L’invité du Lausanne Cité
Mercredi 15.10.2025, page 6.
Sacrifier les Vaudois sur l’autel de l’écologisme ?
Fabrice Moscheni
Député UDC au Grand Conseil
La révision de la loi vaudoise sur l’énergie (LVLEne) vise la neutralité du Canton de Vaud en termes d’émissions de CO₂, et le renforcement de son autonomie énergétique.
Concrètement, la rénovation de bâtiments à marche forcée et la production locale d’énergie seront imposées. L’investissement est estimé à 20 milliards, c’est-à-dire près de 25’000 francs par Vaudois.
L’impact climatique s’avère douteux malgré ce coût mirobolant : d’une part, même si le Canton de Vaud bannissait toutes les émissions de gaz à effet de serre de son territoire, cela n’aurait qu’un impact infime sur les émissions mondiales.
D’autre part, si l’on juge qu’il est néanmoins nécessaire d’avoir un Canton neutre en termes d’émissions carbone, ceci serait atteint pour un coût 400 fois inférieur en investissant dans des projets de réduction de CO₂ à l’étranger.
Le volet « indépendance énergétique » semble aussi nébuleux : le Canton de Vaud couvre déjà près de 50 % de ses besoins avec des sources énergétiques vaudoises et suisses. Produire toute l’énergie dans le Canton doublerait le coût moyen de l’énergie. Ceci engendrerait une forte inflation et le risque d’une crise économique majeure comme celle vécue lors du COVID.
Finalement, quelque 12’500 emplois supplémentaires seraient nécessaires, dont près de 10’000 recrutés hors canton.
Dans un marché du logement au taux de vacance inférieur à 1 %, ceci pourrait faire grimper encore plus les loyers et générer de l’inflation.
Tel un slogan politique, la nouvelle loi sur l’énergie LVLEne est une apologie de l’écologisme.
Son impact sera infime sur le climat et sur l’indépendance énergétique, mais ses effets collatéraux seront délétères sur le niveau de vie des Vaudois.
Point par point
Fabrice Moscheni : 25’000 francs par Vaudois
Concrètement, la rénovation de bâtiments à marche forcée et la production locale d’énergie seront imposées. L’investissement est estimé à 20 milliards, c’est-à-dire près de 25’000 francs par Vaudois.
État d’urgence : chiffrage officiel ?
C’est une simple division d’un total supposé de 20 milliards par ~800’000 habitant·e·s ≈ 25’000/personne. Ce n’est pas un impôt ni un coût réellement « par personne », c’est un ratio rhétorique utilisé dans le débat. La valeur dépend du périmètre retenu (quelles mesures, quels financeurs, subventions, effets de marché, durée). Les sources (Réf. 1, 2, 3, 4, ci-dessous) montrent qu’il s’agit d’estimations d’acteurs, pas d’un chiffrage officiel consolidé de l’État.
Références
- Exposé des motifs et projet de loi sur l’énergie (lvlene) (PDF officiel VD).
- Page officielle de l’État de Vaud sur la révision (contexte, calendrier).
- USPI Vaud avance « au moins 20 milliards » pour l’ensemble des mesures (≈ 2,5 milliards/an sur 8 ans).
- BN Conseils dévoile une étude inédite sur l’impact des nouvelles lois énergétiques à Genève et dans le canton de Vaud.
Complément : 25’000 : sur quelle période ?
l’USPI nous dit sur 8 ans, vraiment ?
Pas vraiment, « 8 ans » n’est pas un horizon fixé par la loi, c’est une hypothèse d’estimation avancée par l’USPI (uspi-vaud.ch).
- ≈ 20 Mrd CHF → 2,5 Mrd/an sur 8 ans.
- 3’125 par an par Vaudois·e sur 8 ans.
