règle le pouvoir de disposition et d’utilisation d’un bien essentiel ». Au plan des droits humains, le PIDESC (art. 11) consacre le droit à un logement suffisant. Côté santé, l’OMS documente l’impact direct du logement (froid/chaleur, promiscuité, sécurité, accessibilité) sur la morbidité et la mortalité. Enfin, l’OCDE classe l’accès à un logement abordable au rang des politiques publiques de base. En Suisse, l’ASLOCA mène l’Initiative sur les loyers pour encadrer les rendements et stopper les loyers abusifs. Le contexte renforce l’enjeu : au 1ᵉʳ juin 2025, le taux de vacance est tombé à 1 %, signe d’une tension structurelle qui appelle des mesures anti-rente, pas l’accusation infondée de la transition climatique (Fedlex).

Fabrice Moscheni : apologie de l’écologisme

Tel un slogan politique, la nouvelle loi sur l’énergie LVLEne est une apologie de l’écologisme. Son impact sera infime sur le climat et sur l’indépendance énergétique, mais ses effets collatéraux seront délétères sur le niveau de vie des Vaudois.

La LVLEne, « apologie de l’écologisme », vraiment ?

Trois réalités indiscutables

1. le climat se réchauffe et chaque tonne évitée compte, dire que « l’impact sera infime » est trompeur

Les réductions locales s’additionnent, déclenchent des effets d’échelle (apprentissage, filières, baisse des coûts) et apportent des co-bénéfices immédiats : air plus sain, factures d’énergie maîtrisées, emplois qualifiés, sécurité d’approvisionnement renforcée. Les « effets délétères » ne viennent pas de la transition elle-même mais d’un statu quo qui entretient la précarité énergétique, la pollution et l’exposition aux marchés fossiles volatils (Réf. ci-dessous).

Mesures prioritaires (avant la climatisation) : isolation + brise-soleil/stores extérieurs, ventilation nocturne, toitures claires/végétalisées et ombrage, inertie thermique; en dernier recours, rafraîchissement efficace (PAC réversibles) là où nécessaire, après les mesures passives.

2. notre dépendance aux énergies importées nous expose aux chocs géopolitiques et aux hausses de prix

Pénurie et fragilité des fossiles, un fait structurel en Europe : depuis 2022, l’Europe subit une offre fossile structurellement contrainte : les flux de gaz russes par gazoducs se sont effondrés, la flexibilité des autres fournisseurs est limitée, et la détente durable du marché n’est attendue qu’avec la nouvelle vague de GNL à partir de 2026.

Autrement dit : accélérer la transition (sobriété, efficacité, renouvelables, flexibilité) n’est pas un « choix idéologique », c’est une obligation de sécurité pour réduire l’exposition aux chocs et à la volatilité. L’UE l’a acté avec REPowerEU, l’AIE souligne que la crise a révélé la vulnérabilité du modèle fossile et que la demande mondiale de charbon, pétrole et gaz atteint un pic avant 2030 dans son scénario de référence.

3. les bâtiments mal isolés coûtent cher aux ménages et nuisent à la santé (froid, humidité, air intérieur dégradé)

La santé publique est directement concernée : moins de NO₂/PM2.5, moins d’asthme et de maladies cardio-respiratoires.

Les murs mal isolés restent froids : ils favorisant la condensation, l’humidité et la prolifération de moisissures — d’où des problèmes respiratoires (asthme, irritations, allergies) dans les appartements.

Chaleur extrême : protéger aussi en été : L’assainissement n’est pas qu’une affaire d’hiver. Une enveloppe performante, des protections solaires extérieures et une ventilation adaptée réduisent la surchauffe intérieure lors des canicules, protègent d’abord les personnes vulnérables (aîné·es, enfants, ménages précaires, derniers étages) et abaissent le risque sanitaire. C’est un enjeu de justice sociale : les logements mal isolés et mal protégés sont les plus exposés.

4. Mais encore

La justice sociale est au cœur du sujet : la rénovation performante bien encadrée protège les locataires (charges en baisse, confort accru) et doit s’accompagner de garde-fous anti-rentes.

Quant à l’avenir, nous avons une obligation morale envers les générations futures : ne pas agir aujourd’hui, c’est leur transférer des coûts, des risques et des atteintes à la dignité que nous pouvons éviter.

Bref : responsabilité, sobriété, efficacité et production locale ne sont pas des slogans, ce sont les piliers d’une politique sérieuse qui protège le niveau de vie des Vaudois·e·s, au lieu de le sacrifier aux aléas des fossiles.

Références

  • Chaque tonne compte, effets s’additionnent (cadre général)
    • IPCC AR6 WGIII – Summary for Policymakers : le réchauffement dépend du cumul d’émissions ; les politiques locales/nationales agrégées modifient les trajectoires, avec co-bénéfices santé/énergie fréquents (IPCC).
  • Co-bénéfices immédiats : air plus sain, santé publique
    • Vienneau et al., 2023 (étude suisse, open-access) : l’exposition chronique à la pollution de l’air et au bruit des transports en Suisse est associée à une mortalité accrue → réduire les émissions locales améliore directement la santé (PMC).
    • OMS – Housing and Health Guidelines (à citer si tu parles du logement/qualité de l’air intérieur), (Energy).
    • AEEE/EEA 2025 (indicateur Europe, Suisse incluse) : suivi des décès prématurés PM2.5 et objectifs “zéro pollution” (eea.europa.eu).
  • Apprentissage, filières, baisse des coûts (effets d’échelle)
    • Rubin et al., Energy Policy 2015 : revue des learning rates pour 11 technologies ; PV et éolien présentent des baisses de coûts systématiques avec le déploiement (cmu.edu).
    • Haas et al., WIREs Energy Environ. 2023 : retour d’expérience ; 33 % de baisse du coût installé utility-scale PV entre 2010–2019 par doublement cumulé (ordre de grandeur), (wires.onlinelibrary.wiley.com).
    • Samadi, 2017 (Wuppertal Institute) : synthèse sur les courbes d’expérience électricité (PV/éolien vs fossiles), (epub.wupperinst.org).
  • Factures d’énergie maîtrisées & prix moins volatils (à long terme, si flexibilité)
    • IEA – Renewables 2023 : déploiement record, coûts en baisse, rôle des renouvelables pour réduire l’exposition aux combustibles fossiles et stabiliser les prix sur la durée (IEA).
    • ACER-CEER Market Monitoring Report 2024 (Retail) : après la crise gazière, l’augmentation des renouvelables couplée à des mesures de marché réduit l’exposition à la volatilité ; recommandations sur flexibilité/stockage (ceer.eu.
    • Bruegel (Policy brief) : marchés électriques plus intégrés + part accrue de renouvelables ⇒ coût moyen et volatilité moindres, à condition d’investir dans réseaux et flexibilité (Bruegel).
  • Sécurité d’approvisionnement renforcée (moins de fossiles importés)
    • IEA – Medium-Term Gas Report 2023 : la crise 2021–2023 révèle la vulnérabilité liée au gaz ; efficacité + renouvelables réduisent l’exposition macroéconomique (IEA).
    • Commission européenne (2024) : rapports trimestriels énergie → résilience accrue quand la demande de gaz baisse et que les renouvelables montent (Energy).
  • Pénurie et fragilité des fossiles, un fait structurel en Europe
    • IEA — Gas Market Lessons from the 2022–2023 Energy Crisis (chute des flux russes, faible flexibilité des alternatives), (iea.blob.core.windows.net).
    • IEA — European gas market volatility puts continued pressure… (détente surtout après 2026 avec le GNL), (iea.org).
    • Commission européenne — REPowerEU (réduire rapidement la dépendance aux fossiles russes et accélérer la transition), (commission.europa.eu).
    • IEA — World Energy Outlook 2023 (pic de la demande de fossiles avant 2030 dans le scénario STEPS), (IEA).
  • Chaleur extrême : protéger aussi en été
    • OMS — Housing and Health Guidelines (températures intérieures et santé) (who.int).
    • MétéoSuisse — Scénarios climatiques CH2018 (canicules plus longues et fréquentes), (meteoswiss.admin.ch).
    • OFSP — Canicule : recommandations et plans d’action (bag.admin.ch).
    • AEE/EEA — Indicateurs « Heatwaves in Europe » (eea.europa.eu).
    • SIA 180 / SIA 382/1 — Confort thermique d’été (normes de conception), (shop.sia.ch).