Dans les textes officiels, les délais sont nettement plus longs et variables selon les volets :
Le ratio « 25 000 CHF par personne » étalé sur « 8 ans » n’est pas un paramètre légal, l’horizon d’exécution réel s’étend surtout sur ~15–20 ans, avec des jalons 2035–2040 selon les mesures. (État de Vaud).
- Solaire sur toitures : valoriser l’entier du potentiel « d’ici au 31 décembre 2039 ».
- Remplacement des chauffages fossiles : 15 ans (installés avant 2020) ou 20 ans (installés après 2020) à partir de l’entrée en vigueur.
- Assainissement des bâtiments énergivores (CECB F/G) : le Conseil d’État a porté l’échéance-cible à 2040 (au lieu de 2030 initialement évoqué), avec un coût estimé de 4–5 Mrd sur ~15 ans pour ce seul volet.
- Photovoltaïque : investissements agrégés estimés à 7,6–8,8 Mrd « d’ici à 2040 ».
Fabrice Moscheni : impact climatique douteux
L’impact climatique s’avère douteux malgré ce coût mirobolant : d’une part, même si le Canton de Vaud bannissait toutes les émissions de gaz à effet de serre de son territoire, cela n’aurait qu’un impact infime sur les émissions mondiales
État d’urgence : « small-share fallacy »
Cet argument relève du « small share fallacy » (sophisme de la petite part) : confondre faible part des émissions mondiales et absence d’utilité d’agir.
Le climat est un problème cumulatif et collectif
Chaque tonne évitée compte. Le GIEC rappelle que l’ampleur du réchauffement dépend du cumul des émissions et que toute réduction, même locale, diminue les risques. La logique de l’Accord de Paris est précisément l’addition de contributions nationales et locales (NDC), pas l’action de « grands » seuls (IPCC : Climate Change 2023 Synthesis Report PDF et 4.2 Accélération des mesures d’atténuation à toutes les échelles).
Responsabilité réelle de la Suisse
(et donc des cantons)
Les émissions « territoriales » suisses par habitant sont modestes, mais l’empreinte de consommation atteint ~14 tCO₂e/hab (importations incluses), parmi les plus élevées au monde. Réduire l’empreinte locale (bâtiments, mobilité, électricité) fait partie de cette responsabilité élargie (Swissinfo : Pourquoi l’empreinte carbone de la Suisse est plus importante que vous ne le pensez).
Les politiques locales diffusent et démultiplient l’impact
Les normes et programmes d’un « petit » acteur se propagent par effets d’entraînement (policy diffusion). Des études récentes montrent des retombées mesurables des standards et portefeuilles renouvelables d’un État/juridiction sur d’autres, via imitation, marchés interconnectés et chaînes d’approvisionnement.
Autrement dit : agir localement change les règles du jeu au-delà des frontières.
PNAS : L’effet d’entraînement des normes obligatoires en matière de portefeuille d’énergies renouvelables
L’innovation baisse les coûts pour tous
Les baisses spectaculaires des coûts du solaire et de l’éolien suivent des courbes d’apprentissage : chaque doublement de capacité installée réduit les coûts. Les déploiements locaux (même « petits ») contribuent à ces volumes, donc aux baisses de prix mondiales et à l’adoption ailleurs (IEA : solaire photovoltaïque).
Équité et crédibilité internationales
Les pays et régions à hauts revenus et à forte empreinte de consommation perdent toute crédibilité s’ils invoquent la petitesse pour ne rien faire.
L’architecture de Paris repose sur la réciprocité et la confiance : chacun fait sa part à la mesure de ses capacités et de sa responsabilité, ce qui conditionne l’ambition des autres (IPCC :Climate Change 2023 Synthesis Report PDF).
Conclusion opérationnelle
Dire « notre part est infime, donc inutile » est factuellement faux et stratégiquement contre-productif.
Les réductions locales
réduisent un cumul mondial où chaque tonne compte ;
ont des retombées sanitaires et économiques locales tangibles ;
accélèrent l’innovation et abaissent les coûts pour toutes et tous ;
créent des effets d’entraînement réglementaires et de marché ;
renforcent la crédibilité et l’ambition collective et c’est précisément ainsi que des « petits » changements produisent de grands effets.
Fabrice Moscheni : réduction de CO₂ à l’étranger
D’autre part, si l’on juge qu’il est néanmoins nécessaire d’avoir un Canton neutre en termes d’émissions carbone, ceci serait atteint pour un coût 400 fois inférieur en investissant dans des projets de réduction de CO₂ à l’étranger.
État d’urgence : Contraintes juridiques et plafonds
En Suisse, la neutralité ne peut pas être « achetée » à l’étranger. Les réductions officielles comptabilisées reposent d’abord sur des projets nationaux donnant des attestations (cadre CO₂-Loi), et les réductions à l’étranger ne sont admises que sous forme d’ITMOs Article 6, via des accords bilatéraux et avec ajustements correspondants pour éviter le double comptage. C’est un complément encadré, pas une substitution illimitée (Compensation du CO2 : Compensation en Suisse).
Le « ×400 moins cher » n’a pas de base robuste
La Suisse est pionnière des achats à l’étranger sous l’Article 6 (accords bilatéraux Pérou 2020, Ghana 2022) et vise jusqu’à ~12 Mt de CO₂ compensés, soit environ un tiers des réductions prévues. Mais ces unités (ITMOs) sont complexes à mettre en œuvre et contraintes par des critères d’additionalité, des risques de double comptage et des exigences de registres. L’article souligne aussi les controverses sur l’équité et la qualité, ainsi que la volatilité et l’hétérogénéité des prix. Autrement dit : le volume réellement disponible de réductions fiables n’est ni illimité ni garanti à bas coût — comparer ces crédits à des investissements d’infrastructure durables chez nous conduit à une fausse équivalence (La Suisse pionnière de la controversée compensation carbone et Les Suisses paient en moyenne 23,50 dollars pour les crédits carbone de l’article 6, bien en deçà des coûts nationaux).
Compter sur l’extérieur n’apporte aucun co-bénéfice local (air plus sain, moindre dépendance énergétique, emplois), alors que ces bénéfices sont précisément générés par les investissements domestiques que nous devrons de toute façon réaliser pour atteindre le net-zéro (Compensation du CO2 : Compensation en Suisse).
Fabrice Moscheni : doublement des coûts de l’énergie
Le volet « indépendance énergétique » semble aussi nébuleux : le Canton de Vaud couvre déjà près de 50 % de ses besoins avec des sources énergétiques vaudoises et suisses. Produire toute l’énergie dans le Canton doublerait le coût moyen de l’énergie. Ceci engendrerait une forte inflation et le risque d’une crise économique majeure comme celle vécue lors du COVID.
État d’urgence : Indépendance et géopolitique
Dans un monde sous tension (guerre en Ukraine, chocs gaziers, routes d’approvisionnement), la dépendance aux importations est un risque macroéconomique. La Suisse importe ~70 % de son énergie et dépense en moyenne ~8 milliards CHF/an pour ces importations : réduire cette exposition par l’efficacité, le solaire, les réseaux de chaleur et l’électrification renforce la sécurité d’approvisionnement (Confédération suisse, à propos de la Suisse : énergie).
Coûts : l’affirmation « produire localement doublerait le prix » est non étayée
Depuis la crise 2021–2023, les coûts/contrats long terme éolien-PV en Europe se situent très en-dessous des prix de marché fossiles. Déployer des renouvelables et l’efficacité réduit la consommation de gaz et l’exposition à la volatilité, ce qui stabilise les prix plutôt que de les « doubler ». Des analyses (IEA, ACER/IMF) montrent que davantage de renouvelables abaisse le niveau et la volatilité moyenne des prix électriques à long terme (à condition d’ajouter flexibilité, stockage, interconnexions).