Questionnement

Il est lassant de voir se répéter des tribunes qui travestissent la réalité et jouent sur la peur. Est-il honnête de détourner des faits pour marquer des points politiques, au détriment d’une population qui manque souvent de temps pour s’informer et se fie — par nécessité — aux responsables publics ? Une élue ou un élu a-t-il le droit de tromper le peuple par des affirmations inexactes ? La question mérite d’être posée.

Il est temps de prendre nos responsabilités à la hauteur d’une catastrophe climatique et environnementale déjà en cours, établie par un large consensus scientifique. La population doit s’unir, lucidement et fermement, contre les discours mensongers de certains partis climatonégationnistes qui ne défendent ni l’intérêt général ni un avenir digne pour le peuple. Agir maintenant, avec sérieux est la seule voie responsable.

L’article officiel

Lausanne Cités

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Capture directe CO2, synthèse critique et chiffrée

Expérimenter fait partie du progrès. Tester des technologies capables de capturer directement le CO₂ dans l’atmosphère — comme la DACCS — peut apporter des enseignements précieux pour l’avenir. Mais faire croire que ces innovations vont résoudre la crise climatique relève du mensonge dangereux. Ce technosolutionnisme s’appuie trop souvent sur des croyances, amplifiées par des médias qui abordent le sujet de manière superficielle, en laissant penser que le problème du réchauffement climatique serait presque réglé.

Or, les analyses scientifiques et indépendantes — dont la vidéo du Réveilleur et plusieurs études de référence — montrent clairement que la seule solution efficace à court terme reste la réduction massive des émissions de CO₂.

Autrement dit : réduire dès maintenant notre dépendance aux énergies fossiles, plutôt que prétendre effacer leurs effets plus tard.

Pourtant, nos gouvernements et nos responsables politiques persistent à tergiverser, repoussant les décisions nécessaires au détriment des générations futures. Le discours reste le même : promesses, innovations miracles, croissance verte… tandis que le mur climatique se rapproche. L’économie continue de primer sur le vivant, sur la santé publique, sur la justice écologique.

Idée générale

La DACCS (direct Air Carbon Capture and Storage) vise à extraire du CO₂ directement de l’air puis à le stocker durablement sous terre (géologique/minéralisation). C’est une méthode d’élimination (CDR : Carbon Dioxide Removal) à condition que le carbone soit stocké pour des durées climatiquement pertinentes et vérifiable (MRV : Measurement, Reporting and Verification).

Comment ça marche

  • Solide (amines sur support) : l’air est ventilé à travers des filtres, on régénère le sorbant à ~100 °C, on sépare l’eau, on compresse et on stocke. Exemple : Climeworks (Orca, Mammoth). (Climeworks)
  • Liquide (KOH) : on capte le CO₂ dans une liqueur, on forme du CaCO₃ puis on le décompose à ~900 °C pour libérer du CO₂ pur. Filière portée par Carbon Engineering (rachetée par Occidental/1PointFive en 2023). (oxy.com)

Stockage et permanence

  • Minéralisation in situ (Carbfix) : >95 % du CO₂ injecté minéralisé en <2 ans dans des basaltes islandais — permanence de l’ordre des temps géologiques. (PubMed)

Ordres de grandeur énergétiques

  • Besoins : ~4–10 GJ/tCO aujourd’hui (majoritairement chaleur), limite thermo ~0,5–1 GJ/tCO₂. En pratique, on est encore loin de l’optimum. (IPCC)
  • Clé n°1 : électricité/chaleur bas carbone. Les LCA montrent que la DACCS peut atteindre 85–93 % d’efficacité nette si l’énergie est très décarbonée, avec un mix carboné, on peut basculer en émissions nettes. (IDEAS/RePEc)

Coûts et déploiement

  • Coûts actuels : plusieurs centaines d’€/t (bandes typiques 100–600 €/t visées à terme, bien plus aujourd’hui selon projets). Les marchés d’achats de CDR progressent mais restent modestes à l’échelle climatique. (cdr.fyi)
  • Capacités : Mammoth (Islande) est annoncé à 36 kt/an de capacité nominale (net inférieur). Ambition : Mt d’ici 2030, Gt d’ici 2050, hautement incertain. (Climeworks)

Empreinte au sol

  • Très faible vs afforestation : de l’ordre de >100× plus efficient en surface que planter des forêts, si l’énergie associée est elle-même compacte et bas carbone. (BCG)

Points d’attention / controverses récentes

  • Performance réelle vs nominale : retards/contre-perfs et licenciements ont alimenté des critiques, à ce stade pilote, prudence dans l’interprétation mais exigence de transparence et de MRV robuste. (The Guardian)
  • Risque de récupération fossile : Oxy/1PointFive rachète Carbon Engineering, l’usage d’énergie fossile pour de la DACCS crée un aléa moral et dégrade les bilans (fuites CH₄ amont). (oxy.com)

Ce qui tient, ce qui coince

Atouts

  • Permanence élevée (minéralisation), traçabilité potentiellement forte.
  • Faible emprise au sol, implantation flexible (si ressources énergétiques adéquates). (PubMed)

Faiblesses

  • Énergie et coûts élevés aujourd’hui, compétition avec d’autres usages prioritaires de l’électricité bas carbone. (IPCC)
  • Vitesse d’industrialisation incertaine (il faudrait des centaines à milliers d’usines type raffinerie pour passer à l’échelle).
  • Dépendance au soutien public : la DACCS ne produit ni énergie ni co-bénéfices économiques immédiats.

Positionnement stratégique

ligne éditoriale « Etat d’urgence »

1. Priorité absolue : réduction rapide des émissions

Le cœur de la stratégie climatique reste la réduction directe des émissions dans les secteurs principaux : énergie, mobilité, bâtiment et industrie.
La DACCS n’est qu’un complément, réservé aux émissions résiduelles difficiles à éviter (ex. aviation, procédés chimiques).

Autrement dit : on réduit d’abord, on compense ensuite les restes inévitables.

2. Garde-fous pour éviter la diversion

Il s’agit d’éviter que la DACCS devienne un prétexte pour ne rien changer.

Les conditions :

  • utiliser uniquement une énergie 100 % bas carbone

  • idéalement une énergie additionnelle (non détournée d’un autre usage utile)

  • privilégier des contrats directs (PPA – Power Purchase Agreements) ou la récupération de chaleur fatale industrielle

Sans ces garde-fous, la DACCS risquerait d’aggraver les émissions au lieu de les réduire.

3. MRV strict

Référence : cdr.fyi (base de données internationale sur le Carbon Dioxide Removal).

Le MRV (Measurement, Reporting, Verification) doit être exigeant et transparent :

  • ne comptabiliser que le CO₂ réellement stocké (ex-post)

  • interdire les “ventes-promesses” de crédits carbone basées sur des capacités futures non encore opérationnelles

  • garantir des audits indépendants et traçables

Le but est d’éviter le greenwashing financier et les fausses compensations.

4. Pare-feux anti-capture

Référence : oxy.com (cas d’Oxy/Carbon Engineering).

Il faut empêcher que la DACCS soit instrumentalisée par l’industrie fossile pour prolonger ses activités.

Cela implique :

  • aucun alignement politique ou financier avec des acteurs dont le modèle repose sur les hydrocarbures

  • refuser toute DACCS alimentée au gaz fossile ou dépendant d’infrastructures pétrolières

L’objectif est de dissocier la DACCS des logiques de rente fossile.

5. Transparence LCA (analyse du cycle de vie)

Référence : IDEAS/RePEc (bases d’études économiques et environnementales).