AIE (Agence internationale de l’énergie) : Renouvelables, 2024, renouvelables, 2025 et La crise énergétique mondiale pousse l’accélérateur du développement des énergies renouvelables, 2022
Robustesse d’un écosystème énergétique local
Un mix plus local et distribué (PV toitures, pompes à chaleur, réseaux de chaleur, flexibilité, micro-réseaux) améliore la résilience face aux pannes et aux chocs d’importation, tout en répondant aux priorités fédérales de sécurité d’approvisionnement à coût soutenable (stratégie 2050/SFOE). Les études de référence sur les ressources distribuées concluent à des gains de résilience et à une moindre dépendance aux fossiles importés, si l’on investit aussi dans le réseau et le pilotage.
La comparaison à la crise « COVID » est inexacte
La flambée des prix est venue surtout du gaz et de la géopolitique, justement le type de risque que l’autonomie locale atténue.
Fabrice Moscheni : 12’500 emplois
Finalement, quelque 12’500 emplois supplémentaires seraient nécessaires, dont près de 10’000 recrutés hors canton.
État d’urgence : 10’000 recrutés hors canton
Oui, et ?
Ce qui compte, c’est de livrer des rénovations, du solaire et des réseaux de chaleur de qualité, dans les délais. S’il faut compléter les équipes hors canton, tant mieux : on accélère, on transfère des compétences et on crée de l’activité locale (maintenance, exploitation, suivi de chantier). Avec un phasage réaliste, des marchés découpés pour les PME vaudoises et de la formation continue, l’impact net est positif. Le vrai enjeu n’est pas « d’où viennent les ouvrier·ère·s », mais d’éviter les retards, baisser les charges d’énergie et gagner en résilience.
L’affirmation reste spéculative parce qu’elle mélange besoin brut et impact net
- Besoin brut = addition de postes « sur le papier » pour livrer tous les chantiers, sans tenir compte du phasage sur 15–20 ans, des gains de productivité, de la réallocation depuis les chauffages fossiles, ni de la formation locale.
- Impact net = emplois réellement additionnels une fois déduits ces effets (requalifications, préfabrication, mutualisation, sous-traitance).
Même si le besoin brut semble élevé et implique du renfort hors canton, l’impact net peut rester maîtrisé — voire positif — pour l’emploi local et les PME si la montée en charge est planifiée.
Résilience et robustesse d’une société en transition
Par ailleurs, certains métiers vont disparaître ou se réduire fortement pour des raisons de protection du climat (automobile thermique, chaînes fossiles, activités très polluantes). Cela implique de former et de requalifier de nombreuses personnes vers de nouvelles tâches utiles (PAC, isolation, réseaux de chaleur, rénovation électrique, pilotage/maintenance des systèmes). C’est un chantier distinct — résilience et robustesse d’une société en transition — qui mérite un article à part entière.
Fabrice Moscheni : coût des loyers
Dans un marché du logement au taux de vacance inférieur à 1%, ceci pourrait faire grimper encore plus les loyers et générer de l’inflation.
État d’urgence : les loyers qui explosent, un écran de fumée ?
Les rénovations énergétiques bien conçues et encadrées n’ont pas à devenir un prétexte pour des hausses abusives : on sait les neutraliser par des règles simples (plafonnement temporaire des hausses liées aux travaux subventionnés, interdiction d’augmenter au-delà de l’économie d’énergie réalisée, transparence des coûts, priorité aux logements sociaux et coopératifs, prêts à taux préférentiels, accompagnement des ménages).
Le Conseil d’État prévoit que les hausses après travaux doivent tenir compte des variations du taux hypothécaire de référence. Or ce taux a baissé en 2025 (1,50 % puis 1,25 %), ce qui ouvre en principe un droit à une réduction d’env. 2,91 % par pas de 0,25 point lorsque rien d’autre ne s’y oppose. Autrement dit, dans de nombreux cas, imputer des rénovations au loyer aura peu d’impact net, voire pourra se traduire par une baisse si la diminution liée au taux de référence dépasse la part répercutable des travaux (info OFL/OFS sur le taux).
Rappel juridique. Seules les dépenses créant une plus-value (pas l’entretien courant) sont répercutables et sous contrôle de rendement ; la jurisprudence récente du Tribunal fédéral encadre strictement ces hausses (rendement admissible = taux de référence + 2 pts ; possibilité limitée d’une hausse forfaitaire ~2 % quand le taux ≤ 2 %, à articuler avec les baisses dues au taux) (LawInside n°1522). En parallèle, la baisse du taux de référence donne aux locataires des droits effectifs de contestation/réduction (art. 269 ss CO : Fedlex) ; l’OFL rappelle le statut de bien essentiel du logement dans le droit du bail (OFL – droit du bail).
Le logement est un bien essentiel — comme l’eau et l’air — et doit être protégé des stratégies de rente. Détourner le débat en accusant la transition énergétique, c’est faire peur pour éviter de s’attaquer aux vraies causes (spéculation et pénurie organisée). L’écologie vise à réduire les charges d’énergie, améliorer la qualité de l’air intérieur et renforcer la résilience des bâtiments. Bien menée, elle protège les locataires au lieu de les pénaliser.
Références
Le droit suisse le reconnaît : la lutte contre les loyers abusifs figure dans le Code des obligations (art. 269 ss), et l’Office fédéral du logement rappelle que le droit du bail « règle le pouvoir de disposition et d’utilisation d’un bien essentiel ». Au plan des droits humains, le PIDESC (art. 11) consacre le droit à un logement suffisant. Côté santé, l’OMS documente l’impact direct du logement (froid/chaleur, promiscuité, sécurité, accessibilité) sur la morbidité et la mortalité. Enfin, l’OCDE classe l’accès à un logement abordable au rang des politiques publiques de base. En Suisse, l’ASLOCA mène l’Initiative sur les loyers pour encadrer les rendements et stopper les loyers abusifs. Le contexte renforce l’enjeu : au 1ᵉʳ juin 2025, le taux de vacance est tombé à 1 %, signe d’une tension structurelle qui appelle des mesures anti-rente, pas l’accusation infondée de la transition climatique (Fedlex).
- Taux de vacance 1 % (2025) → communiqué OFS/OFL : BFS
- Fedex – Code des obligations (loyers abusifs) : art. 269 – 269a – 269c
- Jurisprudence TF (plus-value, rendement, hausse forfaitaire) : LawInside n°1522
- OFL – « Politique du droit du bail » (« bien essentiel ») : bwo.admin.ch
- OFL – Taux hypothécaire de référence 2025 (1,50 % puis 1,25 %) : rubrique Taux d’intérêt de référence : bwo.admin.ch
- OMS – Housing and Health Guidelines : Organisation mondiale de la santé
- PIDESC – droit au logement adéquat : art. 11
- OHCHR – droit au logement adéquat : Haut-Commissariat aux droits de l’homme
- OCDE – Logement abordable : oecd.org/housing
- ASLOCA (outils, contestation, initiative) : asloca.ch · initiative-loyers.ch
Fabrice Moscheni : apologie de l’écologisme
Tel un slogan politique, la nouvelle loi sur l’énergie LVLEne est une apologie de l’écologisme. Son impact sera infime sur le climat et sur l’indépendance énergétique, mais ses effets collatéraux seront délétères sur le niveau de vie des Vaudois.
État d’urgence : trois réalités indiscutables
La LVLEne, « apologie de l’écologisme », vraiment ?
Trois réalités indiscutables
1. le climat se réchauffe et chaque tonne évitée compte, dire que « l’impact sera infime » est trompeur
Les réductions locales s’additionnent, déclenchent des effets d’échelle (apprentissage, filières, baisse des coûts) et apportent des co-bénéfices immédiats : air plus sain, factures d’énergie maîtrisées, emplois qualifiés, sécurité d’approvisionnement renforcée. Les « effets délétères » ne viennent pas de la transition elle-même mais d’un statu quo qui entretient la précarité énergétique, la pollution et l’exposition aux marchés fossiles volatils (Réf. ci-dessous).