Chaque projet DACCS doit publier :

  • l’intensité carbone de l’énergie utilisée

  • les facteurs d’émissions amont (construction, transport, maintenance)

  • le taux d’efficacité nette : tonnes de CO₂ réellement retirées / tonnes captées

Sans ces données, il est impossible d’évaluer la crédibilité climatique du procédé.

6. Où la DACCS a du sens aujourd’hui

Les contextes pertinents :

  • zones disposant de chaleur fatale bas carbone ou de géothermie

  • présence d’un site géologique adapté pour la minéralisation (ex. basalte islandais)

Là où les conditions naturelles et énergétiques sont optimales, la DACCS peut avoir une utilité réelle.

7. Contrats publics/privés pour résiduels non évitables

Cible : émissions dites “incompressibles” – aviation, ciment, sidérurgie.

Les financements doivent passer par :

  • des contrats sous quotas carbone, transparents

  • aucune déduction des efforts de réduction obligatoires

  • des partenariats publics/privés strictement encadrés

La DACCS doit servir à neutraliser les résiduels, pas à acheter du temps pour retarder la transition.

Verdict court

Technologie utile mais non magique. À défendre uniquement dans un mix où elle n’empiète pas sur l’électrification et l’efficacité, où l’énergie est bas carbone, le stockage est permanent et la comptabilité est stricte. Sinon, c’est une distraction coûteuse.

Références clés

  • IPCC AR6 WGIII – CDR & DACCS : besoins énergétiques (4–10 GJ/t), rôle minoritaire, dépendance au mix. (IPCC)
  • Climeworks Mammoth (36 kt/an nominal, Islande, géothermie) : annonces et couverture médiatique. (Climeworks)
  • LCA DACCS (Climeworks/solide) : efficacité nette 85–93 % avec énergie bas carbone. (IDEAS/RePEc)
  • LCA DACCS (revue, seuils mix électrique) : risque d’émissions nettes si électricité carbonée. (SciSpace)
  • Carbfix (minéralisation rapide, permanence) : Nature 2016/2019 et ressources Carbfix. (PubMed)
  • Marché CDR (achats, dynamique 2024–2025) : CDR.fyi. (cdr.fyi)
  • Acquisition Carbon Engineering par Occidental (1PointFive) : communiqué et dépêche. (oxy.com)
  • CDR (Carbon Dioxide Removal) : signifie élimination du dioxyde de carbone. Cela regroupe toutes les méthodes qui retirent durablement du CO₂ de l’atmosphère — par exemple l’afforestation, la bioénergie avec capture et stockage (BECCS), ou la capture directe dans l’air et stockage (DACCS). Une approche CDR se distingue d’une simple réduction d’émissions : elle retire du CO₂ déjà présent dans l’atmosphère.
  • MRV (Measurement, Reporting and Verification) :désigne les processus de mesure, de déclaration et de vérification. Dans le cadre du climat, cela garantit que les tonnes de CO₂ déclarées comme capturées ou stockées le sont réellement, de manière traçable et vérifiable par des organismes indépendants.

Des machines qui retirent directement le CO2 de l’atmosphère (DACCS)

La DACCS vise à extraire du CO₂ directement de l’air puis à le stocker durablement dans le sous-sol (géologique/minéralisation). La vidéo aborde le fonctionnement, l’empreinte énergétique et matérielle, les coûts, les conditions de déploiement et les critiques (dont Climeworks). Question centrale : solution crédible pour traiter des émissions résiduelles, ou distraction coûteuse qui retarde la réduction des émissions ?

Autres articles sur le sujets

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Pour une écriture inclusive sans liens internet indésirables

Fini les liens internet à cause des points non médians !

Pourquoi est-ce important ?

Le point médian est devenu un outil central de l’écriture inclusive en français. Il permet de sortir de la règle archaïque du “masculin qui l’emporte” et de rendre visibles les personnes concernées par le mot. Sa maîtrise technique – qu’on soit sur Mac ou sur PC, Android ou iOS – est une condition pratique pour utiliser une langue plus équitable dans les textes militants, les documents institutionnels et les publications citoyennes.

Nous pouvons souvent voir des textes avec des liens internet involontaires suite à une tentative d’écriture inclusive sans trouver le point médian. Cela arrive lorsqu’on utilise le point normal (.) au lieu du point médian (·).

Résultat : certains mots sont automatiquement interprétés comme des adresses web.

Autre exemple, écrire « es » sans point médian (autre erreur) entre le « e » et le « s » transforme le mot en domaine .es, c’est-à-dire une adresse web espagnole ;-)

Exemples d’erreurs de saisie :

  • salarié.e.s → reconnu comme salarié.e.s (lien cliquable)
  • étudiant.e.s → transformé en étudiant.e.s (lien automatique)
  • militant.e.x.s → pris pour militant.e.x.s (format d’URL)
  • militant.es (ah, ah, lien sympa !) → interprété comme militant.es (nom de domaine espagnol)

Avec le point médian (·), plus de problème :

  • salarié·e·s
  • étudiant·e·s
  • militant·e·x·s
  • étudiant·es (ok mais pas conforme à l’écriture inclusive)

Point médian inclusif : tuto Mac, PC, IOS, android

Utiliser le point médian sur Mac

Raccourci clavier direct

  • Maintenir ⌥ Option + Maj + F → ·

Visionneuse de caractères

  • Ctrl + ⌘ Cmd + Espace → ouvre la palette emoji et symboles
  • Cliquer sur l’icône en forme de fenêtre pour passer en mode complet
  • Rechercher “middle dot” (en anglais) ou copier-coller · pour le retrouver

Raccourci personnalisé (complication inutile ?)

  • Préférences Système → Clavier → Texte
  • Ajouter une règle de substitution : par exemple remplacer :p par ·

Utiliser le point médian sur Windows

Code Alt (pavé numérique activé)

  • Alt + 0183 → ·

Insertion manuelle

  • Word : Insertion → Symboles → Autres symboles → choisir ·
  • LibreOffice : Insertion → Caractères spéciaux

Raccourci personnalisé

  • Word : Fichier → Options → Vérification → Options de correction automatique
  • Définir un remplacement (par ex. :p → ·)

Dans Windows : pour les raccourcis Word, la correction automatique ne fonctionne qu’avec les logiciels Microsoft, pas dans l’ensemble du système.

Variantes et pièges à éviter

Il existe plusieurs signes ressemblants qui ne doivent pas être confondus avec le point médian inclusif :

  • Point médian (·) = U+00B7 → à utiliser pour l’écriture inclusive
  • Interpunct (⋅) = U+22C5 → usage mathématique
  • Point classique (.) → ne remplit pas la même fonction

Ajout mobile (Android + iOS) au tuto « point médian »

Sur Android

Gboard (clavier Google) – méthode rapide

  • Appuie sur ?123 → puis =\< pour la deuxième page de symboles.
  • Le caractère · (U+00B7) est présent sur cette page. Tape-le directement.

Gboard – appui long

  • Selon la configuration de langue, un appui long sur la touche . peut ouvrir un mini-menu. Si · y figure, glisse le doigt dessus pour l’insérer.

Raccourci texte (mise en œuvre pas toujours simple)

  • Paramètres → Système (ou Gestion globale ou Langues et saisie, … selon les versions Android ou constructeurs, le chemin exact peut varier) →
  • Langues et saisie → Clavier virtuel → Gboard → Dictionnaire →
  • Dictionnaire personnel → Toutes les langues → +
  • Mot/Expression : ·
  • Raccourci : par ex. :p
  • Résultat : taper :p puis espace → ·

SwiftKey (alternative)

  • Symboles → page 2 → ·
  • Ou crée un raccourci dans SwiftKey : Paramètres SwiftKey → Saisie enrichie → Presse-papier → Raccourcis.

Sur iOS (iPhone / iPad)

Substitution de texte (méthode 100% fiable)

  • Réglages → GénéralClavierRemplacement de texte → +
  • Expression : ·
  • Raccourci : :p (ou autre)
  • Résultat : taper :p + espace → ·

Clavier Gboard sur iOS (si installé)

  • Bascule sur Gboard.
  • ?123 → =\< (2e page de symboles) → touche ·.