Mesures prioritaires (avant la climatisation) : isolation + brise-soleil/stores extérieurs, ventilation nocturne, toitures claires/végétalisées et ombrage, inertie thermique; en dernier recours, rafraîchissement efficace (PAC réversibles) là où nécessaire, après les mesures passives.
2. notre dépendance aux énergies importées nous expose aux chocs géopolitiques et aux hausses de prix
Pénurie et fragilité des fossiles, un fait structurel en Europe : depuis 2022, l’Europe subit une offre fossile structurellement contrainte : les flux de gaz russes par gazoducs se sont effondrés, la flexibilité des autres fournisseurs est limitée, et la détente durable du marché n’est attendue qu’avec la nouvelle vague de GNL à partir de 2026.
Autrement dit : accélérer la transition (sobriété, efficacité, renouvelables, flexibilité) n’est pas un « choix idéologique », c’est une obligation de sécurité pour réduire l’exposition aux chocs et à la volatilité. L’UE l’a acté avec REPowerEU, l’AIE souligne que la crise a révélé la vulnérabilité du modèle fossile et que la demande mondiale de charbon, pétrole et gaz atteint un pic avant 2030 dans son scénario de référence.
3. les bâtiments mal isolés coûtent cher aux ménages et nuisent à la santé (froid, humidité, air intérieur dégradé)
La santé publique est directement concernée : moins de NO₂/PM2.5, moins d’asthme et de maladies cardio-respiratoires.
Les murs mal isolés restent froids : ils favorisant la condensation, l’humidité et la prolifération de moisissures — d’où des problèmes respiratoires (asthme, irritations, allergies) dans les appartements.
Chaleur extrême : protéger aussi en été : L’assainissement n’est pas qu’une affaire d’hiver. Une enveloppe performante, des protections solaires extérieures et une ventilation adaptée réduisent la surchauffe intérieure lors des canicules, protègent d’abord les personnes vulnérables (aîné·es, enfants, ménages précaires, derniers étages) et abaissent le risque sanitaire. C’est un enjeu de justice sociale : les logements mal isolés et mal protégés sont les plus exposés.
4. Mais encore
La justice sociale est au cœur du sujet : la rénovation performante bien encadrée protège les locataires (charges en baisse, confort accru) et doit s’accompagner de garde-fous anti-rentes.
Quant à l’avenir, nous avons une obligation morale envers les générations futures : ne pas agir aujourd’hui, c’est leur transférer des coûts, des risques et des atteintes à la dignité que nous pouvons éviter.
Bref : responsabilité, sobriété, efficacité et production locale ne sont pas des slogans, ce sont les piliers d’une politique sérieuse qui protège le niveau de vie des Vaudois·e·s, au lieu de le sacrifier aux aléas des fossiles.
Références
- Chaque tonne compte, effets s’additionnent (cadre général)
- IPCC AR6 WGIII – Summary for Policymakers : le réchauffement dépend du cumul d’émissions ; les politiques locales/nationales agrégées modifient les trajectoires, avec co-bénéfices santé/énergie fréquents (IPCC).
- Co-bénéfices immédiats : air plus sain, santé publique
- Vienneau et al., 2023 (étude suisse, open-access) : l’exposition chronique à la pollution de l’air et au bruit des transports en Suisse est associée à une mortalité accrue → réduire les émissions locales améliore directement la santé (PMC).
- OMS – Housing and Health Guidelines (à citer si tu parles du logement/qualité de l’air intérieur), (Energy).
- AEEE/EEA 2025 (indicateur Europe, Suisse incluse) : suivi des décès prématurés PM2.5 et objectifs “zéro pollution” (eea.europa.eu).