Presse-papier intelligent

  • Garde · en favori (app Notes par ex.) → copier/coller au besoin, ou l’utiliser une fois pour créer le Remplacement de texte ci-dessus.

Écriture inclusive, langage épicène ?

Inclusive

C’est un ensemble de pratiques qui visent à rendre visibles toutes les identités de genre dans la langue.

Elle inclut plusieurs procédés :

  • Point médian : salarié·e·s, étudiant·e·x·s
  • Doublets : « les étudiantes et les étudiants »
  • Féminisation des titres et métiers : autrice, chercheuse, présidente, docteure, professeure
  • Usage de formes neutres ou collectives : le corps enseignant, les personnes migrantes
  • Accords de proximité : « les femmes et les hommes sont belles et beaux »

L’écriture inclusive est donc large : ce n’est pas seulement le point médian.

Épicène

Un langage épicène utilise des formules neutres ou non marquées par le genre.

Exemples :

  • Dire « le corps enseignant » plutôt que « les enseignants »
  • Dire « les membres du comité » plutôt que « les hommes et les femmes du comité »
  • Dire « les personnes » plutôt que « les hommes »

Il s’agit donc de choisir des mots ou tournures qui incluent sans marquer de genre, plutôt que de doubler ou de recourir à des symboles.

Différence clé

  • Inclusive : vise la visibilité active de tous les genres (par doublets, points médians, accords, féminisation, etc.).
  • Épicène : vise la neutralité, en utilisant des termes qui englobent tout le monde sans mentionner explicitement le genre.

Note et correctifs ?

Merci de nous communiquer vos expériences et/ou vos correctifs : info@etatdurgence.ch

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Construire avec la Terre : un avenir sobre et local face au béton global

Matériau millénaire et pourtant largement oublié, la terre crue revient aujourd’hui dans le débat écologique comme parmi les matériaux les plus prometteurs pour bâtir des villes résilientes, sobres et locales.. Dans un contexte de raréfaction des ressources, de dérèglement climatique et d’appauvrissement social, les techniques de construction en terre apparaissent comme des alternatives crédibles au béton, tout en remettant en cause des imaginaires hérités du XXe siècle.

Dans l’interview Circul’Métabolisme, Erwan Hamard, ingénieur des travaux publics de l’État et docteur en génie civil, revient en détail sur l’histoire, les atouts, les limites et les conditions de redéploiement de cette filière. Ses recherches portent sur l’utilisation des terres d’excavation pour la construction en terre crue selon des procédés anciens, adaptés aux contraintes écologiques actuelles.

Une histoire millénaire… effacée en un siècle

Construire avec la terre, c’est vieux comme l’humanité sédentaire. Pendant plus de 10 000 ans, des civilisations entières ont bâti maisons, temples, murailles et villes en utilisant des techniques locales : torchi, adobe, pisé, bauge, blocs comprimés… Aujourd’hui encore, un million de logements en France sont faits en terre – souvent sans que leurs habitant·es ne le sachent.

Mais au XXe siècle, la généralisation du béton armé, la mécanisation et le mythe de la modernité ont marginalisé la terre crue. Erwan Hamard décrit une volonté collective de « faire table rase du passé », de tourner la page d’un monde rural, dur, fait de pénuries, pour embrasser l’ère du ciment, du parpaing et de la brique cuite. Ce virage s’est traduit par la destruction massive de bâtiments anciens, souvent remplacés par des matériaux industriels énergivores.

Comme le suggèrent les travaux d’Erwan Hamard, construire en terre crue, ce n’est pas un retour au passé, mais une manière de composer avec le lieu, le climat et les ressources disponibles.

Un déchet… qui pourrait tout reconstruire

Paradoxalement, la terre est aujourd’hui le déchet le plus abondant du secteur du bâtiment (24heures). Lors de travaux d’aménagement ou de creusement (réseaux, parkings, fondations), des millions de tonnes de terres sont extraites, puis transportées et enfouies à des kilomètres, faute de réemploi. En Bretagne, elles représentent jusqu’à 80 % des déchets du BTP (source : librairie.ademe.fr/ taper « terre crue » ou « réemploi BTP ».

Selon les recherches d’Erwan Hamard et de son équipe, environ 23 % de la terre excavée provenant des chantiers bretons est techniquement adaptée à la construction en bauge, ce qui permettrait de bâtir jusqu’à 50 % des logements individuels annuels. La mobilisation de cette ressource, notamment avec des techniques complémentaires comme la terre allégée ou le pisé, pourrait conduire à un déploiement bien au-delà — pour peu que les flux de terre soient gérés en amont des chantiers et intégrés à une démarche d’organisation urbaine pensée localement (réf.)

Des qualités écologiques uniques

Les avantages de la terre crue sont multiples :

  • Matériau local : elle est disponible à quelques kilomètres seulement du chantier.
  • Circulaire et réversible : elle peut être réutilisée indéfiniment ou rendue à la nature sans impact.
  • Faible impact carbone : pas de cuisson, pas d’industrie lourde, pas de transport à longue distance.
  • Confort thermique et hygrométrique : grâce à sa masse et ses propriétés argileuses, elle amortit les pics de chaleur et stabilise l’humidité intérieure.
  • Santé et bien-être : certaines études évoquent l’existence d’un microbiote spécifique dans les murs en terre, potentiellement bénéfique pour le système immunitaire.

La terre crue ne se contente pas de cocher des cases techniques. Elle offre aussi une qualité d’habitat que de nombreuses personnes décrivent comme « plus vivante », « apaisante », voire « nourrissante » dans leur rapport sensoriel au lieu. Bien que subjectifs, ces ressentis sont largement partagés dans les retours d’expérience recueillis sur les habitats en terre.

Les limites et les pièges à éviter

Construire en terre crue impose néanmoins des choix architecturaux adaptés. Elle ne peut pas rivaliser avec le béton pour les immeubles de grande hauteur ou les ouvrages de franchissement. Elle nécessite une bonne protection contre l’eau (débord de toiture, enduits compatibles), et des volumes de terre cohérents avec les ressources disponibles localement.

L’un des pièges majeurs consiste à ajouter du ciment à la terre pour la « renforcer ». Cela détruit ses propriétés naturelles, l’empêche d’être réversible, et peut aboutir à des murs plus carbonés qu’un mur en béton classique. Dans de nombreux pays du Sud, ce marché de la terre stabilisée est même devenu une nouvelle source de profit pour les cimentiers, au détriment de la logique écologique.

Un savoir-faire à reconstruire

Après des décennies d’oubli, les savoir-faire ont été perdus, et la filière repart presque de zéro. Des guides de bonnes pratiques ont été publiés avec l’appui du ministère de l’Écologie (France), et un Projet national Terre Crue vise à faire reconnaître les règles professionnelles nécessaires pour assurer l’assurance et la pérennité des constructions.

Mais l’obstacle principal reste culturel et symbolique. Dans l’imaginaire collectif, la terre évoque encore la pauvreté, le tiers-monde, ou la précarité. Ce stigmate freine son adoption. Il faut donc revaloriser ces architectures vernaculaires, adapter les normes, et favoriser la transmission des savoir-faire par des chantiers participatifs, des formations et un soutien aux artisan·es.

Une filière à structurer localement

L’un des enseignements forts d’Erwan Hamard est que la terre ne se transporte pas bien. Sa masse, sa fragilité et son coût écologique exigent une approche ultra locale, avec des circuits de transformation et de construction sur place. Une filière en terre crue ne peut donc pas être organisée comme celle du béton ou des matériaux industriels.

Il faut penser la chaîne dans son ensemble :

  • Identifier les bons gisements à proximité.
  • Adapter les techniques de mise en œuvre aux caractéristiques des terres locales.
  • Concevoir des bâtiments cohérents avec ces matériaux.
  • Former des artisan·es et favoriser les coopérations entre terrassiers, architectes, collectivités et citoyen·nes.

En Bretagne : la démonstration par les chiffres

Les travaux menés en Bretagne sont emblématiques. Selon certaines analyses régionales, il serait envisageable, en mobilisant efficacement les flux de terre locale sur le territoire breton, d’isoler le parc de bâtiments neufs et existants à l’aide de terre allégée dans un horizon temporel d’environ une décennie.

Cette expérimentation régionale pourrait inspirer d’autres territoires. Elle démontre que la transition écologique peut se faire sans pénurie ni high-tech, à condition de changer de paradigme et de modèle économique.

« Selon certaines modélisations régionales (notamment la thèse de Loris Verron et les projets du Projet National Terre Crue), il est envisagé que, si les flux de terre excavée étaient mobilisés efficacement, une couverture progressive du parc breton en isolation terre allégée pourrait être atteinte en une à deux décennies, sans dépendre d’importations ou de transformation industrielle. »

Repenser la ville… et nos imaginaires

Au-delà de la matière, construire en terre oblige à repenser l’urbanisme, la densité, l’esthétique et le rôle du chantier dans la société. Il ne s’agit pas de substituer la terre au béton dans les mêmes logiques, mais de bâtir autrement : avec plus de soin, de sobriété, d’ancrage local.

Erwan Hamard insiste : « La terre crue n’est pas un matériau d’ingénieur, c’est un matériau d’architecte. Elle oblige à concevoir intelligemment, à respecter les limites du matériau, et à composer avec le lieu, le climat, la culture. »

Valoriser l’existant, construire moins

Si la terre crue constitue une alternative prometteuse au béton, elle ne suffit pas à elle seule à repenser notre manière d’habiter. Comme le rappelle une recherche récente de l’EPFL, le bâti existant représente une véritable « mine d’or » pour inventer des formes d’habitat plus durables, sans avoir à reconstruire systématiquement. Adapter, réemployer, mutualiser, faire évoluer les usages — autant de pistes qui réduisent drastiquement l’empreinte carbone du secteur, tout en revalorisant les ressources déjà là. Une approche complémentaire à la terre crue, qui appelle à une vision systémique et sobre du futur de nos territoires.
Référence : Philippe Thalmann, professeur d’économie urbaine et environnementale à l’EPFL : actu.epfl.ch/news/le-bati-existant-une-mine-d-or-pour-inventer-l-hab/

Une reconnexion au vivant

Enfin, vivre dans un bâtiment en terre, c’est souvent renouer avec une sensation oubliée : celle d’un confort naturel, silencieux, respirant. Des études émergentes évoquent même des effets positifs sur la santé mentale et le bien-être, encore mal compris mais fortement ressentis.

Selon le Global Status Report 2024-2025 du Programme des Nations Unies pour l’environnement (UNEP), le secteur du bâtiment représente 34 % des émissions mondiales de CO₂ (construction et usage), consomme 32 % de l’énergie planétaire, et les matériaux comme le béton et l’acier en génèrent à eux seuls environ 18 %. Face à cela, la terre crue se présente comme une alternative locale, circulaire et à faible empreinte carbone.

Références

L’interview

Comment le béton et les parpaings ont éliminé la construction en terre crue ?

Erwan Hamard – Publications scientifiques : Accès à ses travaux sur la bauge, l’analyse des terres d’excavation, l’impact carbone, etc.
Recherches appliquées et validées dans un cadre universitaire.

Ferme de Bassenges : ce que cache vraiment le projet Bernoulli

Alors que l’EPFL prévoit de raser une ferme agroécologique modèle pour étendre un centre de mathématiques, une lettre ouverte collective remet les pendules à l’heure. Que dit-elle vraiment ? Pourquoi cette affaire dépasse largement un simple conflit d’affectation ?

Depuis janvier 2025, un vent de révolte souffle sur le campus de l’EPFL.

La direction a décidé de mettre fin à l’expérience de la Ferme de Bassenges, menée depuis 2020 par le collectif de la Ferme de Bassenges, pour y implanter le futur Centre Bernoulli. Résultat : un modèle vivant d’agriculture durable, ancré dans la recherche, la formation et le tissu local, est rayé de la carte.

Pourquoi ? Pour des bureaux. Des maths. Du béton. Une logique de développement déconnectée du vivant et des enjeux du XXIᵉ siècle.

Mais derrière l’annonce brutale, la mobilisation grandit. Et la lettre ouverte récemment publiée par un large collectif de citoyen·nes, scientifiques, architectes, élu·es, paysan·nes et étudiant·es vient poser une question de fond :

Peut-on encore sacrifier une ferme vivante, utile et exemplaire, sans rendre de comptes à personne ?

Une ferme pionnière, un modèle d’avenir

La Ferme de Bassenges, ce n’est pas une « exploitation comme une autre ».
C’est un laboratoire de transition agroécologique, sur 10 hectares, avec traction animale, autonomie fourragère, 300 personnes nourries localement, 5 emplois à plein temps, 3 apprenti·es formé·es, 20 collaborations universitaires.
On y croise brebis, maraîchage, low-tech et architecture biosourcée.
Bref : un prototype vivant de ce que devrait être l’agriculture dans un monde en crise climatique et alimentaire.

L’EPFL veut garder des champs. Mais sans paysan·nes.

La direction affirme que « les terrains resteront agricoles ». Mais elle oublie de préciser que :

  • les bâtiments seront désaffectés, donc le projet Cambium est impossible à maintenir ;

  • les prestations agricoles seront sous-traitées, sans vision intégrée, ni présence humaine, ni ancrage pédagogique.

Ce qu’on détruit ici, ce n’est pas une ferme, c’est une chaîne vertueuse : science + sol + société + savoirs. Une chaîne tissée patiemment depuis 5 ans et aujourd’hui réduite à néant.

Un patrimoine vivant balayé par la façade

Les bâtiments de la ferme sont classés ? Parfait. On va refaire les façades, mettre du triple vitrage… et installer des salles de conférence.
Ce que le collectif de la Ferme de Bassenges avait reconstruit avec soin — matériaux locaux, rénovations participatives, usage centré sur les communs — sera réduit à une coquille vide, standardisée, désincarnée.
Le patrimoine immatériel, lui, n’intéresse pas : mémoire paysanne, ancrage local, transmission, usages collectifs. Tout cela sera effacé.

Anafi 1.6.8

Pas de débat, pas d’alternatives : la méthode EPFL

Aucun dialogue.
Aucune consultation du collectif.
Aucune exploration sérieuse des alternatives, alors que le bâtiment actuel du Centre Bernoulli est conçu pour être surélevé. Cette option aurait permis de préserver la ferme sans retarder le chantier.

Le pire ? Deux bureaux seulement ont participé au concours d’architecture. Aucune information sur le projet lauréat. Et l’EPFL refuse toujours de publier une documentation complète.

Une gouvernance opaque, déjà dénoncée dans d’autres cas. Même logique, même mépris des usager·es.

Et maintenant ?

Le GIEC le martèle : il faut des trajectoires de développement résilient, inclusif, durable. Pas des infrastructures rigides, pensées à court terme, pour des logiques de prestige ou d’expansion bureaucratique.

Préserver la Ferme de Bassenges, ce n’est pas refuser les mathématiques.
C’est exiger une vision intégrée du territoire, où la recherche, l’alimentation, le climat, l’éducation et le vivant cohabitent et se renforcent mutuellement.

Dans 30 ans, on regardera en arrière.
Et on saura si l’EPFL a fait le bon choix : transformer une ferme vivante en bloc administratif, ou assumer enfin son rôle de moteur de la transition.

Références

Préserver la Ferme de Bassenges !

Détails et références : preserverbassenges.ch
La Ferme : fermedebassenges.ch

Article connexe :

EPFL contre Bassenges : la durabilité sacrifiée ?

EPFL contre Bassenges : la durabilité sacrifiée ?

Bassenges : une ferme pour demain, pas un chantier de plus

Alors que le monde vacille sous le poids des crises climatiques, écologiques, énergétiques et sociales, l’EPFL choisit… de sacrifier une ferme modèle au profit de bureaux supplémentaires. Absurde ? Non, symptomatique. Symptomatique d’un système qui persiste à détruire les racines mêmes de sa résilience, au nom d’un progrès désincarné, déconnecté, désastreux.