- Apprentissage, filières, baisse des coûts (effets d’échelle)
- Rubin et al., Energy Policy 2015 : revue des learning rates pour 11 technologies ; PV et éolien présentent des baisses de coûts systématiques avec le déploiement (cmu.edu).
- Haas et al., WIREs Energy Environ. 2023 : retour d’expérience ; 33 % de baisse du coût installé utility-scale PV entre 2010–2019 par doublement cumulé (ordre de grandeur), (wires.onlinelibrary.wiley.com).
- Samadi, 2017 (Wuppertal Institute) : synthèse sur les courbes d’expérience électricité (PV/éolien vs fossiles), (epub.wupperinst.org).
- Factures d’énergie maîtrisées & prix moins volatils (à long terme, si flexibilité)
- IEA – Renewables 2023 : déploiement record, coûts en baisse, rôle des renouvelables pour réduire l’exposition aux combustibles fossiles et stabiliser les prix sur la durée (IEA).
- ACER-CEER Market Monitoring Report 2024 (Retail) : après la crise gazière, l’augmentation des renouvelables couplée à des mesures de marché réduit l’exposition à la volatilité ; recommandations sur flexibilité/stockage (ceer.eu.
- Bruegel (Policy brief) : marchés électriques plus intégrés + part accrue de renouvelables ⇒ coût moyen et volatilité moindres, à condition d’investir dans réseaux et flexibilité (Bruegel).
- Sécurité d’approvisionnement renforcée (moins de fossiles importés)
- IEA – Medium-Term Gas Report 2023 : la crise 2021–2023 révèle la vulnérabilité liée au gaz ; efficacité + renouvelables réduisent l’exposition macroéconomique (IEA).
- Commission européenne (2024) : rapports trimestriels énergie → résilience accrue quand la demande de gaz baisse et que les renouvelables montent (Energy).
- Pénurie et fragilité des fossiles, un fait structurel en Europe
- IEA — Gas Market Lessons from the 2022–2023 Energy Crisis (chute des flux russes, faible flexibilité des alternatives), (iea.blob.core.windows.net).
- IEA — European gas market volatility puts continued pressure… (détente surtout après 2026 avec le GNL), (iea.org).
- Commission européenne — REPowerEU (réduire rapidement la dépendance aux fossiles russes et accélérer la transition), (commission.europa.eu).
- IEA — World Energy Outlook 2023 (pic de la demande de fossiles avant 2030 dans le scénario STEPS), (IEA).
- Chaleur extrême : protéger aussi en été
- OMS — Housing and Health Guidelines (températures intérieures et santé) (who.int).
- MétéoSuisse — Scénarios climatiques CH2018 (canicules plus longues et fréquentes), (meteoswiss.admin.ch).
- OFSP — Canicule : recommandations et plans d’action (bag.admin.ch).
- AEE/EEA — Indicateurs « Heatwaves in Europe » (eea.europa.eu).
- SIA 180 / SIA 382/1 — Confort thermique d’été (normes de conception), (shop.sia.ch).
Questionnement
Il est lassant de voir se répéter des tribunes qui travestissent la réalité et jouent sur la peur. Est-il honnête de détourner des faits pour marquer des points politiques, au détriment d’une population qui manque souvent de temps pour s’informer et se fie — par nécessité — aux responsables publics ? Une élue ou un élu a-t-il le droit de tromper le peuple par des affirmations inexactes ? La question mérite d’être posée.
Il est temps de prendre nos responsabilités à la hauteur d’une catastrophe climatique et environnementale déjà en cours, établie par un large consensus scientifique. La population doit s’unir, lucidement et fermement, contre les discours mensongers de certains partis climatonégationnistes qui ne défendent ni l’intérêt général ni un avenir digne pour le peuple. Agir maintenant, avec sérieux est la seule voie responsable.
L’article officiel

État d'urgence Ce qu'en dit la science