Depuis 2020, la Ferme de Bassenges, confiée à de jeunes agriculteur·ices, incarne une autre voie : une agriculture biologique, locale, low-tech, sobre, ouverte sur la communauté, nourricière de liens et de savoirs. Une ferme vivante, au sens plein du terme. Elle accueille aujourd’hui des centaines de personnes, des événements, des paniers, des projets de recherche – plus de 20 ! – sur l’agriculture du futur. Un modèle qui fait école. Et que la direction de l’EPFL s’apprête à raser.

Pourquoi ? Pour y étendre le Centre de mathématiques Bernoulli. Alors même qu’une alternative existe : surélever le bâtiment existant, comme le permettent ses plans d’origine. Mieux : un projet architectural concret a été proposé. Refusé. L’EPFL veut aller vite. Et fort. Coût estimé : 10 millions. Pendant que les taxes des étudiant·e·x·s étrangers triplent, pendant qu’on parle de durabilité à chaque page de brochure.

La ferme devait, selon le cahier des charges, « matérialiser l’exemplarité attendue d’institutions universitaires engagées dans les enjeux de durabilité ». Où est passée cette exemplarité ? Cette vision ? Cette responsabilité ?

Ce n’est pas qu’un champ. C’est un choix de société.

Dans une conférence donnée à l’UNIL, Arthur Keller (voir réf.), spécialiste de la résilience systémique, martèle : notre avenir dépend de notre capacité à bâtir des systèmes locaux, sobres, robustes, intégrés à leur territoire. Ce que la Ferme de Bassenges incarne. Et que sa destruction contredit frontalement.

Dans un autre entretien, le biologiste et penseur Olivier Hamant (voir réf.) rappelle que les systèmes vivants ne sont pas optimisés, ils sont robustes. Et cette robustesse, clef de notre avenir, passe par la diversité, la lenteur, l’enracinement local. Le vivant, ce n’est pas l’efficience à tout prix. C’est l’interdépendance. L’adaptation. Le temps long.

La Ferme de Bassenges, c’est précisément cela : une cellule vivante dans un corps universitaire qui, au lieu de l’écouter, la rejette. Alors que partout dans le monde, les universités explorent (voir réf.) des formes d’enseignement et de recherche ancrées dans le réel, dans le sol, dans la matière, l’EPFL tourne le dos à cette dynamique. Et à sa propre communauté : plus de 8’000 personnes ont signé une première pétition. Ignorée. Aujourd’hui, une nouvelle mobilisation interne est en cours.

Préserver Bassenges, c’est préparer demain

Ce combat n’est pas celui d’un champ contre un tableau Excel. C’est celui d’un avenir habitable contre un présent myope. Chaque ferme arrachée au béton est une victoire contre un effondrement. Chaque espace de savoir vivant, une bouffée d’oxygène dans un système en asphyxie.

Bassenges, c’est une démonstration de ce que pourrait être une université résiliente : une institution qui soutient la relocalisation de l’alimentation, la transition agroécologique, le lien avec les habitant·es, la formation par l’action. Qui forme non pas des ingénieur·es déconnecté·es, mais des bâtisseur·euses de monde soutenable.

Nous n’avons plus le luxe de sacrifier ce genre de lieu. Il faut les multiplier. Les défendre bec et ongles. Soutenir la ferme de Bassenges, c’est défendre le bon sens et préparer le monde d’après.

L’EPFL n’a pas pris en compte la première pétition. Il est temps de réaffirmer notre position avec cette nouvelle pétition réservée aux membres de l’EPFL et de l’UNIL: Signer la pétition

Références institutionnelles et médiatiques

  • Projet de Centre Bernoulli à Bassenges – EPFL
    Présentation officielle du projet de transformation des bâtiments de la ferme en centre scientifique, avec des précisions sur la revalorisation prévue et la résiliation du bail avec le collectif Cambium.
    Lire l’article
  • La ferme de Bassenges, agriculture low-tech sur un campus high-tech – EPFL
    Article détaillant les pratiques agroécologiques mises en place par le collectif depuis 2020, soulignant l’intégration de l’agriculture durable au sein du campus.
    Lire l’article
  • La ferme de Bassenges sur le campus de l’EPFL sera réaffectée en centre scientifique – RTS
    Reportage de la RTS sur la décision de l’EPFL de transformer la ferme en centre scientifique, incluant les réactions du collectif et de la communauté.
    Lire l’article

Conférences et analyses d’experts

  • Arthur Keller à l’UNIL : « Anticiper les effondrements systémiques »
    Conférence où Arthur Keller explore les stratégies de résilience face aux crises systémiques, soulignant l’importance des initiatives locales comme la Ferme de Bassenges.
    Regarder la conférence
  • Olivier Hamant sur Thinkerview : « Survie dans le chaos : la robustesse à l’épreuve »
    Entretien avec Olivier Hamant sur la nécessité de systèmes robustes et diversifiés pour faire face aux incertitudes futures, en lien avec les pratiques de la ferme.
    Regarder l’entretien

Ressources complémentaires

  • Design agroécologique de la Ferme de Bassenges – Bioactualités
    Document détaillant les principes de conception de la ferme, axés sur la résilience, l’autonomie et l’intelligence collective.
    Lire le document
  • Soutien d’Uniterre à la Ferme de Bassenges
    Communiqué de l’organisation paysanne Uniterre exprimant son inquiétude face à la réaffectation de la ferme et appelant à son maintien.
    Lire le communiqué

Universités pionnières en agroécologie et apprentissage par la pratique

  • University of California, Santa Cruz – Center for Agroecology
    Ce centre gère une ferme de 30 acres et un jardin de 3 acres, servant de laboratoire vivant pour l’enseignement, la recherche et le service public en agroécologie. Il propose des programmes de formation en jardinage biologique et en agriculture à petite échelle.
    agroecology.ucsc.edu
  • University of Vermont – Center for Sustainable Agriculture
    Ce centre promeut des systèmes alimentaires et agricoles résilients, économiquement et écologiquement durables, accessibles à tous, en soutenant la recherche, l’éducation et l’assistance technique.
    uvm.edu/extension/sustainableagriculture
  • Grand Valley State University – Sustainable Agriculture Project
    Un espace physique et une station scientifique où les étudiants peuvent mener des recherches sur les plantes, l’environnement et les interactions humaines-environnementales, tout en acquérant des compétences pratiques en agriculture durable.
    gvsu.edu/sustainableagproject
  • University of Michigan – Campus Farm
    Une ferme dirigée par des étudiants, servant de laboratoire vivant pour les systèmes alimentaires durables, favorisant le développement du leadership étudiant et des opportunités d’apprentissage à fort impact.
    mbgna.umich.edu/campus-farm

Initiatives pédagogiques et de recherche

  • Campus de la Transition (France)
    Situé à Forges, ce campus est un éco-lieu expérimental offrant des formations axées sur la transition écologique, l’économie, l’écologie et l’humanisme, en partenariat avec des institutions d’enseignement supérieur.
    campus-transition.org

Universités européennes intégrant des programmes agroécologiques

  • ISARA Lyon (France)
    Programme de Master en agroécologie avec apprentissage pratique sur fermes expérimentales, en partenariat avec Wageningen University.
    agroecology.fr
  • Gembloux Agro-Bio Tech – Université de Liège (Belgique)
    Faculté spécialisée en bioingénierie agricole, forestière et agroécologie, intégrée dans le tissu territorial wallon.
    gembloux.uliege.be
  • Projet AGROMIX – Horizon 2020 (Europe)
    Réseau de fermes expérimentales promouvant les systèmes agroforestiers mixtes pour une agriculture résiliente.
    agromixproject.eu
  • Campus de la Transition – Forges (France)
    Écolieu universitaire proposant des formations ancrées dans la sobriété, l’agroécologie et les pratiques résilientes.
    campus-transition.org
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Les idées reçues sur la capsule compatible ?

Vers une consommation responsable ?

Face à l’ampleur de la crise climatique, une démarche cohérente est de réduire sa consommation de café, et repenser profondément ma manière de le consommer.

Il est essentiel de se rappeler que les peuples autochtones dans les régions productrices — avant l’essor du commerce colonial et l’introduction massive de la culture du café par les Européens — vivaient très bien sans dépendance au café comme marchandise d’exportation. Ils cultivaient pour leur subsistance et entretenaient des écosystèmes riches et résilients.

Ma démarche personnelle est claire : diminuer ma consommation et privilégier des méthodes durables. Par exemple, j’utilise une cafetière Bialetti, héritée de ma chère grand-mère, robuste, sans déchets superflus, conçue pour durer des décennies.

Mais, soyons honnêtes ! Si je voulais vraiment être cohérent, je devrais arrêter le café et le thé, deux produits exotiques, issus de cultures intensives, et me contenter de tisanes de plantes locales européennes.

Je fais donc ici mon mea culpa : je prône la sobriété, mais je continue à m’accrocher à mon petit plaisir caféiné, comme un ours polaire à son dernier bout de banquise…

Et que dire de Trottet ?

Malgré l’article qui suit, je continue à consommer du café Trottet, car leurs efforts réels en matière d’approvisionnement et de réduction de leur empreinte locale sont à saluer.

Si j’ai pris Trottet comme exemple, c’est par respect pour leur démarche initiale et parce que je crois sincèrement qu’ils peuvent devenir un modèle d’entreprise engagée. Il va de soi que de nombreuses autres marques, beaucoup moins responsables, mériteraient des critiques bien plus sévères.
En mettant Trottet face à ses responsabilités, ça leur donne l’opportunité d’agir en conséquence, de se démarquer, et de contribuer à la transition écologique indispensable que notre époque exige.

J’encourage donc vivement Trottet à aller plus loin : corriger leur communication sur les capsules, retirer du catalogue les capsules et les machines à capsules, et assumer un choix courageux.

En créant une page expliquant ce choix radical — refuser les capsules pour des raisons écologiques et éthiques —, Trottet montrerait l’exemple.
Ils prendraient un risque commercial à court terme, mais gagneraient durablement la fidélité d’un public sensible, responsable et conscient de l’urgence climatique.

Sources Trottet

(1) : cafes.trottet.ch/rechauffement-climatique-et-le-cafe/

(extrait au 28.04.2025)

Les idées reçues sur la capsules compatible

Les idées reçues sur les capsules Nespresso®* compatibles et le climat peuvent être mal interprétées. Avec le phénomène scientifique de l’Arabica qui se verrait disparaître d’ici la fin du siècle si aucune démarche climatique n’est entreprise, le café en portion (capsule) devient une source fiable et durable dans la culture du café. Le café en capsule a un impact moins important sur l’environnement qu’un café en grains sur machine à café automatique. De plus, le café portionné est calibré pour préparer une tasse, afin d’éviter tout gaspillage de ressource. Un café en capsules compatible nécessite 5.5 g de café, tandis qu’avec une machine à grain, nous sommes à plus de 7 g. A chaque préparation, une économie de 1.5g de café.

Économiser la ressource

Avec plus de 8 millions d’habitants, ce n’est pas moins de 1’000 tasses qui sont bues par les Suisses par année, soit 3 cafés par jour. En partant du principe que la capsule de café est consommée, on parlera d’une économie de 1’000 x 1.5g de café = 1.5kg de café économisé par personne et par année. Cela représenterait une économie de ressource de quelques millions de kilos de café par année.

(2) : www.trottet.ch/fr/9-capsules-lavazza-espresso-point-compatibles

(Description du produit au 28.04.2025)

Capsules Lavazza Espresso Point® compatibles fabriquées à Genève

Nos capsules compatibles avec le système Lavazza Espresso Point®* sont composées de nos recettes authentiques élaborées par Théophile il y a 70 ans. Du café doux comme le Mocca au café corsé comme l’eccellenza Espresso ou l’Italien, 9 recettes authentiques aux saveurs variées sont très aromatiques et 100% naturelles. 100% de nos cafés sont torréfiés, conditionnés et emballés par nos soins sans intermédiaire ou sous-traitance à notre atelier de Genève. Nous contrôlons et effectuons toute la chaîne de production du café de son état vert à son état final torréfié. Nous assurons la qualité, traçabilité et transparence de chacune de nos gammes de café.

Le réchauffement climatique et le café : entre engagement sincère et greenwashing évident

L’impact climatique réel sur le café

Le réchauffement climatique est un défi existentiel pour la culture du café.
À travers le monde, l’augmentation des températures, la sécheresse, les maladies et la dégradation des sols menacent directement l’Arabica, variété la plus appréciée mais aussi la plus vulnérable. Face à cette réalité, des entreprises comme Trottet Cafés tentent d’adapter leur activité.
Si certaines démarches sont louables, d’autres communications relèvent clairement du greenwashing et de la désinformation écologique.

Le lien entre le climat et la culture du café est aujourd’hui indiscutable.
D’ici 2050, les zones adaptées à la culture de l’Arabica pourraient diminuer de moitié si rien n’est fait pour freiner le réchauffement (Bunn et al., 2015 ; IPCC, 2019). Le Robusta, plus résistant, ne pourra compenser ces pertes sans impacts sur la qualité gustative et la diversité des terroirs.

La recherche scientifique s’engage à développer de nouvelles variétés résistantes (World Coffee Research), mais cela ne pourra réussir sans une refonte de nos pratiques agricoles et sans une action climatique globale rapide et ambitieuse.

Ce que l’engagement de Trottet fait bien

Il est juste de reconnaître que Trottet déploie plusieurs efforts pertinents :

  • Approvisionnement en direct auprès des producteurs ou coopératives pour éviter les intermédiaires, ce qui peut bénéficier aux communautés locales.
  • Transport optimisé : achat par container complet pour réduire les trajets et donc l’empreinte carbone du transport.
  • Soutien à des projets sociaux dans les pays producteurs, comme un financement pour des besoins scolaires au Costa Rica.
  • Optimisation énergétique en Suisse : réduction des emballages de 50 %, amélioration de l’efficience énergétique de la torréfaction (-20 %) et réduction supplémentaire (-15 %) grâce au changement du catalyseur.

Ces actions locales montrent un engagement réel pour limiter une partie de leur impact environnemental et social. Elles doivent être saluées.

Là où Trottet tombe dans le greenwashing manifeste

Les capsules ne sont pas « une solution durable »

Affirmer que les capsules seraient plus écologiques que le café en grains est factuellement faux.

Plusieurs études de cycle de vie, notamment Humbert et al. (2009), démontrent que :

  • La production des capsules (aluminium, plastique, énergie grise) a un impact carbone majeur, bien supérieur à la légère économie de quelques grammes de café par tasse.
  • Le recyclage des capsules est marginal : même dans les meilleurs systèmes, seule une fraction des capsules collectées est effectivement recyclée. Le reste termine en incinération ou en décharge.
  • Les machines à capsules sont moins durables : elles ont une durée de vie plus courte que les cafetières manuelles ou automatiques, avec un besoin plus fréquent de remplacement.

Une logique de surconsommation emballée

La capsule véhicule une logique de surconsommation : plus d’emballages, plus de production de machines, plus de ressources mobilisées pour un plaisir instantané hyper calibré.

Ce modèle est à l’opposé de ce que demande l’urgence écologique : réduire notre consommation de ressources, prolonger la durée de vie des objets, simplifier nos modes de vie.

L’économie de 1.5 g de café : un argument fallacieux

La prétendue économie de 1.5 g de café par tasse est ridiculement insignifiante par rapport à l’impact global de la production et de l’emballage d’une capsule. C’est un exemple typique de greenwashing de détail, qui détourne l’attention du vrai problème pour rassurer artificiellement les consommateurs. Comparer 1.5 g de café économisé à des kilos de déchets d’emballages plastiques et aluminium générés est scientifiquement malhonnête.

Fabriqué localement… mais sans résoudre le problème de fond

Trottet met également en avant que ses capsules compatibles Lavazza Espresso Point® sont fabriquées localement à Genève, avec une maîtrise artisanale complète — de la torréfaction à l’emballage.
Cette approche locale a des avantages : elle réduit certaines émissions liées aux transports, assure une traçabilité du produit, et soutient l’économie régionale.

Cependant, fabriquer localement un produit structurellement problématique n’en annule pas l’impact environnemental majeur.

La capsule jetable reste un non-sens écologique, qu’elle soit fabriquée à Genève ou ailleurs :

  • La consommation de ressources pour fabriquer, utiliser et éliminer les capsules demeure extrêmement élevée par rapport à un café en grains ou un café préparé manuellement.
  • La production locale ne compense ni l’énergie grise des matériaux, ni l’effet d’emballage à usage unique, intrinsèquement incompatible avec une démarche de sobriété écologique.
  • La multiplication des formats de capsules (Nespresso®, Lavazza®, etc.) accroît la complexité du recyclage, fragmente les infrastructures de collecte, et favorise toujours plus l’obsolescence des machines.

Ce n’est pas le lieu de production qui doit être interrogé, mais bien le modèle de consommation qu’il entretient. Produire mieux est important. Mais produire moins, et surtout consommer autrement, est aujourd’hui vital.

Ce décalage entre un savoir-faire authentique et une stratégie de produit déconnectée de l’urgence écologique souligne pourquoi il est temps pour Trottet — et pour d’autres acteurs — d’opérer un véritable changement de cap, à la hauteur des enjeux climatiques et sociaux contemporains.

Que faut-il vraiment faire ?

  • Privilégier le café en grains, issu d’une filière durable et équitable, en utilisant des méthodes d’extraction simples (cafetière italienne, piston, filtre manuel).
  • Soutenir l’agroécologie du café, avec des cultures en agroforêts, respectueuses de la biodiversité.
  • Exiger une réduction systémique des émissions à toutes les étapes de la filière café, du champ jusqu’à la tasse.
  • Refuser le greenwashing qui transforme des gestes de consommation superflus en prétendues « solutions » écologiques.

Le réchauffement climatique est une menace sérieuse pour le café et pour les communautés qui le produisent. Nous n’avons pas besoin de capsules pour sauver le café. Nous avons besoin de moins d’extraction industrielle, plus de résilience agricole, plus de justice climatique — et de moins de poudre aux yeux marketing.

Références principales

  • Bunn, C., Läderach, P., Rivera, O. O., & Kirschke, D. (2015). A bitter cup: climate change profile of global production of Arabica and Robusta coffee. Climatic Change.
  • Davis, A. P., Gole, T. W., Baena, S., & Moat, J. (2012). The impact of climate change on indigenous Arabica coffee (Coffea arabica): Predicting future trends and identifying priorities. PLOS ONE.
  • IPCC (2019). Special Report on Climate Change and Land.
  • Humbert, S., Loerincik, Y., Jolliet, O., & Margni, M. (2009). Life cycle assessment of two coffee alternatives: drip filter and capsule coffee machine. Environmental Impact Assessment Review.

Suisse propre, mais sale…

Merci à la RTS de remettre (enfin) les pendules à l’heure

Cela fait des années que de nombreuses voix – dont celles d’etatdurgence (.ch) – rappellent une réalité trop souvent oubliée : les deux tiers de l’empreinte carbone de la Suisse sont externalisés à l’étranger. Pourtant, dans les médias romands, les articles et reportages continuent encore trop souvent de se focaliser uniquement sur le tiers national des émissions de gaz à effet de serre, en ignorant les émissions importées.

À de nombreuses reprises, etatdurgence.ch a interpellé et tagué la RTS et d’autres rédactions romandes pour les encourager à prendre en compte cette dimension cruciale dans leur couverture du climat. Il est donc salutaire de voir enfin un décryptage rigoureux, signé SRF et relayé par la RTS, qui met en lumière la face cachée du bilan climatique suisse.

Le moment est venu de faire évoluer le discours dominant, car on ne peut pas prétendre agir pour le climat si l’on externalise notre pollution tout en célébrant une soi-disant « exemplarité ».

L’article concerné : Ces émissions de CO₂ qui plombent le bilan carbone « officiel » de la Suisse

Des chiffres officiels flatteurs, mais partiels

Selon le Conseil fédéral, les émissions de gaz à effet de serre (GES) en Suisse ont baissé de 24 % depuis 1990. Les émissions par habitant·e seraient désormais inférieures à la moyenne mondiale.

Mais cette vision ne prend en compte que les émissions produites sur le territoire national – en d’autres termes, la moitié seulement de l’empreinte réelle du pays.

Les émissions importées : l’autre moitié du problème

Ces émissions proviennent de la production et du transport de biens consommés en Suisse, mais fabriqués ailleurs, souvent dans des conditions climatiques et sociales moins favorables.

En 2021, les émissions importées représentaient 3,8 fois les émissions nationales suisses. Cela place la Suisse parmi les pays dont l’empreinte carbone par personne est la plus élevée au monde.

Exemple des valeurs en 2022

  • Émissions nationales par habitant : 3,69 tonnes CO₂

  • Émissions totales incluant les importations : 13,87 tonnes CO₂

Calcul du facteur multiplicateur 13,87÷3,69≈3,76

Donc, les émissions réelles par habitant (avec externalisation) sont environ 3,76 fois plus élevées que celles mesurées sur le territoire national uniquement.

  • Émissions nationales : (3,69/13,87)×10026,6%

  • Émissions importées (13,87 – 3,69 = 10,18 t) : (10,18/13,87)×10073,4%

Autrement dit, près de 3/4 des émissions liées à notre mode de vie sont externalisées dans d’autres pays.

Des exemples concrets

Un simple achat d’écouteurs « Made in China » implique une chaîne d’émissions invisibles pour les consommatrices et consommateurs suisses : production, électricité au charbon, transport maritime ou aérien.

Rien que le transport international (bateaux, avions, camions) génère 17,57 millions de tonnes de CO₂e par an, dont les deux tiers ne sont pas comptabilisés dans le bilan suisse.

Pourquoi ces émissions sont ignorées ?

Le cadre juridique international (notamment la Convention-cadre de l’ONU et l’Accord de Paris) impose un calcul territorial : seules les émissions produites sur le territoire national sont prises en compte.

Résultat : la Suisse apparaît vertueuse sur le papier… en déléguant sa pollution à d’autres pays, notamment la Chine et l’Allemagne.

Les chaînes d’approvisionnement, angle mort des politiques climatiques

En Allemagne, la part élevée d’électricité au charbon alourdit le bilan carbone des importations suisses.

En Chine, plus de 8 millions de tonnes de CO₂e par an sont liées à la consommation suisse, dont un tiers est dû à l’électricité au charbon utilisée dans la production de composants et marchandises.

Un cinquième des émissions importées provient uniquement de l’électricité fossile utilisée à l’étranger pour produire les biens que nous consommons ici.

Le risque de « fuite de carbone »

En voulant réduire ses émissions sur le plan national, la Suisse peut simplement déplacer sa pollution ailleurs, vers des pays à la législation plus souple ou à l’énergie plus carbonée.

Ce phénomène aggrave le problème global, en incitant à des chaînes de production plus longues, moins transparentes et plus polluantes.

L’avis scientifique : changer d’approche

« Si la Suisse veut vraiment contribuer aux objectifs climatiques mondiaux, elle doit agir sur ses chaînes d’approvisionnement. »
Stephan Pfister, EPFZ

Les scientifiques s’expriment.

Conclusion : un devoir de cohérence

La Suisse ne peut plus se contenter d’un bilan territorial flatteur. Elle doit :

  • Mesurer et réduire son empreinte carbone de consommation, en y incluant les émissions importées.

  • Rendre plus durables ses importations, via des critères environnementaux et sociaux clairs.

  • Assumer sa responsabilité historique et financière, en tant que pays riche, connecté et influent.

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